• France: Didier Raoult predicts a "revolution" in case the anti-Covid vaccine is mandatory, image №1
     
    Considérant que les données sur les essais de vaccins covid-19 sont insuffisantes, le Professeur Didier Raoult a appelé à ne pas rendre ce vaccin obligatoire, car cela conduirait à une révolution.

    Commentant le programme de vaccination, M. Raoult a déclaré qu’il n’avait « pas beaucoup de respect pour la stratégie qui a été mise en place ». Il ressemble plus à « science-fiction »: « ce que j’ai vu est surtout de la publicité », at-il dit, annonçant « des données réelles. » « Même Hippocrate n’a pas fait cela »                                                                                                                                                                                                                                                                                                     Article traduit de l'Anglais                                                                                                                   Nouvelles (vk.com)                                                                                                                                    

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  • L’Australie a dû révéler les crimes odieux que ses troupes ont commis en Afghanistan, même après avoir poursuivi un lanceur d’alertes et effectué une descente dans une chaîne de télévision. Il est temps pour les États-Unis de lancer des enquêtes sérieuses sur leur propre conduite en temps de guerre, écrit Joe Lauria.

    Vidéo de Collateral Murder publiée par WikiLeaks.

    Le rapport détaille comment au moins 25 membres des services aériens spéciaux australiens (SAS) ont été impliqués dans 39 meurtres de civils. La description du rapport à la page 120 d’un seul incident suffit à décrire la nature de ces crimes :

    « Les forces spéciales encerclent alors tout un village, emmenant les hommes et les garçons dans des maisons d’hôtes, qui se trouvent généralement à la périphérie d’un village. Là, ils étaient ligotés et torturés par les forces spéciales, parfois pendant des jours. Lorsque les forces spéciales partaient, les hommes et les garçons étaient retrouvés morts : abattus d’une balle dans la tête ou les yeux bandés et la gorge tranchée.

    Des dissimulations. Un incident spécifique décrit au Dr Crompvoets est celui où des membres des « SASR » [Special Air Service Regiment, NdT] circulaient sur une route et ont vu deux garçons de 14 ans qui, selon eux, pourraient être des sympathisants des talibans. Ils se sont arrêtés, ont fouillé les garçons et leur ont tranché la gorge. Le reste de la troupe a ensuite dû « nettoyer le désordre », ce qui impliquait d’emballer les corps et de les jeter dans une rivière voisine… »

    Apprendre à tuer

    Le rapport de la page 29 décrit une pratique connue sous le nom de « blooding » [Premier sang, NdT]

    «…l’enquête a révélé des informations crédibles selon lesquelles des soldats novices étaient tenus par leurs chefs de patrouille, d’abattre un prisonnier, afin de réaliser leur premier meurtre, dans une pratique connue sous le nom de « blooding» Cela se produisait après que le périmètre de la cible ait été sécurisé et que les ressortissants locaux aient été considérés comme des « personnes sous contrôle ».

    En général, le commandant de la patrouille prenait une personne sous contrôle et un soldat novice, ce dernier recevant alors l’ordre de tuer la personne. De l’équipement était alors placé avec le « corps » et un « faux scénario » était créé pour les besoins des rapports opérationnels afin de contourner les inspections de contrôle. Le tout était conforté par un code du silence. »

    Dix-neuf des 25 soldats concernés font l’objet de poursuites pénales. Leur unité a été dissoute. Jusqu’à 3 000 soldats seront dépouillés de leurs médailles et les forces spéciales porteront à l’avenir des caméras corporelles.

    Ce sont des crimes qui montrent un lien ininterrompu avec la barbarie coloniale datant du XIXe siècle, lorsque des soldats occidentaux, poussés à tuer leurs « inférieurs », à l’époque comme aujourd’hui, se déchaînent sur des populations innocentes dans les pays en développement.

    Poursuite et raid

    Le gouvernement australien a eu connaissance de ces allégations lorsqu’un avocat de l’armée en Afghanistan, le major David McBride, s’est présenté comme lanceur d’alertes. Il a raconté ce dont il avait été témoin tout au long de la chaîne de commandement et a été ignoré. Il a ensuite relaté son histoire et fourni ses documents à l’Australian Broadcasting Corporation. ABC a diffusé les « dossiers afghans » en juillet 2017.

    « Les documents fournissent également de nouveaux détails sur certains incidents notoires, notamment le fait que des soldats australiens ont coupé les mains de combattants talibans morts, » a rapporté l’ABC, tout comme la photo du Congo belge dans le tweet ci-dessus.

    Pour ses efforts, McBride a été arrêté. Il est poursuivi pour avoir divulgué des documents classifiés (marqués Australian Eyes Only). Il risque la prison à vie. Pour ses efforts, les bureaux de l’ABC à Sydney ont fait l’objet d’une descente de la police fédérale australienne (AFP) et des copies de fichiers ont été prises dans les ordinateurs de la salle de rédaction.

    Cette descente a eu lieu moins de deux mois après l’arrestation à Londres, en avril 2019, de l’Australien Julian Assange, éditeur de WikiLeaks, qui avait lui-même révélé des crimes de guerre en Afghanistan et en Irak. Un journaliste d’ABC, Dan Oakes, qui était poursuivi pour avoir publié des informations classifiées (tout comme Assange), a vu ses accusations abandonnées le 15 octobre, juste un mois avant que le rapport du gouvernement ne confirme l’histoire de McBride et le reportage d’Oakes.

    J’ai écrit au moment de la descente à ABC :

    « Bien qu’il n’y ait pas de lien direct entre l’arrestation et l’inculpation d’Assange pour possession et diffusion de matériel classifié et ces actions policières ultérieures, un tabou occidental sur l’arrestation ou la poursuite de la presse pour son travail a clairement été fragilisé. Il faut se demander pourquoi la police australienne a agi suite à une diffusion réalisée en 2017 et un article publié en avril seulement après l’arrestation et la poursuite d’Assange. »

    Les poursuites contre McBride se poursuivent jusqu’à présent. Ce serait un scandale encore plus grand que son arrestation, si ses accusations ne sont pas également abandonnées.

    C’est à votre tour, les États-Unis

    Ce pourrait être un moment décisif pour l’Australie, qui a été ébranlée par le rapport du gouvernement. Elle pourrait repenser sa politique militaire et peut-être son obéissance spontanée à un ordre des États-Unis de se joindre à ses guerres.

    Howard reçoit la Médaille présidentielle de la liberté 2009. (Archives GW Bush Maison Blanche

    L’Australie n’était en Afghanistan qu’à la demande des États-Unis. Pour son dévouement envers Washington en envoyant des troupes australiennes loin en Afghanistan en 2005, l’ancien Premier ministre John Howard a été récompensé par la Médaille présidentielle de la liberté par George W. Bush, qui a commencé la guerre en Afghanistan en 2001.

    Ce que l’Australie a finalement fait devrait servir de leçon à son associé principal des Five Eyes [Alliance des services de renseignement de l’Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni et des États-Unis, NdT]. En effet, les États-Unis n’ont que très peu d’expérience dans la poursuite de leurs propres crimes de guerre.

    Alors qu’il y a eu au moins dix crimes de guerre connus pendant la guerre civile américaine (en particulier la course à la terre brûlée vers la mer de Sherman), seuls quatre hommes, tous des confédérés, ont été poursuivis après la fin de la guerre. Pendant la guerre contre les Amérindiens, le gouvernement américain a autorisé des raids, qui ont souvent conduit à des massacres. Plutôt que de poursuivre, le gouvernement a récompensé les Américains pour avoir tué des indigènes.

    Lors de la guerre coloniale américaine aux Philippines après la guerre de 1898 contre l’Espagne, le général de brigade Jacob H. Smith a été traduit en cour martiale et forcé de se retirer après avoir dit au commandant de la Samar : « Je ne veux pas de prisonniers. Je souhaite que vous tuiez et brûliez, plus vous tuerez et brûlerez, plus cela me plaira. Je veux que soient tuées toutes les personnes capables de porter des armes durant les conflits actuels contre les États-Unis. »

    Un massacre généralisé de civils s’ensuivit. Les historiens philippins disent que jusqu’à 50 000 personnes ont été massacrées. Mark Twain, qui s’est opposé à la guerre des États-Unis aux Philippines, a écrit : « En quoi était-ce une bataille ? Cela n’a aucune ressemblance avec une bataille. Nous avons effectué nos quatre jours de travail et l’avons achevé en massacrant ces gens sans défense. » Ce n’était pas le seul massacre américain dans cette guerre.

    Des soldats américains posent avec le Philippin Moro mort après la première bataille de Bud Dajo, le 7 mars 1906, à Jolo, aux Philippines. (Wikimedia Commons/auteur inconnu

    Les Conventions de La Haye de 1899 et 1907 ont suivi la Convention de Genève de 1864 en tant que premières lois internationales sur les crimes de guerre. Toutes les parties impliquées dans la Première Guerre mondiale, y compris les États-Unis, ont utilisé des gaz toxiques, ce qui constituait une violation des conventions de La Haye, mais personne n’a été poursuivi pour cela.

    Selon History.com, « le futur président Harry S. Truman était le capitaine d’une unité d’artillerie de campagne américaine qui a utilisé des gaz toxiques contre les Allemands en 1918. » Ce ne serait pas la dernière fois que Truman était impliqué dans des armes non conventionnelles.

    Le fait qu’il ait lâché deux bombes atomiques sur des civils au Japon, en opposition aux hauts généraux américains, est probablement le plus grand crime de guerre de l’histoire. Il a été célébré et non puni. Il existe une longue liste de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité documentés réalisés par les États-Unis et leurs alliés pendant la Seconde Guerre mondiale, mais les procès furent réservés aux criminels de guerre allemands et japonais vaincus.

    Un crime de guerre américain pendant le conflit coréen a été couvert pendant près de 50 ans, avant que l’Associated Press ne le révèle en 1999. Les soldats américains ont massacré des réfugiés à No Gun Ri en 1950. Personne n’a jamais été inculpé.

    Pendant la guerre du Vietnam, les massacres de civils étaient monnaie courante, selon Nick Turse, auteur de Kill Anything That Moves (Ndt : Tuez tout ce qui bouge). Mais il y a eu peu de poursuites contre des soldats américains. Seuls 203 militaires américains ont été inculpés, 57 ont été traduits en cour martiale et 23 ont été condamnés, sans compter le cas le plus connu de My Lai.

    Photo prise par le photographe de l’armée américaine Ronald L. Haeberle le 16 mars 1968 après le massacre de My Lai

    L’incident de My Lai a été révélé au public en novembre 1969 par le reportage du journaliste d’investigation Seymour Hersh. Un lanceur d’alertes, vétéran de l’armée, Ronald Ridenhour, avait écrit pour la première fois au début de 1969 à la Maison Blanche, au Pentagone, au Département d’Etat et aux membres du Congrès, révélant des détails crédibles sur le massacre. Cela a conduit à une enquête militaire.

    L’enquête a révélé que des soldats de l’armée américaine avaient tué 504 personnes non armées le 16 mars 1968 dans le village de My Lai, des hommes, des femmes et des enfants. Certaines femmes ont été victimes de viols collectifs commis par les soldats. L’enquête militaire a conduit à l’inculpation de 26 soldats. Un seul, le lieutenant William Calley Jr., chef de section de la compagnie C, a été condamné. Il a été reconnu coupable du meurtre prémédité de 109 villageois. (Condamné à vie, il n’a finalement purgé que trois ans et demi en résidence surveillée).

    Mais la condamnation de Calley a été largement dissimulée par les militaires jusqu’à ce que Hersh fasse éclater l’histoire. C’est encore Hersh, plus de 30 ans plus tard, qui a révélé l’histoire de la torture à la prison américaine d’Abu Ghraib. Lorsque les médias d’information présentent des preuves d’un crime de guerre américain, le gouvernement est parfois obligé d’agir. C’est le cas de la torture en prison, où le public a été scandalisé, notamment par les photographies.

    Les soldats américains agissaient dans un environnement post-11 Septembre dans lequel les dirigeants américains soutenaient ouvertement la torture, et les avocats de la Maison Blanche et le procureur général américain de l’époque, Alberto Gonzales, soutenaient que les détenus étaient des « combattants illégaux » et n’étaient pas protégés en tant que prisonniers de guerre par les Conventions de Genève, une série de conventions sur les crimes de guerre de 1864 à 1949.

    12 décembre 2003. Le Sgt Cordona avec un chien qui surveille le détenu tandis que le Ssg Fredrick observe. (Armée américaine / Commandement des enquêtes criminelles (CID). Saisi par le gouvernement américain).

    Les crimes de guerre américains se normalisent légalement et, à l’exception des journalistes de la vieille école comme Hersh, ne font pas l’objet d’enquêtes par les médias. Cela a créé un sentiment d’impunité pour les dirigeants américains qui commettent tous les crimes qu’ils jugent nécessaires en temps de guerre. Peu de gens les connaissent. Comme l’a dit Harold Pinter dans son discours d’acceptation du prix Nobel en 2005 :

    « Je soutiens que les crimes américains de la même période [la Guerre froide] n’ont été que superficiellement enregistrés, et encore moins documentés, et encore moins reconnus, et encore moins reconnus comme des crimes. …Les actions des États-Unis dans le monde entier ont montré clairement qu’ils avaient conclu qu’ils avaient carte blanche pour faire ce qu’ils voulaient… Cela n’a jamais eu lieu. Il ne s’est jamais rien passé. Même si cela se passait, cela ne se passait pas. Cela n’avait pas d’importance. Cela n’avait aucun intérêt. Les crimes des États-Unis ont été systématiques, constants, vicieux, sans remords, mais très peu de gens en ont réellement parlé. Vous devez le reconnaître à l’Amérique. Elle a exercé une manipulation du pouvoir assez cynique dans le monde entier tout en se faisant passer pour une force au service du bien universel. C’est un acte d’hypnose brillant, voire drôle, très réussi. »

    Le peuple américain a cependant appris l’existence d’Abu Ghraib et une enquête a dû être lancée. Le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a alors été traîné devant les commissions des services armés du Sénat et de la Chambre et a déclaré : « Ces événements se sont produits sous ma surveillance… en tant que secrétaire à la Défense, j’en suis responsable et j’en assume l’entière responsabilité… Il y a d’autres photos – beaucoup d’autres photos – qui montrent des incidents de violence physique envers des prisonniers, des actes qui ne peuvent être décrits que comme ouvertement sadiques, cruels et inhumains. »

    George W. Bush ne s’est pas excusé, mais a exprimé des remords « pour l’humiliation subie » par les prisonniers irakiens. Mais l’enquête n’a permis de condamner que sept soldats de niveau secondaire dans la prison. Le général de brigade Janis Karpinski, qui supervisait la prison, a simplement été rétrogradé au rang de colonel. Lorsque le président Barack Obama est entré en fonction, il a refusé d’enquêter sur les officiels américains pour torture, préférant ne pas « regarder en arrière ». Il a ainsi ajouté à l’impunité américaine.

    En Afghanistan, les États-Unis ont condamné un soldat pour meurtre, en ont jugé un autre et en ont rétrogradé un troisième, qui a été acquitté. Mais le président Donald Trump a gracié les deux premiers et a rétabli le grade du troisième, se rendant peut-être complice d’un crime après coup. Lorsque la Cour pénale internationale a annoncé en mars qu’elle allait ouvrir une enquête sur les crimes présumés des États-Unis en Afghanistan, le secrétaire d’État Mike Pompeo a réagi en menaçant les responsables de la CPI de sanctions s’ils venaient aux États-Unis.

    Contrairement à la réaction à Abu Ghraib, une autre révélation de preuves ‘à première vue’ d’un crime de guerre américain en Irak a été pratiquement ignorée : la vidéo de WikiLeaks Collateral Murder

    Cliché de la scène d’ouverture de Collateral Murder.

    Malgré l’intérêt qu’elle a suscité au départ, rien ne s’est passé, comme dirait Pinter. Au lieu de poursuivre les soldats impliqués dans le massacre de Collateral Murder, le gouvernement américain a arrêté et fait juger Assange, le journaliste qui l’a révélé et a emprisonné sa source, Chelsea Manning.

    Après avoir avoué ses propres crimes de guerre, l’Australie devrait enfin affirmer sa souveraineté et dire aux États-Unis de renvoyer leur citoyen [Julian Assange, NdT] chez lui. Ne pas le faire serait se moquer de son rapport révélant ses propres crimes de guerre.

    Joe Lauria est rédacteur en chef de Consortium News et ancien correspondant à l’ONU du Wall Street Journal, du Boston Globe et de nombreux autres journaux. Il a été journaliste d’investigation pour le Sunday Times de Londres et a commencé sa carrière professionnelle en tant que pigiste pour le New York Times. Il peut être joint à l’adresse joelauria@consortiumnews.com et suivi sur Twitter @unjoe

    Source : Consortium News, Joe Lauria, 19-11-2020
    Traduit par les lecteurs du site Les Crises

    » Crimes de guerre : L’Australie révèle les atrocités commises en Afghanistan, les États-Unis continuent d’ignorer les leurs (les-crises.fr)

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  • Les membres des équipes d’évaluation des agences du nouveau président Biden font s’évanouir les espoirs d’une poussée à gauche de l’administration Biden, selon Kevin Gosztola.

    Le président élu Joe Biden a nommé un nombre effarant de consultants d’entreprise, de profiteurs de guerre et de faucons de la sécurité nationale au sein des équipes d’évaluation des agences qui établiront le programme de son administration. Un pourcentage important d’entre eux travaillait au sein du gouvernement américain lorsque Barack Obama était président.

    Ces nominations devraient constituer un réveil brutal pour tous ceux qui pensaient qu’une administration Biden pourrait être contrainte d’aller dans une direction progressiste, notamment en matière de politique étrangère.

    Si l’on en croit les équipes d’évaluation, Biden sera fermement protégé de toute pression visant à lui faire quitter le statu quo néolibéral. Au contraire, il est probable qu’il sera poussé dans la direction opposée, vers une politique étrangère interventionniste dictée par les intérêts des Barons de la Beltway [L’Interstate 495 est une autoroute inter-états américaine qui entoure le Washington et ses banlieues du Maryland et de Virginie. Elle est aussi connue sous le nom de Capital Beltway ou the Beltway, NdT] et alimentée par la fièvre de la Guerre froide.

    Dépendants aux changement de régime

    Lisa Sawyer Samp est l’excellent exemple d’une de ces parsonnalités à l’esprit interventionniste nombreuses au département de la Défense de Biden-Harris. Elle a été directrice des affaires stratégiques européennes et de l’OTAN pour le Conseil national de sécurité de 2014 à 2015, et a travaillé pour JPMorgan Chase de Wall Street en tant que conseillère en politique étrangère.

    Lisa Sawyer Samp a fait partie de la Task Force on the Future of US Coercive Economic Statecraft du Center for a New American Security, ce qui signifie essentiellement qu’elle a participé à des réunions portant sur les méthodes de guerre économique qui pourraient être utilisées pour déstabiliser les pays qui refusent de s’incliner devant l’empire américain.

    Elle estime que le gouvernement américain n’en fait pas assez pour dissuader « l’agression » russe, que les niveaux de troupes américaines en Europe devraient revenir à ceux de 2012, et que les livraisons d’armes offensives à l’Ukraine devraient se poursuivre et augmenter, et ce en violation des accords de Minsk.

    « Au lieu de dire que nous lèverons les sanctions lorsque la Russie décidera de se conformer au prochain accord, dites que nous les augmenterons jusqu’à ce qu’elle le fasse. Au lieu de se prosterner devant les prétendues sphères d’influence de la Russie, nous fournirons à l’Ukraine l’assistance vitale dont elle a si désespérément besoin et augmenterons le soutien américain aux nations vulnérables de la zone grise », a-t-elle déclaré lors de son témoignage devant la commission sénatoriale des services armés en 2017.

    La secrétaire d’État adjointe américaine aux Affaires africaines, Linda Thomas-Greenfield, a été nommée à la tête de l’équipe Biden-Harris du département d’État. Elle est une alliée inconditionnelle de l’ancienne conseillère à la Sécurité nationale américaine Susan Rice, qui a milité pour la guerre en Libye, soutenu l’invasion de l’Irak et participé à la décision de retirer les soldats de la paix de l’ONU du Rwanda, ce qui a permis le génocide.

    En tant que développeuse et gestionnaire de la politique américaine en l’Afrique subsaharienne, elle a applaudi le Millennium Challenge Account du président George W. Bush, une politique néocolonialiste conçue pour privilégier les entreprises américaines et faciliter l’exploitation des économies africaines dites émergentes.

    Thomas-Greenfield a fait partie du Albright Stonebridge Group, une société de conseil mondiale présidée par l’ancienne secrétaire d’État Madeleine Albright qui fait pression en faveur de l’industrie de la défense.

    Dans la liste des clients d’Albright Stonebridge on compte la société de gestion du prédateur capitaliste et méga-donateur du Parti républicain, Paul Singer. Lorsque les initiés de la Beltway ont fait équipe pour mettre l’économie argentine à sec lors de la dernière crise de la dette du pays, la présidente de l’époque, Cristina Kirchner, a accusé Albright de l’avoir menacée de financer ses opposants à moins qu’elle ne cède à ses exigences.

    Le groupe du département d’État comprend également Dana Stroul, membre de l’Institut néoconservateur de Washington pour la politique au Proche-Orient (WINEP), qui a été fondé à l’origine par le Comité américain des affaires publiques pour Israël (AIPAC).

    Comme l’a rapporté Ben Norton de Grayzone, Dana Stroul a été enrôlée par les Démocrates du Sénat en 2019 pour rejoindre le « Groupe d’étude sur la Syrie » afin d’aider à définir la phase suivante de la sale guerre américaine en Syrie. Les recommandations prévoyaient le maintien d’une occupation militaire d’un tiers du pays, la « partie riche en ressources de la Syrie », afin de donner aux États-Unis un moyen de pression pour « influencer un règlement politique. »

    Elle a demandé de nouvelles sanctions économiques contre Damas et le blocage de l’aide à la reconstruction, qui a déjà conduit à des pénuries de pétrole et de pain.

    Ali Abunimah de l’Electronic Intifada a noté que Farooq Mitha, ancien fonctionnaire du Pentagone de l’administration Obama, a été nommé dans l’équipe de transition de Biden au Pentagone. Mitha était membre du conseil d’administration d’Emgage, un comité d’action politique [Political Action Committee, NdT] américain musulman qui a tissé des liens avec le lobby israélien, provoquant la condamnation furieuse des défenseurs de la solidarité avec la Palestine. Farooq Mitha aurait participé aux conférences de l’AIPAC.

    De nombreuses personnes recrutées par Biden-Harris soutiennent un changement de régime au Venezuela. Paula Garcia Tufro a été membre du Conseil national de sécurité d’Obama et fait partie de l’équipe du CNS. Elle était au CNS lorsque Obama a déclaré que le Venezuela était une «menace pour la sécurité nationale » et a collaboré avec un groupe de Washington qui représente le putschiste Juan Guaido dont le coup d’état a échoué.

    Kelly Magsamen, vice-présidente de la sécurité nationale et de la politique internationale au Center for American Progress et ancienne fonctionnaire du Pentagone et du Département d’État, fait partie de l’équipe du Conseil national de sécurité de Biden-Harris. Lorsque la représentante Ilhan Omar a mis sur le grill Elliott Abrams, envoyé spécial au Venezuela, Magsamen s’est empressée de défendre de son ancien patron, qualifiant Abrams de « farouche défenseur des Droits humains ». (Abrams a soutenu les escadrons de la mort en Amérique centrale dans les années 1980).

    L’ancienne ambassadrice des États-Unis au Mexique, Roberta Jacobson, est membre de l’équipe de transition du département d’État. Se présentant comme une experte en « politique commerciale latino-américaine », elle a également travaillé pour la société de conseil Albright Stonebridge Group.

    Roberta Jacobson a contribué, pour l’administration Obama, à définir la qualification du Venezuela comme menace pour la sécurité nationale, ouvrant la voie au blocus économique imposé par Trump.

    « De façon grossière et provocante Mme Jacobson nous dit ce qu’on doit faire , s’est plaint à l’époque Delcy Rodriguez, alors ministre des Affaires étrangères du Venezuela. Je la connais très bien car je l’ai vue personnellement, sa façon de marcher, de mâcher son chewing gum. Quand on traite avec des gens et avec des pays il faut avoir des bonnes manières. »

    Derek Chollet et Ellison Laskowski, tous deux cadres supérieurs du German Marshall Fund (GMF), font également partie du groupe du Département d’État de Biden-Harris . Le GMF a fait pression pour que les Etats Unis et l’Europe adoptent une attitude plus belliciste envers la Russie tout en soutenant un projet douteux de guerre de l’information appelé Hamilton 68. Ce site web prétendait pouvoir identifier les « opérations d’influence russe » tout en attisant la censure des médias sociaux concernant les comptes qui faisaient la promotion de discours anti-impérialistes, en assimilant à tort des personnes réelles à des « bots russes » et en orchestrant des diffamations contre les manifestations « Black Lives Matter », les présentant comme des outils d’influence clandestine russe.

    L’équipe des renseignements de Biden-Harris compte Greg Vogle, ancien chef de station de la CIA en Afghanistan et ancien partenaire du cabinet de conseil McChrystal Group fondé par l’ancien commandant du Commandement des opérations spéciales conjointes (JSOC) Stanley McChrystal. Tant le JSOC et la CIA, que les forces paramilitaires qu’ils ont entraînées, ont commis des crimes de guerre en Afghanistan.

    Greg Vogle a également trouvé le temps de travailler pour un entrepreneur militaire américain, DGC International, qui fournit des services de construction, de ravitaillement en carburant, en oxygène, en azote liquide et d’autres formes de soutien logistique aux forces militaires américaines, en profitant des guerres au Moyen-Orient.

    Comme Sarah Lazare l’a rapporté pour In These Times, « sur les 23 personnes qui composent l’équipe d’examen de l’agence du ministère de la Défense, 8 d’entre elles – soit un peu plus d’un tiers – citent leur « dernier emploi » comme étant des organisations, des groupes de réflexion ou des entreprises qui reçoivent directement de l’argent de l’industrie de l’armement ou qui font partie de cette industrie. » Parmi ces entreprises figurent Raytheon, Northrop Grumman, General Dynamics et Lockheed Martin.

    Dans l’équipe de renseignement, Greg Vogle a été rejoint par Matt Olsen, ancien directeur du Centre national antiterroriste sous Obama et, brièvement, avocat général de l’Agence de sécurité nationale (NSA).

    De 2006 à 2009, Olsen a occupé le poste de procureur général adjoint à la division de la sécurité nationale du ministère de la Justice. Il y a fait tomber les barrières qui empêchaient les procureurs de pouvoir utiliser les informations recueillies dans le cadre d’opérations clandestines et de surveillance sans mandat dans des affaires criminelles. Il a également contribué à l’élaboration de la loi d’amendement de la FISA, qui a accordé aux sociétés de télécommunications l’immunité pour leur rôle dans le programme d’écoute électronique sans mandat de la NSA, mis en place après les attentats du 11-Septembre.

    Il défend les perquisitions clandestines des communications Internet des Américains, ayant fait valoir que le droit au respect de la vie privée prévu par le quatrième amendement est trop lourd à suivre pour le FBI. Il a passé les mois qui ont suivi la révélation par Edward Snowden, lanceur d’alertes de la NSA, des programmes de surveillance de masse, à discréditer Snowden en accusant le dénonciateur d’aider les terroristes.

    Un autre adversaire d’Edward Snowden dans l’équipe de renseignement de Biden-Harris est Bob Litt, qui était la pointe de fer du bureau du directeur du Renseignement national. Lorsqu’une organisation médiatique publiait un article sur un nouvel aspect de l’appareil de surveillance américain, Bob Litt était chargé par l’État de sécurité nationale déployé pour minimiser ou réfuter la révélation.

    Lorsque le directeur du renseignement national James Clapper a été mis en cause pour avoir menti au Congrès sur la collecte des métadonnées téléphoniques des Américains, par exemple, Litt a pris la défense de Clapper, arguant de façon absurde que le directeur était « surpris par la question et a recentré son attention sur la récupération du contenu des communications des Américains ».

    En fait, les équipes d’examen de l’agence Biden-Harris sont truffées de personnalités susceptibles de cautionner l’anarchie et le mépris des libertés civiles si elles entrent dans l’administration.

    Les agents de l’injustice

    Parmi celles-ci figure Marty Lederman, membre de l’équipe d’examen du ministère de la Justice. Professeur de droit à Georgetown, Lederman a été l’assistant du procureur général adjoint au bureau des conseillers juridiques du ministère de la Justice de 2009 à 2010. Il a participé à la rédaction du « drone memo » qui a souligné la prétendue « base juridique » de l’exécution d’Anwar al-Awlaki, suspect de terrorisme affilié à Al-Qaïda, sans accusation ni procès malgré sa citoyenneté américaine.

    Barbara McQuade, ancienne collaboratrice de la MSNBC et ancienne avocate du district Est du Michigan, qui a juridiction sur Dearborn, Detroit et Flint, vient rejoindre Marty Lederman. À l’époque où elle était la principale procureure du gouvernement à Flint, elle était en position pour porter des accusations contre les fonctionnaires du Michigan responsables de la contamination de l’eau de la ville et du mensonge à ce sujet, mais elle a attendu la fin de son mandat sans faire quoi que ce soit de concret pour les obliger à rendre des comptes.

    Son bureau s’est rendu complice du profilage racial et de la surveillance intrusive des communautés arabes, musulmanes et sikhes de Dearborn. Elle a engagé des poursuites politiques contre Rasmea Odeh, une éminente militante palestino-américaine des droits civils à Chicago, ce qui a entraîné l’extradition de celle-ci vers la Jordanie.

    Rasmea Odeh ayant été torturée par les forces israéliennes, le Département d’État savait qu’elle était accusée de violence par le gouvernement israélien, et cependant elle avait été autorisée à immigrer aux États-Unis dans les années 1990. Néanmoins, elle a été condamnée pour fraude à l’immigration et expulsée vers la Jordanie dans le cadre d’une opération de contre-espionnage du FBI contre les militants anti-guerre et de solidarité internationale.

    Neil MacBride, ancien procureur américain du district Est de Virginie, fait également partie de l’équipe du ministère de la Justice de Biden-Harris. Bien que son bureau n’ait pas inculpé le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, Neil MacBride a supervisé le grand jury constitué pour aider le gouvernement américain dans ses efforts pour détruire l’organisation médiatique.

    Il a présidé aux poursuites contre les lanceurs d’alertes de la CIA John Kiriakou et Jeffrey Sterling, ce qui a permis à Barack Obama de détenir le record honteux du plus grand nombre de poursuites au titre de la loi sur l’espionnage par rapport à toutes les administrations présidentielles précédentes réunies. Neil MacBride s’est également battu devant un tribunal fédéral pour obtenir l’autorisation de forcer le journaliste du New York Times James Risen à divulguer ses sources confidentielles dans l’affaire Sterling, en menaçant le correspondant d’une peine de prison s’il refusait.

    Lors d’un événement du Forum sur la sécurité d’Aspen en juillet 2013, Michael Isikoff a demandé à MacBride : « As-tu dépassé les bornes, Neil ? » ce à quoi celui-ci a répondu : « Non, je ne crois pas. »

    Le chef de l’équipe Biden-Harris pour le département du Travail est Chris Lu, enthousiaste avocate de l’accord de libre-échange des entreprises du Partenariat Trans-Pacifique en tant que secrétaire adjointe du Travail sous Barack Obama.

    Une demi-douzaine des personnes nommées ont des liens avec des entreprises de haute technologie. La figure la plus significative est peut-être Seth Harris, un lobbyiste et ancien fonctionnaire du ministère du Travail de Barack Obama qui a rédigé un document politique pour le projet néolibéral Hamilton.

    Ce document a servi de cadre à l’adoption de la proposition 22 en Californie. Uber, Doordash et Lyft ont dépensé environ 200 millions de dollars pour faire campagne en faveur de l’adoption de cette loi, qui les exempte, ainsi que d’autres sociétés, du paiement des avantages sociaux de leurs employés et interdit aux conducteurs d’Uber et Lyft de s’organiser en syndicat.

    Max Moran, de The American Prospect, a affirmé que la proposition 22 était en fait l’audition de Harris pour le poste de secrétaire au Travail dans une éventuelle administration Biden. Vu son succès retentissant pour duper des Californiens soi-disant progressistes de toutes tendances afin qu’ils soutiennent l’oppression des travailleurs par les entreprises, Harris a mérité ce poste.

    Et comme les interventionnistes qui dominent les équipes d’évaluation de la politique étrangère, Seth Harris incarne la promesse de Biden aux grands donateurs : « Fondamentalement, rien ne changera . »

    Kevin Gosztola est le rédacteur en chef de Shadowproof. Il produit et co-anime également le podcast hebdomadaire « Unauthorized Disclosure ».

    Source : Consortium News, Kevin Gosztola, 20-11-2020
    Traduit par les lecteurs du site Les Crises

    » États-Unis : Autour de Biden, consultants, profiteurs de guerre et faucons de la sécurité nationale (les-crises.fr)

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  • Dans un article intitulé « A la recherche du temps perdu », madame Galactérosprésidente de GeoPragma, se désole à raison de la perte d’influence de la France dans les affaires mondiales, et constate amèrement que « nous ne comptons plus ». Elle qualifie nos interventions en Libye et en Syrie de « suivisme suicidaire », porteur d’une décrédibilisation de notre politique extérieure. Son analyse est tout à fait pertinente. Mais de quelle latitude dispose la France dans la définition de sa « démarche stratégique » ?

     

    L’enfermement

    La France n’est plus le centre du monde, comme elle le fut au temps de Louis XIV. Le monde dans lequel nous vivons a été façonné au cours des deux derniers siècles par les Anglo-Saxons. Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques passèrent le flambeau aux Américains – à leur corps défendant. Les États-Unis créèrent trois institutions : l’Organisation des nations unies, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Ils y ajoutèrent l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce en 1947, et l’Organisation du traité de l’Atlantique nord en 1949, plus connu sous son acronyme Otan. Enfermée dans ce carcan, la France jouit d’une liberté limitée pour définir sa politique étrangère, comme nous le vîmes en 1956 quand le président Eisenhower mit fin à l’expédition de Suez, en 1982 quand l’Argentine ne put utiliser ses missiles Exocet, ou en 2013 quand la France dut renoncer à la vente de Mistral à la Russie. Ajoutons, pour faire bonne mesure, l’inique emprisonnement de Frédéric Pierucci dans une prison de haute sécurité aux États-Unis pendant plus de deux ans pour faire main basse sur la branche énergie d’Alstom. Avec de tels amis, nul besoin d’ennemis.

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    L’Union soviétique s’étant enfermé à l’intérieur de sa sphère d’influence après la Seconde Guerre mondiale, le monde se divisa en deux grands blocs, puis en trois quand les pays non-alignés se trouvèrent à Bandung pour marquer leur différence. Le démembrement de l’Union soviétique en décembre 1991 fut interprétée comme une victoire de l’Occident. Les États-Unis y virent l’occasion de réaffirmer leur volonté hégémonique. Ils le firent dans un document – le Defense Planning Guidance – qui choqua le monde à sa publication en février 1992 par le New York Times. Forts de leur position dominante, les États-Unis remplacèrent l’Accord général sur les tarifs douaniers par l’Organisation mondiale du commerce en janvier 1995 pour affermir leur contrôle sur le monde par le commerce. Mal leur en a pris.

    La Chine en est la grande gagnante, en se soustrayant à certaines de ses contraintes, quand elle n’en flouait pas carrément d’autres. Elle est aujourd’hui « la » concurrente de l’Empire américain. Les grands gagnants sont aussi les entreprises transnationales dont les dirigeants et actionnaires s’imaginent volontiers en gouvernants du monde (Bilderberg Group, Commission trilatérale, Forum économique mondial, etc.). Prise dans ce maelstrom politico-militaro-économique, la liberté d’action de la France est limitée. George W. Bush a été très clair : « vous êtes avec nous, ou vous êtes contre nous » ! Ce message ne se limite pas à l’Irak ou à la guerre contre le terrorisme.

    Comme le note madame Galactéros, notre appartenance au monde anglo-saxon nous conduit à la désastreuse et injustifiable attaque de la Libye qui n’est pas, comme se plaisent à le rappeler les médias français, une initiative franco-britannique mais la réponse française (et britannique) à une injonction américaine. Nul n’en doute à Washington. Il en va de même de nos attaques sur la Syrie – tout aussi condamnables. En bref, nous sommes les serviteurs d’un système qui ne sert pas nécessairement les intérêts de la France.

    Notre enfermement prit une coloration européenne avec la signature le 18 avril 1951du traité de Paris qui créait la Communauté européenne du charbon et de l’acier, ancêtre de l’Union européenne. Il s’agit d’une initiative américaine, même si l’on s’évertue à y chercher des racines françaises en remontant à Aristide Briand, voire à Victor Hugo pour justifier notre engagement européen. Aveuglée par cet engagement qui tient plus de la foi que de la raison, la classe politique française qui comprend peu de chose à l’économie, fit un pas de plus vers l’embrigadement de la France avec l’instauration de l’euro – un Deutschemark dévalué, cadeau à la politique mercantile de l’Allemagne qui n’hésite pas à s’en servir pour imposer sa politique économique – politique désastreuse pour notre industrie.

    Quelle démarche stratégique ?

    Dans ce double enfermement américano-européen, il est difficile d’imaginer une politique extérieure propre, d’autant que face aux deux géants que sont les États-Unis et la Chine, la France – disons-le brutalement – ne fait pas le poids. Sa population est le cinquième de celle des États-Unis et le vingtième de celle de la Chine. Son produit intérieur brut est égal à un peu plus de 10% du produit américain et un peu moins de 20% du produit chinois. Son budget défense s’élève à 7% du budget américain et 20% du budget chinois. Il lui faut donc compenser cette infériorité par des alliances, comme elle le fit jadis. Face à une Grande-Bretagne inféodée à l’Amérique, l’allié naturel ne peut être que l’Allemagne. C’était l’objet du traité de l’Élysée de 1963 que le Bundestag s’empressa de vider de sa substance1 en y ajoutant un préambule. L’Allemagne joue son propre jeu. Elle s’en remet à Washington pour sa défense, et lorgne du côté de Moscou et de Pékin pour son économie. Il n’y a donc peu d’espoir de ce côté-ci. Reste la Russie… mais ce serait changer de camp. Cela n’est pas possible. La France est donc seule dans sa politique d’indépendance – une politique dont elle n’a pas les moyens.

    En effet, la France souffre d’un mal récurrent que taisent les livres d’histoire. Depuis Philippe le Bel, elle n’a jamais maîtrisé ses finances (à l’opposé de notre meilleure ennemi – la Grande-Bretagne, tout au moins jusqu’en 1914). Un roi de France dut déroger pour renflouer les caisses de l’état en épousant une riche héritière de Florence [Marie de Médicis était liée aux Habsbourg par la cuisse gauche, NdA]. Or, il ne peut y avoir de bonne politique sans bonne finances, comme aimait le rappeler le duc de Sully à son maître dépensier. Un demi-siècle plus tard, un autre grand serviteur de l’état donna ce même conseil au Roi Soleil sans grand succès. Le siècle qui suivit fut celui de l’affaissement de la France. Il débuta avec la désastreuse guerre de Sept ans et se conclut par la défaite de Waterloo. Les Anglais l’appellent « La Seconde Guerre de Cent Ans » !… Nous perdîmes notre premier empire colonial qui comprenait une partie du Canada, des États-Unis et de l’Inde. La France s’efforça d’en reconstituer un autre. Les Anglais ayant pris les meilleurs morceaux, nous prîmes les restes. C’est le cas de l’Afrique. Les Anglais ayant conquis l’est et le Nil, le sud et ses mines de diamant, nous nous contentâmes d’un ouest sans grand intérêt économique.

    A ce tableau peu brillant, il faut ajouter la désastreuse défaite de Sedan, la Première Guerre mondiale que nous gagnâmes grâce à nos alliés, et l’effondrement de 1940 que nous sublimons en évoquant la mémoire de De Gaulle, de la résistance et des forces françaises libres. Mais, les faits sont là, et aux yeux du monde, ils confèrent à la France une image brouillée.

    Comptes nationaux (rappel) : le dernier budget excédentaire de la France remonte à 1974, et la dernière balance commerciale excédentaire à 2002. Les déficits budgétaires et commerciaux augmentent la dette nationale qui est désormais égale au produit intérieur brut (avant impact du Covid-19) alors qu’elle ne s’élevait qu’à 20% du même produit en 1980. Autre statistique : la dette française qui était égale à la dette allemande en 1995 (en pourcentage du produit intérieur brut), est aujourd’hui plus de deux fois supérieure à celle-ci. La France a dévalué dix fois le franc depuis 1945…

    Au bout du compte, l’histoire nous place dans le camp anglo-saxon. La conquête normande qui se transforma par un revers de l’histoire en quasi conquête du royaume de France, fascine toujours les esprits en Angleterre. Richard Cœur de Lion qui ne parlait pas anglais et fut enterré à l’abbaye de Fontevraud, a sa statue à Londres. Les Américains cultivés n’ignorent pas que sans VergennesRochambeau et de Grasse, les États-Unis ne seraient pas aujourd’hui. Le socle sur lequel repose la statue de la Liberté fut financé par une souscription publique à l’initiative de Joseph Pulitzer, magnat de la presse. Nous partageons le même amour de la liberté. Les similitudes s’arrêtent là. Le monde anglo-saxon est celui du commerce et de la finance – en un mot, de l’avidité. Alexis de Tocqueville le déclare sans ambages lorsqu’il écrit : « … je ne connais pas de pays où l’amour de l’argent tienne une plus large place dans le cœur de l’homme… ». Le nôtre est celui de la culture et des arts, à l’image de nos maîtres : les Italiens. Nous appartenons donc à ce monde anglo-saxon qui nous impose sa vision du monde et nous détruit de l’intérieur. Nous n’avons ni les moyens, ni la volonté (en raison des sacrifices qu’imposeraient une politique d’indépendance) de nous libérer. Dès lors, quelle démarche stratégique ?

    Notes 

    1. Les Américains essaient de vider notre traité de son contenu. Ils veulent en faire une coquille vide. Tout ça, pourquoi ? Parce que les politiciens allemands ont peur de ne pas s’aplatir suffisamment devant les Anglo-Saxons !

    Ils se conduisent comme des cochons ! Il mériterait que nous dénoncions le traité et que nous fassions un renversement d’alliance en nous entendant avec les Russes !

    Par Jean-Luc Baslé – Le 30 novembre 2020

     

    Le Saker Francophone                                                                                                                                                                                                                             LA CAUSE DU PEUPLE : FRANCE. Le temps perdu ne se rattrape jamais (numidia-liberum.blogspot.com)       

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  • Eric Lordon

    Les médias bourgeois et le Parti démocrate célèbrent le nouveau gouvernement de Joe Biden comme « le plus diversifié de l’histoire des États-Unis ». Ils clament que la nomination de femmes, d’Afro-Américains et de Latinos à des postes clés du gouvernement est un signe de progrès social considérable. En réalité, la coalition arc-en-ciel de réaction impérialiste de Joe Biden résume et dévoile l’essence de droite de la politique identitaire.

    Nulle part l’excitation n’est plus palpable qu’à la rédaction du New York Times, un des principaux partisans de la politique raciale et de genre. Ce dernier a déclaré que le président élu avait « signalé son intention de puiser dans un échantillon représentatif de l’Amérique pour constituer son cabinet ».

    Le Times écrit : « Contrairement au cabinet du président Trump, qui est plus blanc et masculin que tous les autres en près de 40 ans, la liste des principaux conseillers de M. Biden promet de refléter les sensibilités du XXIe siècle ». Il cite des déclarations d’assistants de M. Biden affirmant que le nouveau cabinet « ressemblera à l’Amérique ».

    Quelle que soit la couleur de peau des membres du cabinet, le gouvernement Biden ne pensera pas comme l’Amérique. La population des EU exige un changement social massif pour faire face à la pandémie mortelle, à des inégalités et à un désespoir social sans précédents.

    Bien que plus de sept Étasuniens sur dix soient pour un système de santé universel, on ne trouvera pas pour cela de soutien au sein du cabinet Biden. Il en va de même pour plus de six Étasuniens sur dix qui veulent une scolarité gratuite et l’annulation de la dette pour les étudiants. Ils seront « représentés » par un cabinet où siègent des partenaires de fonds d’investissement de races et de genre différents.

    Si huit personnes sur dix sont désormais pour détourner de l’argent destiné à la police et de l’utiliser pour soutenir des programmes sociaux suite aux manifestations multiraciales de cet été, dans tout le pays, contre la violence policière, Biden lui, s’est engagé à augmenter le financement de la police.

    Et pour plus de 75 pour cent des Étasuniens qui souhaitent le retrait des troupes d’Afghanistan et d’Irak, et qui soutiennent la réduction des dépenses militaires, le cabinet multiracial de Biden leur donnera exactement le contraire.

    Les candidats ne sont pas des pionniers de leur race ou de leur sexe, ce sont des criminels sociaux :

    Avril Haines, ancienne directrice adjointe de la CIA, sera la première femme directrice du renseignement national. Haines a été l’architecte du programme d’assassinat par drone de l’administration Obama, qui a tué des milliers d’Africains, d’Arabes et de Centrasiatiques appauvris, sans tenir compte du sexe des victimes.

    Alejandro Mayorkas sera le premier Latino à diriger le département de la sécurité intérieure. Cela n’apportera pas de réconfort aux centaines de milliers d’immigrants latinos (et autres) qu’il fera expulser dans les mois et années à venir. Ou encore aux enfants d’immigrants qu’il a emprisonnés dans des cages lorsqu’il était secrétaire adjoint du DHS de 2013 à 2016.

    Janet Yellen sera la première femme secrétaire au Trésor, après avoir contribué à la mise en œuvre de la politique d’assouplissement quantitatif. Ce mécanisme a permis de transférer des dizaines de milliards de dollars aux banques tous les mois sous les gouvernements Bush et Obama, tout en n’apportant aucun soutien aux millions de victimes de saisies immobilières.

    Linda Thomas-Greenfield, une Afro-Américaine, sera ambassadrice aux Nations unies. Thomas-Greenfield a travaillé au département d’État pour aider les sociétés pétrolières et minières étasuniennes à extraire les ressources des pays les plus pauvres du monde.

    Bien qu’elle ne soit pas officiellement membre du cabinet, la vice-présidente élue Kamala Harris – première femme et première Afro-Américaine à occuper ce poste – a fait sa carrière de « procureure noire » en broyant la vie des personnes, pour la plupart démunies, qu’elle a incarcérées.

    Et puis il y a les hommes blancs, dont les bilans ne sont ni plus ni moins criminels que ceux de leurs homologues féminins et issu de minorités.

    Antony Blinken, nommé au poste de secrétaire d’État, a contribué à l’orchestration des guerres en Syrie, en Libye et au Yémen. Il était partenaire d’une société de capital-investissement et a co-fondé WestExec Advisors, qui travaille avec les services de renseignements israéliens et a contribué au développement des outils de censure de Google. L’ancien secrétaire d’État John Kerry, partisan de l’intervention en Syrie et du coup d’État de 2013 ayant instauré en Égypte la dictature meurtrière d’al-Sisi, sera lui, « tsar du climat ».

    Quant aux personnes présélectionnées pour d’autres postes ministériels, le Times retient son souffle à la perspective de voir Tammy Duckworth devenir la première femme thaïlandaise handicapée à occuper le poste de secrétaire à la Défense. L’ancien maire de South Bend, dans l’Indiana, Pete Buttigieg, pourrait lui, être le premier secrétaire aux Transports ouvertement gay.

    Ces serviteurs de Wall Street et de l’impérialisme étasunien n’ont rien en commun avec les travailleurs de « leur » race, genre ou orientation sexuelle. C’est la classe, et non l’identité, qui constitue la ligne de démarcation fondamentale de la société américaine.

    C’est ce qui était bien visible mardi, à la conférence de presse surréelle annonçant le cabinet. Biden y a très peu parlé de la pandémie de coronavirus, qui ravage actuellement le pays et le monde, se concentrant plutôt sur les « histoires personnelles » des candidats susmentionnés. Lorsque leur tour est venu de prendre la parole, les nominés se sont félicités, ainsi que leurs proches, de l’avancement de leur carrière.

    En attendant, dans le monde réel, 260 000 Étasuniens sont morts de la pandémie et un hiver désastreux est aux portes. Parmi ces morts, on compte un nombre disproportionné de pauvres et de travailleurs de toutes origines, que le gouvernement a contraint de retourner travailler pour les profit du patronat. Ils n’ont pas pu se réfugier dans des résidences secondaires ou une troisième villa à la campagne. Ils n’avaient pas les moyens de s’offrir des soins adéquats et pour beaucoup les problèmes de santé sous-jacents (maladies cardiaques, obésité, tabagisme) sont la marque de générations de pauvreté et d’oppression.

    La politique bipartite de la classe dirigeante consiste à alimenter les marchés avec de la mort comme le charbon alimente le train à vapeur. Biden a assuré au patronat qu’il n’y « aura pas de confinement national », tandis que démocrates et républicains ont conspiré pour s’assurer qu’il n’y n’aurait pas d’augmentation substantielle des allocations pour les chômeurs.

    Dans les deux jours qui ont suivi l’annonce par Biden de ses choix ministériels, le Dow Jones Industrial Average a grimpé de près de 1 000 points, battant des records et franchissant la barre des 30 000 points. Les couches aisées de toutes origines et de tous genres s’enrichissent de manière obscène tandis que les travailleurs de toutes races sont confrontés à des catastrophes plus graves les unes que les autres.

    La sélection du cabinet de Biden montre que la politique fondée sur la race, le genre et l’orientation sexuelle est devenue une partie fondamentale des efforts du Parti démocrate pour diviser les travailleurs, s’enrichir et se présenter faussement comme "représentatif" des larges masses, qui en réalité ont nulle représentation, où que ce soit au gouvernement.

    Pendant ce temps, Trump et ses partisans fascistes profitent du mécontentement vis-à-vis des démocrates obsédés par la race. Trump a doublé son soutien parmi les hommes et les femmes noirs lors des élections de 2020 et a triplé son soutien parmi les LGBT. Dans le même temps, l’extrême droite voit des opportunités de recrutement parmi les jeunes blancs qui n’ont aucune perspective d’avenir et sont fatigués de s’entendre dire par les démocrates qu’ils ne sont que de « déplorables » racistes qui méritent bien leur désespoir.

    Afin de répondre immédiatement aux besoins sociaux des travailleurs du monde entier, les billions de dollars thésaurisés par les riches doivent être saisis et mis à disposition pour soulager la souffrance humaine. Cela exige le plus grand degré possible d’unité de tous les travailleurs dans une lutte commune.

    La classe ouvrière mondiale est constituée de milliards de personnes qui occupent des milliers d’emplois différents, parlent des centaines de langues différentes et ont des centaines de religions et de coutumes locales différentes. Leur peau, leurs cheveux et leurs yeux sont de toutes les couleurs. Pendant des centaines d’années, dans chaque pays, la bourgeoisie a tenté d’apprendre aux travailleurs à se haïr les uns les autres sur la base d’une pseudo-science, du mensonge et de la violence.

    La grande tâche historique des socialistes est de combattre le long héritage du communalisme et de la politique raciale afin de faire prendre conscience à cette force sociale massive et hétérogène de son immense puissance sociale. Les riches partisans de la politique identitaire qui se prétendent « de gauche » sont des adversaires acharnés de la lutte historique pour l’unification de la classe ouvrière internationale. C’est pourquoi il faut s’y opposer sans aucun compromis.

    26 novembre 2020                                                                                                                                             Eric Lordon       

    (Article paru d’abord en anglais le 25 novembre 2020)

    »» https://www.wsws.org/fr/articles/2020/11/26/pers-n26.html
    URL de cet article 36720
    https://www.legrandsoir.info/le-cabinet-de-joe-biden-une-coalition-arc-en-ciel-de-la-reaction-imperialiste.html
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  • Des intellectuels africains répondent à Emmanuel Macron (3/3). Suite à l’interview accordée par le chef de l’État français à Jeune Afrique, le 20 novembre, plusieurs intellectuels ont souhaité lui répondre. Jeune Afrique a choisi de publier trois de leurs contributions.

    Emmanuel Macron, alors candidat à la présidentielle, en 2017 à Alger.© Ramzi Boudina/REUTERS Emmanuel Macron, alors candidat à la présidentielle, en 2017 à Alger.

    Le président français vient d’accorder une longue interview à Jeune Afrique. Cette sortie aux allures de discours sur l’état de l’Union rappelle, si besoin était, que sa parole reste un important baromètre de la vie politique africaine. Pour une fois, cependant, on peut faire une analyse de l’éternelle question de l’exercice du pouvoir. La leçon de bonne conduite à ses pairs africains a des airs de déjà-vu : une tape amicale dans le dos des proches, un timide « peu mieux faire » aux autres.    La gymnastique sémantique pour condamner le mauvais sketch du troisième mandat dans tel pays et le justifier dans tel autre n’a échappé à personne. On se dit que les aspirations profondes des populations africaines, leurs droits légitimes à choisir leurs dirigeants ne sont pas vraiment à l’ordre du jour. Faut-il le lui reprocher ? Peut-être pas, il importe simplement de le relever.

    Désamour

    Ce qu’il faut retenir en réalité de cet entretien, c’est le dialogue apaisé auquel Emmanuel Macron semble encore inviter les Africains. Il y a comme une adresse directe à la jeunesse et à la diaspora africaines plutôt qu’aux dirigeants du continent. Ces derniers ayant choisi d’écouter la France davantage qu’ils ne lui parlent, il est heureux que le président Macron souhaite ouvrir d’autres canaux de discussion avec le continent. L’Afrique postcoloniale a en effet beaucoup de choses à dire à une France prête à écouter.

    Peut-être que la France s’est elle-même parfaitement occupée de nourrir le désamour dont elle fait l’objet en Afrique

    L’entretien a évoqué beaucoup de sujets importants, allant du partenariat économique à la colonisation, sans oublier les libertés individuelles. On retiendra les mots forts sur la nécessité de travailler à plus de dialogue et de confiance entre les deux rives de la Méditerranée.                                                                             Il semble cependant que la convenance diplomatique ne reflète pas toujours le fossé en train de se creuser entre la France et ses anciennes colonies. La théorie d’Emmanuel Macron, un brin complotiste, d’un ressentiment « postcolonial » alimenté par des forces hostiles à la France, traduit une lecture assez simpliste du problème. Peut-être que ni les élites africaines, encore moins les Russes ou les Turcs, ne jouent un rôle essentiel dans cette affaire. Peut-être que ces contempteurs supposés de la France labourent un champ de haine dont le principal fertilisant est à chercher du côté de l’Hexagone. Peut-être que ces dernières décennies, la France s’est elle-même parfaitement occupée de nourrir le désamour dont elle fait l’objet en Afrique.

    Sans fards et sans tabou

    Entre une classe politique complice d’un dépoussiérage mercantile du racisme ordinaire et les logorrhées médiatiques des hussards de l’extrême-droite, les Africains n’ont pas besoin d’influenceurs pour lire un mépris et une condescendance devenus politiquement corrects au pays de Marianne.

    Un des temps fort de l’entretien présidentiel, actualité oblige, est l’horrible assassinat de Samuel Paty. Sa position à ce sujet, pour légitime qu’elle soit, est intéressante par sa profonde dualité. Si le président français signale ne pas avoir dit qu’il soutenait les caricatures, il n’a pas pour autant affirmé qu’il ne les soutenait pas. On peut comprendre les raisons politiques d’une telle posture, mais il n’est pas interdit de la traduire en bon français.

    Est-il possible de dire aujourd’hui aux Français que la liberté de parole n’est pas une raison de s’asseoir sur la dignité d’autrui ?

    Tout en défendant la liberté qui s’exerce dans les caricatures du prophète, Emmanuel Macron concède du bout des lèvres que leur caractère offensant pour de nombreux musulmans ne peut être ignoré. Ce faisant, il touche le cœur du problème. Est-il possible de dire aujourd’hui aux Français que la liberté de parole n’est pas une raison de s’asseoir sur la dignité d’autrui ? Peut-on attendre de la République l’affirmation que défendre cette liberté n’est pas encourager l’insulte, que s’opposer à autrui ne signifie pas le mépriser ?                                                                                 ain sonne comme une évidence de moins en moins acceptée en France.

    Vaincre les tabous

    Il en est de même de la douloureuse question du rapport à l’histoire commune. La France contemporaine n’est pas responsable des turpitudes du passé, mais elle ne saurait s’exonérer des flatulences idéologiques qui se dégagent de plus en plus de son corps social. Que certains invitent à se départir de la repentance mémorielle peut s’entendre. Mais on ne peut en même temps exiger des Africains une reconnaissance du ventre qui s’assimile à la censure.

    Polir l’image de la France en Afrique est un travail à accomplir des deux côtés de la Méditerranée

    Pour dépasser ce véritable dialogue de sourds qui s’est installé depuis des décennies, le président Macron a proposé une démarche à la fois belle et difficile à tenir : vaincre les tabous. Ses efforts, si louables soient-ils, ne doivent pas donner aux anciennes colonies le sentiment d’avoir obtenu un solde de tout compte. On peut aisément lui reconnaître une approche lucide des relations entre la France et les pays africains. Sa position sur la restitution des biens culturels ou la condamnation de la colonisation comme crime contre l’humanité le différencie de ses prédécesseurs.

    Mais polir l’image de la France en Afrique est un travail à accomplir des deux côtés de la Méditerranée. Aujourd’hui, plus que jamais, la France doit apposer sa signature sur le contrat de tolérance et de respect mutuels avec l’Afrique, sans retrancher les clauses dérangeantes pour la frange radicale de l’européanisme à marche forcée. L’amour réciproque est à ce prix.                                                                                                                                                                                                                                 [Tribune] Malick Ndiaye : « Macron ou le manuel de l’amour vache » (msn.com)

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  • Qui peut oublier cette scène surréaliste d’une fin de dîner de l’OTAN en mai 2015 à Antaliya, où à l’invitation du ministre des Affaires étrangères turc, hôte de l’événement, des responsables de l’Alliance et de ses Etats membres entonnent tous ensemble, bras dessus bras dessous, le tube de Michael Jackson et de Lionel Richie : « We are the world » ? Deux ans plus tard, lors d’un exercice OTAN en Norvège, l’ambiance est beaucoup plus morose. Les quarante militaires turcs y participant viennent d’être retirés, à effet immédiat, par leur gouvernement. La cause ? Suite aux initiatives individuelles d’un technicien et d’un officier norvégien, l’image d’Atatürk (fondateur de la République de Turquie) fut projetée comme cible ennemi, et de faux messages au nom du président Erdogan ont été diffusés sur les réseaux sociaux internes de l’OTAN.

    Si, malgré les excuses publiques à profusion, l’incident a autant marqué les esprits, c’est parce qu’il a eu lieu à un moment où les points de friction divers et variés s’étaient déjà considérablement accumulés entre Ankara et ses alliés. Une tendance qui n’a fait que de s’accentuer depuis. Des incursions en Syrie aux ingérences répétées dans les affaires internes des pays européens à travers les communautés turco-musulmanes, en passant par l’envoi de djihadistes en Libye et dans le Haut Karabakh, la violation de l’embargo sur les armes à destination de Libye (au point de frôler l’accrochage militaire avec la frégate française Courbet), le chantage migratoire fait à l’Union européenne, l’achat controversé d’un système de défense anti-aérienne russe,  et la révision unilatérale des zones maritimes en Méditerranée orientale, les « sujets irritants, voire conflictuels » ne manquent pas.[1]

    (Crédit photo: Hurriyet Daily News)

    Sans surprise, des questionnements auparavant inimaginables apparaissent en Europe et aux Etats-Unis sur la place de la Turquie dans l’Alliance, et l’hypothèse d’une suspension de son statut de membre est évoquée parfois au plus haut niveau.[2] Toutefois, il importe de faire la part des choses. L’OTAN n’est pas un bloc monolithique, tous les alliés ne sont pas concernés au même degré par les agissements et les menaces de la Turquie. Les réactions varient, ne serait-ce qu’en fonction des positions géographiques. Des divergences notables se dessinent entre l’Amérique et l’Europe, mais aussi entre alliés européens. L’attitude ouvertement défiante d’Ankara peut-elle aussi être un révélateur utile, un catalyseur pour faire bouger les rapports de force ? Et si oui, dans quelle direction ?

    L’utilité multiforme de l’allié turc

    La Turquie est un des très rares pays de l’OTAN à avoir gardé un certain degré d’indépendance. Comme l’a expliqué récemment le Secrétaire général adjoint de l’Alliance, Camille Grand : « c’est frappant lorsqu’on arrive dans l’OTAN en tant que Français que pour 26 alliés sur 29, la politique de sécurité et de défense se fait à l’OTAN à 90 % ou à 99 %. Il y a trois exceptions : les États-Unis, la France, et la Turquie qui a toujours gardé la volonté de disposer d’un outil de défense qui puisse fonctionner en dehors de l’Alliance atlantique – on le voit aujourd’hui ».[3] C’est à l’aune de cette spécificité que l’on peut décrypter le rôle de la Turquie comme allié – un curieux mélange de défiance et d’utilité.

    Utilité directe

    Dès son adhésion à l’Alliance, en 1952, la Turquie est considérée comme un allié précieux, au flanc Sud de l’URSS, une sorte de « pilier oriental de l’OTAN ». Avec son armée qui occupe une position clef dans le pays et cultive d’étroits liens avec l’armée américaine, sa politique étrangère était strictement alignée sur celle des Etats-Unis, comme lors de la crise de Suez en 1956. Ankara faisait figure, à l’époque, de « meilleur élève de la classe atlantique ».[4] Malgré ses tentatives pour mener une politique plus autonome ici ou là, et en particulier depuis l’invasion du nord de Chypre en 1974, la Turquie a toujours bien tenu son rôle dans l’Alliance, qui n’est rien d’autre que « la fonction géopolitique de l’Empire ottoman depuis la guerre de Crimée : faire obstacle à la poussée russo-soviétique vers la Méditerranée orientale et le Moyen-Orient (stratégie dite ‘des mers chaudes’) ».[5]

    De surcroît, l’armée turque est l’une des plus solides de l’OTAN, la seconde en effectifs avec 750 000 hommes. L’ancien chef de l’état-major des armées français, le général Henri Bentégeat a noté que « Pour l’avoir bien connue, c’est l’une des rares armées européennes qui soit capable de se battre ».[6] Elle ne rechigne pas non plus aux tâches. L’armée turque est parmi les cinq premiers contributeurs aux opérations de l’Alliance, a perdu 15 hommes en Afghanistan, elle participe aux missions de formation en Irak et de stabilisation dans les Balkans. La Turquie prendra également la tête d’une VJTF (force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation) en 2021. Elle est aussi l’un des cinq pays européens de l’Alliance qui abritent des engins nucléaires tactiques américains sur son territoire, à la base d’Incirlik, dans le cadre du dénommé partage nucléaire de l’OTAN (sous contrôle opérationnel exclusif des Etats-Unis). Le pays accueille aussi le Commandement terrestre allié à Izmir, de même que le Centre d’excellence de défense contre le terrorisme (un choix quelque peu ironique compte tenu des âpres disputes qui l’opposent à d’autres alliés ne serait-ce que pour définir le périmètre de ce sujet). La Turquie abrite également, pour le compte de l’OTAN, une base avancée des avions de surveillance AWACS à Konya, ainsi qu’une station radar d’alerte précoce à Kürecik. Forte de tous ces atouts, elle se permet de plus en plus facilement de mener une politique autonome.

    Utilité fortuite

    Par le plus pur des hasards, certaines manifestations de cette autonomie peuvent parfois utilement coïncider avec les positions défendues par la France. C’était notoirement le cas pour refuser de participer à l’invasion américaine d’Irak, en 2003. Plus généralement, les deux pays partagent des réticences quant à voir l’OTAN s’impliquer trop, qui plus est militairement, au Moyen-Orient. Ni Ankara ni Paris ne souhaitent y apparaître comme un simple exécutant de l’agenda des Etats-Unis. Dans le même esprit, les deux préfèrent éviter que l’OTAN, par sa rhétorique, contrarie et provoque les puissances dans leur proximité (voisinage national pour la Turquie, européen pour la France). Les deux s’opposent donc aussi, autant que faire se peut, à ce que l’Alliance désigne nommément des adversaires à tout bout de champ.

    Un autre dossier sur lequel les intérêts d’Ankara et de Paris convergent objectivement est celui des politiques d’armement. Non pas que la France soit un grand fournisseur de l’armée turque, elle ne l’est pas. Leurs approches sont néanmoins proches dans le sens où les deux sont conscients de l’importance primordiale d’une industrie de défense nationale. Ils partagent aussi l’expérience d’être pris en otage, de temps à autre, par la régulation américaine ITAR qui exige une autorisation, au cas par cas, pour exporter tout équipement qui contienne ne serait-ce qu’un demi-clou d’origine américaine. Le blocage du Congrès, en réponse à l’achat du système russe S400 par la Turquie, met en péril une affaire de 1,5 milliards de dollars de vente d’hélicoptères (de fabrication turque mais dont l’engin est sous licence US) au Pakistan, avec son corollaire de dommages pour Ankara en termes de crédibilité et d’image. Une situation bien connue de la France, qui a vu récemment sa vente de Rafales supplémentaires à l’Egypte freinée par l’Amérique, idem pour les satellites d’observation militaire à destination des Emirats arabes unis. Une convergence de vues pourrait donc s’esquisser entre la France et la Turquie, à un moment où une poussée américaine forte s’exerce dans l’OTAN pour favoriser les programmes « en commun », par définition dépendantes, plutôt que les apports nationaux.

    Utilité paradoxale

    Il existe une troisième façon pour la Turquie d’être utile, et ce bien malgré elle. En effet, c’est l’invasion turque dans le Nord-Est de la Syrie, sans consultation ni préavis, qui a servi d’ultime déclencheur au président Macron pour exposer sa vision sur « la mort cérébrale » de l’OTAN, dans un entretien polémique accordé à l’hebdomadaire britannique The Economist.[7] En lisant bien les propos du président français, il est évident que les agissements turcs n’étaient qu’un prétexte. Une occasion en or pour attirer l’attention sur les dysfonctionnements de l’Alliance, sur la non-fiabilité des garanties américaines, et sur la nécessité pour les Européens d’assumer leur autonomie. Ce n’est pas non plus la première fois que la Turquie, involontairement, sert sur un plateau les arguments pour renforcer la ligne française au sein de l’Alliance atlantique.

    Au tout début des années 2000, au moment du lancement de la politique de défense de l’UE, Ankara a rendu un énorme service à Paris, alors même qu’il espérait faire le contraire. Une des premières questions à l’époque fut l’articulation entre la nouvelle politique européenne et OTAN. La Turquie, de même que la Norvège, tous deux soutenus par les Etats-Unis, se sont battues, menace de veto à l’appui, pour obtenir une participation maximale des alliés non membres de l’Union européenne dans cette nouvelle politique de l’UE. La Norvège s’est vite rendu compte du caractère contre-productif d’une telle approche. En revanche, la Turquie est restée sur cette position, face à ce qu’elle regardait comme une énième injustice et humiliation de la part de l’Europe. L’obstructionnisme turc dans l’OTAN a porté ses fruits : il a réussi à bloquer les accords formels avec l’UE, les échanges d’information, parfois même la coopération sur un même théâtre d’opération. Ankara empêche également les Européens de faire appel aux moyens communs de l’OTAN pour mener une opération. Ce qui « ne gêne pas du tout la France ou l’Union européenne, pour être honnête », d’après le général Bentégeat, ancien Président du comité militaire de l’UE. En effet, le comportement de la Turquie sur ce dossier (aussi) est une démonstration grandeur nature des inconvénients de miser sur le tout-OTAN et, normalement, une incitation de plus pour les Européens afin qu’ils s’en émancipent progressivement.

    Montée des hostilités entre alliés

    Les désaccords sont multiples, et vont aujourd’hui croissant, dans les relations entre la Turquie et le reste de l’OTAN. Au fil des années, des mécontentements divers et variés se sont accumulés des deux côtés. Jusqu’ici, toutefois, leurs intérêts respectifs faisaient en sorte que les deux parties sont passées outre les différends et ont privilégié le maintien de cette étrange alliance.

    (Crédit photo:OTAN)

    Les griefs de l’OTAN

    Les relations sont marquées d’abord par une longue série d’ambiguïtés turques, très peu appréciés des partenaires de l’OTAN. A commencer par l’offensive turque en Syrie contre les milices kurdes alliées de la coalition anti-Daesh, laquelle coalition est dirigée par les Etats-Unis et compte parmi ses membres l’OTAN en tant que telle (qui lui apporte le soutien de ses avions AWACS). Une autre épine dans le pied des relations avec l’Alliance, et en particulier avec les Etats-Unis, est l’achat par la Turquie du système de défense anti-aérienne russe S400. Malgré les mises en garde répétées des alliés occidentaux la Turquie persiste et signe, tout en réclamant de leur part le déploiement de batteries Patriot lorsque ses relations avec Moscou traversent une phase de tension. Finalement, que dire d’une situation où la marine turque participe un jour dans un exercice OTAN conjoint avec la frégate française Courbet, en ravitaillant celle-ci, mais deux jours plus tard elle illumine le même Courbet, en mission OTAN, par son radar de conduite de tir?[8]

    Plus globalement, les divergences turco-otaniennes sont flagrantes sur le plan politico-stratégique. Alors même que l’Alliance atlantique se positionne traditionnellement face à la Russie et de plus en plus face à la Chine, Ankara n’hésite pas à flirter avec l’Organisation de Coopération de Shangai (OCS), créée en 2001 comme une sorte de pendant sino-russe de l’alliance occidentale. Depuis 2012, la Turquie y a un statut de « partenaire de dialogue » et Ankara avait plusieurs fois exprimé son intention de devenir un jour membre à part entière de l’organisation. Le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu est allé jusqu’à affirmer : « Avec ce choix, nous déclarons partager le même destin que les pays de l’OCS. La Turquie fait partie d’une famille composée de pays qui vivent ensemble non pas depuis des siècles, mais depuis des millénaires. » Ceci étant dit, la Turquie n’entend pas changer une alliance pour une autre, mais espère plutôt élargir sa marge d’autonomie. Toujours est-il que les alliés de l’OTAN ne voient pas d’un très bon œil les exercices militaires conjoints d’Ankara, dans l’espace turc, tantôt avec les Chinois, tantôt avec les Russes.

    Un certain nombre de sujets techniques, à dimension hautement politique, viennent aussi perturber régulièrement les relations OTAN-Turquie. Au moment de la mise sur pied du bouclier anti-missile de l’OTAN, la Turquie s’appuyait sur la position géographique idéale de Kürecik, une station radar d’alerte précoce, pour imposer ses conditions: l’Alliance ne nommera pas l’Iran ou la Syrie (ni aucun autre pays voisin de la Turquie) comme menace explicite; les données collectées ne pourront pas être transmises à des pays tiers (Israël en l’occurence); et un officier turc haut gradé sera posté en permanence au Centre de commandement OTAN. Quant à l’autre grand dossier « technique », le système russe S400, l’Alliance met en avant les problèmes d’interopérabilité avec les systèmes otaniens, mais c’est l’arbre qui cache la forêt. Les inquiétudes portent sur la présence de conseillers russes, sur la compromission des liaisons sécurisées de l’Alliance et sur l’éventuelle fuite des données techniques des systèmes occidentaux, en premier lieu l’américain F-35 dont les livraisons vers la Turquie ont été gelées par Washington justement pour cette raison.

    La Turquie n’hésite pas non plus à prendre en otage les politiques de l’Alliance si elle estime ses intérêts lésés d’une manière ou d’une autre. Elle a parfois recours aux menaces de fermeture, ou de restriction d’accès à des bases américaino-otaniennes sur son territoire. Dans d’autres cas, Ankara paralyse pendant des mois la mise en oeuvre du plan de défense pour la Pologne et les pays baltes, bloque tous les programmes du Partenariat pour la Paix impliquant l’Autriche, restreint singuièrement les domaines possibles de consultation et de coopération entre l’UE et l’OTAN, quitte à générer des couacs opérationnels (comme au Kosovo ou Afghanistan). Cerise sur le gateau, lors de la grande purge de 2016, suite au coup d’Etat avorté, Erdogan révoque du jour au lendemain la moitié des 300 militaires turcs postés dans les commandements européens (ce qui n’était pas sans poser des problèmes de gestion et de compétence, si on en croit le SACEUR de l’époque, le général américain Curtis Scaparotti). Et encore, la liste est loin d’être exhaustive.

    Les griefs d’Ankara

    Du côté turc, l’image de l’Alliance n’est guère plus reluisante. D’après le dernier sondage transatlantique Pew publié début 2020, la Turquie est l’Etat-membre où l’OTAN est, de loin, la plus impopulaire, avec seulement 21% d’opinions favorables (contre 82% en Pologne).[9] Le fond des mécontentements turcs est, depuis fort longtemps, le sentiment d’être un allié de seconde zone. Les Turcs ont l’impression que les politiques et manœuvres des autres alliés les exposent et les mettent en danger, sans qu’ils aient toujours leur mot à dire et sans qu’ils soient défendus le cas échéant, par l’OTAN, de manière fiable et crédible.

    Dans ce contexte, les alliés ont l’air d’être insensibles aux préoccupations turques face à ce qu’Ankara considère comme une menace existentielle pour le pays : le défi kurde. D’où l’extrême tension, au sein de l’OTAN, lors de la guerre en Syrie, au sujet de la définition du terrorisme. Aux yeux de la Turquie, la situation est grotesque : les Etats-Unis ont armé et formé des milices syriennes kurdes affiliées au PKK (reconnu comme organisation terroriste à la fois par l’UE et l’Amérique), juste pour se faciliter la tâche en les utilisant comme supplétifs dans les combats. Pour les alliés occidentaux, l’obsession kurde d’Ankara affaiblit la coalition anti-Daesh et met ainsi en danger la lutte contre le « vrai » terrorisme. La bureaucratie OTAN, pour sa part, se réfugie derrière la formule passe-partout : « Nous combattons le terrorisme sous toutes ses formes ».

    Face à la montée des menaces et la déstabilisation de son voisinage, la Turquie a le sentiment de jouer, une fois de plus, le rôle de l’allié fiable qui va finir en dindon de la farce. Lors de la première guerre du Golfe en 1991, Ankara s’est plié aux demandes de Washington et lui a accordé le libre usage de la base d’Incirlik pour les opérations aériennes contre l’Irak. Et ce malgré l’opposition massive de l’opinion publique et la démission du ministre des Affaires étrangères, du ministre de la Défense, ainsi que du chef d’état-major des armées. Malgré cela, des réticences – en particulier allemandes – se sont exprimées à l’OTAN quant à défendre la Turquie (en cas de contre-attaque irakienne en riposte aux bombardements américains). A la fin, l’Alliance a pris cette décision, mais sa crédibilité, aux yeux des Turcs, a subi un sérieux revers.

    Rebelote en 2003, lors des préparatifs de l’invasion américaine de l’Irak. La Turquie a cette fois-ci décidé de ne pas mettre à la disposition de Washington l’usage de ses bases. A l’OTAN, les Etats-Unis veulent faire adopter un plan de défense pour la Turquie, que la France, l’Allemagne et la Belgique refusent, au motif que dans les circonstances cela équivaudrait à cautionner d’avance l’aventure belliqueuse de l’Amérique. Une fois de plus, l’affaire sera résolue sous pression américaine, et la Turquie va recevoir les renforts alliés – mais non sans un petit goût d’amertume. Depuis, et à mesure que la région s’est effectivement enflammée suite à cette invasion, l’invocation par la Turquie de l’article 4 du traité de Washington et la demande de déploiement de batteries Patriot sont devenues un exercice quasi régulier. Une manière aussi, pour Ankara, de tester ses alliés.

    L’Alliance malgré tout

    Entre Ankara et l’OTAN « cela a toujours été un mariage de raison », d’après James Jeffrey, ancien ambassadeur américain en Turquie. D’un côté, la position géopolitique unique de la Turquie (au carrefour entre l’Europe, le Moyen-Orient et le Caucase, contrôlant l’accès vers la Mer Noire) a fait d’Ankara un allié pratiquement irremplaçable à qui on pardonne quelques incartades. De l’autre côté, cette même position si facile à monnayer signifie que la Turquie se trouve au milieu d’une poudrière. Elle a donc besoin, elle aussi, de cette alliance occidentale pour se prémunir contre des voisins puissants, et comme un levier supplémentaire pour peser face à eux. Pour l’OTAN, l’intensification, et en nombre et en nature, des agissements turcs ces dernières années pose une question délicate. Comme le dit Muriel Domenach, ambassadrice de la France à l’OTAN : « Comment garder à bord un allié aussi indispensable qu’indépendant, pour ne pas dire incontrôlable » ?[10] Cela revient, au final, à une question de dosage.

    Trublion, mais à quel dessein ?

    D’après le secrétaire général adjoint de l’OTAN, Camille Grand, « en réalité, l’opinion de tous les alliés est de dire que garder la Turquie à bord de l’OTAN présente aujourd’hui beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients ».[11] Il a également noté : « A Bruxelles, certains disent que c’est un peu comme l’était la France, c’est-à-dire un allié qui dit souvent non, qui pose des questions, qui défend ses intérêts avec beaucoup d’énergie ». On apprécie, au passage, l’emploi du passé pour ce qui est du panache de la France… De toute manière, la comparaison s’arrête là. Dans le cas français, les prises de position solitaires, « peu orthodoxes » s’inscrivaient le plus souvent dans une ambition européenne, alors que dans le cas turc l’Europe fait plutôt figure de cible.

    (Crédit photo: Getty Images at www.express.co.uk)

    L’Europe en ligne de mire

    Il serait difficile d’ignorer que, dans leur très grande majorité, les visées turques heurtent au premier chef les intérêts européens. Le rapport 2020 de la Commission de Bruxelles ne dit pas autre chose lorsqu’il constate : « La politique étrangère de la Turquie est de plus en plus en contradiction avec les priorités de l’UE ».[12] Cela est spectaculairement vrai pour la crise en Méditerranée orientale. La Grèce et Chypre étant membres de l’Union européenne, toute tentative de grignotage sur leurs frontières, maritimes ou autre, revient à mettre en cause celles de l’UE. C’est exactement ce qu’a souligné Clément Beaune, secrétaire d’Etat français des affaires européennes : « La Turquie mène une stratégie consistant à tester ses voisins immédiats, la Grèce et Chypre et, à travers eux, l’ensemble de l’Union européenne ».[13] Dès le départ, la France y voit un enjeu crucial de politique européenne de solidarité « envers tout Etat membre dont la souveraineté viendrait à être contestée ».[14] Le ministre grec des Affaires étrangères lui emboîte le pas en insistant que « La Grèce défendra ses frontières nationales et européennes, la souveraineté et les droits souverains de l’Europe ».[15]

    De la même manière, du fait de l’ouverture des frontières internes en Europe, le chantage migratoire concerne, in fine, l’ensemble de l’Union. Menacer, comme le fait le président Erdogan, de « lâcher » sur l’Europe les près de 4 millions de migrants sur son sol est un instrument de pression particulièrement puissant – et Ankara est prêt à le ressortir au moindre désagrément. En particulier pour éviter toute sanction sérieuse que l’UE pourrait prendre en réponse à ses activités hostiles en Méditerranée, que ce soit la prospection d’hydrocarbures dans les eaux territoriales grecques et chypriotes, ou son soutien actif à la violation de l’embargo sur les armes à destination de la Libye.

    Au-delà des transferts d’armes, la Turquie y envoie également des hommes. Comme l’explique le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian : « les forces qui soutiennent le président al-Sarraj sont organisées par les Turcs autour des milices de la région ouest de la Libye. Il s’agit de combattants pro-turcs rémunérés et transportés en avions de la zone d’Idlib pour combattre en Libye, encadrés par des officiers turcs ». Et le ministre de tirer la sonnette d’alarme : « Il importe que l’Union européenne prenne conscience que la maîtrise de cette partie du nord de l’Afrique sera assurée par des acteurs qui n’ont pas les mêmes normes de sécurité que nous ni les mêmes intérêts. Il y a là pour l’Europe des risques en termes de sécurité et de souveraineté, qu’il s’agisse des flux migratoires incontrôlés ou de la menace terroriste ».[16] Inutile de préciser le danger pour l’Europe d’être à la merci de puissances étrangères qui seraient en position d’ouvrir ou fermer à volonté ces sources d’instabilité. Ultime pied de nez, Ankara a pris en main la formation des garde-côtes libyens : un projet dans lequel l’UE avait déjà mis des années d’efforts et près de 50 millions d’euros.[17]

    Finalement, les Européens subissent l’ingérence turque dans leurs affaires intérieures, qui prend comme relais les communautés turco-musulmanes installés sur leur sol. Les gouvernements qui tentent de résister, par exemple en interdisant sur leur territoire les campagnes de politique intérieure turque, sont qualifiés par Ankara de fasciste, nazi, raciste et islamophobe. C’est en raison de telles « frictions » en amont du référendum constitutionnel turc de 2017 que l’Allemagne, la France, le Danemark et les Pays-Bas ont empêché que le sommet de l’OTAN de 2018 soit tenu en Turquie. Si les saillies d’Erdogan ne sont que la pointe émergée de l’iceberg, elles n’en sont pas moins instructives. Que dire, en effet d’un allié, qui appelle les immigrés d’origine turque de faire beaucoup d’enfants pour se venger des injustices et devenir « l’avenir de l’Europe » ?[18] Ou qui lance des mises en garde hasardeuses : à moins de changer d’attitude envers la Turquie, les Européens ne pourront pas se promener en sécurité dans les rues…[19]

    La prétention du président turc à se poser en fer de lance du monde musulman l’avait déjà amené à importer ces questions « civilisationnelles » dans le cadre de l’Alliance. Alors même que les alliés étaient engagés contre des terroristes de Daesh, les officiers turcs, sur instruction de leur gouvernement, passaient leur temps à empêcher que dans les documents de l’Alliance il puisse y avoir un quelconque lien entre terrorisme et islam.[20] Dans le même esprit, Erdogan avait tenté de bloquer, en 2009, la nomination d’Anders Fogh Rasmussen au poste du Secrétaire général de l’OTAN. Son crime ? Après la publication de caricatures de Mahomet dans un journal danois, Rasmussen, alors Premier ministre, ne s’est pas (suffisamment) excusée auprès du monde musulman. Il eut notamment l’outrecuidance d’affirmer : « Au Danemark nous attachons une importance fondamentale à la liberté d’expression ». Même s’il s’est empressé d’y ajouter « Ceci étant dit, je respecte profondément les sentiments religieux des autres. Pour ma part, je n’aurais jamais choisi de dessiner des symboles religieux de cette façon ». Il aura tout de même fallu l’intervention du président Obama pour qu’Ankara lève son veto.

    Européens aux abonnés absents

    Certes, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, elle-même fait le constat à propos de la Turquie : « si nous sommes géographiquement proches, la distance entre nous semble ne cesser de croître ». Pour le cas de figure le plus clair, celui où la Turquie menace explicitement les frontières européennes, elle assure : « Nos États membres, Chypre et la Grèce, pourront toujours compter sur une solidarité totale de l’Europe pour protéger leurs droits légitimes en matière de souveraineté ». Il n’empêche que même sur ce dossier, peu d’Etats membres, hormis la France, répondent présent lorsqu’il s’agit de traduire en actes cette solidarité proclamée. Que ce soit par l’imposition de sanctions, ou par des déploiements militaires en bonne et due forme,  comme avec l’envoi de navires de guerre et d’avions de combat français dans la zone. Les partenaires européens habillent leur inertie derrière la formule facile selon laquelle « il ne faut surtout pas s’aliéner la Turquie ». On ne doit pourtant pas creuser trop profond pour y trouver d’autres motifs.

    L’Allemagne est un cas d’école. Elle est d’une discrétion de violette sur les sujets les plus fâcheux impliquant la Turquie, tout en proposant ses services de « médiation ». Etrange confusion des rôles de la part de Berlin qui, tout en assumant la présidence tournante de l’Union européenne, préfère ne pas prendre position lorsqu’un allié non-membre de l’UE, la Turquie, fait des manœuvres d’intimidation à l’égard de deux pays de l’UE, Chypre et la Grèce. Qui plus est, plutôt que de se prononcer en soutien de ses partenaires de l’UE, l’Allemagne semble biaisée en faveur de l’autre côté. Du fait des liens économiques et migratoires très étroits qui se sont tissés entre Berlin et Ankara, elle est aujourd’hui trop exposée aux pressions turques pour pouvoir poser en arbitre impartial. Elle héberge une diaspora turque de quelque 4 millions d’individus, particulièrement attachés à leur pays d’origine, et elle est aussi la destination de choix pour les millions de migrants retenus, pour l’heure, sur le sol turc.

    Pour couronner le tout, l’Allemagne, et la plupart des pays européens, ont encore une autre considération en tête lorsqu’ils se montrent réticents pour répondre sérieusement aux provocations du président Erdogan. La chancelière Merkel est arrivée à un sommet de l’UE dédié à la réponse aux provocations turques, en indiquant d’emblée qu’elle n’avait aucunement l’intention de frapper trop fort en matière de sanctions car, tenait-elle à rappeler : « La Turquie est un allié dans l’OTAN ». Le désir de ne pas semer la zizanie dans l’Alliance prime, comme souvent, sur les intérêts proprement européens. Les alliés européens ne souhaitent surtout pas affaiblir encore davantage une OTAN déjà chancelante (dernièrement sous les coups du président Trump) mais qu’ils considèrent toujours, à tort ou à raison, comme la garantie ultime de leur défense.

    L’Amérique avec ses propres priorités

    L’Alliance, par définition, n’a jamais été l’enceinte la plus à même d’endiguer les velléités turques, pour la simple raison que la Turquie, en tant qu’Etat membre, y dispose d’un droit de veto. Au-delà de ce truisme, c’est la position des Etats-Unis qui explique en grande partie le silence et les tergiversations de l’OTAN sur les nombreux dossiers contentieux impliquant l’allié turc. Parmi ceux-ci, seuls deux sont considérés par l’Amérique comme des problèmes sérieux. Le premier, c’est la question kurde, Washington n’appréciant guère que les inquiétudes d’Ankara viennent contrecarrer ses plans et activités dans la région, que ce soit en Irak ou en Syrie. Le second concerne l’achat du système russe S400 de défense anti-aérienne par la Turquie. Une décision inacceptable pour Washington qui ne tolère pas une situation pouvant mettre en cause le superbe avantage opérationnel qu’est censé assurer leurs avions F-35 dernier cri.

    Ironie de l’histoire, même sur ces deux sujets qui opposent avant tout Turcs et Américains, ce sont encore les Européens qui risquent d’en payer les frais. Quand l’OTAN a refusé de désigner les milices kurdes syriennes comme groupes terroristes, c’est le plan de défense pour les pays baltes et de la Pologne qui fut pris en otage, pendant de longs mois, par la Turquie. De la même façon, si les Etats-Unis poussent à l’imposition de sanctions à l’encontre des Turcs en raison  de l’achat de matériel russe, une des premières ripostes d’Ankara contre « l’Occident » sera nécessairement de recourir au chantage migratoire aux frontières de l’UE, une fois de plus. L’Europe, géographiquement exposée et politiquement paralysée, est la cible idéale pour la Turquie.

    La question kurde et le S400 mis à part, les Etats-Unis regardent les autres sujets de loin, ayant en tête leurs propres priorités à eux. Tout ce qui contribue à isoler la Russie, à endiguer la Chine et à maintenir l’Europe sous tutelle est le bienvenu. La Turquie occupe une position clef sur les trois tableaux : gardien sur le flanc Sud de la Russie, tenant les détroits du Bosphore et des Dardanelles ; un chaînon crucial dans les plans chinois de la Nouvelle route de la soie ; et un facteur de trouble permanent dans les ambitions européennes de défense, Ankara a donc toujours de multiples cartes en main.

    ***

    De ce panorama complexe une évidence se dégage : l’OTAN et l’Europe ne se confondent point. La présence de la Turquie dans l’Alliance atlantique, et l’éloignement géographique des Etats-Unis, font que pour les Européens l’OTAN n’est pas, loin de là, l’enceinte idéale pour traiter des sujets impliquant Ankara. C’est par ailleurs avec cette idée à l’esprit que la Grèce avait insisté sur un détail significatif dans le traité de l’UE. Notamment pour inclure, parmi les objectifs de la politique étrangère et de sécurité, la « sauvegarde de l’intégrité de l’Union », autrement dit la défense des frontières extérieures. Cet élément – par ailleurs souvent ignoré, et pourtant plein de ramifications possibles – fut ajouté dans le traité d’Amsterdam de 1997, à la demande explicite d’Athènes, ce qui n’a nullement échappé aux dirigeants turcs.

    Dès que la Turquie eut la main, les accords OTAN-UE étant suspendus à l’approbation de tous les alliés, une des conditions posées par Ankara était la promesse que les forces de l’Union européenne ne seront jamais employées contre un Etat-membre de l’Alliance. La Turquie voulait éviter que la Grèce, rejointe plus tard par Chypre après l’adhésion de celle-ci à l’UE, ne puisse impliquer l’ensemble de l’Union, de manière militaire, dans leurs disputes. Au bout de deux ans de négociations, la promesse a été faite, avec l’engagement étrange, exigé par la Grèce au nom du principe de réciprocité, que l’OTAN non plus n’attaquera jamais un pays de l’Union européenne. Quoi qu’il en soit, ces détails en disent long sur la nette distinction entre les deux organisations, et ce malgré le fait que 21 Etats sont membres des deux à la fois. Sur le dossier turc, cette distinction a tout lieu d’être non seulement parce que la Turquie a une voix à l’OTAN et pas dans l’UE, mais aussi en raison de l’attitude des Etats-Unis, leader de l’Alliance atlantique.

    Pour Washington, contrairement à l’Europe, l’importance de la question turque est toute relative. L’Amérique peut se permettre une approche plus détachée, plus libre. Certes, Ankara est un allié de premier ordre pour contrer les velléités russes, iraniennes ou chinoises, ou encore les timides ambitions européennes d’autonomie stratégique. En revanche, les Etats-Unis ne risquent pas de se retrouver sous pression sécuritaire directe à la fois sur leurs frontières et à l’intérieur de celles-ci, du fait d’éventuelles animosités de la Turquie. Leur adversaire principal, c’est la Chine, et dans une certaine mesure encore la Russie. L’Amérique observe les manœuvres au Moyen-Orient à travers ce prisme, en termes de compétition, d’isolement et d’endiguement par rapport à Moscou et, surtout, Pékin. Tant que la Turquie y contribue, elle aura toute sa place dans l’OTAN, elle restera un allié utile. Mais il ne faut pas que ses agissements perturbent trop la discipline de l’Alliance, qu’ils poussent les Européens à prendre leur distance, ce qui empêcherait leur embrigadement derrière Washington, sous bannière OTAN, dans la compétition entre grandes puissances. Vers où penchera la balance ? Harold Macmillan, Premier ministre britannique à la fin des années cinquante, répondit un jour au journaliste qui lui demandait ce qui influence le plus la politique des gouvernements : « Les événements, mon cher garçon, les événements »

    Hajnalka Vincze

     
    Notes:
    [1] Audition de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Paris, 7 octobre 2020.
    [2]  Le ministre américain des Affaires étrangères John Kerry avait déjà fait flotter l’idée d’une suspension en 2016, et le ministre de la Défense Mark Esper a révélé fin 2019 qu’il avait lui aussi mis en garde Ankara que son maintien dans l’OTAN était en péril. Du côté de la France, l’ancien président François Hollande, demande à suspendre la participation turque à l’OTAN. Pour le ministre Le Drian, une « grande explication » s’impose, car « On ne sait plus si la Turquie est dans l’alliance, hors de l’alliance ou à côté de celle-ci. »
    [3] Table ronde à l’Assemblée nationale, 27 novembre 2019.
    [4] Jean-Sylvestre Mongrenier, L’État turc, son armée et l’Otan : ami, allié, non aligné ?, Hérodote 2013/1.
    [5] Idem.
    [6] Table ronde à l’Assemblée nationale, 27 novembre 2019.
    [7] Transcript: Emmanuel Macron in his own words (French) – The French president’s interview with The Economist, 7 novembre 2019.
    [8] Audition de S.E. M. Ismaïl Hakki Musa, ambassadeur de Turquie en France, à la Commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, 9 juillet 2020.
    [9] NATO Seen Favorably Across Member States, Pew Research Center, 9 février 2020.
    [10] Audition de Muriel Domenach à la Commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, 18 décembre 2019.
    [11] Table ronde à l’Assemblée nationale, 27 novembre 2019.
    [12] Turkey 2020 Report, Commission européenne, 6 octobre 2020.
    [13] Audition de Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des affaires européennes, à la Commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale, 17 septembre 2020.
    [14] Communiqué de l’Elysée, 12 août 2020.
    [15] Les alliés de l’OTAN s’affrontent en Méditerranée, Fr24news, 26 août 2020.
    [16] Situation en Méditerranée – Audition de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, à la Commission des affaires étrangères et de la défense nationale du Sénat, 8 juillet 2020.
    [17] Nicolas Gros-Verheyde, La formation des garde-côtes libyens : aux mains des Turcs ? Mauvais signal pour les Européens, Bruxelles2, 25 octobre 2020.
    [18] ‘You Are the Future of Europe,’ Erdogan Tells Turks, New York Times, 17 mars 2017.
    [19] Erdogan warns Europeans ‘will not walk safely’ if attitude persists, as row carries on, Reuters, 22 mars 2017.
    [20] Kamal A. Beyoghlow, Turkey and the United States on the Brink, US Army War College, janvier 2020, p44.

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  • Le « gamin en or » (pibe de oro) Diego Maradona est mort d’une crise cardiaque à l’âge de soixante ans, quatre ans jour pour jour après Fidel Castro. Nous rediffusons le billet qu’Olivier Pironet consacrait à ses engagements politiques. « Maradona n’a jamais cherché à dissimuler ses sympathies pour le chavisme comme pour le socialisme latino-américain ».

    Le blog du Monde Diplo, le 25 novembre 2020


    L’Argentin Diego Maradona, figure mondiale du football, fait l’objet d’un nouveau film documentaire réalisé par le cinéaste britannique Asif Kapadia. Il sera projeté ce 19 mai au Festival de Cannes. L’ancien joueur, qui s’est souvent illustré par ses frasques en dehors du terrain, est également un homme très ancré à gauche. Et qui ne s’en est jamais caché, au risque de… déplaire. Retour sur trente ans d’engagements.

    Lex-prodige du ballon rond Diego Armando Maradona, actuel entraîneur de l’équipe mexicaine des Dorados de Sinaloa, a récemment écopé d’une amende par la fédération de football du Mexique. Il faisait l’objet d’une procédure disciplinaire pour manquement à la « neutralité politique et religieuse » qu’impose le code éthique de l’instance sportive. Son « forfait » ? Le 31 mars dernier, lors de la conférence de presse organisée après un match remporté par les Dorados, l’Argentin a tenu à « dédier ce triomphe à Nicolás Maduro [le président du Venezuela] et à tous les Vénézuéliens qui souffrent », et en a profité pour étriller les États-Unis de M. Donald Trump, responsables à ses yeux de la crise que traverse Caracas : « Les shérifs de la planète que sont ces Yankees croient qu’ils peuvent nous piétiner parce qu’ils ont la bombe la plus puissante du monde. Mais non, pas nous. Leur tyran de président ne peut pas nous acheter » (1).

    Le « gamin en or » (pibe de oro) — le surnom de Maradona en raison de son génie précoce né sur les terrains vagues du bidonville où il a grandi — n’en est pas à son premier coup d’éclat en faveur de M. Maduro. En tout début d’année, il a publié sur les réseaux sociaux un message de soutien à l’attention du chef de l’État vénézuélien, en butte à la contestation conduite par M. Juan Guaido, autoproclamé « président par intérim » avec la bénédiction de Washington : « Malgré les traîtres et l’impérialisme qui veulent gouverner le Venezuela, le peuple a réélu Nicolás Maduro à la présidence. Hugo Chávez nous a montré la voie et cette voie c’est Nicolás Maduro (…). Ils n’ont pas réussi avec Fidel [Castro], ils n’ont pas réussi avec Hugo, encore moins avec vous. Le Venezuela vaincra ! » Au cours de la campagne présidentielle vénézuélienne de mai 2018, l’ancien numéro 10 argentin est allé jusqu’à « mouiller le maillot » : il s’est rendu en personne au dernier meeting de M. Maduro, à Caracas, et s’est présenté à la tribune comme son « soldat ». En août 2017, alors que le Venezuela connaissait de graves violences, il lui avait déjà témoigné son appui, se disant même « chaviste jusqu’à la mort ».

    Diego Maradona n’a jamais cherché à dissimuler ses sympathies pour le chavisme comme pour le socialisme latino-américain. On a pu ainsi le voir à plusieurs reprises aux côtés de feu Hugo Chávez, le fondateur de la « révolution bolivarienne » vénézuélienne. Notamment lors du « sommet des peuples » organisé à Mar del Plata (Argentine) en novembre 2005. Ce rassemblement altermondialiste se déroulait en marge du IVe Sommet des Amériques qui réunissait, entre autres, les deux « ennemis » George W. Bush et Hugo Chávez. Arrivé sur place après une nuit passée à bord du « train de l’Alba  » (2) en compagnie de M. Evo Morales (futur président de la Bolivie) et de nombreux militants opposés au projet de zone de libre-échange régionale promu par Washington, Maradona s’est distingué, avant d’embarquer à Buenos Aires, par une sortie musclée contre le président américain : « Je suis fier, en tant qu’Argentin, de pouvoir monter dans ce train pour exprimer mon rejet à l’égard de cette poubelle humaine que représente Bush. Je veux que tous les Argentins comprennent que nous luttons pour la dignité (3) ». Le leader vénézuélien l’invitera sur l’estrade pendant le discours qu’il prononce le 4 novembre 2005 au stade de Mar del Plata. « Vive Maradona, vive le peuple ! », scande Chávez à l’unisson avec la foule. À sa mort en 2013, Maradona appellera à « poursuivre l’héritage » d’« El Comandante » et à « continuer la lutte ». Car il « a changé la manière de penser des Latino-Américains qui [s’étaient] soumis leur vie entière aux États-Unis ». (4)

    Avant Nicolas Maduro, Hugo Chávez et Evo Morales, il y eut Fidel Castro. En 1987, alors au sommet de sa gloire avec le club de Naples et l’Albiceleste (champion d’Italie avec l’équipe napolitaine et vainqueur de la Coupe du monde avec sa sélection nationale, l’année précédente), le maître à jouer argentin voyage à Cuba, où il fait la connaissance du dirigeant socialiste. Il noue une relation de confiance avec Castro, qu’il dit admirer depuis toujours — « On a passé cinq heures à discuter du “Che” [Ernesto Guevara], de l’Argentine, de Cuba… (…) C’est le seul homme politique, si on peut dire, qu’on ne pourra jamais traiter de voleur, même si l’Amérique ne s’en prive pas. (…) C’est un révolutionnaire. Les politiciens accèdent au pouvoir avec le fric, lui c’est avec le fusil », explique-t-il au cinéaste Emir Kusturica. Cette amitié « révolutionnaire » se traduira par de nombreux séjours dans l’île, notamment pour soigner son addiction à la cocaïne. Présent à La Havane pour les funérailles du « líder máximo », en 2016, l’idole des terrains déplorera la perte d’un « second père ».

    L’ancien champion du monde n’hésite pas non plus à s’exprimer sur le conflit israélo-palestinien. Au président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, qu’il rencontre à l’occasion de la finale du Mondial de football en Russie, à l’été 2018, Maradona déclare : « Dans mon cœur, je suis palestinien ». En 2012, évoquant la lutte des Palestiniens contre l’occupation israélienne, il confie : « Je les respecte et je les comprends ». Et lorsqu’un déluge de feu s’abat sur Gaza au cours de la guerre lancée par Tel-Aviv contre le territoire côtier, en juillet-août 2014 (plus de 2 200 morts, dont 75 % de civils), il donne de la voix pour dénoncer les massacres : « Ce qu’Israël fait aux Palestiniens est honteux » (5) .

    Toutes ces prises de position détonent dans l’univers du ballon rond, où la plupart des sportifs réfléchissent au moins à deux fois avant d’afficher leurs préférences politiques, à l’exception récente de plusieurs footballeurs brésiliens. Lors de la dernière élection présidentielle au Brésil, de célèbres joueurs — Neymar, Ronaldinho, Rivaldo, Cafu, etc. — ont ainsi apporté publiquement leur appui au candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro (6), élu à la tête du pays le 28 octobre 2018. Le cœur de Maradona, penche, lui, pour l’ex-président socialiste Luiz Inàcio Lula da Silva. Emprisonné pour corruption à l’issue d’un procès controversé et banni du scrutin présidentiel de 2018, dont il était donné grand favori, « Lula » a reçu son ferme soutien : « Ils ont volé la présidence à Lula ! » (7)                                                                                                                                                                                                                                       Ce dimanche 19 mai 2019, Diego Maradona devait se rendre au festival de cinéma de Cannes, pour la projection d’un film documentaire consacré à ses années napolitaines (8), mais il a dû annuler sa venue au dernier moment pour raisons de santé (9). Nul doute que sa présence aurait attiré les foules, en raison de la fascination qu’il continue d’exercer. Il est très probable également que certains auraient surveillé de près ses déclarations et veillé à ce que l’idole des stades ne commette pas de « dérapages idéologiques » : à l’heure où les médias et une bonne partie de la classe politique brandissent la menace du « populisme de gauche », cela aurait forcément fait mauvais genre sous les ors du Palais des Festivals.

    Olivier Pironet

     

    Notes :

    (1Cf. « Diego Maradona podría ser sancionado por dedicarle una victoria a Maduro y criticar a Trump », TN, 3 avril 2019. Lire aussi Julia Buxton, « Où va l’opposition au Venezuela ? », Le Monde diplomatique, avril 2019.

    (2Du nom de l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (Alba), une organisation de coopération régionale lancée en décembre 2004 par Cuba et le Venezuela, puis rejointe un an plus tard par la Bolivie.

    (3Voir le documentaire d’Emir Kusturica, Maradona (2008).

    (4« Venezuela : Maradona se recueille sur la tombe de Chavez avant la présidentielle », AFP, 13 avril 2013.

    (5Lire « Dans mon cœur, je suis palestinien, a déclaré le footballeur Maradona à Abbas », The Times of Israël, 16 juillet 2018.

    (6Sur Jair Bolsonaro, lire notamment Renaud Lambert et Pierre Rimbert, « Davos applaudit un fasciste », Manière de voir, n° 164, « Tous populistes ! », avril-mai 2019.

    (7« Lula, la balle au prisonnier », Libération, 20 juin 2018.

    (8Diego Maradona, d’Asif Kapadia, sortie nationale en salles le 31 juillet 2019.

    (9Cet article a été modifié le 19 mai 2019 après l’annulation du déplacement de Diego Maradona.

    https://blog.mondediplo.net/maradona-la-politique-en-crampons

    Copyright © Olivier Pironet, Le blog du Monde Diplo, 2020  

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  • « Quand ils sont venus chercher les journalistes », par Aude Lancelin

    19/11/2020

     

    Interdiction de filmer les violences policières, reporters embedded avec les policiers ou bien interpellés, révision envisagée de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, le pouvoir tient désormais les journalistes français en joue. La responsabilité de ces derniers dans la situation actuelle est néanmoins écrasante, et le combat mal engagé

     

    Alors on en est là. Après trois années de violences sociales et policières ininterrompues, le macronisme aura réussi la prouesse de parvenir à refaire du journalisme dans son ensemble une activité suspecte, à placer sous surveillance, à encadrer étroitement. Les maltraitances et interpellations arbitraires qui étaient jusqu’ici réservés aux indépendants, n’épargnent désormais plus les titulaires de cartes de presse ordinaires. Trois années de dérive autoritaire pour en arriver à placer ainsi dans le viseur ceux que l’opinion publique tient, hélas souvent à juste titre, pour les auxiliaires zélés du pouvoir.

    Interdiction de filmer les forces de l’ordre dans leurs basses œuvres sous peine d’un an de prison et de 45.000 euros d’amende. Humiliantes accréditations préfectorales à produire pour quiconque entendra suivre à l’avenir les mouvements sociaux. Révision envisagée de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, afin d’exclure de son périmètre les empêcheurs de lécher les bottes en rond. Voilà où nous en sommes, alors que le nouveau « Schéma national du maintien de l’ordre » se voit d’ores et déjà appliqué, et que la loi dite « Sécurité Globale » est actuellement en cours d’examen à l’Assemblée nationale.

    A cet égard, la photo qui clôt la dernière page du fameux nouveau « Schéma national » mis en ligne laisse peu de place au doute : un reporter de dos y arbore une parka floquée « Ministère de l’intérieur » (voir ici la photo d’ouverture). L’idéal-type du journaliste en fin d’ère Macron sera donc logiquement le chien policier.

    Le journalisme, même mis au pas comme il l’est, même privé de sa liberté et de son sens par le rachat de la plupart des grands médias par les oligarques du CAC 40, et cela à un rythme frénétique depuis le début du quinquennat Hollande, a donc fini par redevenir une activité dangereuse aux yeux du pouvoir. Un tel exploit n’était pas évident. Hommage du vice à la vertu de gens qui en ont pourtant démontré si peu.

    Un journaliste de France Télévisions a passé 12 heures en garde à vue, dans la nuit du 17 au 18 novembre 2020. Toute la profession se récrie ! Ceux qui n’ont parfois jamais mis les pieds une seule fois en deux ans sur les champs de bataille effarants que sont devenues les manifestations en France bombent du torse sur Twitter. Jusqu’ici, rien ne les avait réveillés de leur sommeil complice.

    Qu’un Taha Bouhafs de Là-bas si j’y suis soit molesté et mis en zonzon, la belle affaire ! Qu’un Adrien AdcaZz de QG, soit détenu arbitrairement une nuit entière dans l’odeur de pisse d’un commissariat le 12 septembre dernier, so what ? Ils n’ont que méfiance et mépris pour les indépendants, et ne nous ont jamais apporté le moindre début de soutien public, même lorsque le pouvoir nous ciblait directement, de la plus inquiétante des façons. Qu’un reporter de France 3 finisse la manifestation du 17 novembre en cellule, et là en revanche, c’est la comédie de la stupeur. Les instances officielles protestent. Reporters Sans Frontières, connu pour sa collaboration étroite avec l’Elysée, notamment au moment de l’élaboration de la dangereuse loi dite sur les « fausses nouvelles » votée en catimini fin 2018, s’interroge sur les réseaux sociaux.

    Il est néanmoins nécessaire de se remémorer les renoncements de la profession qui nous ont directement menés à la situation d’impuissance démocratique actuelle. Pour cela, on choisira de pasticher les mots fameux de Martin Niemöller, le pasteur qui pointa avec une grande force la veulerie de toute la classe intellectuelle allemande face à la montée des périls Outre-Rhin dans les années 30. Appliqué à notre présent, voici ce que pourrait donner la litanie du lâche soulagement des journalistes français, qui s’imaginaient à tort être encore du bon côté, et durablement protégés :

    Quand ils sont venus flash-baller les jeunes de cités, ils n’ont rien dit, ils pensaient que c’était des dealers et des terroristes.

    Quand ils sont venus enfermer et mutiler les Gilets jaunes, ils n’ont rien dit, ils pensaient que c’était des casseurs et des antisémites.

    Quand ils ont tué en pleine rue un père de famille lors d’un banal contrôle routier, ils n’ont rien dit, ils pensaient que c’était un fait divers regrettable.

    Quand ils sont venus mettre en garde à vue les journalistes indépendants, ils n’ont rien dit, ils pensaient que c’était des militants, des trafiquants de fake news.

    Quand ils sont venus les chercher, eux, les journalistes à carte de presse, il n’y avait plus personne pour vouloir ou pouvoir encore protester.

    Et c’est très exactement cela qui est en train d’arriver aux médias de ce pays, qui à force d’avoir laissé se décomposer l’espace public, par aveuglement idéologique et confort personnel, ont préparé le terrain aux violences politiques dont ils sont désormais eux aussi les victimes.

    Alors bien sûr, il y aura cette fois encore des gens pour protester à leurs côtés. Ils étaient présents ce 17 novembre 2020, où une foule d’une densité inattendue, se pressait le soir de l’Assemblée nationale jusqu’au boulevard Saint-Germain. Ils seront encore là demain entre 14h et 19h, au même endroit, place Edouard Herriot. Ils seront aussi là samedi prochain, au Trocadéro, sur le parvis des droits de l’homme. Ils seront encore et toujours là pour défendre les médias mainstream, en dépit de leurs méfaits, en dépit de leur servilité, en dépit de leur responsabilité écrasante dans la situation actuelle.

    Seulement voilà, il est minuit moins le quart pour les libertés publiques dans ce pays, et le soleil de la démocratie véritable, celle qui écoute la voix sacrée du peuple, est déjà couché, lui, et pour longtemps. Sous les postures pour la galerie, tout le monde sait que cette loi va passer. Tout le monde sait que reprendre le contrôle d’une situation politiquement aussi dégradée ne sera pas chose aisée, et que sauf changement de régime majeur en 2022, cette glissade sans fin ne connaîtra plus d’autre terme que le pire.

    Aude Lancelin                                                                                                                                                                                                                                                                             "Quand ils sont venus chercher les journalistes", par Aude Lancelin - QG - Le média libre                                     

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  • Un jour, on saura ce qu’il y avait dans le coffre de Benalla.

    Un jour, on saura pourquoi Cécilia Sarkozy n’était pas présente au Fouquet’s après la victoire de Nicolas en 2007.

    Un jour, on saura qui a tué Khadafi et pourquoi.

    Un jour, on saura pourquoi Checknewsfr ne répond pas à la question concernant Edouard Philippe, sa femme Edith Chabre et leurs rapports à SciencePo Paris.

    Un jour, on saura enfin qu’Emmanuel Macron avait 14 ans lorsqu’il a « rencontré » Brigitte Trogneux qui, elle, en avait 39.

    Un jour, on saura pourquoi le pédophile présumé Christian Giudicelli peut encore rester et plastronner dans le jury du Prix littéraire Valery Larbaud ?

    Un jour, on saura pourquoi les Maires de Vichy d’hier et d’aujourd’hui (C.Malhuret et F.Aguilera) n’ont pas viré Giudicelli, eux qui sont associés au Prix V.Larbaud et qui le financent depuis 1967.

    Un jour, on saura pourquoi tant d’hommes politiques et artistes divers aiment tant aller à Marrakech.

    Un jour, on saura pourquoi Raymond Barre était encensé par les Medias alors que bon nombre de Rédactions savaient qu’il planquait ses sous en Suisse ?

    Un jour, on saura l’étendue incroyable des réseaux de Bernard-Henri Lévy.

    Un jour, on saura que Pétain, Laval, les ligues fascistes, les industriels et banquiers ont préparé Vichy dès les Années 30.

    Un jour, on saura pourquoi Zidane a donné son coup de tête à Materazzi.

    *

    Un jour, on saura quelle crapule sinistre fut l’homme de l’ombre de Sarkozy, de Hollande et de Macron : Jean-Pierre Jouyet.

    Un jour, on saura pourquoi une femme de Roubaix est venue embêter Darmanin jusque dans les locaux de sa Mairie.

    Un jour, on saura pourquoi le Canard Enchaîné est devenu si poli et si gentil avec les Pouvoirs sarkozyste, hollandiste et macroniste.

    Un jour, on saura les responsabilités de Nathalie Loiseau dans le scandale soulevé par la lanceuse d’alerte Françoise Nicolas.

    Un jour, on saura à nouveau que ce ne sont pas les Américains qui ont gagné militairement la Guerre 39-45 mais les Soviets et la Résistance intérieure.

    *

    Un jour, on saura qu’il existe de plus gros scandales que celui, quasi-insignifiant, des Panama Papers.

    Un jour, on saura pourquoi La Montagne-Vichy n’a pas écrit un seul article pour informer son lectorat sur le parcours passé de C.Giudicelli, juré au Prix de la ville.

    Un jour, on saura qui a averti l’équipe du Quotidien de Yann Barthès pour être les seuls présents à 7 heures du matin lors de la perquisition de la France Insoumise ?

    *

    Un jour, on saura que ce sont les agents de joueurs qui squattent la FFF et qui dirigent l’ensemble du foot français.

    Un jour, on saura tout sur les Voyous de la FIFA.

    Un jour, on saura comment Trump, Obama, Clinton sont devenus amis de Jeffrey Epstein.

    ****

    Un jour, on saura que je suis mort. Mort sans jamais avoir su ce que j’aurais dû savoir.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Source :      UN JOUR, ON SAURA….. – Pensez BiBi 

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  • Fake news, gilets jaunes-bashing, BFM-TV, plaintes contre les manifestants                                                            

     

    Cet article est une reprise d’un article publié en novembre 2018. C’était au début des GJ et la presse leur était hostile. Il a fallu plusieurs mois pour que les médias, talonnés par les réseaux sociaux, consentent à parler de violence policière et à en montrer. Aujourd’hui, des journalistes sont matraqués, gazés, nassés, embarqués, inculpés comme des vulgaires "Jojo le Gilet jaune". Il sont attaqués par les policiers quand ils filment.
    On pourrait reprendre le fameux poème du pasteur Martin Niemöller ("Quand ils sont venus me chercher…"). Mais la fin n’est pas bonne : il reste du monde pour protester avec les journalistes. LGS le fait, mais n’absout ni n’oublie.
    MV

    J’ai (je devrais probablement dire : j’avais) un ami journaliste, militant syndical élu au niveau national, qui a connu les foudres et un procès de son employeur. C’est dire s’il fait la différence entre journalistes et propriétaires des médias. C’est dire s’il pense aussi que les journalistes ont le droit et le devoir de faire face au patron, pour défendre leurs intérêts et/ou faire valoir l’idée qu’ils se font de leur métier.

    Je lui avais fait parvenir le billet de Théophraste : « Comment un journaliste de BFM-TV a failli mourir (de peur) à Toulouse. »

    On y lisait comment un journaliste toulousain, qui avait pourtant camouflé le logo de BFM-TV de son micro a été reconnu par les gilets jaunes (« la bave aux lèvres ») qui l’ont conspué, insulté (une vidéo le montre), frappé (selon ses dires). Il a été sauvé, dit-il, par ses deux gardes du corps.

    Et Théophraste de se demander pourquoi un journaliste, s’il est reconnu dans sa ville, s’expose au lynchage (c’est le mot employé par les médias) malgré ses précautions, s’il n’est pas flanqué de deux gardes du corps.

    La « victime » a déposé plainte. Ses confrères le défendent tous, sans chercher à savoir ce qui a bien pu provoquer la colère de la rue. Quelqu’un a parlé d’esprit de clan. Un lecteur souligne que leur esprit de clan s’arrête aux portes de l’ambassade de l’Equateur à Londres (Cf. Julian Assange dont ils se fichent tous, et qui est le plus grand des journalistes vivants).

    Un autre lecteur écrit :

    « Ce qui est hallucinant, c’est qu’on voit des matraquages des manifestants, parfois des vieux, souvent à terre, souvent traînés comme des sacs de patates, souvent en sang, et que nos journalistes en rendent compte froidement, sans passion, sans laisser percer le moindre bout de commencement d’amorce de désapprobation. Bien contents que nous sommes s’ils ne dénoncent pas les victimes.

    C’est bien d’ailleurs ce qu’ils font parfois, comme Pujadas qui avait condamné les "violences" de prolos qui ont jeté à terre des ordinateurs après avoir tout perdu.

    Mais qu’un journaliste dans la manif soit « agressé verbalement » par des manifestants exaspérés par les mensonges de la presse des 9 milliardaires, voilà qui est intolérable. Il ne faut pas les toucher (tant mieux) ni mal leur parler (tant pis). Les gueux ont encore le droit de les regarder sans baisser les yeux, mais cela va-t-il durer ? ».

    Sur un plateau de télé, le cinéaste (et grande gueule infatuée) Romain Goupil a montré comment il était habilité à faire taire un gilet jaune mandaté par d’autres que lui.

    Je rappelle au passage ce qui a déjà été dit ailleurs : le journalisme est un contre-pouvoir. Le seul qui n’a pas de contre-pouvoir. Malheur à qui veut en instaurer un ! Et malheur aux journalistes honnêtes : ils se mettent en danger comme un syndicaliste en usine.

    Intervenant dans le débat qui a suivi l’article du Grand Soir, j’ai écrit :

    « Les journalistes de deux chaînes de Bolloré (BFM et CNews) qui portent plainte à Toulouse contre les pauvres revêtus de gilets jaunes auront des témoins pour le procès, ils produiront des vidéos.

    Le problème est le suivant : quand des manifestants pacifiques se font crever un oeil, ouvrir le cuir chevelu, traîner à terre par les policiers, les journalistes sont là. Mais rarement ils iront témoigner pour le peuple devant un tribunal.

    Pire, si un vieux ou une vieille se fait tabasser devant eux, ils filment sans essayer d’intervenir. Filmer, c’est leur job et le journaliste efface l’être humain. [J’ajoute ici : Il y a un dessin, comme ça, où l’on voit des passants filmer avec leur smartphone un homme qui se noie].

    Ils sont douillets et prétendument épris de justice, mais ils supportent stoïquement la souffrance des gens du peuple et l’injustice infligée aux pauvres.

    A ce jour, on a vu des policiers (peu nombreux) enlever leur casque, d’autres enfiler des gilets jaunes, on n’a pas vu un seul journaliste des grands médias prendre ses distances avec la répression. On en a vu se faire matraquer par la police, mais c’est contre les prolos qu’ils portent plainte. Cherchez l’erreur et essayez de les aimer ».

    Un autre lecteur encore, par ailleurs journaliste qui a travaillé pour les plus grands médias me demande au téléphone : « Tu as déjà joué à chat perché ? Ben, les journalistes sont toujours perchés. En haut. Intouchables ».

    Mon ami le syndicaliste ne l’entend pas ainsi : « Maxime ce que tu écris est en grande partie faux, sinon honteux. Avant d’écrire renseigne-toi ».

    C’est justement ce que j’ai fait. Et je rétorque donc à mon ami, en aggravant mon cas que «  L’esprit de clan des journalistes est un problème. A côté de ceux qui font honnêtement leur travail, comme toi, une bande de militants droitiers enfument, font monter les haines contre les sans-dents et leurs représentants... ».

    En retour, contre mes écrits « honteux », il passe à l’attaque ad hominem, en guise de débat d’idées :

    « As-tu déjà été confronté à ce genre de situation ? Entouré de plusieurs dizaines de personnes qui te menacent ? Moi oui. Apparemment toi non. C’est facile de faire l’amalgame derrière son ordi bien au chaud. Tu ne connais rien au travail de terrain, ne confonds pas "Les médias" avec ses salariés qui travaillent sur le terrain et ne demandent qu’à remplir leur mission ». Et on « n’a pas attendu Maxime Vivas pour se poser (et poser) des questions sur les dérives de la presse. Nous nous battons chaque jour ».

    Ici, on touche à la négation de toute critique. En quelque sorte : qui es-tu pour juger ce film, cette interprétation musicale, ce tableau, ce match, ce plat ? Si tu n’as pas filmé, interprété, peint, couru dans un stade, cuisiné, tu n’as pas le droit de parler de ces sujets. On imagine mal pire censure.

    Derrière mon ordi, je commence donc à avoir bien chaud aux oreilles et je dois sortir mes états de service de combattant du terrain en lui écrivant :

    «  Ton : “ C’est facile de faire l’amalgame derrière son ordi bien au chaud. Tu ne connais rien au travail de terrain”, est de trop. J’ai connu la rue et couru devant des CRS (pas Forquès. Lui, il court devant le peuple et va se réfugier derrière les CRS place du Capitole).

    Moi aussi, j’ai été “entouré de dizaines de personnes menaçantes”. En général elles avaient des matraques et des casques, elles me délogeaient d’un centre de tri occupé par des postiers : j’étais leur secrétaire de section CGT.

    Enfin, s’il faut étaler ses diplômes de courage, j’étais en Grèce au moment de la dictature des colonels pour mettre en place des réseaux de résistance et d’évasion. J’ai personnellement sorti par la Yougoslavie un militant communiste à qui j’avais fourni des faux papiers. C’était aussi risqué qu’un filmage des gilets jaunes à Toulouse. Je n’étais pas bien au chaud derrière un ordi, ni planqué derrière la puissance de BFM pour traîner des pauvres (dont certains sont sans doute syndicalistes) devant un juge ».

    Là, mon interlocuteur m’annonce la fin du dialogue. Je le regrette parce que, malgré plusieurs relances, je n’ai pas réussi à lui faire dire ce qu’il pense d’un nouvel enfumage : Barthélémy Bolo, de BFM-TV, avait menti sur le dépavement des Champs-Elysées qu’il attribue à tort aux manifestants, alors qu’il s’agissait de travaux.

    Barthélémy Bolo invoque une « erreur » (peu professionnelle) sur le dépavement. Elle peut, à la rigueur, être oubliée. Mais le lascar a prétendu, en plus, sans l’avoir vu (et pour cause !) que les gilets jaunes avaient jeté ces pavés sur les boutiques et les forces de l’ordre. Là, il y a une invention, un désir de nuire, une tromperie des téléspectateurs. Dans une entreprise, un tel boulot volontairement saboté entraîne le licenciement. Il s’en tire donc bien.

    Mais, comme Forquès (1), de Toulouse, il a bobo. Aujourd’hui, il ne supporte pas les critiques et porte plainte (2) pour « menaces » et « harcèlement ».

    Car, ose-t-il écrire « On ne peut pas laisser passer ça, il ne faut pas que les gens se sentent en impunité. »

    Il donne un exemple :

    Claire T.@Zipzip37
    • 25 nov. 2018

    @BFMTV @B2Bolo votre reportage sur les pavés arrachés sur les Champs-Elysées alors que ce sont les travaux de la piste cyclable est d’une malhonnêteté incroyable ! Vous faites de la Fake news tranquillou !

    Ainsi, quelques mails reçus pour le recadrer seraient plus graves que sa fake news de nature à présenter les gilets jaunes comme des brutes et à justifier une future répression plus violente des CRS, répression que l’opinion approuverait.

    Il devrait fonder un syndicat des porteurs de plaintes contre les pauvres en gilet jaune avec son confrère Jean-Wilfrid Forquès de Toulouse qui porte plainte contre les Smicards ou chômeurs toulousains en gilets jaunes.

    Finalement, on finira par se demander si le plus dangereux, dans les manifs, ce sont les CRS ou les journalistes de BFM-TV et consort.

    Troisième fake news de BFM-TV, la fable du salut nazi du gilet jaune passant devant l’écran. En fait, il fait le geste de salut à César en disant « Ave Macron ». Mais en coupant le son, on a le salut à Hitler.

    Qu’un journaliste de BFM-TV (Eric Brunet) traite les électeurs de la FI d’abrutis, que le mot soit repris dans un dessin du (nullissime) Xavier Gorce, dessinateur du Monde, qui traite les gilets jaunes de troupeaux d’abrutis, que Plantu ne dessine pas un syndicaliste CGT autrement qu’avec un nez rouge et un litron de vin en main, cela est tolérable puisque les cibles ne sont pas journalistes, ce sont les émetteurs qui le sont. Ils le sont, couverts par la profession.

    Il est temps de créer le conseil de déontologie des médias. Les journalistes de terrain ont tout à y gagner

    Un lecteur du Grand Soir raconte cette scène dont il a été témoin le jour de l’enterrement de Fidel Castro. Deux journalistes de BFM-TV s’agaçaient, à Santiago de Cuba, de l’émotion ambiante :

    « Alors maintenant il faut trouver un dissident » dit l’un. « Ça n’a pas l’air facile », répond l’autre. « Appelons Paris, conclut le premier. Et mon lecteur d’ajouter qu’il s’est fait violence pour « ne pas leur hurler à la gueule : à l’enterrement de la Reine d’Angleterre, vous allez chercher un républicain, bandes d’ordures ? ».

    Et pour finir (mais on y passerait une semaine), cette anecdote contée par Viktor Dedaj et que je rapporte de mémoire (il rectifiera si je la dénature) : Il parle avec un journaliste de TF1 qui l’assure de sa parfaite liberté. Voyons, dit Viktor, prenons un exemple : Vous êtes en direct devant le parlement cubain. Pouvez-vous dire : Je me trouve devant le parlement du régime communiste cubain ? Bien sûr, dit l’homme libre de chez Bouygue. Parfait. Maintenant, vous êtes devant la Maison Blanche. Pouvez-vous dire : Je me trouve devant la présidence du régime capitaliste états-unien ? Ah, mais non !

    Et pourquoi, s’étonne Viktor, faussement candide mais intérieurement satanique ? Ben, ça n’est pas la même chose.

    Ha ! Ha ! (car il vaut mieux finir sur un éclat de rire que sur un ulcère possible à l’estomac).

    Maxime VIVAS

    Notes :

    (1) Forquès, journaliste intouchable car impartial et professionnel, devrait s’abstenir de retweeter (comme ci-dessous) un fake d’Aphatie qui ampute le début et la fin d’une phrase de Mélenchon pour lui imputer la violence contre les journalistes, alors que l’auteur appelait au contraire au sang-froid.

    "Jean-Wilfrid Forquès a retweeté
    jean-michel aphatie‏ Compte certifié @jmaphatie 26 nov.

    La haine des médias est juste et saine, a dit le penseur. Voilà le résultat. « Gilets jaunes » : la violence contre des journalistes « prend une ampleur inédite » — via @lemondefr"

    (2) A ce jour, cinq journalistes de CNews et BFMTV ont porté plainte pour « violences aggravées », « menaces de mort », « tentative d’agression en réunion », samedi et dimanche. Mentir sur les luttes, frapper au portefeuille les sans-le-sou et espérer un bon accueil dans la rue, n’est-ce pas trop demander ?

    Ici, et dans tout ce que je viens d’écrire, c’est moi qui défends les journalistes, qui cherche à les protéger. Contre leurs patrons et contre eux-mêmes.                                                                                                                                                                                                                                                                                                          Maxime VIVAS                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   URL de cet article 34162                                                                                                                  https://www.legrandsoir.info/j-avais-un-ami-journaliste-clanique.html

                                                                                                                                   

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    1 commentaire
  • Réflexions sur les limites de la liberté d’expression sur Internet                                                               

     

    Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi tranquillement proférée.

    Cet article est erroné sur le fond (on s’en doute) et dans plusieurs détails.

    Depuis, par le truchement d’amis communs et via des contacts directs (mails, coups de téléphone) avec le directeur de publication de Charlie Hebdo (Charb) et l’auteur de l’article (Eric Simon), nous avons tenté d’obtenir, non pas un « droit de réponse », mais un simple correctif, afin qu’une meute sans morale qui s’acharne sur LGS depuis le mois de mars 2011 ne puisse se prévaloir de Charlie Hebdo pour poursuivre sa cabale diffamatoire accompagnée d’actions pour nous empêcher de participer à des salons du livre ou de donner des conférences, sous peine de « coups de manche de pioche ».

    Après 15 jours de réflexion, un discret entrefilet (22 août, p. 3) de Charlie Hebdo qualifie l’accusation infamante de simple mise « en cause » qui « n’était pas une attaque » contre les deux administrateurs du GS, mais une simple « mise en garde contre la porosité qui existe trop souvent entre les sites fachos et les sites de gauche ».

    Bref, l’accusation de rouge-brunisme n’est pas retirée, les informations erronées de l’article d’Eric Simon sont validées et l’adjudant auto-chargé de la revue de détail invite LGS à faire « le ménage ». Cette corvée étant « parfois difficile » nous bénéficierons du renfort (non sollicité) d’une escouade. En effet, nous avons appris par ailleurs que M. Propre (Eric Simon) a monté à Charlie Hebdo une équipe (diplômée es-plumeaux et balayettes) renforcée d’éléments extérieurs « en France et à l’étranger » (sic) pour continuer à débusquer la poussière sous les tapis du GS.

    C’est d’autant plus inutile que, dans un mail à un des administrateurs diffamés, Eric Simon ne voit plus en LGS un site rouge-brun : « Pour le moment, j’en reste au confusionnisme. », dit-il, contredisant (en privé) ses écrits ( publics).

    Dans ce contexte de « confusionnisme » avéré de Charlie Hebdo, il nous est malheureusement impossible de différer plus longtemps notre propre mise au point.

    L’article que vous allez lire est le premier d’une série qui vise, non pas à entretenir une querelle de cour de récréation, mais (au-delà même de Charlie Hebdo) :

    - à poser des questions de fond, relatives au droit à publier sur Internet des analyses sur l’impérialisme,

    - à défendre notre liberté d’expression qui ne peut, n’en déplaise aux modernes Torquemada, être plus limitée pour nous que pour l’ensemble des autres médias et en premier lieu que celle des incultes politiques qui nous dénigrent.

    Au passage, nos assaillants apprendront que nous ne comptons pas nous cantonner dans une posture de défense, mais que nous sommes fondés à jeter un oeil dans leurs poubelles.

    LGS


    Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.

    Charlie Hebdo, c’est comme les couches-culottes : à une certaine époque de sa vie, on trouve ça bien et on est content que ça existe.

    Rappel historique

    Mais je me souviens qu’en juin 2002, le rédacteur en chef du journal satirique français Charlie Hebdo nous expliquait comment la gauche pouvait s’en sortir. Dans un article fleuve publié en plusieurs parties et intitulé « Pour aller à gauche, c’est par où ? », Philippe Val avait décidé dans la deuxième partie de s’en prendre à Noam Chomsky. Ici, les contre-vérités se sont enchainées au rythme d’un scandale boursier à New York. Chomsky y fut qualifié « d’amoureux des sectes », «  il est gaga, (...) il empoisonne la réflexion de gauche en nourrissant une théorie du complot ne flattant que les instincts fascistes et visant à faire porter à un ’Autre’ les responsabilités des malheurs du monde ». Ou encore «  il est évident que jamais, contrairement à ce que pense Chomsky, les citoyens n’ont disposé d’autant d’informations ». Pas mal. Sauf que Chomsky est, et dit, à peu près tout le contraire. Sans oublier ce bijou : « le style (de Chomsky) est à l’usage des enfants du CM2 ». Pas mal pour le rédacteur en chef d’un journal qui fait dans le pipi-caca-prout.

    En septembre 2007, dans sa chronique radiophonique sur France-Inter, Philippe Val - sous l’emprise de la jalousie ? - revient encore à l’attaque et lance « Chomsky-Ben Laden, même combat ! ». Non, ce n’était pas de l’humour.

    Participant à un colloque du patronat en 2007, il se défendra en proférant ce Voltairisme à l’usage des enfants de CM2 : « dialoguer ou débattre, ce n’est en aucun cas être complice », et que l’essence même du dialogue était de réunir deux interlocuteurs de points de vue différents. (cf Wikipedia). On en pleurerait, tellement c’est beau.

    Voilà tout le style de Philippe Val : pondre des articles supposés étaler une connaissance encyclopédique mais qui ne font en réalité que clapoter dans un jacuzzi.

    Défenseur ardent de toutes les guerres de l’OTAN, toutes, il a quand même fini par être récompensé pour sa fidélité légendaire. Et c’est ainsi qu’il fut promu en mai 2009 (« bombardé » aurais-je envie de dire...) à la direction de France-Inter. Car ce n’est pas le tout que d’être un vendu, encore faut-il savoir se vendre.

    Deux heures après sa nomination à France Inter, il renvoyait Frédéric Pommier qui faisait la revue de presse. En juin 2010, les humoristes Stéphane Guillon et Didier Porte sont licenciés de France Inter. Quatre mois plus tard, l’humoriste Gérald Dahan est licencié à son tour, au lendemain d’une chronique critique envers Michèle Alliot-Marie.

    France-Inter est donc actuellement dirigée par un type capable de balancer à la fois « Chomsky-Ben Laden, même combat » et les derniers intervenants qui présentaient un quelconque intérêt sur cette radio (à l’exception de l’émission Là -bas si j’y suis, évidemment). Comment la situation pourraient-elle être pire que ça ?

    Philippe Val a dirigé Charlie Hebdo de 1992 à 2009, soit 17 ans. 17 ans de propagande gaucho-impérialiste. 17 ans de complicités avec toutes les opérations d’assassinat à ciel ouvert de l’OTAN. 17 ans qui n’ont apparemment pas gêné plus que ça le reste de cette joyeuse équipe de soudards (à quelques rares exceptions près).

    Mais Charlie Hebdo, c’est comme les couches-culottes : à une certaine époque de sa vie, on trouve ça bien et on est content que ça existe. Puis un jour on grandit et on est plutôt content de s’en passer.

    Retour au présent

    Pourquoi parler de Charlie Hebdo ? Dans le numéro daté du 8 août 2012, un article intitulé « Les soutiens bruns de Damas », annoncé en couverture («  Syrie. Cette extrême droite qui soutient Damas ») et signé Eric Simon, nous refait le coup de désigner Le Grand Soir, et nommément ses deux administrateurs, comme des relais de l’extrême-droite.

    Sont également citées « des personnalités » telles que Michel Collon (salut Michel, ça va ? Qu’est qu’on rigole, non ?) qui, « avec l’intellectuel Jean Bricmont se sont fourvoyées à tel point que la CGT les a interdit de conférence à Paris en novembre 2011. »

    Voilà une technique que l’on reconnaît immédiatement : le "petit" mensonge qui vient se glisser, ni vu ni connu. Bricmont n’a jamais été "interdit", et Michel Collon, qui devait donner une conférence à la Bourse de Travail de Paris, en fut empêché suite à une campagne d’affiches émanant de milieux "anarchistes". On commence déjà à deviner les sources d’inspiration de Charlie Hebdo. Avec Ornella Guyet, les anticonspis-truc et Rudy Machin-chose, et maintenant Charlie Hebdo, ce n’est même plus une technique, c’est devenu un style.

    « Si l’analyse anti-impérialiste permet de débusquer les raisons cachées des guerres « justes » ou « humanitaires » du camp occidental, elle peut facilement dérailler si elle défend l’innommable commis par le camp d’en face. Si, en outre, elle laisse reprendre ses thèses par les sites d’extrême-droite, jusqu’à finir par s’inviter les uns chez les autres, la messe est dite. C’est ce qui est arrivé à des sites comme legrandsoir.info de Maxime Vivas et Victor (sic) Dedaj, qui publient aussi bien des articles d’Infosyrie que des (sic) contributions de Ginette Skandrani (…) voire des discours de Kadhafi ou Bachar el-Assad... »

    Le journaliste de Charlie Hebdo n’a même pas su orthographier correctement mon prénom, c’est vous dire si son enquête fut méticuleuse. Même pour calomnier ? Surtout pour calomnier, tu rigoles ou quoi ? Mais faire du copier/coller, Eric, c’est pas bien, même pour un journaliste de Charlie Hebdo. Si vous pouviez faire corriger la coquille à ceux (et celle) qui vous ont inspiré, merci d’avance.

    Figure imposée : la vérité, rien que la vérité.

    LGS n’a jamais défendu «  l’innommable commis par le camp d’en face ». A l’heure où le camp occidental n’avait pas sifflé le signal de l’hallali, à l’heure où Bashir Al Assad jouissait de la considération de notre gouvernement (et donc de notre presse), LGS dénonçait un deal «  innommable » passé entre les USA et les tortionnaires au pouvoir en Syrie.

    Par ailleurs, LGS «  laisse reprendre ses thèses par les sites d’extrême-droite » ? Oui, et par des sites inconnus de divers pays et par pas mal de sites de la vraie gauche. Charlie Hebdo sait comment interdire la reproduction d’articles en copyleft ? Est-ce qu’Eric Simon ne serait pas en train de nous dire : «  Taisez-vous et faites taire » ?

    Alors voyons-voir : le nombre phénoménal d’articles d’Infosyrie repris par le Grand Soir s’élève à 2 (si j’ai bien compté) et dont le contenu est irréprochable - à mes yeux. Les (ah, un pluriel ?) contributions de Mme Skandrani s’élèvent à ... 1 (au contenu irréprochable - oui, oui, nous sommes au courant maintenant, merci). Quant aux « discours de Kadhafi ou Bachar el-Assad », réunis il doit y en avoir 3 ou 4 (en comptant les interviews). Ces « discours » n’ont pas été publiés « comme ça », pour le fun, mais en pleine période d’agression militaire ouverte contre la Libye et la Syrie. Charlie Hebdo voudrait que l’on s’abstienne de donner la parole aux dirigeants en exercice de pays en proie à une agression militaire, ou de reprendre des informations qui contre-balanceraient un tant soit peu le rouleau-compresseur médiatique. Où est la surprise pour un hebdomadaire qui a soutenu toutes les guerres de l’OTAN ?

    Charlie Hebdo ne dit rien sur les articles repris par Le Grand Soir (et qui se sont révélés plus exacts que pas, soit-dit en passant), mais nous sert un laïus sur l’administrateur du site Infosyrie. Ancien du GUD («  ancien », c’est bien, non ?) et autres affirmations qui demanderaient toutes à être vérifiées, vu la qualité et la précision habituelle de ce genre d’article. Mais tout ça au final pour dire quoi ? Rien. Aucun commentaire sur le contenu, sinon que le patron, ben il est pas de «  notre bord » (en ce qui concerne l’anti-impérialisme, il me semble que Charlie Hebdo non plus n’est pas de «  notre bord », en tous cas pas du mien). Mais Charlie annonce quand même une bonne nouvelle : Le Grand Soir et l’extrême-droite «  s’invitent les uns chez les autres ». C’est une bonne nouvelle parce que ça voudrait dire que l’ «  extrême-droite » se gauchise au contact du Grand Soir. Sacré service que nous rendons à l’humanité, qui en sera certainement reconnaissante, et Charlie avec sans doute.

    Pardon, on me souffle dans l’oreillette que c’est forcément le contraire. Mince, la contagion à sens unique (je parle évidemment d’une poignée d’articles sur une dizaine de milliers, mais quitte à jouer à ce petit jeu, jouons le jusqu’au bout...).

    Et par la grâce de ces mêmes lois mystérieuses, Charlie Hebdo, soutien indéfectible à toutes les guerres impérialistes et violations du droit international, ne saurait être, et en aucun cas, taxé de passerelle avec les fascistes néoconservateurs américains, parce que là, ça ferait «  confusionniste ».

    Si tu cherches de l’eau dans un désert, il te faut marcher jusqu’au puits (dicton arabe, mais pas vraiment parce que je viens de l’inventer)

    Les lecteurs (vous comme moi) n’auraient donc pas le droit de savoir ce que pourraient bien avoir à répondre les dirigeants des pays bombardés par nos forces militaires « humanitaires ». Donner à lire une intervention d’un responsable syrien ou libyen est «  rouge-brun ». Pour ne pas être rouge-brun, il faut donc s’abstenir de donner à lire. Et pour celui qui «  oserait » le faire (car on en est là ...), il y a une punition à la clé.

    La situation est donc celle-ci : lorsque l’Occident attaque ou menace d’attaquer un pays dirigé par un salaud, toute information émanant peu ou prou du pays en question sera interprété comme un signe de ralliement au salaud en question et, par association, fera de vous un salaud. Donc un rouge-brun. Donc un antisémite. Donc une cible. Bonjour l’ambiance «  USA post 11/9 ».

    Encore un peu, et Charlie Hebdo dira qu’on est des mauvais Français et nous reprochera notre manque de patriotisme. Philippe Val n’est plus à la tête de Charlie Hebdo, mais son esprit rôde encore dans les locaux. Suis-je le seul à ressentir des frissons ?

    Énoncée à voix haute, claire et intelligible, voilà ce que ça donne :

    1) Lorsqu’un pays est attaqué par l’Occident, il est interdit de donner la parole aux agressés.

    2) Lorsqu’un pays est attaqué par l’Occident, il faut imposer un black-out sur toutes les informations ou interventions en provenance du pays ciblé - sauf celles qui vont dans le sens ou servent le discours dominant.

    3) Lorsqu’un pays est attaqué par l’Occident, le seules «  informations » issues du pays sont celles qui seront sélectionnées, filtrées, charcutées et commentées par les commentateurs officiels et attitrés du pays agresseur.

    4) Lorsqu’un pays est attaqué par l’Occident, toute tentative de relayer in extenso, sans tripatouillages ou coupures, des informations provenant du pays agressé ou toute tentative de contre-balancer a minima la campagne de propagande sera qualifiée de rouge-brunisme (en attendant le jour où ils emploieront le mot «  trahison »).

    5) Pour toutes les raisons qui précèdent, lorsqu’un pays est attaqué par l’Occident, toute la presse - y compris «  rebelle », «  anar », etc. - s’alignera.

    Check-list : Irak, Afghanistan, Libye, Syrie... oui, ça marche et ça se vérifie à tous les coups. En une seule formule : 1) + 2) + 3) + 4) + 5) = propagande.

    Voilà : nous ne sommes même plus dans une situation où un journal nie faire de la propagande (ce qui est de "bonne guerre", ha, ha !), mais dans une situation où il la réclame, l’exige, tape du pied et se roule par terre devant ceux qui refusent de s’y plier.

    Suis-je le seul à ressentir des frissons ?

    Faites ce que je fais, pas ce que je dis que je fais

    Le plus cocasse est que tous ces donneurs de leçons et moralistes n’ont et n’auraient - allez, soyons honnêtes - n’oseraient rien dire si le Monde ou Libération ou tout autre média appartenant à un grand groupe capitaliste hyper-soucieux du pluralisme publiaient des interventions de Kadhafi ou Bashir el-Assad ou Dieu sait qui. Non, non : eux seuls sont habilités à le faire, à décider lesquelles, à décider quels extraits, à commenter des phrases choisies sorties du contexte et à décider quand et où... Oui, on connaît la musique. Mais pas nous et pas vous. Pourquoi ? Parce que. Parce que quoi ? Parce que, quoi.

    Alors, Charlie Hebdo : votre conception effarante et effrayante de "l’information", gardez-la pour vous, roulez-la en forme de suppositoire et mettez-la où vous voulez.

    Guerre humanitaire :
    une éruption soudaine, inattendue et violente de bonté ?

    Sans oublier une certaine loi de la nature : dans tout conflit, c’est plutôt l’agresseur qui recourt au mensonge. Pourquoi ? Parce que l’agresseur veut la guerre et cherchera donc des raisons pour la faire, quitte à les inventer. En réalité, l’agresseur est pratiquement obligé de les inventer. Pourquoi ? Eh bien parce que les justifications pour une guerre d’agression - selon le Tribunal de Nuremberg et selon le droit international - sont au nombre d’un chiffre très très proche de zéro. Et lorsque la loi ne convient pas, il y a pas trente-six solutions : il faut la respecter, la changer ou la violer. L’Occident, en particulier, est un adepte de la troisième.

    Oui, je sais : il y a la «  guerre humanitaire ». On ferait des guerres «  humanitaires ». Comme d’autres feraient de la «  torture thérapeutique » ?. Risible, bien-sûr, mais pour la beauté du débat, admettons un instant ce concept de «  guerre humanitaire ».

    Par conséquent : Il existerait un espace-temps (ici et maintenant apparemment) où des pouvoirs politiques seraient «  forcés » par des événements «  particulièrement tragiques » de faire une guerre pour des «  raisons humanitaires ». La cavalerie légère volant au secours de la veuve et de l’orphelin. Le petit garçon au fond de moi aime bien cette image. L’adulte, lui, lève un sourcil en entendant que les responsables politiques actuels seraient prêts à commettre le «  crime des crimes » (toujours selon Nuremberg et le droit international) pour venir au secours d’une population («  étrangère » qui plus est) dont jusqu’à présent ils se fichaient éperdument.

    Etrange «  charge émotionnelle » et «  application de principes » de la part de dirigeants politiques qui sont par ailleurs incapables de prendre la moindre mesure «  humanitaire » lorsqu’il s’agit des sans papiers, des Palestiniens, des personnes âgées, de qui vous voulez. Ils sont pourtant là, sous leurs fenêtres, ou pas très loin. Ces mêmes responsables politiques qui pourraient sauver pour des raisons «  humanitaires » les 10.000 enfants qui meurent de faim par jour et pour un prix inférieur à un seul missile de croisière. Nan, trop compliqué. Allons plutôt bombarder un pays pour montrer toute l’étendue de notre «  bonté ».

    En résumé : les salopards qui nous gouvernent auraient des crises d’humanisme tellement fortes qu’ils sont capables de tout, y compris de commettre l’irréparable, pour accomplir le bien.

    Elle est étrange, cette détermination - si soudaine, si inattendue, une véritable révélation - qui n’apparaît que lorsqu’il s’agit de faire la guerre, loin de préférence, dans un rapport de forces totalement déséquilibré de préférence (parce qu’il y a des limites chez eux, même aux principes), là où personne ne peut vraiment contrôler ce qui se passe, une détermination qu’on ne retrouve jamais en temps de paix...

    Oui, soudain, les voilà qui sont «  bons », et «  attentionnés », et «  inflexibles », et «  soucieux » du bien-être d’une population. Tellement soucieux que si un membre de la population se présente à la frontière pour un bout de pain, ils le renverront chez lui avec ces mots d’encouragement : «  rentrez chez vous, on va bientôt vous envoyer des secours » (sur la gueule).

    Oui, soudain, dans toutes les tribunes, les mots «  intolérables » et «  inadmissibles » leur sortent de la bouche, comme des colombes de la manche d’un prestidigitateur.

    Oui, une véritable métamorphose. Mais qui ne dure, hélas, que le temps d’une guerre. Et qui disparaît, comme par enchantement, une fois la bête repue. A croire que toute leur posture n’aura été créée et tenue que pour la circonstance.

    Mon Dieu que je suis mauvaise langue !

    Le tout par des gens qui vous expliqueront avec tout le sérieux du monde et la main sur le coeur - de préférence autour d’un dîner bien arrosé - combien ils sont contre la peine de mort, critiquant au passage les pays qui l’appliquent encore (jusqu’à là, tout va bien) et qui enchaînent aussitôt qu’il faut faire la guerre, c’est-à-dire appliquer la peine de mort à une échelle industrielle, mais cette fois-ci sans procès, sans jugements, sans discrimination, contre une population très majoritairement innocente de tout crime.

    Mon Dieu que je suis pinailleur !

    Soutenir le fascisme suprême au nom d’un antifascisme de salon

    Le Grand Soir ferait trop dans l’anti-impérialisme ? Comme peut-on être trop contre le crime des crimes ? Comment peut-on être trop contre « le stade suprême du capitalisme » ?

    Le gant de velours du marché ne marchera jamais sans une main de fer derrière - McDonald ne peut prospérer sans McDonnell Douglas, le fabricant (de l’avion de guerre) F15. - Thomas L. Friedman "A Manifesto for a fast World" - New York Times Magazine, 28 Mars, 1999

    Je croyais que la guerre était plutôt de droite et la paix plutôt de gauche. Je croyais que le respect du droit (y compris international) était plutôt de gauche et sa violation plutôt de droite. Je croyais que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes était plutôt de gauche et l’ingérence plutôt de droite. Je croyais que la censure était plutôt de droite et la liberté d’expression plutôt de gauche. Je croyais que l’aveuglement idéologique était plutôt de droite et l’ouverture d’esprit plutôt de gauche. Je croyais que c’étaient nos actes et nos prises de position qui définissaient notre positionnement politique. Je croyais que s’endormir dans son lit et se réveiller dans un monde où toutes les valeurs étaient étrangement inversées n’arrivait que dans les romans de science-fiction.

    Je trouve même totalement indécent que l’on n’ait rien d’autre à nous opposer, sinon que le président syrien ne serait pas l’Abbé Pierre (comme si nous ne le savions pas. Comme si n’avions pas nous-même rappelé que la Syrie, il y a encore peu, servait de centre de torture décentralisé pour les Etats-Unis - pas très reconnaissants, comme à leur habitude) ou que le responsable de tel site ne serait pas du même bord politique. Remarquez, ça pourrait être une autre bonne nouvelle parce que si ce n’est que ça, on va arranger ça ici et maintenant : «  Le président de la Syrie est un salaud et le patron d’Infosyrie pue de la gueule. » Ca vous va ? Tout le monde est content ? On peut aller à la manifestation maintenant et tenter d’arrêter le massacre - où allez-vous encore nous trouver une autre excuse à la con ? Genre : l’ancien du GUD a l’haleine fraîche. Eric Simon pourra trancher puisqu’il se vante d’avoir discuté avec lui (il a le droit ! Pourquoi ? Parce que la Sainte Inquisition a tranché ainsi : à Charlie Hebdo, on peut, au Grand Soir, ce serait sacrilège).

    L’extrême-droite ferait de l’entrisme ? De l’entrisme dans quoi ? Le désert laissé par la gauche ? Et ce serait la faute du Grand Soir ? On entre dans une salle d’autant plus facilement qu’elle est vide. C’est plus difficile lorsqu’elle est pleine à craquer.

    En réalité, ce n’est pas le Grand Soir qui alimente des « passerelles vers l’extrême-droite », mais des journaux comme Charlie qui se la jouent « contestataires/libertaires » à longueur de semaine et qui, au moment le plus crucial, tombent - presque «  naturellement » - du côté le plus sombre, laissant le champ libre, et même ouvrant la voie, à d’autres. Charlie Hebdo fait partie de cette presse, à l’instar de Libération, qui est devenu au fil du temps une véritable fabrique de «  gauche réactionnaire » et qui fait dire à un de ses journalistes (conversation téléphonique avec un des administrateurs du Grand Soir) : « l’anti-impérialisme me fait gerber ».

    Heureusement que le Grand Soir est là pour sauver (un peu) l’honneur de la gauche française. Mais nous ne sommes pas seuls. Nous avons avec nous la quasi-totalité de la gauche latino-américaine, nord-américaine, asiatique et africaine. Alors, être « isolés » au sein de la gauche française, appelons ça « une position pas très confortable », mais sans plus.

    Ce qui me fait penser à ce qu’Ignacio Ramonet (que j’apprécie beaucoup) avait écrit lors de la guerre contre la Libye - intervention qu’il a soutenue (eh oui...). En référence à l’opposition de la gauche latino-américaine à cette intervention, il a écrit que cette dernière avait commis « une erreur historique ». Curieux qu’il ne se soit pas demandé si, a contrario, ce n’était pas la gauche française, et lui avec, qui avait commis l’erreur historique en question.

    Lorsque Charlie Hebdo se promène la braguette ouverte

    Mais revenons à nos moutons (sic) de Charlie Hebdo : Charlie Hebdo, n’a apparemment rien à dire sur le fond de ce que nous publions et serait bien incapable de trouver un seul texte, une seule ligne, qui aille à l’encontre de notre ligne rédactionnelle - qui est ce qu’elle est, que ça plaise ou non. Nous, nous parlons de guerre et de paix, eux nous parlent du slip d’untel ou untel qui dépasserait alors qu’eux-mêmes se promènent la braguette grande ouverte. Exemples ?

    Acrimed rappelle que (extraits) :

    Une brève du 18 avril 2007 signale que « sur 38 collaborateurs de Charlie Hebdo : 18 votent Royal , 9 votent Voynet, 3 votent Buffet, 3 votent Besancenot, 3 votent Bayrou , 1 vote Bové, 1 vote blanc. » Soient 21 collaborateurs qui votent à « droite » et 16 à gauche. Charlie Hebdo, de droite ? Oui, si l’on en croit Philippe Val lui-même, puisque ce dernier, en juin 1998 écrivait que « la vraie droite aujourd’hui, c’est le PS. » Neuf ans plus tard, le 9 février 2007, il lâche chez Pascale Clark sur Canal+ (« en aparté ») : « Je voterai pour le candidat de gauche le mieux placé.  » Le mieux placé ? Comprendre Ségolène Royal.

    (...) Sur les principales questions internationales, Charlie hebdo reproduit peu à peu les positions dominantes. Ainsi sur le Kosovo. Alors que dans les années 70, Cabu s’insurgeait « contre toutes les guerres » et collectionnait les procès intentés par l’armée, en 1999, il soutient, avec toute l’équipe de Charlie Hebdo, exception faite de Siné et Charb, l’intervention militaire de l’OTAN au Kosovo. Dans le n°361 de Charlie Hebdo (19 mai 1999), en lieu et place de la chronique de Charb, un texte de Riss (qui n’écrit pas d’ordinaire) reproche même aux pacifistes d’être des collabos ! De même sur le traité constitutionnel européen : si d’autres voix que celle de Philippe Val se font entendre, c’est lui qui conduit une campagne véhémente et caricaturale contre les partisans du « non » au référendum.

    (...)

    Ce glissement politique de gauche à droite, de la paix vers la guerre, de la subversion vers l’orthodoxie, s’est fait progressivement, mais sûrement. On voit ainsi disparaître, dans le silence quasi-général, des signatures talentueuses (Cyran, Camé, Boujut,…) au profit de plumes conventionnelles et/ou médiatiquement plus « reluisantes » : le dessinateur Joan Sfar, l’ex-patron de France Inter Jean-Luc Hees, le sociologue médiatique Philippe Corcuff (lui même acculé à démissionner [16]), Renaud Dély venant de Libération, Philippe Lançon du même, Anne Jouan du Figaro, etc.

    (...)

    ...l’évolution conjointe des positions politiques et du positionnement médiatique n’a pas été sans effet sur les pratiques journalistiques de l’hebdomadaire, et, au premier chef, de Philippe Val lui même : calomnies et mensonges (notamment sur Noam Chomsky), fausses rumeurs (par exemple sur le Forum social européen), diffamations de membres de l’Observatoire français des médias, refus des droits de réponse, que nous avons plusieurs fois relevés ici-même ...

    (...)

    Charb a estimé, le 16 juillet 2008, que Siné avait porté - c’est un comble - « atteinte » aux « valeurs essentielles » de Charlie Hebdo. Et c’est pourtant le même Charb qui dans sa chronique « Charb n’aime pas les gens » datée du 30 juillet 2008 écrit : « Personne n’a dit que Siné était antisémite (…) parce que ça n’a jamais été le sujet du débat. Aurait-on travaillé durant seize ans avec un antisémite ? Moi, non. » Si cela n’a jamais été le sujet du débat, alors pourquoi Philippe Val, dans son éditorial du même jour se pose la question et ressort une affaire vieille de 26 ans ? « Antisémite, Siné ? Ce n’est pas à moi d’en juger. Mais au lendemain de l’attentat de la rue des Rosiers, en 1982, c’est lui-même qui déclarait sur la radio Carbone 14 : "Je suis antisémite et je n’ai plus peur de l’avouer. Je vais faire dorénavant des croix gammées sur tous les murs… Je veux que chaque juif vive dans la peur, sauf s’il est pro palestinien. Qu’ils meurent." »

    (...)

    Une histoire de Charlie Hebdo http://www.acrimed.org/article2960.html

    Etc.

    Lorsque le dessinateur "de gauche" Plantu touche officiellement un chèque de 10.000 euros de la dictature brune-brune islamiste du Qatar, tout le showbiz, chasseurs de rouges-bruns et Charlie Hebdo réunis, regardent ailleurs. Vous appelez ça de la pudeur, de la honte ou de la complicité ?

    (Tiens, et soudain je pense à cet autre ancien dessinateur vedette du journal le Monde, Konk, qui a fini par rejoindre l’extrême-droite.)

    Lorsque Charlie "de gauche" Hebdo publie à trois reprises et interviewe à domicile une des sommités du "rouge-brunisme" en France, membre du FN qui plus est à l’époque, vous appelez ça du journalisme, de l’autisme ou de j’aurais-mieux-fait-de-fermer-ma-gueule-isme ?

    Et on trouve tout ça sans même vraiment chercher.

    Le problème, Charlie, c’est que vous ne savez même plus où vous en êtes pour venir faire les marioles autour de Grand Soir. On en rirait si ce n’était pas aussi pathétique. Alors le jour où Le Grand Soir examinera à la loupe certains médias comme ces derniers aiment tant le faire pour nous, il va y avoir de sacrées surprises. En attendant, Charlie Hebdo a bien fait de ne pas employer le mot « confusionnisme » parce que là , ils auraient eu l’air vraiment ballots...

    Eh oui, Charlie Hebdo, c’est comme les couches-culottes : à une certaine époque de sa vie, on trouve ça bien et on est content que ça existe. Puis un jour on grandit et on est plutôt content de s’en passer. Et avec le recul, même si on n’en a pas honte, on n’en est pas forcément fiers pour autant.

    Viktor Dedaj
    « alors, on rajoute une couche ou on en reste là ? »

    (Version 2).

    URL de cet article 17426
    https://www.legrandsoir.info/le-fascisme-reviendra-sous-couvert-d-antifascisme-ou-de-charlie-hebdo-ca-depend.html
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    Révélations sur la crise d’octobre 1962. C’est une information presque inédite. Lors de la Crise d'Octobre, ou Crise des Missiles, de 1962, la France joua un rôle fondamental : ce sont ses espions à La Havane qui avaient découvert, avant tout le monde, l'arrivée secrète des missiles soviétiques à Cuba et qui en informèrent Washington...

    Cette crise, la plus grave de la Guerre Froide, faillit déclencher une confrontation nucléaire entre les États-Unis et l’Union Soviétique à propos de la révolution cubaine... De par la précision de l’information que les français livrèrent, et la portée du sujet, ce travail en faveur d’une puissance étrangère a été considéré jusqu’à aujourd’hui comme l’un des plus importants de l’histoire du renseignement français.

    Le Monde diplomatique, Espagne*

    À la demande du gouvernement du président Harry Truman, le dictateur cubain Fulgencio Batista avait rompu les relations diplomatiques avec l’Union soviétique en avril 1952. Le 4 février 1960, alors que les révolutionnaires de Fidel Castro Ruz étaient à présent au pouvoir, le vice-premier ministre du gouvernement soviétique, Anastás Mikoyán, effectua une visite officielle à La Havane. Sans plus attendre, Cuba signa plusieurs accords commerciaux très avantageux, au moment où les États-Unis commençaient leur agression économique. D’autres accords de coopération militaire furent également convenus. Trois mois plus tard, les relations diplomatiques furent rétablies

    A cette date, Washington encourageait les incursions militaires et les actes terroristes des partisans de Batista, allant même jusqu’à refuser de vendre à la jeune révolution des pièces de rechange pour les armes récupérées de la dictature. Il faisait, en outre, pression sur ses alliés pour que ceux-ci ne lui vendent pas d’armes ou ne lui livrent pas celles qui avaient déjà été payées par Batista avec l’argent de l’État. Seule la Belgique refusa d’obéir et vendit des armes et des grenades : le 4 mars 1960, le navire français « La Coubre » qui les transportait, explosa dans la baie de La Havane, faisant plus de 200 blessés et environ 70 morts.

    Le dix-sept avril 1961, une force mercenaire de plus de mille hommes, entraînée, dirigée et armée par la CIA, tenta d’envahir Cuba par la Baie des Cochons, mais fut mise en déroute en moins de 70 heures. Le président John F. Kennedy, qui prit cette défaite comme une terrible humiliation pour les Etats-Unis, ordonna la préparation d’un plan contenant des mesures politiques, militaires, économiques et de propagande contre Castro et sa révolution. C’est ainsi que naquit l’Opération Mangouste (Mongoose), nom de code d’une stratégie de Sécurité Nationale, dont l’objectif final était une invasion directe par les Marines.

    Alors que Washington avait pour seul but d’en finir avec la révolution, Moscou continuait de multiplier les accords commerciaux avantageux avec elle et contribuait à la nécessaire modernisation de sa défense militaire.

    Lorsque les services de renseignements soviétiques découvrirent la finalité de l’Opération Mangouste, ils en informèrent Cuba. Alors les révolutionnaires suggérèrent au dirigeant soviétique, Nikita Khrouchtchev, l’installation d’une force de dissuasion sur leur territoire, qui comprendrait des missiles balistiques. Celui-ci ne se fit pas prier, car peu de temps avant, Washington avait placé des missiles nucléaires en Turquie et en Italie, capables d’atteindre le territoire soviétique en quelques minutes.

    C’était risqué, mais de cette façon, les Soviétiques pourraient dissuader les États-Unis de les attaquer, car depuis Cuba, ils pouvaient aussi toucher leur territoire dans le même court laps de temps. À l’époque, l’écart de puissance nucléaire était immense : les États-Unis possédaient 5 000 têtes nucléaires, contre 300 pour les Soviétiques.

    Le vingt-et-un mai 1962, le Conseil de Défense soviétique autorisa l’Opération Anadyr (Анадырь) : entre juin et octobre 1962, furent déployées, entre autres, des forces conventionnelles et 24 rampes de lancement de missiles balistiques, avec la capacité de porter des têtes nucléaires. Tout cela dans le plus grand secret, bien que les dirigeants cubains eussent demandé que cet accord soit rendu public.

    Les Etasuniens ne prêtèrent pas beaucoup d’attention à l’augmentation du trafic maritime soviétique vers Cuba. Le vingt-neuf août encore, le président Kennedy avait affirmé, lors d’une conférence de presse, n’avoir aucune information sur la présence de troupes soviétiques à Cuba, et encore moins de celle de missiles.

    ***

    Paris, lundi 22 octobre, 17 heures. Dean Acheson, ancien chef du Département d’État, remettait une lettre de Kennedy au président français Charles de Gaulle. Il l’informait d’une décision prise après une semaine d’enquêtes et de discussions ultra-secrètes : à 19 heures, heure de Washington, minuit à Paris, serait annoncée à la Nation l’instauration d’un blocus autour de Cuba. Celui-ci « couvrira les armements de tous types, [et] dans un avenir proche, couvrira également les produits pétroliers et, si nécessaire plus tard, sera total. » C’est ce qu’on lit dans le « Très secret » Rapport officiel de cette rencontre1.

    Le matin du 14 de ce mois, un avion espion U2 avait pris 928 photos pendant six minutes. Le quinze, une équipe qui décryptait les images identifia parfaitement les installations des sites de missiles à moyenne portée SS-4 (R-12 pour les Soviétiques). C’étaient des preuves solides. Kennedy avait autorisé ces vols depuis le 9 octobre, mais le mauvais temps au-dessus de Cuba, très nuageux, n’avait pas permis de faire de prises de vues.

    Dans le Rapport de la réunion, il est précisé : « Il semble que les systèmes d’armes en cours d’installation ne sont pas encore complets [...] Il s’agit d’empêcher l’arrivée de celles-ci. »

    Très tôt le matin du 16, le conseiller spécial pour les Affaires de Sécurité informa Kennedy qui convoqua immédiatement une réunion urgente du Conseil de sécurité national. L’une des premières mesures issues de cette réunion fut d’organiser le Commandement Unifié de l’Atlantique, qui aurait entre ses mains le commandement des actions militaires à mener. Toutes les forces terrestres, navales et aériennes étasuniennes dans la région lui seraient subordonnées.

    Selon le Rapport secret de la réunion, de Gaulle avait bien compris que Kennedy ne lui demandait pas son avis ni sa participation, c’est pourquoi il déclara : « La France ne peut y faire d’objection, car il est normal qu’un pays se défende, même à titre préventif, s’il est menacé et qu’il a les moyens de se défendre... »

    De Gaulle affirma aussi : « J’approuve cependant la politique de fermeté de votre président. » Acheson fut surpris par une telle attitude : « Dans cette occasion, la France se montre donc un allié plus fidèle, plus rassurant pour Washington que Londres, qui redoute le pacifisme de sa presse et de son opinion publique. » 2

    Précisons qu’à part de Gaulle, Kennedy n’avait informé que le Premier ministre britannique, Harold MacMillan, et le Chancelier allemand Konrad Adenauer.

    On ne s’attendait pas à une telle solidarité de la part du président français, sans le moindre jugement ni remise en cause, alors que des divergences politiques sur des questions géostratégiques existaient entre ces deux nations. De Gaulle fut, en particulier, l’un des rares dirigeants occidentaux à refuser de rompre les relations ou de se joindre au blocus économique et politique mené par Washington contre Cuba.

    À la fin de l’échange avec Acheson, deux représentants de la CIA montrèrent et expliquèrent au président de Gaulle des cartes et des photographies de certains sites à Cuba où se trouvaient les installations soviétiques.

    Lors de cette réunion, il fut souligné que les objectifs de Khrouchtchev étaient que les Etats-Unis cessent de menacer de leurs missiles l’Union soviétique et ses alliés ; qu’ils n’envahissent pas Cuba ; et réussir « l’ébranlement moral de l’hémisphère occidental » ; « finalement, au niveau diplomatique, Khrouchtchev s’est donné la possibilité de dire : Parlons de la suppression de toutes les bases militaires en territoire étranger. »

    « Le général de Gaulle estime que M. Khrouchtchev a conçu autour de Cuba une vaste manœuvre permettant de parler aussi bien des bases militaires que de Berlin, de pousser à des conversations directes russo-américaines et d’impressionner les pays d’Amérique latine. L’affaire est sérieuse car les Etats-Unis avaient assuré la défense de l’Europe pour empêcher que l’Europe ne devienne une base antiaméricaine, et voici qu’une telle base existait en Amérique. »

    En cette nuit du 22 octobre, Kennedy dira dans son bref discours à la nation : « ... Cette transformation précipitée de Cuba en importante base stratégique [...] constitue une menace précise à la paix et à la sécurité de toutes les Amériques. [Ces armes] font délibérément fi, et d’une façon flagrante [...] des traditions de cette nation et de cet hémisphère [...], de la Charte des Nations Unies et de mes propres mises en gardes publiques aux Soviétiques... »

    Arrivé presque à la fin, il déclara : « ...et notre histoire, contrairement à celles des Soviétiques [...]a bien prouvé que nous n’avons aucun désir de dominer ou de conquérir aucune autre nation ou d’imposer notre système à son peuple. » Ce message diffusé dans le monde entier fit sourire ironiquement beaucoup de monde.

    Le 28 octobre, Soviétiques et Etasuniens parvinrent à un accord : le retrait des missiles de Cuba, d’Italie et de Turquie ; et l’engagement étasunien de ne pas envahir Cuba. Ces négociations se déroulèrent à l’insu des membres de l’OTAN, et du principal intéressé, Cuba.

    ***

    Ce soutien absolu ne fut pas la seule implication de la France dans cette crise : elle avait joué un rôle décisif avant le début de celle-ci. De Gaulle ne fut ni surpris, ni inquiété par l’annonce de Kennedy, et pas uniquement parce qu’il était sûr qu’il n’y aurait pas de guerre nucléaire3.

    En effet, le général était au courant de l’opération Anadyr, puisque ses services d’espionnage l’avaient décelée à Cuba pratiquement dès le début.

    Pour le gouvernement français, Cuba était avant le triomphe de la Révolution, « une chasse gardée de l’Amérique, juste un lieu de plaisir pour milliardaires et mafieux. »4

    Mais depuis l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro en janvier 1959, les choses changèrent radicalement car il avait reconnu le Front de libération nationale (FLN), qui luttait contre la France pour l’indépendance de l’Algérie, avec tout ce que cela impliquait : entraînement, armes et soutien diplomatique dans les organisations mondiales, comme les Nations unies. Quelque chose de terrible pour la France.

    En septembre 1959, Paris décida donc d’envoyer l’ambassadeur Roger du Gardier. Il avait occupé le même poste au Guatemala, au moment du renversement du président Jacobo Arbenz, fomenté de A à Z par Washington, en juin 1954. On avait besoin de son expérience, et en particulier de sa proximité avec la CIA dans ce pays d’Amérique centrale. Cuba unissait les intérêts des deux nations, alors que d’autres sujets les séparaient.

    Alors, Philippe Thyraud de Vosjoli, alias Lamia, dut se rendre plus fréquemment à Cuba. Officiellement vice-consul de France à Washington chargé du contrôle des visas, il était en réalité le lien entre le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage, SDECE, et la CIA. Grâce à ses contacts dans la bourgeoisie cubaine, il devait à présent « renforcer les réseaux d’information existants. »

    En coordination avec l’ambassadeur du Gardier, il réalisa un travail très efficace, confessera-t-il dans ses Mémoires5.

    De Vosjoli raconta qu’après la défaite de la Baie des Cochons, le chef de la CIA, l’avait convoqué d’urgence. Allen Dulles, que l’on tenait pour responsable de cette humiliation, lui dit que les communications avec leurs contacts étaient interrompues : « Nous ne savons rien de ce qu’il se passe à La Havane. » Etant français, il n’éveillerait pas les soupçons des autorités cubaines, c’est pourquoi Dulles lui proposa de s’y rendre pour lui donner des informations. Paris l’y autorisa, et le 27 avril 1961, il voyagea depuis Miami ; il revint le 3 mai, et une voiture le conduisit directement au siège de la CIA.

    Grâce à ces informations, Dulles écrivit un rapport à Kennedy, que celui-ci utilisa le 5 mai au sein du Conseil National de Sécurité, où Cuba fut le seul sujet. C’est là que fut prise la décision de continuer à chercher à en finir avec Fidel Castro et sa révolution, et que l’on se rendit également compte de l’urgence qu’il y avait à trouver des informations sur les accords militaires entre l’URSS et Cuba.

    Allen Dulles demanda alors à de Vosjoli que la sécurité française lui fournisse les informations obtenues sur Cuba. La direction du SDECE donna son accord. Peu après, la CIA confia à de Vosjoli un minuscule émetteur de dernière génération, qui fut installé dans un bureau discret de l’ambassade française. les informations étaient communiquées directement de ce lieu au poste de la CIA à Miami.

    C’est ainsi que du Gardier et de Vosjoli devinrent les meilleurs collaborateurs de la CIA ; à l’insu de leurs chefs à Paris, ils travaillèrent plus pour elle que pour leurs institutions à Paris6.

    Ou plus précisément : l’ambassadeur français « deviendrait un remarquable officier de renseignement », dont les télégrammes « permettraient de suivre presque quotidiennement le déroulement de l’opération Anadyr. » 7

    Entre-temps, le président Charles de Gaulle avait donné l’ordre de rechercher des informations et des moyens pour développer le nucléaire français. De Vosjoli vit que le travail effectué à Cuba, de première nécessité pour Washington, pouvait servir d’échange. Mais, par ordre du Congrès, les États-Unis ne pouvaient pas remettre d’information, ni d’ordinateurs et encore moins d’uranium enrichi à une puissance étrangère. Kennedy, qui ne le voulait pas non plus, autorisa quand même la CIA en janvier 1962 à fournir aux Français toutes les informations obtenues sur le développement nucléaire soviétique...

    Pendant que la CIA remettait à Paris de la documentation peu intéressante, le 28 mai 1962, Paris autorisait la CIA à avoir son propre bureau dans l’ambassade de France à La Havane. De Vosjoli était chargé de transporter par valise diplomatique les équipements d’interception et de communication les plus sophistiqués dont disposait l’Agence8.

    D’après ses Mémoires, fin juillet 1962, les informateurs et l’ambassadeur du Gardier commencèrent à lui signaler « l’arrivée de navires soviétiques à la Havane et, fait étrange, à Mariel, petit port ne figurant que rarement sur les cartes de Cuba [...] et je commençai à être très intrigué lorsque le port de Mariel fut fermé aux Cubains et que des soldats soviétiques déchargèrent eux-mêmes les bateaux. Quels objets précieux Krouchtchev pouvait-il bien envoyer à Cuba ? »

    L’officier du SDECE poursuit en disant qu’à partir « de plusieurs sources généralement très bien informées », il avait appris l’arrivée « depuis le début du mois d’août de groupes très importants de jeunes gens [...] qui ont débarqué de nuit de paquebots russes dans les ports de Mariel et de Bahia Honda. »

    Alors, de Vosjoli rencontra immédiatement le nouveau patron de la CIA, John McCone, voyant que personne ne savait réellement ce qu’il se passait. Puis, l’espion revint à La Havane. Mais les récits que lui-même et l’ambassadeur recevaient de leurs informateurs cubains leurs paraissaient assez fantaisistes. Jusqu’à ce qu’un militaire français qui passait ses vacances sur l’île, « m’informa qu’il avait vu une fusée transportée sur un camion », ainsi que « de grands semi-remorques transportant des fusées russes sous une bâche... »

    En outre, deux « auxiliaires de l’ambassade », dont l’un était sous-officier, avaient découvert, quelques nuits auparavant, « dans une route secondaire que des policiers motocyclistes avaient fait évacuer, des convois militaires allant d’ouest en est, et comportant notamment des tracteurs lourds entraînant des remorques plates-formes à six roues doubles sur lesquelles se trouveraient des rampes de lancement de fusée d’une douzaine de mètres de long. »

    Lorsque de Vosjoli n’était pas à Cuba, c’est le fils de l’ambassadeur qui transportait des microfilms jusqu’à New York. En d’autres occasions, c’était la femme de l’ambassadeur de France qui voyageait au Brésil... Ces personnes devinrent les bras droits des espions français.

    McCone fit un rapport à Kennedy, le 22 août 1962, sur les supposés missiles et l’aide militaire soviétique à Cuba : presque tout était basé sur ce qu’avaient rapporté de Vosjoli et Du Gardier.

    Les Français effectuèrent un travail si efficace et si important, que le 7 septembre 1962, Hervé Alphand, l’ambassadeur de Paris à Washington, écrivit au Ministre français des Relations Extérieures, Maurice Couve de Murville, pour lui dire que le secrétaire d’État de Kennedy, Dean Rusk, « a tenu à me remercier des renseignements sur la situation à Cuba que nous avions fournis au département d’Etat et aux services américains. » 9

    En octobre, de Vosjoli reçut les remerciements personnels de McCone. Ce n’était pas pour rien : « J’ai tout lieu de croire que mes renseignements, ajoutés à d’autres, servirent de base au président Kennedy dans sa décision de demander des comptes aux Russes. »

    C’est une contribution fondamentale que l’État français apporta aux États-Unis, avec la découverte de l’arrivée des missiles soviétiques, qui seraient bientôt à l’origine de la crise la plus grave de la Guerre Froide. On affirme que « par sa précision et l’importance du sujet, ce travail a été l’un des plus importants dans l’histoire du renseignement français. » 10

    La France tint parole. Alors que les informations que la CIA lui avait remises sur la fabrication d’armes nucléaires soviétiques ne servirent pas au développement de sa stratégie nucléaire...

    * Ce texte est une version étendue de l’original. Espagne, octobre 2020

    Hernando CALVO OSPINA

    (Traduction : Hélène Vaucelle)

    Notes :

    1. Sous la direction de Maurice Vaïsse et Hervé Magro, Dans les archives secrètes du Quai d’Orsay. De 1945 à nos jours, L’Iconoclaste, Paris, 2019. Voir aussi : Archives de la présidence de la République, 4AG1-201. Archives Nationales, Paris.

    2. Récit de Dean Acheson, Oral History, Kennedy Library. Cité dans : Maurice Vaisse, « La France et la crise de Cuba », Histoire, économie et société, Paris, 1994. Voir aussi : Jean Lacouture, De Gaulle, tome III, Le Souverain, Editions du Seuil, Paris, 1986.

    3. « De Gaulle et la crise de Cuba : la conduite de crise, avant, pendant et après », Fondation Charles de Gaulle, Lettre Nº14, Paris, 11 juin 2020.

    4. Vincent Jauvert, L´Amérique contre De Gaulle, Editions du Seuil, Paris, 2000.

    5. Philippe Thyraud De Vosjoli, Lamia, l’Anti-barbouze, Les Éditions de l’Homme, Montréal, 1972.

    6. Vincent Jauvert, Op. cit.

    7. Dans les archives secrètes du Quai d’Orsay. De 1945 à nos jours. Op.cit.

    8. Philippe Thyraud De Vosjoli, Op. cit. Voir aussi : Vincent Jauvert, Op. cit.

    9. Hervé Alphan, L’Étonnement d’être. Journal 1933-1973, Editions Fayard, Paris, 1997.

    10. Vincent Jauvert, Op. cit.

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    https://www.legrandsoir.info/la-france-fut-le-meilleur-espion-des-etats-unis-a-cuba.html
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  • Ne jamais monter au mât avec un derrière sale                                                                                           

     

    (Pour ceux qui ont raté le début, voir : http://www.legrandsoir.info/Plantu-ne-s-est-pas-plante-il-a-regle-un-c...).

    Il existe un pays, que Plantu aime bien (vous allez voir) et auquel l’ONU reproche de flirter avec les joyeusetés suivantes (liste non exhaustive) : discrimination raciale, lapidation, flagellation, torture, absence de loi contre la violence faite aux femmes au foyer et leur séquestration, coups de fouet pour « relations sexuelles illicites » ou consommation d’alcool, arrestations, sévices et exploitation sexuelle des enfants, vente et prostitution des enfants, oeuvres pornographiques mettant en scène des enfants, migrants humiliés, insultés, brutalisés par la police, placés en centre de rétention «  simplement en raison de leur statut de migrants. », traite d’êtres humains.

    Ce pays n’est pas Cuba, où rien de tout cela n’existe, sinon Plantu se serait fâché tout jaune, mais le Qatar. Les informations ci-dessous sont extraites d’un rapport de l’ONU, Conseil des droits de l’homme, Groupe de travail sur l’Examen périodique universel, Septième session, Genève, 8-19 février 2010. Elles figurent dans une compilation établie par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, conformément au paragraphe 15 b) de l’annexe à la résolution 5/1 du Conseil des droits de l’homme. http://fr.alkarama.org/index.php?option=com_docman&task=doc_downlo...

    Ajoutons que dans ce pays polygame et misogyne, le pouvoir est héréditaire et que la presse est libre de parler de tout, à condition de respecter la charia (loi islamique) et de ne pas s’en prendre à la famille régnante et au gouvernement (pléonasme).

    Le lundi 20 décembre 2010, moins d’un mois avant la parution du dessin ignominieux de Plantu mettant sur le même plan le président du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, et Marine Le Pen, dessin justifié d’après l’auteur par le refus du député européen de qualifier Cuba de dictature, Plantu a reçu le prix «  Doha Capitale Culturelle Arabe » (10 000 euros) des mains de l’ambassadeur du Qatar, Mohamed Al Kuwari.

    A cet instant s’impose l’inusable dicton qui dit que pour monter au mât il faut avoir le derrière propre.

    En recevant le prix, le dessinateur a prononcé un discours mielleux où l’on a pu entendre : «  Que ce soit au Qatar ou au Proche-Orient, j’apprends beaucoup sur la liberté d’expression et sur la liberté de penser ». Intégralité du discours ici :

    http://www.cartooningforpeace.org/wp-content/uploads/2010/12/2010-12-P...

    Le journal britannique (très modérément castriste et, si ça se trouve, encore moins chaviste) The Economist, a créé un indice de démocratie en examinant 167 pays dans le but d’évaluer qualitativement leur niveau de démocratie.

    La France obtient le numéro 31, Cuba, 121, le Qatar, 137 (derrière la Chine) dans la catégorie «  Régimes autoritaires ».

    Ainsi donc, pour un journal économique lié aux oligarchies, Cuba exécrée par Plantu, menacée par une énorme puissance militaire, économique, médiatique, est plus méritante qu’un Emirat que personne ne songe à envahir ni à détruire et pour lequel Plantu a les yeux de Chimène, la main preneuse, la louange aux lèvres, la révérence au genou et l’esprit républicain là où vous imaginez.

    On dira que Plantu, abonné au Monde, connaît plus par cela les moeurs de Cuba que celles du Qatar (qu’il a pourtant visité plusieurs fois !). Mais s’il n’en lisait pas uniquement les pages anti-Amérique-latine, une information que son employeur a publiée ne lui aurait pas échappée et, dans un haut-le-coeur de démocrate indigné, il aurait refusé la distinction et l’argent du Qatar.

    Il s’agit de deux jeunes Phillippines, qui se sont enfuies le 15 août 1995 de l’ambassade du Qatar à Paris, et dont le cas a été signalé par le Groupe d’information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti) au Quai d’Orsay. Leur contrat de baby sitter signé par l’ancien ambassadeur à Paris, prévoyait un salaire de 300 dollars par mois pour «  un maximum de huit heures de travail par jour ; six jours par semaine » et trente jours de congés tous les deux ans. L’employeur se réservait en outre le droit de mettre fin au contrat en cas «  d’engagement dans des activités syndicales ».

    S’il avait su cela, Plantu nous aurait aussitôt fignolé un dessin cinglant où l’on aurait vu (c’est une suggestion) deux petiotes en guenilles courant se réfugier dans les bras de Marianne tandis qu’un gros émir aux doigts bagués d’or essaierait de les assommer en leur lançant des barils de pétrole. Ou alors, un émir Ténardier hurlant sur les soeurs jumelles Cosette sous l’oeil courroucé de Marianne.

    La chute de cette histoire d’arroseur arrosé nous est fournie par Robert Ménard, à qui Plantu consacra un dessin attendri parsemé des petits coeurs écarlates quand il quitta RSF, Ménard qui, lui aussi, accepta l’argent du Qatar et qui en revint en disant : «  Tout simplement, il n’y a pas de liberté de la presse, au Qatar ».

    Bon, maintenant que vous savez tout, Plantu et Ménard, rendez l’argent, SVP !

    Vladimir Marciac, (pour Le Grand Soir).

    PS. Et parlez moins fort, c’est mieux.


    EN COMPLEMENT, ajouté le 20 février 2011 :

    Le Figaro 20/12/2010 : (...) Lundi soir, des dizaines d’invités se pressaient place de l’Étoile, à l’hôtel Landolfo Carcano, siège de l’ambassade du Qatar. Dans les salons en lambris dorés avec mosaïques au sol et fresques de nymphes alanguies, Son Excellence Mohamed al-Kuwari a décoré le dessinateur Jean Plantu et Amirouche Laïdi, président du club Averroes, du prix « Doha capitale culturelle arabe ». Ce soir, l’ambassadeur décorera les poètes André Miquel, Bernard Noël et Adonis. De Jack Lang à Jean Daniel, en passant par Dominique Baudis, Edmonde Charles-Roux, Renaud Donnedieu de Vabres et Anne Roumanoff, un total de 66 personnalités françaises de la culture auront été décorées par le Qatar en 2010. Toutes sont reparties avec un chèque de 10.000 €. (...)

    http://www.lefigaro.fr/culture/2010/12/20/03004-20101220ARTFIG00501-l-...


    Le 17 février, nous avons adressé le courrier suivant à M. Plantu (resté sans réponse) :

    Bonsoir,

    Nous avons été à l’origine d’un article sur le prix qui vous a été attribué par le Qatar. (*) Cet article affirmait notamment trois choses :

    - vous avez accepté ce prix
    - ce prix est doté de 10.000 euros
    - vous avez prononcé à l’occasion un discours vantant la liberté de la presse au Qatar.

    Or, il nous a été communiqué que vous niez tout ou partie de cet article mais nous n’en trouvons aucune trace.

    Pouvez-vous nous indiquer le cas échéant où vous auriez apporté un tel démenti afin que nous puissions en prendre connaissance et en informer nos lecteurs ?

    Bien à vous,

    Le Grand Soir

    (*) http://www.legrandsoir.info/Quant-Plantu-recoit-une-dotation-d-une-dic...

    URL de cet article 12668
    https://www.legrandsoir.info/quand-plantu-recoit-une-dotation-d-une-dictature.html

        

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  • Les tueurs et leurs maîtres assis sous les plafonds dorés de royaumes ou de républiques.                                 

     

    C’est durant la Seconde guerre mondiale qu’une idée, aussi brune que les autres, monte à la tête des nazis : instrumentaliser les communautés des Etats « musulmans » de l’URSS afin que ces derniers, Tchétchènes, Kazakhs, Ouzbeks, tirent dans le dos des Soviétiques.

    Ian Johnson, un journaliste américain récompensé par un Prix Pulitzer, a pioché dans des milliers de documents pour découvrir cette vérité scellée d’une croix gammée. Lumière d’histoire sombre qu’il a révélée dans un livre, « Une mosquée à Munich. Les nazis, la CIA et la montée des Frères musulmans en Occident », ouvrage publié chez JC Lattès. Dix années plus tard, une aussi bonne idée ne peut que séduire les Américains qui cajolent les Frères Musulmans comme des amis rares, et utiles. En juillet 1953, la photo est sur Internet, on peut voir une délégation des « Frères » au côté de Dwight Eisenhower, l’US président. Le document comporte même un bonus, la présence de Saïd, le gendre de Hassan al-Banna le fondateur de la secte musulmane. Un personnage, agent de la CIA, qui est aussi le père de Tarik Ramadan.

    La reprise, par Washington, de cette idée née sous le IIIe Reich, a deux objectifs, utiliser les musulmans pour abattre l’URSS et fournir des gouvernants convenables pour mettre à la tête des pays Arabes, puisque les Etats-Unis dont le sceau est « In god we trust », sont convaincus que ces « Frères » seront d’indéfectibles amis. En effet, tous les leaders laïques du Moyen et Proche Orient sont combattus, diffamés, encerclés, assassinés. En pays musulmans Washington combat les Lumières. Mossadegh, premier ministre iranien qui tente d’instaurer la démocratie et l’indépendance face aux empires coloniaux, en matière de pétrole par exemple, est renversé en août 1953 par un coup d’Etat américain qui réinstalle le Shah pour le remplacer en 1979 par le si religieux -et supposé bon partenaire- l’imam Khomeiny. Nasser, le président égyptien restera un cauchemar constant pour les anglo-américains, lui qui combattait les Frères Musulmans et refusait de voiler les femmes de son pays (1). Un à un, tous ceux qui refusent la gouvernance sous le parapluie d’Allah disparaissent. Kadhafi sera le dernier à être détrôné, faute pour l’Occident d’avoir avoir eu la peau de Bachar Al-Assad.

    Si les assassinats politiques sont une première arme, la seconde est strictement militaire puisqu’elle mobilise, dans toute la Oumma, des hommes prêts au djihad contre les infidèles et les mécréants. L’offensive commence en Afghanistan, c’est-à-dire aux marches de l’URSS. Le plan américain utilise toutes les forces, tribus et milices, capables de mettre à bas le régime, qualifié de « communiste », qui gouverne à Kaboul. Washington va choisir et former les pires moudjahidines, fous du Prophète (affirment-ils) pour atteindre leur but. L’horreur est programmée dans ce qu’elle connait de pire : assassinat, torture, viol, famine organisée, déplacement de population. Oussama Ben Laden est déjà le chef des « croyants », un patron de guerre riche (il est très fortuné et a le soutien de son pays l’Arabie Saoudite). Pour Washington et la presse US, Oussama est un héros, un vaillant qui mérite la collection complète de la « Distinghished Service Cross ». Son groupe de « résistants » porte déjà un nom qui deviendra célèbre : « al Qaïda », « La Base ». Le rêve étatsunien va mettre dix ans à se réaliser, usée par cette guerre afghane l’URSS disparait en 1989 (2).

    Les tanks-penseurs de Washington savent très bien que, même si l’œil de Moscou s’est fermé, de tels alliés islamistes sont trop utiles pour être « démobilisés ». L’Amérique feint de croire qu’elle a fait naître et entretenu des combattants de la démocratie, des « freedom fighters », selon Donald Reagan. L’URSS disparue, la première cible désignée aux djihadistes par l’impérialisme US, à l’islam radical au wahhabisme ou salafisme, c’est l’Algérie. Pour les enfants perdus de la Révolution algérienne, ceux qui se sont engagés dans la guerre afghane, sans qu’Alger ne les en empêche, c’est le moment du retour au pays. Ils y reviennent avec une consigne dans leurs valises : transformer l’Algérie Démocratique et Populaire en une République Islamique. Vont naitre alors le GIA, le Groupe Islamique Armé qui, avec ses 20 000 hommes, est une métastase de « al Qaïda », et d’autres groupes moins connus, tous barbares et défenseurs du rêve exporté de l’Amérique.
    Analysée par les droits-de-l’hommistes français, cette guerre « islamique » en Algérie est décrite comme un leurre, un vaste règlement de comptes entre clans militaires. En réalité, sous cet épouvantable titre, celui du « Qui tue qui ? » -de Mitterrand l’ancien guillotineur de la Guerre d’Algérie, à ces intellectuels qui se commercialisent en humanistes exemplaires- la France rigole des crimes commis dans son ancienne colonie. « Le qui tue qui ? » autrement dit la guerre faite par le GIA à son peuple, devient dans la doxa une invention des généraux qui, par le moyen du chaos, entendent conserver le pouvoir. On ne parle pas de guerre, mais une nouvelle fois dans l’histoire de ce pays, « d’évènements ». Ne notez qu’aucun de ces thuriféraires du djihad algérien n’a aujourd’hui présenté d’excuses à un peuple qui fût martyrisé. Au contraire, ces droits-de-l’hommistes, toujours à l’abri dans les fourgons de l’OTAN, tentent de remettre le couvert avec leur soutien apporté au « Hirak ».

    Oubliant que sur une révolte légitime peut se greffer une mécanique étrangère, comme celle qui a étouffé les « Printemps Arabes », tous sponsorisés par Washington pressé de mettre en place la gouvernance des Frères Musulmans. Sur le vrai visage de ces « Printemps » et de cet « Hirak », la lecture de l’enquête d’Ahmed Bensaada « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien » publiée aux éditions APIC à Alger, est indispensable. S’il en était besoin, les dernières dépêches, injonctions expédiées au Qatar par la Secrétaire d’Etat, Hillary Clinton qui viennent d’être révélées en font preuve. Tous ces télégrammes diplomatiques somment Doha d’aider les « Printemps » de tout le poids de son argent et celui de son puissant outil de propagande et de désinformation, « al Jazira ». En Algérie ce n’est pas la main de Moscou mais celle de Washington qui entend gouverner le dernier pays Arabe à se montrer rebelle aux délices d’un Etat Coca Cola.

    Les Algériens, au prix de deux cent mille morts, vont finir par écraser al Qaïda et son djihad. Mais sortir de là en ruines. En 1994, en parallèle aux « évènements » d’Algérie, les Etats-Unis lancent leurs pieux mercenaires dans les montagnes de Tchétchénie. Là, d’aimables rebelles entendent imposer leur modèle, un pays placé sous la sainte gouverne de la charia à la sauce wahhabite. Dans la presse occidentale ces « rebelles » deviennent des icones, autant de Zapata luttant pour la liberté chérie. Et BHL, bien sûr, grimpe sur les tonneaux de la morale pour appeler les toutes âmes pures de la planète à défendre la cause tchétchène ; alors que Poutine entend les « poursuivre jusque dans les chiottes ». Ce nouveau chaos a-t-il produit du bonheur ? Rien que de l’horreur de tripes mises à l’air, de tortures et crimes en tous genres. On retiendra seulement que les djihadistes d’al Qaïda, ces mercenaires de l’Amérique, ont, comme en Algérie, été chassés ou anéantis. Et quelques-uns de ces islamistes vaincus vont, sans contrôle ou presque puisqu’ils sont du camp de bien, trouver refuge en France jusqu’à former une communauté de 60 000 membres. Rejoignant d’autres « opprimés », comme ceux du GIA algériens, aussi abrités par Washington. Capitale où l’on n’imagine jamais un possible retour de sabre. Et que ces fous de Dieu tant aimés puissent flanquer en l’air les tours du World Trade, ou mettre une bombe dans le RER, anéantir le Bataclan… Quoiqu’il arrive, la France et les Etats-Unis restent de chauds amis de ces dirigeants/dictateurs qui encouragent, théorisent et financent le djihad, ainsi les lilliputiens en lingots de Doha, et les princes jerricans de Djedda.
    Par compartiments de première classe entiers, des quémandeurs vont tendre leur sébile vers des pays de sable. Des peintres, musiciens, cinéastes, écrivains, architectes journalistes et sportifs, qui prônent les libertés en Occident, sont frappés d’oubli dès qu’ils foulent un tarmac du Proche et Moyen-Orient. Des donneurs de leçons comme Edwy Plenel, Edgar Morin tiennent colloque à Doha sous la férule de Tarik Ramadan. Homme exemplaire avec lequel le fondateur de Médiapart entend « construire une maison commune ». Les intraitables Jean Plantu, Jean Daniel, Emmanuel Todd, et d’autres encore, acceptent de recevoir sans ciller les 10 000 euros du Prix « Paris Doha ». Le chèque étant remis par l’ambassadeur de l’émir à Paris. Les wahhabites, les salafistes ne sont pas des coupeurs de têtes (puisqu’ils brûlent vivant et décapitent déjà en Syrie), mais des amis. Ils sont amoureux des libertés et démocrates, façon charia. En rien des brutes sanguinaires mais « cultivés », la preuve, ils nous achètent des tableaux (tout de suite mis dans des coffres spéculatifs pour laisser place, sur les murs des palais, à des croûtes d’Yves Brayer). Ils achètent aussi des tours tueuses de travailleurs immigrés, des tanks et des avions. Armes qui ne sont pas acquises pour écraser les enfants du Yémen, mais pour défendre la culture et le monde libre.

    En 2003 alors que commence la chasse au Saddam dans les caves de Tikrīt, le nord du pays, peuplé de Kurdes irakiens, est investi par Abou Moussab Al-Zarkaoui, un pionnier jordanien du djihadisme. Il a déjà participé à deux campagnes en Afghanistan. Pour implanter son campement, sous le regard éberlué des habitants des montagnes, Zarkaoui bénéficie d’une assistance conjointe de la CIA et du Mossad. C’est lui qui va lancer, en Irak, les premières et effroyables campagnes d’attentats à la voiture piégée, contre l’ONU par exemple. Car le robot tueur échappant aux consignes de ses maîtres, n’hésite pas à frapper et l’Occident et les chiites. Le 11 mai 2004 Zarkaoui diffuse sur Internet la décapitation du jeune otage américain Nicholas Berg. Ce désobéissant, cet incontrôlable est éliminé le 7 juin 2006 par une bombe de F-16. Les étatsuniens étant vraiment las des incartades de leur créature, le temps n’est plus au bricolage terroriste, vient le moment de promouvoir la création d’un califat. Il devra régner sur l’Irak et la Syrie, Etats alors rayés du globe. La mission califat est confiée à l’émir Abou Al-Bakr Bagdhadi, ancien officier irakien, libéré en 2004 des geôles américaines en Irak. Il est beaucoup moins imprévisible que Zarkaoui. On connait la suite. En Irak les combattants d’Allah parviennent à détruire ce que l’invasion américaine n’avait pas réussi à faire. En Syrie la mise en pièces du pays apparait comme une certitude. Finalement la Syrie a réussi, à un prix exorbitant avec l’aide de Poutine et de l’Iran, à contrer ce djihad made in USA.

    En Syrie aussi il y a concurrence entre groupes salafistes. Ils entendent se partager à la fois le pays et l’argent de leurs sponsors l’Arabie Saoudite, le Qatar et les Emirats. Pays fidèles qui exécutent le plan dessiné à Washington, celui d’un « Grand Moyen-Orient » qui pourrait aller de l’Iran au Maroc. Devenue un véritable BHV (où l’on trouve tout) du djihad, la Syrie est attaquée par des musulmans chinois, les Ouïghours, des Tchétchènes, des Maghrébins, des Indonésiens, des Européens. La folie de la Oumma s’est donné rendez-vous à Damas. Quelques kurdes, eux aussi armés et nourris par les pays de l’OTAN, entretiennent l’illusion de l’existence « rebelles syriens », sorte de nouveaux FTP ou FFI luttant pour la démocratie. Lors d’une réunion avec des diplomates, Laurent Fabius, alors ministre des Affaires Etrangères, rapporte sans se tordre la bouche ni démentir ou s’indigner, les propos de partenaires et amis arabes : « Les combattants d’al-Nosra font du bon boulot ». Al-Nosra n’est rien que le nom d’une succursale d’al-Qaïda. Fabius, aujourd’hui gardien de la Constitution française, a bien dit tout cela en décembre 2012 au Maroc, alors qu’il assistait à une conférence des « amis de la Syrie ». Le ministre français protestait contre la décision américaine de placer Al-Nosra sur la liste des organisations terroristes.

    Au Mali, là aussi la concurrence est rude entre combattants d’Allah. Mais c’est à visage découvert que les avions du Qatar se sont un beau matin posés à Gao pour livrer aux miliciens du MUJAO du matériel militaire, des uniformes, des vivres et de l’argent. Tandis qu’au Niger voisin l’enracinement de Doha est beaucoup plus ancien, mosquées et madrassas wahhabites deviennent des oasis du djihad. Le sud du pays étant une zone de libre échanges où les fidèles de l’émir qatarien croisent et concertent sans entraves les frères de Boko Haram.

    La destruction de la Libye est l’œuvre commune de l’émir Hamad al-Thani, l’ancien roitelet de Qatar, et d’un autre petit prince, Nicolas Sarkozy. Sous couvert « d’abattre un dictateur » (et dernier laïque), le pays a été laminé, englouti. Les prémisses de la destruction du pays du Petit Livre Vert ont mobilisé la France, via la DGSE et les Forces Spéciales, les argentiers de Doha et les djihadistes libyens d’Abdelkrim Belhadj (ancien de la guerre afghane). Encore un vieux fidèle de ce Ben Laden, Hillary Clinton le décrivait déjà dans ses mails fuités comme « notre homme à nous » ! Dans cet inventaire très lapidaire du djihad utilisé comme Arme de Destruction Massive, on ne peut aller plus loin dans la page sans évoquer un cas exemplaire, celui de la Palestine. Il cumule injustices, morts et désespoirs. Ici, en dehors des plans fous de Trump, la destruction de l’Etat Palestinien a été confiée à l’ami israélien qui a su diviser ce peuple en facilitant la création du Hamas, un appendice des Frères Musulmans. Israël, et c’est un signe, a par ailleurs accepté de soigner des miliciens de Daech blessés en Syrie et transférés au travers du Golan.

    Ce djihad pour compte d’autrui, celui des Etats occidentaux, laisse derrière lui des soldats qui ne sont jamais en perte de radicalisme, mais d’emploi. On les retrouve alors, souvent une étape dans le djihad, en Europe, demandant l’asile politique. Qu’importe si l’exemplaire demandeur, a fait, quelques mois plus tôt, griller vivant un homme enfermé dans une cage de fer, ou couper quelques têtes…

    Quand on croit connaitre « le monde musulman » -pour avoir souvent souffert à ses côtés, sous les bombes-, quand on sait de quelles injustices historiques ces territoires dépecés ont souffert, la barbarie de Conflans n’est ni une surprise, ni bien sûr une excuse. Nos mercenaires, barbares à Falloujah, le restent après un transfert dans le Val d’Oise. Le passage des frontières ne dilue pas l’obligation du crime dans l’eau bénite. Combattre à mort l’instauration de la pure charia n’est pas un acte raciste mais lutter contre une équivalence de « notre » Sainte Inquisition. C’est combattre les tueurs mais d’abord leurs maîtres, ceux qui conduisent le bal de la mort, de nouveaux Torquemada assis sous les plafonds dorés de royaumes ou de républiques. Une certitude, quand on veut changer, ou châtier, un « monde musulman » qui n’existe que dans les têtes brumeuses d’orientalistes attardés, il faut le connaitre vraiment. Et l’aimer.

    Jacques-Marie BOURGET

    Notes

    (1) https://www.liberation.fr/checknews/2019/11/15/la-video-du-president-n...
    (2) A la question du Nouvel Observateur en janvier 1998 : « Vous ne regrettez pas non plus d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste, d’avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ? » Zbigniew Brzezinski, l’ancien Conseiller à la Sécurité sous la présidence Carter répond : « Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ? »

    AJOUT DU GS  : sur Plantu et le Qatar, voir :
    https://www.legrandsoir.info/quand-plantu-recoit-une-dotation-d-une-di...
    http://www.gauchemip.org/spip.php?article15371

    URL de cet article 36599
    https://www.legrandsoir.info/l-amour-fou-de-la-france-et-du-djihad-sanglant-boomerang.html
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  • « A la cour, mon fils, l'art le plus nécessaire n'est pas de bien parler mais de savoir se taire » disait Voltaire. La Bruyère affirmait : « C'est une grande misère que de n'avoir pas assez d'esprit pour bien parler, ni assez de jugement pour se taire. »


    Il y a des mots qui font mal, d'autres qui attisent des guerres, alors que certains paisibles et bien assis allaitent l'amour et chauffent les cœurs. Le verbe mal manié chez un prétendu politicien est ce qu'est un plan mal conçu par un architecte contrefacteur. L'immeuble s'écroule comme le sera le message espéré du discours. Pourtant les sujets ne sont pas chiches pour faire foisonner l'actualité.

    La contradiction qui fuit le débat sur un projet dit de renaissance, le sentiment amer que rien ne semble aller vers une rupture, la réincarnation de symboles avachis et remis dans le pipe, les restrictions du mouvement populaire, de l'expression et bien d'autres anormalités font que la désillusion vient se rasseoir à chaque nouveau rêve. Un pouvoir ne doit pas avoir peur de son peuple, mais doit avoir peur pour lui.

    La dérive est d'abord une vision que chacun peut déceler dans un écart par rapport à l'objectif. L'on ne doit pas en être blâmé ni applaudi. La dérive ne peut se contenter d'unicité. Elle ne se conjugue qu'au pluriel, si elle devient une erreur et loin d'une faute pardonnable. Elle est parfois fortuite, accidentelle, le plus souvent fruit d'incompétence et d'inaptitude.

    A voir, en plus de cette déchirure dans l'un des plus importants piliers tant de la démocratie que de l'Etat de droit, d'autres craintes qui s'agrandissent au gré de l'approche et de l'au-delà du scrutin, l'on ne peut qu'alerter que la dérive est à quelques centimètres. Outre le devoir d'enjamber la crispation des seuils de garantie des libertés politiques, le spectre du péril économique, l'angoisse de la crise sociale, les menaces transfrontalières, le tarissement de la source pétrolière et les difficiles défis qui le guettent, le pays a besoin plus que jamais d'une cohésion nationale inextinguible pour outrepasser viablement toute dérive. Sans mettre sous insouciance les préludes du chaos et la cruauté des destins tracés ailleurs, hors frontières.

    Ce ministre à qui les réseaux sociaux lui ont fait savoir ses provenances, ses hobbies et ses accointances aurait plus à fonctionner sa jeune et belle frimousse que de s'inclure dans l'histoire ou chatouiller le désir quand bien même difficilement ardent de quitter le pays. Ce pays est plus qu'un territoire, plus qu'une constitution. Il est une matrice nourricière pour tout cœur battant et combattant l'ineptie et la confiscation.

    On n'improvise pas un discours lorsqu'on est dépourvu de la faculté dialectique de le faire. Mûrir ses mots et rester zen reste le chemin le plus approprié pour construire de phrases orales. Pourtant, il est aisé, si l'on est empreint de peu de prouesse managériale, de tracer une stratégie de communication. Ce ministre, mal bâti au sens oratoire, n'étant pas un tribun aguerri même dans l'imposture qui l'habille, aurait pu se contenter de plagier les autres voix découvrant à tue-tête des vertus originales au projet constitutionnel. De là, se jeter, enthousiasme débordant à singer Amara Benyounes ou Sidi Saïd puis venir offrir ses excuses n'est qu'un jeu infantile qui n'a plus droit à siéger là où il le fait.

    Il y a un temps, l'excès dans la parole défiait, pour les beaux yeux du régime, toute rhétorique. La loquacité falsifiée de certains grands applaudisseurs d'alors allait presque se mesurer à des hadiths. Bouchouareb, ce secrétaire général gardien des cadenas parlementaires, assénait à coup de foi tonitruante que « Bouteflika est un envoyé de Dieu », le Zitouni des moudjahidine encore en poste lui emboîtant la parole, le plagiait autrement. Et voilà que l'actuel ministre des mosquées colle le devoir d'amour du prophète au devoir d'aller voter. Djaballah, opposant systémique, tenait son contraire. Ainsi dans certaines situations, prendre la parole est une aventure, pire une mésaventure.

    Le jusqu'au-boutisme exalté a été toujours à l'antinomie de la convenance. De la mesure. « Aller jusqu'au bout » est aussi un excès dans l'exercice de certaines prérogatives républicaines. Il n'y a pas que la loi qui forme le droit. La sagesse, le bon sens sont aussi des sources intarissables d'un certain droit qui n'est pas forcement express. Persévérer à garder des walis dont l'exemple du collègue zélé n'a pas donné à réfléchir, cela suppose une violation d'éthique républicaine. Ce wali qui dénie la parole à une enseignante et la force à opter pour un vocabulaire choisi, élu, coopté, agréé, administré, dirigé selon ses propres lexicologies doit savoir que « l'ère coloniale » est une formule chronologique, de datation. Encore que le problème essentiel n'était nullement dans « la table coloniale » ni dans la classe, mais s'abrite bel et bien dans le corps et l'esprit de ceux qui sont censés reconstruire le bien-être social, scolaire, étatique. Un wali qui se dit de la République se doit ouvrir son écoute et s'abstenir de se créer encore des antagonistes.

    La riposte des pouvoirs s'attendait à ce qu'elle se fasse immédiatement comme celle qui avait suivie certains walis compromis dans le même sac d'ignominie, d'écart de langage ou de frontal dédain. Le wali de Msila à cause d'un puits, le wali de Blida pour la mise en quarantaine du choléra, le wali de Skikda pour ignoble verbiage envers les moudjahidine entre autres. Le limogeage. Bien d'autres, mutés ou maintenus, se sont remis à la tranquillité. Le wali de Mostaganem auteur d'irrespect envers un citoyen zoné à l'ombre, l'ex-wali de Sétif dont les droits d'auteur de « frappe-le, il saura sa place » sont d'une triste mémoire. Ils ne semblent pas aptes à une mise en adéquation avec l'exigence qu'imposent la démocratie et la morale comme règle de circonspection et de raison. L'arrogance est parfois l'expression agressive en riposte à un passé houleux, contraignant mal endossé. Ils prennent toujours une fois assis sur le piédestal de la wilaya une autre posture que celle qui les caractérisait quand ils n'étaient qu'à une échelle catégorielle insignifiante. Pour certains, même le poste de chef de daïra qu'ils occupaient leur est avec recul plus ample que le costume de wali qu'ils pensent bien porter. Les vexations reçues au cours d'une enfance carrièrale demeureront toujours comme un complexe difficile à surmonter. La postérité et les témoins peuvent en dire et en redire.

    La grande dérive ne dérive pas uniquement de ces « incidents ». Elle se faufile chaque jour dans le ciel confus et ombrageux que nous produisent la rue et le discours aléatoirement peu rassurant et hypothétiquement nébuleux. La menace sous quelque titre que ce soit est une présence indomptable qui pèse sur chaque tête, chaque plume, chaque clic. Ailleurs un grand combat pour la liberté d'expression, quoique un peu controversée, est mené tambour battant. Pourtant cette façon de s'exprimer, caricatures entendues, outrepasse ses limites pour aller profaner le plus sacré chez les musulmans. Alors qu'en politique, chez eux, tout est libre. L'on n'a pas vu un opposant européen, américain agir à partir de l'étranger. Certes, l'insulte n'est nullement tolérée, mais l'avis contraire sur une situation ou la position contradictoire sur une autre ne peut être un crime. Détendre le fil serait un gage de cette « nouvelle Algérie ».

    L'on sent le roussi partout. Le Hirak est aussi quelque part une aubaine de règlement de compte ajourné. Ceci confirme que tout air de révolution rapporte en son élan des vents néfastes parfois violents. Au lieu de rassembler et d'engendrer la symbiose populaire comme il l'était à sa naissance, il tend, ou l'on tente de le lui faire, à se diviser et créer des séparations dangereuses le plus souvent exhumées de triste mémoire. Quand l'on parle de dérive, il ne s'agit pas seulement de quelques chevauchements d'attributions, d'écrasement de dispositions règlementaires ou de collision d'idéaux, mais de menaces au fondement à la structure nationale déjà précaire et sujette à n'importe quel éboulement.

    Une autre versatilité vient d'être révélée au grand jour dans le paysage politico-partisan. La transhumance des partis vers la société dite civile. Là, la dérive n'est pas verbale. Elle est organique, corporelle. Les mêmes personnes qui huaient pour le cinquième mandat se glissent sournoisement dans le dessin de la « nouvelle Algérie ». Changeant de badges d'adhésion, ils font croire se faire changer d'identité politique. En fait ce sont ces séries typiques de personnages atypiques qui creusent davantage l'hypothétique crédit qui aurait dû rapprocher les points de vue des uns et des autres. Ils sont là comme des clous usés en quête de régénérescence. Tebboune gagnerait à s'en débarrasser. Ces conglomérats hybrides recomposés sous l'habit d'un forum qualifié de société civile tournent à la vitesse du repositionnement politique et se mettent sans rougir au-devant des scènes évènementielles actuelles. Le hic, c'est qu'ils brassent large et ne renâclent nullement à recruter l'assistance ou à l'être sur un autre plan. Chez eux aussi la dérive dépasse la sincérité du mot pour s'instaurer carrément dans une hypocrisie à façade d'allégeance. Parler de la Constitution n'est pas une affaire d'association contenue dans un cachet et un cartable ou un simple regroupement d'intéressés par autre chose, dans une maison de culture ou une salle de musée le temps de débiter n'importe quoi. La Constitution est une raison de nation, une aspiration de tout un peuple fût-elle une affaire de constitutionalistes.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         par El Yazid Dib                                                                                                                                                 http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5295054                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               La dérive des mots

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    « Au Qatar, les chaînes de distribution Al-Meera et Souq al-Baladi ont annoncé qu’elles “retireraient” les produits français des magasins jusqu’à nouvel ordre. Dans l’un des magasins d’Al-Meera, des employés ont retiré des étagères des confitures de la marque St. Dalfour.
    De son côté, l’Université du Qatar a annoncé vendredi sur Twitter le report de la semaine culturelle française à la suite de “l’atteinte délibérée à l’islam et ses symboles”. L’Organisation de coopération islamique, qui réunit les pays musulmans, a déploré “les propos de certains responsables français […] susceptibles de nuire aux relations franco-musulmanes”.
    Les pays du Golfe, notamment le Qatar, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, représentent un marché de plus en plus important pour les exportations de l’industrie agroalimentaire française ». (lepetitjournalmarocain.com)

    Les marques françaises visées par le boycott

    Que ce soit au Maroc ou en Turquie, au Pakistan ou en Palestine, la France de Macron s’est mis le monde musulman à dos en assumant et en republiant les caricatures de Mahomet, ce qui est une faute diplomatique grave, que l’on soit pour ou contre la laïcité.

    Poussé par les infiltrés sarkozyste de son gouvernement (Castex, Darmanin) et la pression nationale-sioniste croissante, un président de la République affaibli par sa gestion économico-sociale désastreuse a aligné la France et les Français sur une politique israélienne islamophobe que tout le monde ou presque s’accorde à trouver catastrophique. Une fuite en avant qui se crée des ennemis partout et qui est loin de la traditionnelle politique extérieure française qui a toujours cherché la neutralité au milieu des conflits, et la résolution de ces conflits.

    Il est où le Macron qui voulait défendre la Palestine ?

    Là, nous sommes dans l’exacerbation d’un conflit – celui de la fameuse « République » contre l’Islam, une République qui n’est que le masque des forces occultes qui dirigent la France – qui va retomber sur la tête des Français. Mais le président n’en a cure : comme pour sa politique sanitaire, qui met le pays à genoux, rien ne compte que la satisfaction des puissances financières (Big Pharma au détriment des citoyens et de leur santé), économiques (grand Capital au détriment de l’emploi et des petits producteurs) et occultes qui exploitent la France. Macron n’est que le président de la France d’en haut, et c’est la France d’en bas qui en paye le prix.

    « Tout ce qu’on peut dire d’un chef d’État qui traite des millions de membres de communautés différentes de cette manière, c’est : allez d’abord faire des examens de santé mentale » (RTE)                                                                   Naturellement, dans le conflit qui oppose sur plusieurs terrains la France et la Turquie, le président du néo-empire ottoman a mis de l’huile sur le feu et enfoncé encore un peu plus un Macron bien mal barré. Erdogan (RTE) a mis en cause la « santé mentale » de Macron, et ce dernier a rappelé son ambassadeur à Ankara. Le Figaro rappelle la liste des antagonismes entre Paris et Ankara :

    Entre la France et la Turquie, les tensions sont vieilles et antérieures à l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée. Les résistances françaises à l’entrée dans l’Europe de la Turquie et la loi de 2001 sur le génocide arménien par les Turcs ottomans, avaient braqué Ankara contre Paris. Mais depuis 2017, de nouveaux irritants et la politique néo-impériale d’Erdogan ont créé un fossé béant entre les deux pays. Profitant du retrait américain au Moyen-Orient, l’offensive turque dans le nord-ouest de la Syrie contre les forces kurdes YPG, alliées de la France et de ses partenaires de la coalition anti-Daech, a été mal vécue par Paris. Comme a été mal vécu le changement de rapport de force provoqué par le soutien d’Ankara au Gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj à Tripoli, alors que la France avait misé sur les forces du général Haftar, tout en essayant de favoriser une réconciliation entre les frères ennemis de la politique libyenne.                                                                                                                                                                                                                               L’état des relations franco-turques le 22 septembre 2020

    Il faut y ajouter les échanges de noms d’oiseaux entre les deux dirigeants sur l’OTAN, « en état de mort cérébrale » selon Macron, l’incident naval en Méditerranée alors que la Turquie essaye d’élargir sa zone d’exploitation (gazière) et que la France a choisi le camp gréco-chypriote. Mais le point brûlant de la relation franco-turque se trouve en France même :

    L’islam est aussi un sujet majeur. Depuis qu’il est arrivé au pouvoir, Emmanuel Macron s’inquiète de l’entrisme de l’islam religieux turc en France, auprès des communautés musulmanes. La Turquie, qui possède la moitié des 300 imams détachés par des pays étrangers et cherche à implanter des écoles turques en France, n’a pas apprécié les initiatives du gouvernement français pour mettre fin à cette influence. Il y a deux semaines, Erdogan a violemment réagi aux déclarations d’Emmanuel Macron sur le « séparatisme islamiste » et la nécessité de « structurer l’islam » en France. Les initiatives du président français contre l’islam politique après l’horrible assassinat de Conflans-Sainte-Honorine ont encore attisé la colère d’Erdogan, qui se voit en défenseur de tous les musulmans. « Il y a une campagne islamiste contre la France. Elle est organisée, elle n’est pas le fait du hasard et les émetteurs sont très largement turcs », affirme-t-on à Paris.

    La forte communauté musulmane en France devient un levier pour Erdogan au moment où Macron la désigne à la vindicte populaire. Même si le bras du président est fortement aidé par les forces occultes...

    Certes, cette photo n’a pas été prise dans le contexte actuel, mais elle montre exactement la relation entre pouvoir visible et pouvoir invisible, pouvoir de surface et pouvoir profond.
    Ainsi, parce qu’il est un président affaibli, sans base populaire (LREM s’est désintégrée), et qu’il n’a fait en vérité que réprimer les Français (après les prolos – Gilets jaunes – et les classes moyennes – artisans et commerçants –, au tour des cadres de morfler avec l’augmentation de l’impôt foncier et la baisse programmée des retraites), Macron se retrouve livré pieds et poings liés à ses ennemis de l’intérieur, même si il a été fabriqué par la tendance soft du pouvoir profond (Attali, Minc) pour reprendre la France en mains. La tendance nationale-sioniste, si elle n’a pas encore gangrené tout le champ médiatico-politique, a déjà gagné la bataille du ciel.

    Que ce soit en politique sanitaire ou en diplomatie, c’est la tendance dure qui est en train de l’emporter en France, « grâce » à un président terriblement affaibli par sa politique antisociale. Rien d’étonnant à ce que des Meyer Habib se permettent d’israéliser notre pays : « la France est un hôtel », et c’est open bar comme disait Attali !            

     

     

    Qu’on soit pour ou contre Trump, Poutine, Xi ou Erdogan, il faut admettre que ce sont des présidents forts, qui ont une feuille de route, une vision, qu’ils incarnent la défense de leur nation et qu’ils passent outre les critiques des démocrates ou des mondialistes. Chez nous, c’est l’inverse : la présidence est faible, elle navigue a vue, sans stratégie, sans cohérence, sans plan, juste la gestion quotidienne brinquebalante mais toujours antifrançaise d’un employé servile de la Banque. Les amis de la France sont décontenancés, qu’ils sachent qu’une grande partie du peuple de France, littéralement roulé dans la farine de l’élection de 2017, se désolidarise de ce président fantoche devenu dangereux.

    Un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger indique que le Royaume du Maroc dénonce ces actes qui reflètent l’immaturité de leurs auteurs, et réaffirme que la liberté des uns s’arrête là où commencent la liberté et les croyances des autres.

    La liberté d’expression ne saurait, sous aucun motif, justifier la provocation insultante et l’offense injurieuse de la religion musulmane qui compte plus de deux milliards de fidèles dans le monde, souligne le communiqué.

    Autant qu’il condamne toutes les violences obscurantistes et barbares prétendument perpétrées au nom de l’Islam, le Royaume du Maroc s’élève contre ces provocations injurieuses des sacralités de la religion musulmane, relève la même source.

    Le Royaume du Maroc, à l’instar des autres pays arabes et musulmans, appelle à cesser d’attiser le ressentiment et à faire preuve de discernement et de respect de l’altérité, comme prérequis du vivre-ensemble et du dialogue serein et salutaire des religions, conclut le communiqué.

    La question, pour des millions de Français, devient : comment se débarrasser d’un président démocratiquement élu qui est devenu un tyran dans la main de forces occultes qui travaillent objectivement contre la France ?

     

    - Source : E&R                                                                                                                                            http://www.zejournal.mobi/index.php/news/show_detail/21470 

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  • File:Algerian war collage wikipedia.jpg

    La guerre d’Algérie, également connue sous le nom de guerre d’indépendance algérienne ou la révolution algérienne (arabe: اللللررييييري Ath-Thawra Al-Jazā’iriyyaFrançaisGuerre d’Algérie,« guerre algérienne ») est une guerre entre la France et les mouvements indépendantistes algériens de 1954 à 1962, ce qui a conduit l’Algérie à obtenir son indépendance de la France. Une importante guerre de décolonisation,il s’agissait d’un conflit complexe caractérisé par la guérilla, les combats de maquis, le terrorisme, l’utilisationde la torture par les deux parties, et les opérations antiterroristes. Le conflit a également été une guerre civile entre les Algériens loyalistes qui croyaient en un Français’Algérie et leurs homologues musulmans algériens insurrectionnels. En effet, commencé par des membres du Front de libération nationale (FLN) le 1er novembre 1954, pendant la Toussaint Rouge (« Red All Saints' Day »),le conflit a secoué les fondations de la Français IVe République (1946-1958) et a conduit à son effondrement éventuel.
    La guerre a impliqué un grand nombre de mouvements rivaux qui se sont battus les uns contre les autres à différents moments, comme du côté de l’indépendance, lorsque le Front de libération nationale (FLN) a combattu violemment contre le Mouvement national algérien (MNA) en Algérie et dans les guerres café sur le continent Français;

    du côté des pro-Français, au cours de ses derniers mois, lorsque le conflit s’est transformé en une guerre civile entre les partisans de la ligne dure Français en Algérie et les partisans du général Charles de Gaulle. L’armée Français s’est divisée lors de deux tentatives de coup d’État, tandis que l’Organisation de l’armée secrète (OEA) de droite a combattu contre le FLN et les forces du gouvernement Français.
    Sous les directives de la section Français de Guy Mollet du gouvernement de l’Internationale des travailleurs (SFIO) et de François Mitterrand , qui était ministre de l’Intérieur, l’armée Français a lancé une campagne de « pacification » de ce qui était considéré à l’époque comme une partie entière de la France.


    Cette « opération d’ordre public » s’est rapidement développée à une guerre à grande échelle. Les Algériens, qui avaient d’abord largement favorisé une résolution pacifique, se sont tournés de plus en plus vers l’objectif d’indépendance, soutenus par les pays arabes et, plus généralement, par une opinion mondiale alimentée par des idées anticolonialistes. Pendant ce temps, les Français étaient divisés sur les questions de «Français Algérie» (l’Algérie Française),notamment quant à savoir s’il faut maintenir le statu quo, négocier un statut intermédiaire entre indépendance et intégration complète dans la Français République, ou permettre une indépendance totale. L’armée Français a finalement obtenu une victoire militaire dans la guerre, mais la situation avait changé, et l’indépendance algérienne ne pouvait plus être empêchée.
    En raison de l’instabilité en France, la Français la IVe République a été

    dissoute. Charles de Gaulle revient au pouvoir pendant la crise de mai 1958 et fonde par la suite la Ve République avec ses partisans gaullistes. Le retour au pouvoir de De Gaulle était censé assurer l’occupation et l’intégration continues de l’Algérie avec la Communauté Français, qui avait remplacé l’Union Français et réuni les colonies françaises. Cependant, de Gaulle s’est progressivement déplacé en faveur de l’indépendance algérienne, la considérant prétendument comme inévitable. De Gaulle a organisé un vote pour le peuple algérien. Les Algériens ont choisi l’indépendance, et la France s’est engagée dans des négociations avec le FLN, menant aux Accords d’Eviande mars 1962 , qui ont abouti à l’indépendance de l’Algérie.
    Après l’échec du putsch d’Alger d’avril 1961, organisé par des généraux hostiles aux négociations dirigées par le gouvernement gaulliste de Michel Debré, l’OEA (Organisation de l’armée secrète), qui regroupe divers opposants à l’indépendance algérienne, a lancé une campagne d’attentats à la bombe.


    Elle a également lancé des grèves et des manifestations pacifiques en Algérie afin de bloquer la mise en œuvre des Accords d’Evian et l’exil des pieds-noirs (Algériens d’origine européenne). Ahmed Ben Bella, arrêté en 1956 avec d’autres dirigeants du FLN, est devenu le premier président d’Algérie.

    À ce jour, la guerre a fourni un cadre stratégique important pour les penseurs de la contre-insurrection, tandis que le recours à la torture par l’armée Français a provoqué un débat moral et politique sur la légitimité et l’efficacité de ces méthodes.

    Ce débat est loin d’être réglé parce que la torture a été utilisée par les deux parties.

    La
    guerre d’Algérie a été un événement fondateur de l’histoire
    moderne algérienne. Elle a laissé des cicatrices de longue date dans les sociétés Français et algériennes et continue d’affecter certains segments de la société dans les deux pays. [citation nécessaire] Ce n’est qu’en juin 1999, 37 ans après la fin du conflit, que l’Assemblée nationale Français a officiellement reconnu qu’une « guerre » avait eu lieu[6], alors que le massacre de Paris en 1961 n’a été reconnu par l’État Français qu’en octobre 2001. D’autre part, le massacre d’Oran en 1962 par le FLN n’a pas encore été reconnu par l’Etat algérien. Les relations entre la France et l’Algérie sont encore profondément marquées par ce conflit et ses conséquences.
     File:FLN Logo.jpg
    http://static2.businessinsider.com/image/4f5a6d61ecad04ad1a000036-1200/april-1961-a-few-prominent-generals-in-the-french-army-in-algeria-tried-to-overthrow-de-gaulle-in-an-unsuccessful-generals-putsch.jpg
    File:François Mitterrand 1959.JPG
    File:Guy Mollet-Golda Meir-Israel Indepence Day 1959.jpg
     File:SFIO.svg
    File:De Gaulle - à tous les Français.jpg
    File:Michel Debre - David Ben Gurion 1960.jpg
    File:Khider - Lacheraf - Aït Ahmed - Boudiaf - Ben Bella.jpg
    File:Algiers putsch 1961.jpg
    http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2011/07/oran-massacre.jpg
     File:Aubervilliers passerelle de la fraternité & plaque.JPG


    File:Here are drown the Algerians.jpg

    CONTEXTE: FRANÇAIS ALGÉRIE

    Conquête de l’Algérie

     http://farm9.staticflickr.com/8369/8481790655_c8174eb932.jpg

    Sous prétexte d’un léger à leur consul, les Français envahit Alger en 1830. Dirigée par le maréchal Bugeaud, qui devint le premier gouverneur général d’Algérie,la conquête fut violente, marquée par une politique de «terre brûlée» visant à réduire la puissance du Dey; cela comprenait des massacres, des viols de masse et d’autres atrocités. Saluant la méthode de Bugeaud, le penseur libéral Alexis de Tocqueville pourrait déclarer : « La guerre en Afrique est une science. Tout le monde connaît ses règles et tout le monde peut appliquer ces règles avec une certitude presque totale de succès. L’un des plus grands services que le maréchal Bugeaud a rendus à son pays est de s’être propagé, perfectionné et sensibilisé à tout le monde à cette nouvelle science.
    En


    1834, l’Algérie devient une colonie militaire Français et, en 1848, est déclarée par la constitution de 1848 partie intégrante du territoire Français et divisée en trois départements Français (Alger, Oran et Constantin). Après que l’Algérie a été divisée en départements Français, de nombreux Français et d’autres Européens (espagnols, italiens, maltais, et d’autres) ont commencé à s’installer en Algérie.
    Sous le Second Empire (1852-1871), le Code de l’indigénat (Code indigène) a été mis en œuvre par le Sénatus-consulte du 14 juillet 1865.

    Il a permis aux musulmans de demander la pleine citoyenneté Français, une mesure que peu ont pris, car il s’agissait de renoncer au droit d’être régi par la charia en matière personnelle et a été considéré comme une sorte d’apostasie. Son premier article stipulait :
     http://www.antiquaprintgallery.com/ekmps/shops/richben90/images/algeria-tat-d-alger-algiers-alger-antique-print-1835-156029-p.jpg
     http://www.meltonpriorinstitut.org/bilder/textarchive/2011/Dec/17/text_102/21-02.JPG

    Le musulman indigène est Français; cependant, il continuera d’être soumis à la loi musulmane. Il peut être admis pour servir dans l’armée (armée de terre) et la marine (armée de mer). Il peut être appelé à des fonctions et à l’emploi civil en Algérie. Il peut, à sa demande, être admis jouir des droits d’un citoyen Français; dans ce cas, il est soumis aux lois politiques et civiles de la France. (pour Français original, voir ci-dessous) [9]
     http://www.philographikon.com/imagesreligion/judaica238203.gif

    Cependant, jusqu’en 1870, moins de 200 demandes ont été enregistrées par les musulmans et 152 par les Algériens juifs. Le décret de 1865 fut alors modifié par les décrets Crémieux de 1870, qui accordaient Français nationalité aux Juifs vivant dans l’un des trois départements algériens[10]. En 1881, le Code de l’Indigénat officialisait la discrimination en créant des sanctions spécifiques pour les indigènes et en organisant la saisie ou l’appropriation de leurs terres.
    Après la Seconde Guerre mondiale, l’égalité des droits a été proclamée par l’Ordre du 7 mars 1944, puis confirmée par la Loi Lamine Guèye du 7 mai 1946, qui a accordé Français citoyenneté à tous les sujets des territoires français et des départements d’outre-mer, et par la Constitution de 1946.


    La loi du 20 septembre 1947 accordait Français citoyenneté à tous les sujets algériens, qui n’étaient pas tenus de renoncer à leur statut personnel musulman. L’Algérie était unique à la France parce que, contrairement à toutes les autres possessions d’outre-mer acquises par la France au XIXe siècle, seule l’Algérie était considérée comme une partie intégrante de la France de la même manière que l’Alaska et Hawaï sont considérés comme des États des États-Unis d’Amérique, malgré leur distance géographique par rapport au continent.[



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    Nationalisme algérien

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    Les Algériens musulmans et européens ont participé à la Première Guerre mondiale, combattant pour la France. Les musulmans algériens ont servi de tirailleurs (ces régiments ont été créés dès 1842[12]) et spahis ; et Français colons comme Zouaves ou Chasseurs d’Afrique. Avec la proclamation des Quatorze Pointsde Wilsonen 1918 , dont le cinquième point proclamait : « Un ajustement libre, ouvert d’esprit et absolument impartial de toutes les revendications coloniales, fondé sur un strict respect du principe selon lequel, en déterminant toutes ces questions de souveraineté, les intérêts des populations concernées doivent avoir le même poids que les revendications équitables du gouvernement dont le titre doit être déterminé », certains intellectuels algériens, surnommés oulémas, ont commencé à nourrir le désir d’indépendance ou, du moins, d’autonomie et d’autonomie. Dans ce contexte, un petit-fils d’Abd el-Kadir, fer de lance de la résistance contre le Français dans la première moitié du XXe siècle.


    Il a été membre du comité directeur du Parti communiste Français (PCF)). En 1926, il fonde le parti Étoile Nord-Africain (North African Star), auquel Messali Hadj, également membre du PCF et de son syndicat affilié, la Confédération générale du travail unitaire (CGTU), rejoint l’année suivante.
    L’étoile nord-africaine s’est séparée du PCF en 1928, avant d’être dissoute en 1929 à la demande de

    Paris. Face au mécontentement croissant de la population algérienne, la IIIe République (1871-1940) a reconnu certaines revendications, et le Front populaire a lancé en 1936 la proposition Blum-Viollette qui était censée éclairer le Code autochtone en donnant Français citoyenneté à un petit nombre de musulmans. Les pieds-noirs (Algériens d’origine européenne) ont toutefois violemment manifesté contre lui; Le Parti nord-africain s’y est opposé; ceux-ci ont conduit à l’abandon du projet. Le parti indépendant a été dissous en 1937, et ses dirigeants ont été accusés de la reconstitution illégale d’une ligue dissoute, conduisant à la fondation de Messali Hadj en 1937 du Parti du peuple algérien,PPA), qui, à cette époque, n’a plus épousé l’indépendance totale, mais seulement une large autonomie. Ce nouveau parti a de nouveau été dissous en 1939. Sous Vichy, l’État Français a tenté d’abroger le décret Crémieux afin de supprimer les Juifs ayant Français citoyenneté, mais la mesure n’a jamais été mise en œuvre.
    D’autre part, le dirigeant indépendant Ferhat Abbas a fondé l’Union populaire algérienne (Union populaire algérienne) en 1938, tout en écrivant en 1943 le Manifeste du peuple algérien (Manifestation du peuple algérien ).

    Arrêté après le massacre de Sétif du 8 mai 1945, au cours duquel les foules de l’armée Français et du Pied Noir ont tué environ 6 000 Algériens, Abbas a fondé l’Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA) en 1946 et a été élu député. Fondé en 1954, le Front de libération nationale (FLN) succède au Parti populaire algérien (PPA) de Messali Hadj, tandis que ses dirigeants créent une aile armée, l’Armée de Libération Nationale (Armée de libération nationale) pour s’engager dans une lutte armée contre Français autorité.
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    CHRONOLOGIE DE LA GUERRE

    Début des hostilités

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    Aux petites heures du matin du 1er novembre 1954, les maquisards du FLN (guérillas) ou « erroriste », comme on les appelait par les Français, lancèrent des attaques dans diverses parties de l’Algériecontre des cibles militaires et civiles dans ce qui devint le Toussaint Rouge (Journée de la Toussaint Rouge). Ils ont également attaqué de nombreux Français civils, tuant plusieurs personnes. [citation nécessaire] Depuis le Caire,le FLN a diffusé une proclamation appelant les musulmans d’Algérie à se joindre à une lutte nationale pour la « restauration de l’État algérien – souverain, démocratique et social – dans le cadre des principes de l’Islam ». C’est la réaction du Premier ministre XXI place senayan Pierre Mendès France (Parti radical-socialiste),qui, quelques mois auparavant, avait achevé la liquidation de l’empire tete français en Indochine, qui a donné le ton de Français politique pendant cinq ans. Il a déclaré à l’Assemblée nationale : « On ne fait pas de compromis lorsqu’il s’agit de défendre la paix interne de la nation, l’unité et l’intégrité de la République. Les départements algériens font partie de la République Français. Ils ont été Français pendant une longue période, et ils sont irrévocablement Français .... Entre eux et la France métropolitaine, il ne peut y avoir de sécession concevable. » Au début, et malgré le massacre de Sétif du 8 mai 1945 et la lutte pro-indépendance avant la Seconde Guerre mondiale, la plupart des Algériens étaient en faveur d’un statu quo relatif. Alors que Messali Hadj s’était radicalisé en formant le FLN, Ferhat Abbas a maintenu une stratégie électorale plus modérée. Moins de 500 fellaghas (combattants pro-indépendance) ont pu être comptés au début du conflit. [14] La population algérienne s’est radicalisée en particulier à cause des attaques terroristes de Main Rouge (Main Rouge). Ce groupe terroriste s’est engagé dans des actions anticolonialistes dans toute la région du Maghreb (Maroc, Tunisie et Algérie), tuant, par exemple, le militant tunisien Farhat Hached en 1952.

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    Le FLN

    Le soulèvement du FLN a présenté aux groupes nationalistes la question de savoir s’il devait adopter la révolte armée comme principal plan d’action. Au cours de la première année de la guerre, l’Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA) de Ferhat Abbas,les oulémaset le Parti communiste algérien (PCA) ont maintenu une neutralité amicale envers le FLN. Les communistes, qui n’avaient fait aucun mouvement pour coopérer dans le soulèvement au début, plus tard essayé d’infiltrer le FLN, mais les dirigeants du FLN publiquement répudié le soutien du parti. En avril 1956, Abbas s’envole pour le Caire, où il rejoint officiellement le FLN. Cette action a fait appel à de nombreux élus qui avaient soutenu l’UDMA dans le passé. L’AUMA a également jeté tout le poids de son prestige derrière le FLN. Bendjelloul et les modérés pro-intégrationnistes avaient déjà abandonné leurs efforts de médiation entre les Français et les rebelles.
    Après l’effondrement du MTLD, le vétéran nationaliste Messali Hadj a formé le Mouvement National Algérien (MNA) de gauche, qui prône une politique de révolution violente et d’indépendance totale similaire à celle du FLN, mais qui vise à concurrencer cette organisation.

    L’Armée de Libération Nationale (ALN), l’aile militaire du FLN, a par la suite anéanti l’opération de guérilla du MNA en Algérie, et le mouvement de Messali Hadj a perdu le peu d’influence qu’il y avait. Toutefois, le député a conservé le soutien de nombreux travailleurs algériens en France par l’intermédiaire de l’Union syndicale des travailleurs algériens Algériens. Le FLN a également créé une organisation forte en France pour s’opposer au député. Les «guerres des cafés», qui ont fait près de 5 000 morts, ont été menées en France entre les deux groupes rebelles tout au long des années de la guerre d’indépendance.
    Sur le plan politique, le FLN s’est efforcé de persuader - et de contraindre - les masses algériennes à soutenir les objectifs du mouvement indépendantiste par des contributions.

    Des syndicats, des associations professionnelles et des organisations d’étudiants et de femmes influencés par le FLN ont été créés pour diriger l’opinion dans divers segments de la population, mais ici, la coercition trop violente a été largement utilisée. Frantz Fanon, psychiatre martiniquais devenu le principal théoricien politique du FLN, a fourni une justification intellectuelle sophistiquée pour l’utilisation de la violence dans la réalisation de la libération nationale. [15] Il a déclaré que ce n’est que par la violence qu’un peuple opprimé peut atteindre le statut humain. [citation nécessaire] Depuis le Caire, Ahmed Ben Bella a ordonné la liquidation d’éventuels interlocuteurs, ces représentants indépendantsde la communauté musulmane acceptables pour les Français par lesquels un compromis ou des réformes au sein du système pourraient être réalisés.
    Alors que la campagne d’influence et de terreur du FLN se répandait dans les campagnes, de nombreux agriculteurs européens de l’intérieur (appelés Pieds-Noirs) vendirent leurs exploitations et cherchèrent refuge à Alger et dans d’autres villes algériennes.

    Après une série de massacres sanglants et aléatoires perpétrés par des Algériens musulmans dans plusieurs villes, les Français Pieds-Noirs et la population urbaine Français ont commencé à exiger que le gouvernement Français s’engage dans des contre-mesures plus sévères, y compris la proclamation de l’état d’urgence, la peine capitale pour les crimes politiques, la dénonciation de tous les séparatistes, et, plus inquiétant encore, un appel à des opérations de représailles « at-for-tat » par la police, militaire et para-militaire. Les unités d’autodéfense du colon, dont les activités non autorisées ont été menées avec la coopération passive des autorités policières, ont effectué des ratonnades (littéralement, chasses aux rats, raton étant un terme raciste pour dénigrer les Algériens musulmans) contre des membres présumés du FLN de la communauté musulmane.
    En 1955, des groupes d’action politique efficace au sein de la communauté coloniale algérienne ont réussi à convaincre de nombreux gouverneurs généraux envoyés par Paris que l’armée n’était pas le moyen de résoudre le

    conflit. Un grand succès fut la conversion de Jacques Soustelle,qui se rendit en Algérie en tant que gouverneur général en janvier 1955 déterminé à rétablir la paix. Soustelle, une ancienne gauchiste et en 1955 un ardent gaulliste, a commencé un ambitieux programme de réforme (le Plan Soustelle) visant à améliorer les conditions économiques de la population musulmane (Bibliothèque du Congrès).
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    Après le massacre de Philippeville

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    Le FLN a adopté des tactiques similaires à celles des groupes nationalistes en Asie, et le Français n’a pas réalisé la gravité du défi auquel ils étaient confrontés jusqu’en 1955, lorsque le FLN s’est installé dans les zones urbanisées. « Un tournant important dans la guerre d’indépendance a été le massacre de civils de Pieds-Noirs par le FLN près de la ville de Philippeville (maintenant connue sous le nom de Skikda)en août 1955. Avant cette opération, la politique du FLN était d’attaquer uniquement des cibles militaires et gouvernementales. Le commandant de la wilayade Constantine a toutefois décidé qu’une escalade drastique était nécessaire. L’assassinat par le FLN et ses partisans de 123 personnes, dont 71 Français,[16] dont des femmes âgées et des bébés, a choqué Jacques Soustelle en appelant à des mesures plus répressives contre les rebelles. Le gouvernement a affirmé avoir tué 1 273 guérilleros en représailles; Selon le FLN et le Times,12 000 Algériens ont été massacrés par les forces armées et la police, ainsi que par les gangs des Pieds-Noirs. La répression de Soustelle est l’une des premières causes du ralliement de la population algérienne au FLN[17]. Après Philippeville, Soustelle déclare des mesures plus sévères et une guerre tous a tous assus commence[16]. En 1956, les manifestations des Français Algériens ont forcé le gouvernement Français à abolir une idée de réforme. Le successeur de Soustelle, le gouverneur général Lacoste, socialiste, a aboli l’Assemblée algérienne .


    Lacoste considérait que l’assemblée, dominée par les pieds-noirs,nuisait au travail de son administration, et il entreprit par décret le régime de l’Algérie. Il était favorable à l’intensification des opérations militaires Français et accordait à l’armée des pouvoirs policiers exceptionnels — une concession de légalité douteuse en vertu de la loi Français — pour faire face à la violence politique croissante. Dans le même temps, Lacoste a proposé une nouvelle structure administrative qui donnerait à l’Algérie un certain degré d’autonomie et un gouvernement décentralisé. Tout en restant partie intégrante de la France, l’Algérie devait être divisée en cinq districts, chacun d’entre eux ayant une assemblée territoriale élue à partir d’une seule liste de candidats. Les députés représentant les soulèvements algériens ont pu retarder jusqu’en 1958 l’adoption de la mesure par l’Assemblée nationale de France.
    En août/septembre 1956, les dirigeants internes du FLN se sont réunis pour organiser un organe officiel d’élaboration des politiques afin de synchroniser les activités politiques et militaires du

    mouvement. La plus haute autorité du FLN a été confiée au Conseil national de la révolution algérienne (Conseil national de la Révolution Algérienne, CNRA), au sein duquel le Comité de coordination et d’application de la loi(Comité de coordination et d’exécution, CCE) a formé l’exécutif. Les externes, y compris Ben Bella, savaient que la conférence avait lieu, mais par hasard ou la conception de la part des internes n’ont pas pu y assister.
    Pendant ce temps, en octobre 1956, l’armée de l’air Français intercepte un DC-3 marocain qui s’envole pour Tunis,transportant Ahmed Ben Bella, Mohammed Boudiaf, Mohamed Khider et Hocine Aït Ahmed,et l’oblige à atterrir à Alger. Lacoste fit arrêter et emprisonner les dirigeants politiques extérieurs du FLN pendant toute la durée de la guerre. Cette action a amené les chefs rebelles restants à durcir leur position.
    La France a adopté une vision plus ouvertement hostile de l’aide matérielle et politique du président égyptien Gamal Abdel Nasser au FLN, que certains Français analystes jugeaient l’élément le plus important pour soutenir la poursuite de l’activité rebelle en Algérie.

    Cette attitude a été un facteur pour persuader la France de participer à la tentative britannique de novembre 1956 de s’emparer du canal de Suez pendant la crise de Suez.
    En 1957, le soutien au FLN s’est affaibli à mesure que la brèche entre les internes et les externes s’élargit.

    Pour stopper la dérive, le FLN a élargi son comité exécutif pour inclure Abbas, ainsi que des dirigeants politiques emprisonnés comme Ben Bella. Il a également convaincu les membres communistes et arabes des Nations Unies (ONU) de faire pression diplomatiquement sur le gouvernement Français pour négocier un cessez-le-feu.
    L’écrivain, philosophe et dramaturge Albert Camus, originaire d’Alger, souvent associé à l’existentialisme, tenta sans succès de persuader les deux parties de laisser au moins les civils tranquilles, écrivant des éditoriaux contre l’usage de la torture dans le journal Combat.

    Le FLN le considérait comme un imbécile, et certains Pieds-Noirs le considéraient comme un traître.


    Néanmoins, dans son discours lorsqu’il a reçu le prix Nobel de littérature à Oslo, Camus a déclaré que lorsqu’il serait confronté à un choix radical, il finirait par soutenir sa communauté. Cette déclaration lui fit perdre son statut parmi les intellectuels de gauche; quand il est mort en 1960 dans un accident de voiture, la thèse officielle d’un accident ordinaire (un cas rapide ouvert et fermé) a laissé plus de quelques observateurs douteux. Sa veuve a affirmé que Camus, bien que discret, était en fait un ardent partisan de Français Algérie dans les dernières années de sa vie.
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    Bataille d’Alger

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    Afin d’accroître l’attention internationale et nationale Français sur leur lutte, le FLN a décidé d’amener le conflit dans les villes et d’appeler à une grève générale nationale et aussi de planter des bombes dans les lieux publics. La manifestation la plus notable de la nouvelle campagne urbaine a été la bataille d’Alger, qui a commencé le 30 Septembre 1956, lorsque trois femmes, y compris Djamila Bouhired et Zohra Drif, simultanément placé des bombes sur trois sites, y compris le bureau du centre-ville d’Air France. Le FLN a effectué en moyenne 800 fusillades et bombardements par mois jusqu’au printemps 1957, ce quia fait de nombreuses victimes civiles et invité les autorités à réagir avec une réponse écrasante. La grève générale de 1957, qui coïncide avec le débat de l’ONU sur l’Algérie et son influence, a été largement observée par les travailleurs et les entreprises musulmans. [citation nécessaire]




    Le général Jacques Massu a été chargé d’utiliser toutes les méthodes jugées nécessaires pour rétablir l’ordre dans la ville et pour trouver et éliminer les terroristes. À l’aide de parachutistes, il a interrompu la grève, puis, dans les mois qui ont suivi, a systématiquement détruit l’infrastructure du FLN à Alger. Mais le FLN avait réussi à montrer sa capacité à frapper au cœur de Français Algérie et à rallier et forcer une réponse massive à ses revendications parmi les musulmans urbains. La publicité donnée aux méthodes brutales utilisées par l’armée pour gagner la bataille d’Alger, y compris le recours à la torture, un contrôle des mouvements fort et un couvre-feu appelé quadrille et où toute autorité était sous l’armée, a créé des doutes en France sur son rôle en Algérie. Ce doute a été fortement communiqué à la France par Français sympathisants d’Alger qui soutenaient l’idée d’indépendance moralement, financièrement et matériellement. Ce qui avait été considéré à l’origine comme une simple «pacification» ou « opération de l’ordre public » s’était transformé en une guerre coloniale à part entière pour bloquer l’influence des guérilleros et avait entraîné l’introduction de la torture.
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    Guerre de guérilla

    Depuis ses origines en 1954 comme maquisards ragtag numérotés par centaines et armés d’un assortiment hétéroclite de fusils de chasse et jetés Français, allemand, et les armes légères américaines, le FLN avait évolué en 1957 dans une force de combat disciplinée de 40.000. [citation nécessaire] Plus de 30 000 personnes ont été organisées selon des lignes conventionnelles dans des unités extérieures stationnées dans des sanctuaires marocains ettunisiens, où elles ont servi principalement à détourner une partie de Français main-d’œuvre des principaux théâtres de guérilla pour se prémunir contre l’infiltration. Le poids des combats a été supporté par les internes dans la wilaya; les estimations du nombre d’internes varient de 6 000 à plus de 25 000. [citation nécessaire]



    En 1956 et 1957, le FLN a appliqué avec succès des tactiques de délit de fuite conformément à la théorie de la guérilla. Bien qu’une partie de cette mesure visait des cibles militaires, une somme importante a été investie dans une campagne de terreur contre ceux qui étaient considérés comme soutenant ou encourageant Français autorité. Cela a entraîné des actes de torture sadique et la violence la plus brutale contre tous, y compris les femmes et les enfants. Se spécialisant dans les embuscades et les raids nocturnes et évitant tout contact direct avec une puissance de feu supérieure Français, les forces internes ont ciblé des patrouilles de l’armée, des campements militaires, des postes de police et des fermes coloniales, des mines et des usines, ainsi que des installations de transport et de communication. Une fois qu’un engagement a été rompu, les guérilleros ont fusionné avec la population dans les campagnes, conformément aux théories de Mao. L’enlèvement était monnaie courante, tout comme le meurtre rituel et la mutilation de civils[18] (voir la section Torture).
    Bien qu’ils aient réussi à créer un climat de peur et d’incertitude au sein des deux communautés en Algérie, les tactiques coercitives des révolutionnaires laissaient entendre qu’elles n’avaient pas encore inspiré la majeure partie du peuple musulman à se révolter contre Français domination

    coloniale. Peu à peu, cependant, le FLN a pris le contrôle dans certains secteurs de l’Aurès, la Kabylie, et d’autres zones montagneuses autour de Constantine et au sud d’Alger et Oran. Dans ces endroits, le FLN a établi une administration militaire simple mais efficace, bien que souvent temporaire, qui était en mesure de percevoir/extorquer des impôts et de la nourriture et de recruter de la main-d’œuvre. Mais il n’a jamais été en mesure de tenir de grandes positions fixes. Les Algériens de tout le pays ont également lancé des organisations sociales, judiciaires et civiles clandestines, construisant progressivement leur propre État. [citationnécessaire]



    La perte de commandants compétents sur le terrain à la fois sur le champ de bataille et par des défections et des purges politiques a créé des difficultés pour le FLN. En outre, les luttes de pouvoir dans les premières années de la guerre ont divisé la direction dans la wilayat, en particulier dans les Aurès. Certains officiers ont créé leurs propres fiefs, utilisant des unités sous leur commandement pour régler de vieux comptes et s’engager dans des guerres privées contre des rivaux militaires au sein du FLN.
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    opérations de contre-insurrection Français


    Malgré les plaintes du commandement militaire à Alger, le gouvernement Français a hésité pendant de nombreux mois à admettre que la situation algérienne était hors de contrôle et que ce qui était considéré officiellement comme une opération de pacification s’était transformé en une guerre majeure. En 1956, la France avait engagé plus de 400 000 soldats en Algérie. Bien que les unités aéroportées d’infanterie coloniale d’élite et la Légion étrangère aient été les plus touchées par les opérations de combat offensive contre-insurrectionnelle, environ 170 000 Algériens musulmans ont également servi dans l’armée Français régulière, la plupart d’entre eux étant volontaires. La France a également envoyé des unités de l’armée de l’air et de la marine sur le théâtre algérien, y compris des hélicoptères. En plus du service en tant qu’ambulance volante et transporteur de fret, Français forces ont utilisé l’hélicoptère pour la première fois dans un rôle d’attaque au sol afin de poursuivre et de détruire les unités de guérilla du FLN en fuite. L’armée américaine a ensuite utilisé les mêmes méthodes de combat par hélicoptère au Vietnam. Le Français a également utilisé le napalm,[20] qui a été dépeint pour la première fois dans le film 2007 L’Ennemi intime (Intimate Enemies) de Florent Emilio Siri[20]



    L’armée Français a repris un rôle important dans l’administration algérienne locale par le biais de la Sectionde l’Administration Spéciale (Section administrative spéciale, SAS), créée en 1955. La mission du SAS était d’établir un contact avec la population musulmane et d’affaiblir l’influence nationaliste dans les zones rurales en affirmant la « présence Français » dans ce pays. Les officiers de sas— appelés képis bleus (casquettes bleues) — ont également recruté et formé des bandes d’irréguliers musulmans fidèles, connus sous le nom de harkis. Armés de fusils de chasse et utilisant des tactiques de guérilla similaires à celles du FLN, les harkis, qui comptaient finalement environ 180 000 volontaires, plus que les efficaces du FLN,[21] étaient un instrument idéal de la guerre contre la contre-insurrection. Les harkis étaient principalement utilisés dans les formations conventionnelles, soit dans des unités entièrement algériennes commandées par des officiers Français, soit dans des unités mixtes.


    D’autres utilisations incluaient des unités de peloton ou de plus petite taille, attachées à des bataillons Français, de la même manière que les Scouts kit Carson par les États-Unis au Vietnam. Une troisième utilisation était un rôle de collecte de renseignements, certains faisant état de pseudo-opérations mineures à l’appui de leur collecte de renseignements. [22] Selon l’expert militaire américain Lawrence E. Cline, cependant: « 'étendue de ces pseudo-opérations semble avoir été très limitée à la fois dans le temps et la portée .... L’utilisation la plus répandue des opérations de type pseudo a été lors de la « ataille d’Alnt » en 1957. Le principal Français’employeur d’agents secrets à Alger était le Cinquième Bureau, la branche de la guerre psychologique. Le Cinquième Bureau « a fait un usage intensif des membres « tournés » du FLN, l’un de ces réseaux étant dirigé par le capitaine Paul-Alain Léger du 10e Paras. «Persuadé» de travailler pour les forces Français incluses par le recours à la torture et aux menaces contre leur famille; ces agents « se sont mêlés aux cadres du FLN. Ils ont planté des documents falsifiés incriminants, répandu de fausses rumeurs de trahison et fomenté la méfiance.... Alors qu’une frénésie de coupes de gorge et de désemboweling éclatait parmi les cadres confus et suspects du FLN, les nationalistes massacraient les nationalistes d’avril à septembre 1957 et faisaient le travail de la France pour elle. [23] Mais ce type d’opération a impliqué des agents individuels plutôt que des unités secrètes organisées. Une unité de pseudo-guérilla organisée, cependant, a été créée en décembre 1956 par l’Français’agence de renseignement intérieur d’été.


    L’Organisation de la résistance algérienne Français (ORAF), un groupe de contre-terroristes, avait pour mission de mener des attaques terroristes au faux pavillon dans le but d’anéantir tout espoir de compromis politique.
    Mais il semble que, comme en Indochine, « le Français axé sur le développement de groupes de guérilla indigènes qui combattraient le FLN », dont l’un combat dans les montagnesde l’Atlas du Sud, équipé par l’armée


    Français[24]. [25]

    Le FLN a également utilisé des stratégies de pseudo-guérilla contre l’armée Français à une occasion, avec la Force K, un groupe de 1.000 Algériens qui se sont portés volontaires pour servir dans la Force K comme guérilleros pour le Français. Mais la plupart de ces membres étaient soit déjà membres du FLN, soit transformés par le FLN, une fois enrôlés. Les cadavres de prétendus membres du FLN exposés par l’unité étaient en fait ceux de dissidents et de membres d’autres groupes algériens tués par le FLN. L’armée Français a finalement découvert la ruse de guerre et a essayé de traquer les membres de la Force K. Cependant, quelque 600 ont réussi à s’échapper et à rejoindre le FLN avec des armes et du matériel.
    À la fin de 1957, le général Raoul Salan, commandant l’armée Français en Algérie, institue un système de quadrille (surveillance à l’aide d’un schéma de grille), divisant le pays en secteurs, chacun en garnison permanente par des troupes chargées de réprimer les opérations rebelles sur leur territoire assigné.[


    Les méthodes de Salan ont fortement réduit les cas de terrorisme du FLN, mais ont attaché un grand nombre de troupes en défense statique. Salan a également construit un système de barrières fortement patrouillés pour limiter l’infiltration en provenance de Tunisie et du Maroc. Le plus connu d’entre eux était la ligne Morice (du nom du ministre de la Défense Français, André Morice),qui se composait d’une clôture électrifiée, de barbelés et de mines sur un tronçon de 320 kilomètres de la frontière tunisienne.
    Les Français commandement militaire appliquaient impitoyablement le principe de la responsabilité collective aux villages soupçonnés d’abriter, de fournir ou de coopérer de quelque manière que ce soit avec la guérilla. Les villages qui n’ont pas pu être atteints par des unités mobiles ont fait l’objet de bombardements aériens. Les guérilleros du FLN qui se sont enfuis dans des grottes ou d’autres cachettes éloignées ont été traqués et traqués. Dans un épisode, les guérilleros du FLN, qui refusaient de se rendre et de se retirer d’un complexe de grottes, étaient pris en charge par Français troupes pionnières de la Légion étrangère, qui, sans lance-flammes ou explosifs, ont simplement maçonné chaque grotte, laissant les habitants mourir de suffocation.


    [27] Trouvant impossible de contrôler toutes les fermes et villages éloignés de l’Algérie, le gouvernement Français a également lancé un programme de concentration de larges segments de la population rurale, y compris des villages entiers, dans des camps sous supervision militaire pour les empêcher d’aider les rebelles. Au cours des trois années (1957-1960) au cours desquelles le programme de regroupement a été suivi, plus de 2 millions d’Algériens[28] ont été retirés de leurs villages, principalement dans les zones montagneuses, et réinstallés dans les plaines, où beaucoup ont trouvé impossible de rétablir leurs situations économiques ou sociales habituelles. Les conditions de vie dans les villages fortifiés étaient mauvaises. Des centaines de villages vides ont été dévastés,[citation nécessaire] et dans des centaines d’autres, des vergers et des terres cultivées qui n’étaient pas auparavant brûlés par Français troupes sont allées semer par manque de soins. Ces transferts de population ont été efficaces pour refuser l’utilisation de villages isolés aux guérilleros du FLN, qui les avaient utilisés comme source de rations et de main-d’œuvre, mais ont également provoqué un ressentiment important de la part des villageois déplacés. Les effets sociaux et économiques perturbateurs de cette délocalisation massive ont continué de se faire sentir en une génération plus tard.
    L’armée Français a changé ses tactiques à la fin de 1958 de la dépendance au quadrille à l’utilisation des forces mobiles déployées sur des missions massives de recherche et de destruction contre les bastions du FLN.

    Au cours de l’année suivante, le successeur de Salan, le général Maurice Challe,semble avoir réprimé une résistance rebelle majeure. Mais les développements politiques avaient déjà dépassé les succès de l’armée Français.
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    Chute de la IVe République


    Les crises récurrentes du cabinet ont attiré l’attention sur l’instabilité inhérente de la IVe République et ont accru les craintes de l’armée et des pieds-noirs selon lesquelles la sécurité de l’Algérie était minée par la politique des partis. Les commandants de l’armée se sont irrités de ce qu’ils ont jugé inadéquat et incompétent des initiatives politiques du gouvernement en faveur des efforts militaires visant à mettre fin à la rébellion. Le sentiment était répandu qu’une autre débâcle comme celle de l’Indochine en 1954 était en préparation et que le gouvernement ordonnerait un autre retrait précipité et sacrifierait Français honneur à l’opportunisme politique. Beaucoup ont vu dans de Gaulle, qui n’avait pas occupé le pouvoir depuis 1946, la seule personnalité publique capable de rallier la nation et de donner une direction au gouvernement Français.
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    Après sa tournée en tant que gouverneur général, Soustelle était retourné en France pour organiser le soutien au retour au pouvoir de de Gaulle, tout en conservant des liens étroits avec l’armée et les pieds noirs. Au début de 1958, il avait organisé un coup d’État,réunissant des officiers dissidents de l’armée et des pieds-noirs avec des gaullistes sympathiques. Une junte de l’armée sous le général Massu a pris le pouvoir à Alger dans la nuit du 13 mai, par la suite connu sous le nom de crise de mai 1958. Le général Salan a pris la direction d’un comité de sécurité publique formé pour remplacer l’autorité civile et a fait pression sur la junte pour que de Gaulle soit nommé par Français président René Coty à la tête d’un gouvernement d’unité nationale investi de pouvoirs extraordinaires pour empêcher « l’abandon de l’Algérie ».
    Le 24 mai, Français parachutistes du corps algérien débarquent en Corse,prenant le Français’île dans une action sans effusion de sang, l’Opération Corse. Par la suite, des préparatifs ont été faits en Algérie pour l’opération Résurrection, qui avait pour objectif la prise de Paris et la suppression du gouvernement Français.
    La résurrection devait être mise en œuvre si l’un des trois scénarios se produisait : si de Gaulle n’était pas approuvé comme chef de la France par le parlement

    ; si de Gaulle demandait une aide militaire pour prendre le pouvoir; ou s’il semblait que les forces communistes faisaient un geste pour prendre le pouvoir en France. De Gaulle a été approuvé par le parlement Français le 29 mai, par 329 voix contre 224, 15 heures avant le lancement prévu de l’opération Résurrection. Cela indiquait que la IVe République n’avait plus le soutien de l’armée Français en Algérie et qu’elle était à sa merci même en matière politique civile. Ce changement décisif dans l’équilibre des pouvoirs dans les relations civilo-militaires en France en 1958, et la menace de la force a été le principal facteur immédiat dans le retour de De Gaulle au pouvoir en France.
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    De Gaulle

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    Beaucoup de gens, quelle que soit leur citoyenneté, ont salué le retour au pouvoir de de Gaulle comme la percée nécessaire pour mettre fin aux hostilités. Lors de son voyage du 4 juin en Algérie, de Gaulle a fait un appel émotionnel ambigu et large à tous les habitants, déclarant : « Je vous ai compris » (« Je vous ai compris »). De Gaulle a soulevé les espoirs du pied-noir et de l’armée professionnelle, mécontents de l’indécision des gouvernements précédents, avec son exclamation de " Vivel’Algérie française" ( » Vive Français Algérie « ) aux acclamations des foules à Mostaganem. Dans le même temps, il a proposé des réformes économiques, sociales et politiques pour améliorer la situation des musulmans. Néanmoins, de Gaulle a admis plus tard avoir nourri un profond pessimisme quant à l’issue de la situation algérienne, même alors. Pendant ce temps, il cherchait une « troisième force » parmi la population algérienne, non contaminée par le FLN ou les « ultras » (extrémistesdu côlon) à travers lesquels une solution pourrait être trouvée.
    De Gaulle a immédiatement nommé un comité chargé de rédiger une nouvelle constitution pour la Ve République française, qui sera déclarée au début de l’année prochaine, avec laquelle l’Algérie serait associée mais dont elle ne ferait pas partie

    intégrante. Tous les musulmans, y compris les femmes, ont été inscrits pour la première fois sur les listes électorales pour participer à un référendum qui se tiendra sur la nouvelle constitution en septembre 1958.
    L’initiative de De Gaulle menaçait le FLN de perdre le soutien du nombre croissant de musulmans, fatigués de la guerre et n’ayant jamais été plus que tièdes dans leur engagement en faveur d’une Algérie totalement

    indépendante. [citation nécessaire] En réaction, le FLN a mis en place le Gouvernement provisoire de la République algérienne (Gouvernement provisoire de la République Alférienne, GPRA), un gouvernement en exil dirigé par Abbas et basé à Tunis. Avant le référendum, Abbas a fait pression pour le soutien international à la GPRA, qui a été rapidement reconnue par le Maroc, la Tunisie,plusieurs autres pays arabes, la Chine, et un certain nombre d’États africains et d’autres États asiatiques, mais pas par l’Union soviétique. Les commandos de l’ALN ont commis de nombreux actes de sabotage en France en août, et le FLN a mené une campagne désespérée de terreur en Algérie pour intimider les musulmans pour qu’ils boycottent le référendum.


    [citation nécessaire] Malgré les menaces de représailles, cependant, 80 pour cent de l’électorat musulman s’est avéré voter en Septembre,[citation nécessaire] et de ces 96 pour cent ont approuvé la constitution. [citation nécessaire] En février 1959, de Gaulle est élu président de la nouvelle Ve République. Il s’est rendu à Constantine en octobre pour annoncer un programme visant à mettre fin à la guerre et à créer une Algérie étroitement liée à la France. L’appel de De Gaulle aux chefs rebelles pour mettre fin aux hostilités et participer aux élections a été accueilli avec un refus catégorique. « Le problème d’un cessez-le-feu en Algérie n’est pas simplement un problème militaire », a déclaré Abbas de la GPRA. « 'est essentiellement politique, et la négociation doit couvrir toute la question de l’Algérie » Les discussions secrètes en



    cours ont été interrompues. En 1958-1959, l’armée Français avait pris le contrôle militaire en Algérie et était la plus proche de la victoire. Fin juillet 1959, lors de l’opération Jumelles, le colonel Bigeard, dont l’unité d’élite des parachutistes a combattu à Dien Bien Phu en 1954, a déclaré au journaliste Jean Lartéguy (source):
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    http://www.edinphoto.org.uk/0_n/0_other_portraits_-_general_de_gaulle_by_yerbury.jpg
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    « ous ne faisons pas la guerre pour nous-mêmes, ne pas faire une guerre colonialiste, Bigeard ne porte pas de chemise (il montre son uniforme ouvert) comme le font mes officiers. Nous nous battons ici pour eux, pour l’évolution, pour voir l’évolution de ces gens et cette guerre est pour eux. Nous défendons leur liberté comme nous le sommes, à mon avis, pour défendre la liberté de l’Occident. Nous sommes ici des ambassadeurs, des Croisés, qui s’accrochent pour pouvoir encore parler et pour être capables de parler. Colonel Bigeard (juillet 1959)
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    Pendant cette période en France, cependant, l’opposition au conflit s’est croissante parmi de nombreux segments de la population, notamment les gauchistes, avec le Parti communiste Français, alors l’une des forces politiques les plus fortes du pays, qui soutenait la Révolution algérienne. Des milliers de parents de conscrits et de soldats de réserve ont subi des pertes et des douleurs; les révélations sur la torture et la brutalité aveugle que l’armée a visitées à l’égard de la population musulmane ont suscité une répulsion généralisée, et une importante population a soutenu le principe de la libération nationale. La pression internationale s’est également accrue sur la France pour accorder l’indépendance de l’Algérie. Chaque année, depuis 1955, l’Assemblée générale de l’ONU s’est penché sur la question algérienne, et la position du FLN a été soutenue.


    L’intransigeance apparente de la France dans l’établissement d’une guerre coloniale qui a attaché la moitié de la main-d’œuvre de ses forces armées était également une source de préoccupation pour ses alliés de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. Dans une déclaration du 16 septembre 1959, de Gaulle renverse radicalement sa position et prononce les mots « autodétermination » comme la troisième solution privilégiée [2],qu’il envisage comme menant à la majorité dans une Algérie formellement associée à la France. À Tunis, Abbas a reconnu que la déclaration de de Gaulle pouvait être acceptée comme base de règlement, mais le gouvernement Français a refusé de reconnaître l’IRAG comme représentant de la communauté musulmane algérienne.
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    La semaine des barricades

     P. Lagaillarde et J.J. Susini
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    Convaincus que de Gaulle les avait trahis, certaines unités de volontaires européens (Unités territoriales) à Alger dirigées par les leaders étudiants Pierre Lagaillarde et Jean-Jacques Susini,le propriétaire du café Joseph Ortiz,et l’avocat Jean-Baptiste Biaggi ont organisé une insurrection dans la capitale algérienne à partir du 24 janvier 1960, et connue en France sous le nom de La semaine des barricades). Les ultras croyaient à tort qu’ils seraient soutenus par le général Massu. L’ordre d’insurrection a été donné par le colonel Jean Garde du Cinquième Bureau. Alors que l’armée, la police et les partisans se tenaient à l’avant, des pieds-noirs civils ont érigé des barricades dans les rues et se sont emparés de bâtiments gouvernementaux. Le général Maurice Challe,responsable de l’armée en Algérie, a déclaré Alger assiégée mais interdit aux troupes de tirer sur les insurgés. Néanmoins, 20 émeutiers ont été tués lors d’un tir sur le boulevard Laferrière. Huit mandats d’arrêt ont été délivrés à Paris contre les initiateurs de l’insurrection. Jean-Marie Le Pen, député, qui a demandé que les barricades soient étendues à Paris, et le théoricien Georges Sauge ont ensuite été placés en garde à vue. À Paris, le 29 janvier 1960, de Gaulle appelle l’armée à rester loyale et rallie le soutien populaire à sa politique algérienne dans une allocution télévisée :



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    J’ai pris, au nom de la France, la décision suivante — les Algériens auront le libre choix de leur destin. Lorsque, d’une manière ou d’une autre – par cessez-le-feu ou par écrasement complet des rebelles – nous aurons mis fin aux combats, lorsque, après une longue période d’apaisement, la population aura pris conscience des enjeux et, grâce à nous, aura réalisé les progrès nécessaires dans les domaines politique, économique, social, éducatif et autres. Ensuite, ce seront les Algériens qui nous diront ce qu’ils veulent être... Votre Français d’Algérie, comment pouvez-vous écouter les menteurs et les conspirateurs qui vous disent que, si vous accordez le libre choix aux Algériens, la France et de Gaulle veulent vous abandonner, vous retirer de l’Algérie et vous livrer à la rébellion?.... Je dis à tous nos soldats: votre mission ne comporte ni équivoque ni interprétation. Il faut liquider les forces rebelles, qui veulent chasser la France d’Algérie et imposer à ce pays sa dictature de la misère et de la stérilité... Enfin, je m’adresse à la France. Eh bien, eh bien, mon cher et vieux pays, ici nous faisons face ensemble, une fois de plus, une épreuve grave. En vertu du mandat que le peuple m’a confié et de la légitimité nationale, que j’ai incarnée pendant 20 ans, je demande à tout le monde de me soutenir quoi qu’il arrive. [30]
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    La majeure partie de l’armée a écouté son appel, et le siège d’Alger a pris fin le 1er février avec la reddition de Lagaillarde au commandement de l’armée Français du général Challe en Algérie. La perte de nombreux ultra-dirigeants emprisonnés ou transférés dans d’autres régions n’a pas dissuadé les militants Français Algérie. Envoyé en prison à Paris puis libéré sur parole, Lagaillarde s’enfuit en Espagne. Là, avec un autre officier Français de l’armée, Raoul Salan, entré clandestinement,et avec Jean-Jacques Susini, il crée l’Organisation de l’armée secrète, l’OEA le 3 décembre 1960, dans le but de poursuivre la lutte pour Français Algérie. Très organisée et bien armée, l’OEA a intensifié ses activités terroristes, dirigées à la fois contre les Algériens et les citoyens Français pro-gouvernementaux, alors que le mouvement vers un règlement négocié de la guerre et de l’autodétermination a pris de l’ampleur. À la rébellion du FLN contre la France s’ajoutent des guerres civiles entre extrémistes dans les deux communautés et entre les ultras et le gouvernement Français en Algérie.
    A côté de Pierre Lagaillarde, Jean-Baptiste Biaggi a également été emprisonné, tandis qu’Alain de Sérigny a été arrêté, et la FNF de Joseph Ortiz dissoute, ainsi que le MP13 du général Lionel Chassain.

    De Gaulle a également modifié le gouvernement, à l’exclusion de Jacques Soustelle, jugé trop pro-Français Algérie, et accordant le ministre de l’Information à Louis Terrenoire, qui a quitté RTF (Français télévision de radiodiffusion). Pierre Messmer, qui avait été membre de la Légion étrangère, a été nommé ministre de la Défense, et a dissous le Cinquième Bureau, la branche de la guerre psychologique, qui avait ordonné la rébellion. Ces unités avaient théorisé les principes d’une guerre contre-révolutionnaire,y compris le recours à la torture. Pendant la guerre d’Indochine (1947-1954), des officiers tels que Roger Trinquier et Lionel-Max Chassin ont été inspirés par la doctrine stratégique de Mao Zedonget ont acquis la connaissance de convaincre la population de soutenir la lutte. Le Cinquième Bureau a été organisé par Jean Ousset, Français représentant de l’Opus Dei, sous l’ordre du Secrétaire général permanent de la Défense nationale (SGPDN) Geoffroy Chodron de Courcel[29] Les officiers ont d’abord été formés dans le Centre d’instruction et de préparation à la contre-guérilla (Arzew). Jacques Chaban-Delmas a ajouté à cela le Centre d’entraînement à la guerre subversive Jeanne-d’Arc (Centre de formation à la guerre subversive Jeanne-d’Arc) à Philippeville, Algérie, dirigé par le colonel Marcel Bigeard. Selon le Réseau Voltaire, le catholique georges Sauge y animait des conférences, et on pouvait lire sur les murs du centre la maxime suivante : « Cette armée doit être fanatique, méprisant le luxe, animée par l’esprit des croisades »[31] Pierre Messmerd’où les structures dissoutes qui s’étaient retournées contre de Gaulle, laissant la « guerre révolutionnaire » à la responsabilité exclusive du général gaulliste André Beaufre. [29]




    Le soulèvement des officiers Français de l’armée peut être compris comme suit; certains officiers, notamment du corps des parachutistes, se sont sentis trahis par le gouvernement pour la deuxième fois après l’Indochine (1947-1954). À certains égards, la garnison de Dien Bien Phu a été sacrifiée sans soutien métropolitain, l’ordre a été donné au commandant général de Castries de « laisser l’affaire mourir de sa propre, dans la sérénité » («laissez mourrier l’affaire d’elle même en sérénité»[32]).
    L’opposition du syndicat étudiant du MNEF à la participation des conscrits à la guerre conduit à une sécession en mai 1960, avec la création de la Fédération des étudiants nationalistes (FEN, Fédération des étudiants nationalistes) autour de Dominique Venner , ancien membre de Jeune Nation et du député-13 , François d’Orcival et Alain de Benoist , qui se mettrait en place dans les années 1980 le mouvement " Nouvelle droite « .

    Le FEN a ensuite publié le Manifeste de la classe 60.
    Un Front national pour l’Algérie française (FNAF, Le Front national pour Français Algérie) a été créé en juin 1960 à Paris, rassemblant autour de l’ancien secrétaire de De Gaulle Jacques Soustelle Claude Dumont , Georges Sauge , Yvon Chautard , Jean-Louis Tixier-Vignancour (qui se présenterait comme candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle de 1965), Jacques Isorni , Victor Barthélemy , François Brigneau et Jean-Marie Le Pen.

    Une autre rébellion ultra s’est produite en décembre 1960, qui a conduit de Gaulle à dissoudre la FNAF.
    Après la publication de la Manifestation des 121 contre le recours à la torture et à la guerre, [33] les opposants à la guerre ont créé le Rassemblement de la gauche démocratique, qui comprenait la section Français du parti socialiste de l’Internationale des travailleurs (SFIO), le Parti radical-socialiste, le syndicat Force ouvrière (FO), la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens, le syndicat FEN, etc., qui soutenait de Gaulle contre les ultras.

    http://cerclealgerianiste2607.fr/Photos/Culture/Histoire/Histoire%20Militaire/Guerre%20d%20Algerie/13%20mai%201958/Site/Arrivee-de-CdG1.gif
    http://s2.lemde.fr/image/2012/03/16/540x270/1671043_3_e124_arrivee-de-la-delegation-algerienne-a-evian-le_0a8bb2f757e3506a41edca3ea7fdfe74.jpg
     http://www.slateafrique.com/sites/default/files/imagecache/article/2012-03-19_0950/accord_devian.jpg
    http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/89/Semaine_des_barricades_Alger_1960_Haute_Qualit%C3%A9.jpg/400px-Semaine_des_barricades_Alger_1960_Haute_Qualit%C3%A9.jpg
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    Rôle des femmes


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    Les femmes ont rempli un certain nombre de fonctions différentes pendant la guerre d’Algérie. La majorité des femmes musulmanes qui sont devenues des participantes actives l’ont fait du côté du Front de libération nationale (FLN). Les Français incluaient certaines femmes, musulmanes et Français, dans leur effort de guerre, mais elles n’étaient pas aussi pleinement intégrées, et elles n’étaient pas chargées de la même ampleur de tâches que leurs sœurs algériennes. Le nombre total de femmes impliquées dans le conflit, tel que déterminé par l’enregistrement des anciens combattants d’après-guerre, est de 11 000, mais il est possible que ce nombre ait été beaucoup plus élevé en raison de la sous-déclaration. [34]



    Il existe une distinction entre deux types différents de femmes qui se sont impliquées, urbaines et rurales. Les femmes urbaines, qui représentaient environ vingt pour cent de la force globale, avaient reçu une sorte d’éducation et choisissaient habituellement d’entrer du côté du FLN de leur propre chef. [35] En revanche, les femmes rurales, en grande partie analphabètes, les quatre-vingts pour cent restants, en raison de leur situation géographique en ce qui concerne les opérations du FLN, se sont souvent impliquées dans le conflit en raison de la proximité associée à la force.[ [35]

    Les femmes ont opéré dans un certain nombre de secteurs différents pendant le cours de la rébellion. « Les femmes ont participé activement en tant que combattantes, espionnes, collecteurs de fonds, ainsi qu’infirmières, blanchisseurs et cuisinières »[36] « Les femmes ont aidé les hommes qui combattaient dans des domaines comme le transport, la communication et l’administration » [37] l’éventail de l’implication d’une femme pourrait inclure des rôles de combattant et de non-combattant. Alors que la majorité des tâches que les femmes entreprennent étaient centrées sur le domaine des non-combattants, celles qui entouraient le nombre limité de personnes qui participaient à des actes de violence étaient plus fréquemment remarquées. La réalité était que « les femmes rurales des réseaux de soutien des maquis [zones rurales] » [38] contenaient l’écrasante majorité de ceux qui y ont participé.
    Il ne s’agit pas de marginaliser les femmes qui se sont faites victimes d’actes de violence, mais simplement d’illustrer qu’elles constituaient une

    minorité.
     http://www.bergenbelsen.co.uk/images/Content/Photos/Database/Staff/StaffMultiple_41.jpg
     http://1.bp.blogspot.com/-rbN0o8I5YbA/UUWYzVnFTuI/AAAAAAAAATc/4Cw98SALsF8/s640/1333400944546.jpg

    Fin de la guerre

       

    De Gaulle convoqua le premier référendum sur l’autodétermination de l’Algérie le 8 janvier 1961, que 75% des électeurs (en France et en Algérie) approuvaient et le gouvernement de De Gaulle entrait des négociations de paix secrètes avec le FLN. Dans les départements algériens, 69,51% ont voté en faveur de l’autodétermination. Le «putsch des généraux »d’avril 1961, visant à annuler les négociations du gouvernement avec le FLN, marque le tournant de l’attitude officielle à l’égard de la guerre d’Algérie[39].

    De Gaulle était maintenant prêt à abandonner les pieds-noirs, le groupe qu’aucun gouvernement Français n’était prêt à radier. L’armée avait été discréditée par le putsch et avait fait profil bas politiquement tout au long de l’engagement de la France avec l’Algérie. Les pourparlers avec le FLN ont rouvert à Évian en mai 1961;


    après plusieurs faux départs, le gouvernement Français a décrété qu’un cessez-le-feu entrerait en vigueur le 18 mars 1962. Dans leur forme finale, les Accords évian ont permis aux pieds-noirs une protection juridique égale à celle des Algériens sur une période de trois ans. Ces droits comprenaient le respect des biens, la participation aux affaires publiques et une gamme complète de droits civils et culturels. Toutefois, à la fin de cette période, tous les résidents algériens seraient obligés de devenir citoyens algériens ou d’être classés comme étrangers ayant la perte de droits qui en découle. L’accord a également permis à la France d’établir des bases militaires en Algérie même après l’indépendance (y compris le site d’essais nucléaires de Regghane, la base navale de Mers-el-Kebir et la base aérienne de Bou Sfer) et d’avoir des avantages sur le pétrole algérien. Lors du deuxième référendum sur l’indépendance de l’Algérie tenu en avril 1962, les Français électorat ont approuvé les accords d’Evian par un vote écrasant de 91 pour cent.


    Le 1er juillet 1962, quelque 6 millions d’électeurs algériens sur un total de 6,5 millions ont voté. Le vote a été quasi unanime, avec 5 992 115 voix pour l’indépendance, 16 534 contre, la plupart des Pieds-noirs et des Harkis ayant fui ou se sont abstenus de voter. De Gaulle a déclaré l’Algérie pays indépendant le 3 juillet. L’exécutif provisoire a toutefois proclamé le 5 juillet, 132e anniversaire de l’entrée Français en Algérie, jour de l’indépendance nationale.
    Pendant les trois mois qui se sont poursuivis entre le cessez-le-feu et le référendum Français sur l’Algérie, l’OEA a déclenché une nouvelle campagne

    terroriste. L’OEA a cherché à provoquer une violation majeure du cessez-le-feu par le FLN, mais le terrorisme visait maintenant aussi l’armée et la police Français l’application des accords ainsi que contre les musulmans. C’est le carnage le plus sans-appel dont l’Algérie a été témoin en huit ans de guerre sauvage. Les membres de l’OEA ont déclenché en moyenne 120 bombes par jour en mars, avec des cibles, y compris des hôpitaux et des écoles. En fin de compte, le terrorisme a échoué dans ses objectifs, et l’OEA et le FLN ont conclu une trêve le 17 juin 1962. Au cours du même mois, plus de 350 000 Pieds-noirs ont quitté l’Algérie.
    Malgré les garanties des Accords d’Evian envers les citoyens Français, après la fin du mois de juin, les civils sont devenus la cible d’attaques systématiques du FLN.

    Il est rapidement devenu évident pour les Européens que le nouveau gouvernement n’assurerait pas leur sécurité ou ne ferait pas respecter leurs droits. Le massacre d’Oran de 1962, quatre jours après le vote, est le principal exemple de stratégie délibérée de tuer pour terroriser les pieds-noirs et les pousser à partir. Ces tactiques se sont avérées efficaces. L’été 1962 voit une ruée vers la France. En un an, 1,4 million de réfugiés, dont la quasi-totalité de la communauté juive et certains musulmans pro-Français, avaient rejoint l’exode vers la France. Malgré la déclaration d’indépendance du 5 juillet 1962, les dernières forces Français ne quittent la base navale de Mers El Kébir qu’en 1967. (Les Accords d’Evian avaient permis à la France de maintenir sa présence militaire pendant quinze ans — le retrait en 1967 était nettement en avance sur le calendrier.) [41]
    File:29-juin-1962-rocher-noir-algeria-propaganda.png
    http://docpresse.esj-lille.fr/files/2012/03/Figaro.jpg
    http://uahsibhistory.wikispaces.com/file/view/French_Tanks_in_Algeria.jpg/97802227/French_Tanks_in_Algeria.jpg
    http://www.newwavefilm.com/images/algerian-war.gif


    NOMBRE DE DÉCÈS

    S’il est admis que toute tentative d’estimer les pertes dans cette guerre est presque impossible, le FLN (Front de libération nationale) a estimé en 1964 que près de huit ans de révolution avaient coûté 1,5 million de morts de causes liées à la guerre. D’autres sources Français et algériennes ont par la suite estimé ce chiffre à environ 960 000 morts, alors que Français responsables l’ont estimé à 350 000. Français autorités militaires ont recensé près de 25 600 morts (6 000 blessés) et 65 000 blessés. Les pertes civiles d’origine européenne ont dépassé les 10 000 (dont 3 000 morts) dans 42 000 incidents terroristes enregistrés. Selon Français chiffres officiels pendant la guerre, l’armée, les forces de sécurité et les milices ont tué 141 000 combattants rebelles présumés. Mais on ne sait toujours pas si cela inclut certains civils.
    Plus de 12 000 Algériens sont morts dans des purges internes du FLN pendant la

    guerre. En France, 5 000 autres personnes sont mortes dans les « guerres des cafés » entre le FLN et des groupes algériens rivaux. Français sources ont également estimé que 70 000 civils musulmans avaient été tués ou enlevés et présumés tués par le FLN.
    Les historiens, comme Alistair Horne et Raymond Aron , considèrent que le nombre réel de morts de guerre était bien supérieur aux estimations initiales du FLN et de l’Français officielle, mais qu’il était inférieur au million adopté par le gouvernement algérien.

    Horne a estimé les pertes algériennes en huit ans à environ 700 000.
    Des milliers de civils musulmans ont perdu la vie dans Français’armée, des bombardements ou des représailles de justiciers.

    La guerre a déraciné plus de 2 millions d’Algériens, qui ont été contraints de s’installer dans des camps Français ou de fuir dans l’arrière-pays algérien, où des milliers de personnes sont mortes de faim, de maladie et d’exposition. En outre, un grand nombre de musulmans pro-Français ont été assassinés lorsque le FLN a réglé des comptes après l’indépendance avec 30 000 à 150 000 personnes qui auraient été tuées en Algérie par le FLN lors de représailles d’après-guerre. [3]
    http://www.acig.org/artman/uploads/border_army.jpg
    http://en.tracesofwar.com/upload/0333081009165558.jpg
    File:Ex voto mg 6329.jpg


     Effets durables dans la politique algérienne

       http://referentiel.nouvelobs.com/file/3417607.jpg

    Après la prise en charge de l’indépendance de l’Algérie, Ahmed Ben Bella est rapidement devenu plus populaire et donc plus puissant. En juin 1962, il défie la direction du premier ministre Benyoucef Ben Khedda; cela a conduit à plusieurs différends entre ses rivaux dans le FLN, qui ont été rapidement supprimés par le soutien croissant de Ben Bella, notamment au sein des forces armées. En septembre, Bella contrôlait l’Algérie sous tous ses noms, a été élue premier ministre lors d’une élection unilatérale le 20 septembre et a été reconnue par les États-Unis le 29 septembre. L’Algérie a été admise comme 109e membre des Nations Unies le 8 octobre 1962. Par la suite, Ben Bella a déclaré que l’Algérie suivrait une voie neutre dans la politique mondiale; en moins d’une semaine, il a rencontré le président américain John F. Kennedy, demandant plus d’aide pour l’Algérie avec Fidel Castro et a exprimé son approbation des demandes de Castro pour l’abandon de Guantanamo Bay. Bella est retournée en Algérie avec une autre demande : que la France s’y retire de ses bases. En novembre, son gouvernement a interdit le parti, à condition que le FLN soit le seul parti autorisé à fonctionner manifestement. Peu de temps après, en 1965, Bella est destituée et placée en résidence surveillée (puis exilée) par Houari Boumédiènne,qui a été président jusqu’à sa mort en 1978. L’Algérie est restée stable, bien que dans un État à parti unique,jusqu’à ce qu’une violente guerre civile éclate dans les années 1990.



    Pour les Algériens de nombreuses factions politiques, l’héritage de leur guerre d’indépendance était une légitimation, voire une sanctification de l’usage sans restriction de la force dans la réalisation d’un objectif jugé justifié. Une fois invoqué contre les colonialistes étrangers, le même principe pourrait également être tourné avec une relative facilité contre les algériens. La détermination du FLN à renverser la domination coloniale et la cruauté dont ont fait preuve les deux parties dans cette lutte devaient être reflétées 30 ans plus tard par la détermination du gouvernement du FLN à s’accrocher au pouvoir, par l’opposition islamiste pour renverser ce régime, et par la lutte brutale qui s’ensuivit.
    http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/23/Benkhedda_19march62.jpg

    TORTURE

    utilisation Français

     http://www.live2times.com/imgupload/event/10702/131010230222/normal/-votre-gestapo-dalgerie-claude-bourdet-denonce-la-torture-bourdet-claude-journaliste-.jpg

    La torture a été un processus fréquent en usage depuis le début de la colonisation de l’Algérie, qui a commencé en 1830. Claude Bourdet avait dénoncé ces actes le 6 décembre 1951, dans le magazine L’Observateur,demandant rhétoriquement : « Y a-t-il une Gestapo en Algérie ? » La torture avait également été utilisée des deux côtés pendant la première guerre d’Indochine (1946-1954)[45][46][47] D. Huf, dans ses travaux fondateurs sur le sujet, a fait valoir que le recours à la torture était l’un des principaux facteurs dans le développement de Français opposition à la guerre. Huf soutient que « de telles tactiques ont mal à l’aise avec l’histoire révolutionnaire de la France et ont apporté des comparaisons insupportables avec l’Allemagne nazie[48]. La Français psyché nationale ne tolérerait aucun parallèle entre leurs expériences d’occupation et leur maîtrise coloniale de l’Algérie. Le général Paul Aussaresses a admis en 2000 que l’utilisation de techniques de torture systématiques pendant la guerre et l’a justifiée. Il a également reconnu l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel et du chef du FLN à Alger, Larbi Ben M’Hidi, qui avait été déguisé en suicides. Bigeard, qui qualifia les militants du FLN de « sauvages », affirma que la torture était un « mal nécessaire »[49]. [50][51] Au contraire, le général Jacques Massu l’a dénoncé, après les révélations d’Aussaresses et, avant sa mort, s’est prononcé en faveur d’une condamnation officielle de l’utilisation de la torture pendant la guerre.

    La justification de la torture par Bigeard a été critiquée par diverses personnes, parmi lesquelles Joseph Doré , archevêque de Strasbourg, et Marc Lienhard, président de l’Église luthérienne de la Confession d’Augsbourg en Alsace-Lorraine.

    En juin 2000, Bigeard déclare qu’il est basé à Sidi Ferruch,connu sous le nom de centre de torture et où des Algériens ont été



    assassinés[53]. Bigeard qualifie les révélations de Louisette Ighilahriz,publiées dans le journal Le Monde le 20 juin 2000, de « mensonges ». Militante de l’ALN, Louisette Ighilahriz avait été torturée par le général Massu. Elle-même a qualifié Bigeard de « menteur » et a critiqué son refus continu de recourir à la torture 40 ans plus tard. Cependant,depuis les révélations du général Massu, Bigeard a admis l’usage de la torture, bien qu’il nie l’avoir personnellement utilisée, et déclare : « Vous frappez le cœur d’un homme de 84 ans » Bigeard a également reconnu que Larbi Ben M’Hidi avait été assassiné et que sa mort avait été déguisée en suicide. Paul Teitgen, préfet d’Alger, a également révélé que les troupes de Bigeard ont jeté des Algériens à la mer à partir d’hélicoptères, ce qui a entraîné des cadavres brutalisés, retrouvés en eaux libres et surnommés « crevettes Bigeard » (« Crevettes de Bigeard »). Cette tactique a été plus tard théorisée en Argentine par l’amiral Luis María Mendía, comme « vols de la mort ». [56]
    French soldiers with a civilian woman during the Algerian War.
    http://www.thenational.ae/deployedfiles/Assets/Richmedia/Image/SaxoPress/AD20120706580344-The_paratrooper.jpg

       File:20 Août 1955 EL HALIA.jpg

     

    Utilisation algérienne

    File:Commando de chasse V66 du 4me Zouaves.jpg

    Spécialisées dans les embuscades et les raids nocturnes afin d’éviter tout contact direct avec une puissance de feu supérieure Français, les forces internes ont ciblé des patrouilles de l’armée, des campements militaires, des postes de police et des fermes coloniales, des mines et des usines, ainsi que des installations de transport et de communication. Les enlèvements étaient monnaie courante, tout comme le meurtre et la mutilation de civils. [18] Au début, le FLN ne ciblait que les responsables musulmans du régime colonial; plus tard, ils ont forcé, mutilé ou tué des anciens du village, des employés du gouvernement et même de simples paysans qui refusaient de les soutenir. Le FLN a couramment utilisé la égorgement et la décapitation dans le cadre d’une politique délibérée de terreur. Au cours des deux premières années et demie du conflit, la guérilla tue environ 6 352 civils musulmans et 1 035 civils non musulmans[57]. [58]

    http://socialistworker.co.uk/imageFiles/Image/2006/2002/algeria.jpg

    « FRANÇAIS ÉCOLE »

     

    Les tactiques de contre-insurrection développées pendant la guerre ont été utilisées par la suite dans d’autres contextes, y compris la «sale guerre» argentine dans les années 1970. Dans un livre, la journaliste Marie-Monique Robin affirme que Français agents secrets avaient enseigné aux agents du renseignement argentin des tactiques de contre-insurrection, y compris l’utilisation systémique de la torture, du système de gardien de bloc et d’autres techniques, toutes employées lors de la bataille d’Alger en1957. Le film de la bataille d’Alger comprend la documentation. Robin a trouvé le document prouvant qu’un accord militaire secret reliait la France à l’Argentine de 1959 à 1981; la date ultérieure de l’élection du président François Mitterrand.

       http://media-2.web.britannica.com/eb-media/60/9960-004-F2C02663.jpg

    Referneces & article tiré de: http://en.wikipedia.org/wiki/Algerian_War_of_Independence [03.07.2013]

    File:Yemenites go to Aden.jpg

     
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  •  

    Supposons que vous soyez l’un des génies maléfiques qui dirigent l’économie mondiale. Bien sûr, vous voudriez continuer à la gérer de manière stable, sûre et rentable malgré les problèmes qui pourraient surgir de temps en temps. Vous voudriez résoudre ces problèmes rapidement et efficacement sans attirer l’attention sur vous et vos mauvaises habitudes. Quels sont donc, selon vous, les principaux problèmes qui appellent une solution rapide et préventive, et comment devriez-vous les résoudre ?

    Tout d’abord, vous constaterez qu’un problème majeur se pose en ce qui concerne l’approvisionnement énergétique mondial. Cela a été prédit encore et encore depuis le milieu des années 1990, mais diverses avancées technologiques et manœuvres géopolitiques ont repoussé la crise finale de deux décennies. Mais aujourd’hui, la crise finale se rapproche de plus en plus. Les nouvelles découvertes de ressources ont pris tellement de retard sur la production qu’il n’y a aucun espoir de la rattraper un jour. Le dernier grand espoir pour les États-Unis et le monde, la fracturation hydraulique, est maintenant en train de faire faillite, n’ayant jamais fait beaucoup de profit. La plupart des entreprises concernées ont fait faillite ou sont sur le point de le faire. Les énergies renouvelables, sous la forme d’électricité d’origine éolienne et solaire, se sont révélées trop coûteuses et trop peu intéressantes pour les réseaux électriques en raison de leur intermittence et de l’impossibilité de stocker de grandes quantités d’électricité. Les manœuvres géopolitiques, telles que la tentative de renverser le gouvernement du Venezuela et de voler son pétrole, ou de sanctionner la Russie pour qu’elle se comporte comme une station-service avec une économie en lambeaux, ont toutes échoué. Le taux de retour énergétique [EROEI, NdT] – une mesure difficile à calculer mais finalement décisive de la faisabilité de toute entreprise énergétique – continue de décliner.

    En tant que génie maléfique et non pas en tant que simple pilote amateur et ignorant dans son fauteuil roulant, vous seriez pleinement conscient du fait que l’incapacité à faire quelque chose pour équilibrer l’offre et la demande d’énergie fossile provoquerait l’effondrement de l’économie mondiale. Depuis l’avènement de l’industrialisation basée sur le charbon, la croissance économique a toujours été accompagnée d’une augmentation proportionnelle de l’utilisation des combustibles fossiles. Mais de telles augmentations semblent désormais impossibles. L’économie mondiale actuelle repose sur le crédit pour soutenir la production, et sur une croissance continue pour rester solvable. Dans ce schéma, la seule alternative à une croissance économique continue est l’effondrement économique. On commence donc à chercher des moyens de rééquilibrer l’équation énergétique en fermant certaines parties de l’économie mondiale tout en permettant à d’autres de poursuivre leur croissance. Comme personne n’est particulièrement désireux de se ruer vers l’abattoir, votre tâche consiste à trouver un moyen de les induire en erreur pour qu’ils y aillent volontairement, soi-disant pour leur propre bien.

    La prochaine question à se poser est de savoir quelles nations industrialisées sont prêtes pour le croc de boucher. Vous constaterez que certains pays ont continuellement vécu au-dessus de leurs moyens. Ils ont sans cesse emprunté de l’argent bien au-delà de leur potentiel de croissance économique et leur capacité à rembourser les dettes qu’ils contractent maintenant est précisément nulle. Le plus important d’entre eux est les États-Unis, qui vivent depuis des décennies sur des emprunts et dont la dette gigantesque éclipse tous les excès précédents réunis. Combiné à la perte progressive du statut de monnaie de réserve pour le dollar et à la perte concomitante par les États-Unis du privilège exorbitant d’imprimer de la monnaie selon ses besoins, cela a placé les États-Unis à l’épicentre de l’inévitable effondrement financier. Vous interpréteriez la panique du marché REPO d’août 2019, lorsque les intérêts des prêts au jour le jour utilisant la dette fédérale américaine comme garantie ont atteint 10 %, comme une fissure dans la façade du village Potemkine, soigneusement entretenu, du système financier étasunien.

    Si l’on examine la situation budgétaire des États-Unis, on remarque que ce pays n’est plus en mesure de financer ses déficits budgétaires toujours croissants en empruntant à l’étranger, car les étrangers sont maintenant vendeurs nets de titres de créance étasuniens. Vous serez choqué de découvrir que le gouvernement des EU emprunte aujourd’hui près de la moitié de ses dépenses, accumule des dettes à court terme deux fois plus vite qu’il ne pourrait espérer les rembourser, et prévoit nonchalamment de s’endetter davantage à court terme tout en empruntant encore plus dans les années à venir. L’image qui vous vient à l’esprit est celle d’un taureau particulièrement têtu qui se tient au milieu des voies ferrées tentant de défier du regard un train qui arrive.

    En tant que génie de la finance, vous savez tout ce qu’il y a à savoir sur les schémas pyramidaux et vous identifiez facilement l’état de fait actuel comme un pur système pyramidal. Comme les systèmes pyramidaux échouent tous, et qu’ils ont tendance à le faire plus ou moins instantanément, vous commencez à chercher un moyen d’anticiper leur effondrement afin de garder le contrôle de la situation. Votre principal objectif à court terme serait d’éviter une panique en plongeant l’économie mondiale dans une sorte de coma induit médicalement, en l’alimentant avec une perfusion d’argent gratuit. Cette pause vous donnerait l’occasion d’apporter certains changements nécessaires, certains d’ordre cosmétique, d’autres plus spectaculaires.

    Il n’y aura pas assez d’énergie pour faire fonctionner l’économie industrielle mondiale ; c’est pourquoi il faut en fermer certaines parties. Quelles parties ? Une approche ad hoc, à la carte, a peu de chances d’être efficace car ce qui reste de l’économie mondiale à la fin de ce processus doit être intact, contigu, stable, prospère et assez vaste, englobant, disons, deux ou trois milliards d’âmes sur un total tout à fait superflu de plus de 7,5 milliards, dont on dit déjà que la moitié subsiste avec moins d’un dollar mythique par jour. Le Sud indigent n’est manifestement pas un problème dont vous, le génie maléfique qui dirige le monde, devez vous préoccuper. Ces gens sont déjà en train de se débrouiller d’une manière ou d’une autre. Ils ne font pas vraiment partie de l’économie mondiale.

    Alors, quelles parties de l’économie mondiale devriez-vous fermer ? Une excellente opportunité, immédiatement à votre disposition grâce à la peur de la pandémie artificiellement exagérée, est de tuer le tourisme international. C’est ce qui a été fait : les industries hôtelière et aérienne sont dévastées, de même que les restaurants, les stations thermales et de nombreuses autres entreprises qui accueillent des touristes internationaux. Les bateaux de croisière sont démantelés pour aller à la ferraille. Cela a fait baisser la consommation de distillats de pétrole. Contrairement à l’essence, qui est utile pour se déplacer sans but dans de petits véhicules de passagers et qui est en grande partie un déchet créé par les raffineries de pétrole, les distillats de pétrole tels que le kérosène, le fuel de soute et le diesel sont le précieux élément vital de l’économie mondiale. Leur utilisation pour transporter les touristes en avion vers les lieux de vacances est un énorme gaspillage, inabordable.

    Mais si l’utilisation des distillats de pétrole diminue, il en va de même pour l’essence, puisque celle-ci représente environ la moitié de ce que chaque baril de pétrole brut peut raffiner. La solution consiste à empêcher les travailleurs de faire la navette vers leur travail en les faisant travailler à domicile. C’est du pur gaspillage que de fournir aux employés de bureau un endroit pour dormir et se distraire et un autre pour travailler ; ils peuvent tout faire à partir du même matelas et de la même connexion internet en utilisant le même ordinateur portable et le même téléphone portable. Une fois qu’il n’est plus nécessaire de se déplacer, la nécessité d’entretenir des bureaux dans les grandes villes disparaît également et les villes et les banlieues peuvent être dépeuplées. La population peut tout aussi bien faire du télétravail à partir de la campagne. La nécessité de se rendre en voiture au supermarché peut être remplacée par un camion de livraison hebdomadaire, ce qui permet de fermer la plupart des commerces de détail également. Dans un cadre rural, on peut éventuellement apprendre aux gens à cultiver et à produire leur propre nourriture, à se chauffer avec le bois de chauffage qu’ils ramassent et finalement à devenir à demi sauvages pour disparaître de la vue [des génies, NdT].

    Une fois qu’il n’est plus nécessaire de faire la navette et de se rendre en voiture aux magasins, il devient possible de réduire la mobilité globale de la population, ce qui diminue encore sa consommation d’énergie. Le meilleur moyen d’y parvenir est d’éliminer le transport privé sur de longues distances en instaurant des péages autoroutiers très élevés tout en introduisant des réglementations strictes qui doivent être respectées avant de permettre aux passagers de monter dans les transports publics, les trains ou les avions. Les mesures de santé et de sécurité publiques peuvent jouer un rôle important à cet égard.

    Un effet secondaire louable de la dispersion de la population dans les campagnes tout en limitant sa mobilité est que la protestation politique devient futile. Une fois que les gens ne sont plus autorisés à se rassembler et à protester en masse, leurs mouvements de protestation deviennent virtuels et se limitent aux plate-formes de médias sociaux qui, étant privées, peuvent simplement être fermées. Lorsque les autorités doivent intervenir, elles peuvent facilement surveiller le trafic Internet et téléphonique et restreindre les déplacements physiques de tous ceux qu’elles jugent suspects. Les coûts de maintien de l’ordre, de dispersion des manifestations et d’étouffement des émeutes sont ainsi considérablement réduits. Une première mesure utile consiste à cesser dans un premier temps de maintenir l’ordre dans les grandes villes, ce qui permet aux criminels et aux pillards de régner librement et de provoquer ainsi un exode parfaitement volontaire des villes vers la campagne.

    Un autre effet secondaire louable de l’effondrement des grandes villes sous le poids des vagues de criminalité, des protestations et des émeutes est que les criminels, les manifestants et les émeutiers peuvent alors être rassemblés, arrêtés et utilisés comme esclaves. La surveillance électronique contemporaine, avec le suivi des téléphones portables, la vidéosurveillance et la reconnaissance faciale basée sur l’IA, permet d’identifier et de localiser facilement les auteurs de ces actes. Aux États-Unis en particulier, où l’esclavage est toujours légal à condition qu’un tribunal prononce une peine pour un crime précis (comme le stipule le 13e amendement de la Constitution) et où des masses d’esclaves noirs et latinos travaillent dur dans des prisons privatisées qui sont assez analogues aux plantations du Sud d’avant la guerre [de Sécession, NdT], il s’agit d’une technique puissante pour convertir le surplus de population en main-d’œuvre gratuite.

    Une source importante de dépenses énergétiques est consacrée à ce que l’on peut définir comme un luxe. Dans une économie de marché libre, le choix du consommateur est sacro-saint et un grand nombre d’entreprises répondent à tous les besoins, des salons de manucure au toilettage des chiens, en passant par les bars, les pubs, les restaurants, les services de restauration, les studios de massage et de yoga, les vêtements de marque, etc. Aucune de ces entreprises n’est essentielle et peut donc être fermée à condition de trouver une excuse liée à la sécurité publique pour le faire. En remplacement de tout ce qui précède, un panier de produits de consommation essentiels peut être livré à domicile, gratuitement et régulièrement, par des équipes de volontaires communautaires lourdement armés.

    Normalement, on s’attendrait à ce que la proposition de plonger l’économie mondiale dans un coma induit par la médecine rencontre une résistance considérable. Votre brillante solution est d’effrayer tout le monde pour qu’il se soumette en faisant sans cesse l’apologie d’un virus respiratoire pas particulièrement dangereux. Selon les dernières estimations, probablement encore trop élevées, de l’Organisation mondiale de la santé, le nouveau SRAS-CoV-2 a un taux de mortalité par infection (IFR) de seulement 0,14%. Ce taux est nettement plus élevé que le 0,10% de la dernière grande pandémie virale respiratoire, la grippe de Hong Kong de 1968-69, qui a tué entre 1 et 4 millions de personnes dans le monde et a peut-être un peu contribué à la chute de 0,6 % du PIB américain (bien que cette chute soit principalement due à la fin des dépenses liées à la guerre du Vietnam). Mais comme le taux d’infection du nouveau virus a tendance à être gravement sous-estimé (c’est délicat car il ne provoque aucun symptôme chez la plupart des gens), le chiffre final de l’IFR sera probablement nettement inférieur.

    Comme on commence à le savoir, une certaine décrédibilisation des alarmistes devient inévitable. Mais jusqu’à présent, la mission des élites jouant sur la peur a été un grand succès. Les prévisions alarmistes de millions de morts basées sur un faux modèle informatique concocté par Neil Ferguson, ancien physicien théoricien du Collège Impérial d’Angleterre (dont les prévisions, depuis de nombreuses années, sont aussi fausses que la journée est longue), associées au cirque et au battage médiatique habituel, à la frénésie autour de l’épidémie initiale en Chine, ont poussé les gouvernements du monde entier à réagir de façon excessive, en fermant de grandes parties de leur économie.

    Les personnes les plus intelligentes ont déjà rassemblé un grand nombre de faits qui nuisent fortement au battage médiatique, à savoir que tenter d’empêcher le virus de se propager était une course folle ; que les dommages causés par les mesures d’urgence sont beaucoup plus graves que ceux causés par le virus lui-même ; que ce virus est un inoculant sûr et efficace contre lui-même, évitant ainsi la nécessité de recourir à des vaccins.

    Mais rien de tout cela n’a d’importance : le coma économique mondial a été induit comme prévu et seules les nations et les économies les plus prometteuses et les plus stables en sortiront un jour. Cette pause fraîcheur vous donnera à vous, génie maléfique en charge de l’économie mondiale, une chance de résoudre certains problèmes majeurs, tels que

    Longévité : régler le problème du surpeuplement des retraités, étant donné que les fonds de retraite seront vides et qu’il n’y aura pas de ressources à consacrer à la médecine gériatrique.

    Automatisation : réduire l’intensité énergétique de l’économie en revenant au travail manuel tout en maintenant un contrôle très strict sur la main-d’œuvre

    Intelligence : éloigner les fonctions intellectuelles des cerveaux humains pour les confier à des serveurs Internet qui exécutent des algorithmes d’intelligence artificielle, tout en réformant les systèmes d’éducation publique pour les éloigner du développement intellectuel et les limiter à l’enseignement des compétences manuelles, c’est-à-dire presser des boutons et obéir

    Gérer le problème des « singes avec des grenades à la main » : débarrasser les nations anciennement développées et industrialisées mais maintenant effondrées de certains armements très dangereux, y compris nucléaires, pour les empêcher de se blesser elle-même et de se blesser entre elles

    Réorganiser : reconnecter les chaînes d’approvisionnement désormais définitivement interrompues en de nouvelles associations industrielles qui n’incluent que les pays et régions qui resteront économiquement viables au moins pour les prochaines décennies tout en déconnectant définitivement le reste.

    Nous aborderons ces problèmes dans de prochains articles. En attendant, profitez de votre coma économique induit par la médecine, et si quelqu’un vous demande pourquoi tout cela est nécessaire, dites-lui que c’est à cause de l’horrible coronavirus et que cela n’a rien à voir avec des choses telles que la Bulle financière américaine qui s’apprête à éclater ou la Faillite de l’industrie américaine de la fracturation hydraulique (Ce qui, soit dit en passant, est certainement le cas).

    Dmitry Orlov

    Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

    Traduit par Hervé, relu par jj pour le Saker Francophone

    Le 16 octobre 2020 – Source Club Orlov

    »» https://lesakerfrancophone.fr/objectifs-infames
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    https://www.legrandsoir.info/objectifs-infames.html
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  • Je vous propose une analyse de la situation politique aux Etats Unis telle qu’elle est comprise par Glen Ford de Black Agenda Report.

    1glenford

    Glen Ford

    Black Agenda Report se présente comme un média d’information, d’analyse et de commentaire politique de la gauche noire. L’article est extrait de leur site, Black Agenda Report dispose aussi d’une page Facebook.

    D’après Glen Ford, c’est en tout cas ce que j’ai compris, Donald Trump en tant que figure du passé, d’un fascisme à l’ancienne, est un accident dans le paysage politique des Etats Unis, du moins c’est ainsi que le perçoivent les élites économiques et financières. Ces dernières auraient opté pour un nouveau modèle qui inclut le management de la diversité susceptible de permettre à une infime minorité richissime de maintenir son contrôle de l’État. Ce modèle n’est pas moins fasciste (ou fascistoïde dirait Emmanuel Todd) puisque son principe est le pouvoir de cette minorité d’ultra-riches, le militarisme et la guerre perpétuelle.

    Pendant que cette élite dirige, le reste de la population est lancé dans une course vers le bas, la descente dont parle Emmanuel Todd dans son livre sur les luttes de classes en France au XXIème siècle.

    Glen Ford a-t-il lu Todd où s’agit-il simplement d’une convergence qui résulte de l’analyse,

     

    Qui est le fasciste le plus dangereux?

    Par Glen Ford, Black Agenda Report (USA) Editor 23 Juillet 2020 traduit de l’anglais par Djazaïri

    La plupart des gauchistes américains sont incohérents dans l’emploi du terme fascisme, et les Démocrates ont complètement détruit le sens de ce mot.

    «Dans leur vison politique caricaturale, fasciste signifie simplement «Trump».

    Après la prise d’une première tête de pont autour des bâtiments fédéraux à Portland, en l’Oregon, Donald Trump menace d’envoyer ses über alles Storm Troopers [Sections d’Assaut] de la sécurité intérieure dans les villes du pays qui, selon lui, sont «dirigés par des démocrates très libéraux [à gauche dans la terminologie américaine]… par la gauche radicale». La prochaine sur la liste est Chicago, où 150 agents fédéraux devraient être déployés dans les prochains jours. Des agents de la sécurité intérieure ont déjà été envoyés à Seattle et à Washington DC, et Trump a évoqué la nécessité de «dominer» le terrain à Philadelphie, Detroit, Baltimore et Oakland. Pendant ce temps, le ministère américain de la Justice prévoit d’étendre son intervention urbaine «Operation Legend», qui vise actuellement la criminalité locale à Kansas City, Missouri.

    Tout comme d’autres présidents américains ont historiquement utilisé l’armée comme instrument pour leur réélection, organisant des attaques contre des pays désignés par les Etats Unis comme «voyous» et «terroristes» pour consolider leur assise électorale, Donald Trump fait campagne en tant que shérif qui fera régner la loi et l’ordre dans les vastes régions du pays occupées le mois dernier par les hordes inspirées de «Black Lives Matter». Bien que l’intervention armée de Trump dans les affaires locales et étatiques semble politiquement en contradiction avec ses sympathies confédérées, son déploiement massif d’agents de la force publique paraît légal.

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    Le drapeau confédéré est généralement perçu comme un symbole raciste

    Leur comportement dans la rue, cependant, est une autre affaire. «Des agents fédéraux non identifiés dans des véhicules banalisés enlèvent des manifestants pacifiques dans les rues, les transportent vers des lieux inconnus, sans les informer des raisons de leur arrestation, puis les relâchent sans trace de d’une procédure d’arrestation», a déclaré Marjorie Cohn, ancienne présidente de la National Lawyers Guild. «Ces actions rappellent la police secrète des dictatures qui kidnappe e t« fait disparaître» les opposants au régime. Elles sont conçues pour dissuader les gens d’exercer leur droit au premier amendement de protester contre le racisme et la suprématie blanche.»

    Oui, ça «rappelle» la police secrète à d’autres époques et dans d’autres pays, mais les agents de la sécurité intérieure se comportent en fait comme le font les flics locaux un peu partout aux États-Unis. La police de Chicago a fait fonctionner pendant des années un centre de torture pas si secret dans lequel des hommes noirs disparaissaient jusqu’à ce qu’ils avouent des crimes qu’ils n’avaient pas commis. Les villes du pays déploient régulièrement des «escouades» de policiers en civil qui sautent de véhicules banalisés pour enlever des gens dans les rues de leur quartier. Et la  plupart des flics locaux chargés de réprimer les manifestations anti-police retirent leurs badges et marques d’identification. Les équipes SWAT (unités d’élite de la police) locales et fédérales portent régulièrement des masques pour cacher leurs identités. Cela aussi «rappelle» le fascisme, mais cela n’a pas commencé avec Trump en janvier 2017.

    De fait Trump est plutôt amateur dans le domaine de l’art sinistre de la répression intérieure, son expérience passée se limitant à terroriser les locataires de ses immeubles d’habitation et les «apprentis» dans les émissions de télé-réalité. Les outils de répression étatique déployés par Trump en tant que The Mad White Avenger étaient déjà beaucoup utilisés par les anciens présidents. Le FBI de Barack Obama a coordonné la répression par la police nationale des sites d’Occupy, il y a près de dix ans – une vaste opération impliquant les actions synchronisées d’un président démocrate noir, de maires principalement démocrates et de leurs chefs de police. La maire noire de Baltimore avait qualifié les personnes qui avaient pris part à la rébellion de Freddie Gray de 2015 de «voyous» – déshumanisant ainsi ses propres électeurs – tout comme  Obama, dont les procureurs fédéraux avaient exigé et obtenu des peines sévères pour les accusés de dégradations matérielles.

    Obama a marqué un tournant dans l’histoire de l’État policier quand il a obtenu l’adoption par le Congrès d’une législation autorisant la détention pour une durée indéfinie de citoyens américains sans faire l’objet d’un procès ou d’une accusation – un saut dans l’abîme que même George W. Bush n’avait pas osé faire.

    Les outils de répression étatique déployés par Trump en tant que The Mad White Avenger étaient déjà beaucoup utilisés par les anciens présidents.

    Les libertariens en matière de droits civiques sont à juste titre préoccupés par le fait que le ministère de la Justice de Trump se coordonne avec la police locale pour se servir de Facebook pour accuser ceux qui protestent contre l’assassinat de George Floyd de crimes graves – un autre signe avant-coureur du fascisme. Mais les polices locales utilisent depuis des années Facebook comme outil d’enquête de premier ordre. Et les groupes de travail de la police fédérale- police de New-York sous le titre «Operation Crew Cut» s’étaient grandement appuyés sur des déclarations faites sur Facebook pour inculper plus de 100 jeunes dans deux quartiers HLM de Harlem en 2014 et 120 autres jeunes noirs et à la peau bronzée du Bronx en 2016– un raid présenté comme la plus grande opération de «répression des gangs» de l’histoire de New York. Est-il fasciste d’utiliser Facebook contre des dissidents politiques, mais normal quand il s’agit d’expédier les «suspects habituels» (jeunes de couleur ) dans le goulag de l’incarcération de masse? Ou est-cet fasciste seulement quand Trump le fait?

    Si la plupart des gauchistes américains sont incohérents dans l’emploi du terme fascisme,les Démocrates ont complètement détruit le sens de ce mot.

    Comme je l’ai écrit dans des articles précédents (voir «91ll Legacy: Two Contending Fascisms », 15 septembre 2018), le système Jim Crow du sud des États-Unis a servi de modèle à l’État racial d’Adolph Hitler. Le Sud ségrégationniste entièrement sous les lois Jim Crow, correspondait en fait plus étroitement à la définition largement répandue du fascisme que la plupart des fascismes européens du XXe siècle:

    * Nationalisme poussé à l’extrême

    * Recours fréquent au pouvoir de la foule

    * Oppression d’un «Autre» interne comme principe organisateur

    * Militarisme

    * La domination politique des éléments les plus réactionnaires de la bourgeoisie

    “ le système Jim Crow du sud des États-Unisa servi de modèleà l’État racial d’Adolph Hitler”

    Donald Trump est un fasciste américain à l’ancienne, du genre Jim Crow – mais qui est également désireux d’utiliser tous les outils modernes de répression politique et raciale pour préserver un système capitaliste dans sa phase de déclin final. La politique ouvertement raciste de Trump (avec l’oppression d’un «Autre»interne comme principe organisateur») le rend incompatible avec la doctrine de la «diversité» managériale adoptée par nécessité par les multinationales. Il entre donc en tension avec le régime capitaliste au 21e siècle – mais est extrêmement utile comme repoussoir, c’est pourquoi il a été l’adversaire préféré des démocrates liés au monde des affaires en 2016 et 2020. N’ayant rien à offrir à leur base si ce n’est une austérité sans fin («la course vers le bas ”) et la guerre, les démocrates liés au monde du business ont fait de Trump le seul enjeu de leurs campagnes.

    Le capital multinational et l’État sécuritaire (CIA, etc.) trouvent Trump totalement indigne de confiance en tant que gestionnaire de l’empire américain – c’est pourquoi ils ont concocté le Russiagate en collaboration avec les démocrates.

    Les républicains sont depuis plusieurs générations les vassaux des grandes compagnies pétrolières, tandis que les démocrates sont le parti privilégié du capitalisme financier qui domine désormais tous les secteurs capitalistes, y compris les médias et la haute technologie. Au sein du duopole électoral, les Noirs n’ont d’autre choix que les Démocrates, tandis qu’environ la moitié des Blancs choisissent les Républicains, ouvertement le parti des Blancs bien avant l’avènement de Trump, l’intrus impulsif. Cependant, le duopole institutionnel fonctionne mieux pour tous les secteurs du capital lorsque les partis du duopole jouent en «tag team» [en collusion], échangeant périodiquement les rênes du pouvoir exécutif avec le moins de perturbations possible pour l’ordre capitaliste. {C’est ce qu’ils appelaient le «génie» du système. ) L’humiliation de l’establishment corporatif républicain  par Donald Trump en 2016 – avec l’aide décisive des démocrates et des grands médias – a déstabilisé le duopole politique, le mécanisme institutionnel qui, avec les médias liés au monde des affaires, médiatise les divergences entre les secteurs capitalistes et construit un récit politique commun ( mensonges) pour la consommation populaire. Le résultat a été une scission ouverte et destructrice de la classe dirigeante, les instruments étatiques de la  sécurité nationale (CIA, etc.) collaborant ouvertement avec les démocrates pour rendre politiquement illégitime un président en exercice.

    “ le duopole institutionnel fonctionne mieux pour tous les secteurs du capital lorsque les partis du duopole jouent en «tag team» [en collusion]’”

    La bonne nouvelle, c’est que la guerre civile interne à la classe dirigeante a délégitimé non seulement Trump mais l’ordre impérial US lui-même. Une fois perdue, la légitimité politique peut rarement être intégralement recouvrée – et certainement pas par un ordre capitaliste en bout de course en proie à un écheveau de contradictions accumulées en son stade terminal, et dont le domaine impérial se réduit progressivement.

    La mauvaise nouvelle est que la gauche US est si faible qu’elle a été incapable de proposer un discours qui explique les crises multiples qui ont été si dévastatrices pour le peuple américain, ou même d’accomplir a minima nos obligations de solidarité avec les victimes de l’impérialisme US dans le monde. Imaginant le fascisme dans les termes d’une caricature personnifiée par Trump, les gauchistes américains semblent croire que anti-Trump égale antifascisme, alors qu’en fait Trump représente un avatar de Jim Crow que les champions du capital cherchent à écarter depuis un demi-siècle afin d’exercer leur pouvoir plus efficacement. Ces champions du capital ont, par contre, construit un ordre fasciste du 21ème siècle dans lequel un tout petit nombre de milliardaires peut exercer le pouvoir sans réelle opposition, tandis qu’une bonne partie du monde est enfermé et contraint à une «course vers le bas» et que la moitié de l’humanité vit dans la terreur d’interminables guerres américaines.

    Le président Obama était un agent de ce fascisme – qui n’est pas une caricature de presse, et tue des millions de gens. Il en est ainsi de tous les Démocrates du jeu institutionnel. Ils sont les plus dangereux parce que si peu de gens les considèrent comme des fascistes, en dépit de leur servilité abjecte à l’égard de la dictature du monde des affaires, de l’État carcéral et des guerres sans fin. Nous battrons Trump pour la simple raison qu’il ne représente pas la véritable classe dirigeante capitaliste. L’oligarchie veut qu’il soit battu – et elle veut que nous la remerciions d’oeuvrer pour ses propres intérêts et se débarrasser de son propre problème: le genre de service que rend l’oligarque Michael Bloomberg quand il achète le contrôle de l’infrastructure du Parti Démocrate ainsi que la loyauté d’une partie substantielle de la (pseudo) classe politique noire.

    Certains gauchistes américains, incapables de sortir de leur vision caricaturale craignent que Donald Trump refuse de quitter la Maison Blanche si le scrutin lui est défavorable en novembre. Ils imaginent que les généraux de l’armée américaine soutiendront un coup de force de Trump dans un scénario de «Sept jours en mai» à l’envers. Complètement ridicule! Un coup de force militaire ne pourrait venir que du J-SOC, le Joint Special Operations Command qui supervise les forces d’opérations spéciales de toutes les branches de l’armée, comme les Bérets Verts (armée de terre) et les SEALS (marine). Les unités d’opérations spéciales ont toujours travaillé main dans la main avec la CIA – de fait, les Bérets Verts sont souvent appelés «l’armée de la CIA». Donald Trump, le candidat de «l’arrêt des des changements de régimes» [no more regime changes] en 2016 s’est ainsi gagné un ennemi implacable dans la CIA.

    Si un coup de force quelconque devait se produire en novembre, ce serait en faveur des Démocrates. Et beaucoup de gens qui se présentent comme de gauche applaudiront, se figurant la CIA comme un allié dans la lutte contre le «fascisme.»

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