• La décision de Mohamed VI de rétablir des relations diplomatiques avec Israël en contrepartie de la reconnaissance américaine de la «marocanité» du Sahara occidental a suscité autant d’embarras que de silence dans la majorité de la classe politique. Preuve que le pouvoir craint les réactions, les manifestations de rues hostiles à la normalisation ont été interdites.

                                                                                                            Rabat, 9 février 2020. Manifestation contre le «plan Trump»  Fadel Senna/AF
      

    Lundi 14 décembre, peu avant 17 heures, un imposant contingent de forces de l’ordre se déploie dans le centre-ville de Rabat. Toutes les artères menant au boulevard Mohamed V où se trouve le Parlement sont bloquées afin d’empêcher une manifestation contre la normalisation (attatbii) des relations entre le Maroc et Israël prévue à cet endroit. Les quelques personnes qui s’étaient retrouvées sur les lieux avant le rendez-vous sont rapidement dispersées par la police. Pourtant, la veille, des centaines de personnes brandissant des drapeaux du Maroc et des portraits du roi avaient pu manifester sur la même place, sous les regards bienveillants de la police, pour soutenir «les décisions de Sa Majesté», sous les cris «Le Sahara est marocain!», ou de «Vive le roi!»

    «MÊME LE CHEF DU GOUVERNEMENT N’ÉTAIT PAS AU COURANT»

    La décision d’établir les relations diplomatiques avec l’État d’Israël était dans l’air depuis plusieurs semaines, mais son annonce et la manière dont elle a été communiquée (quelques tweets du président Donald Trump jeudi 10 décembre suivis d’un communiqué royal) ont pris de court observateurs, acteurs politiques et simples citoyens. «Personne n’a été consulté et personne n’a été mis au courant. Ni le Parlement ni aucun parti politique n’a été ne serait-ce qu’informé de cette décision», assure, sous le couvert de l’anonymat, un dirigeant du Parti justice et développement (PJD, islamiste, au gouvernement). «Même le chef du gouvernement [Saad-Eddine Al-Othmani] a appris la décision en lisant une dépêche de la MAP», l’agence de presse officielle, ajoute la même source.

    Peu de temps après que Donald Trump a twitté sa décision de reconnaitre la «souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental», un communiqué du palais royal diffusé par l’agence marocaine de presse (MAP) confirmait la nouvelle :

    Sa Majesté a informé le président américain de la détermination du Maroc :
    ➞ à faciliter les vols directs pour transporter des juifs d’origine marocaine et des touristes israéliens depuis et vers le Maroc;
    ➞ à reprendre des communications officielles bilatérales et des relations diplomatiques dans les plus brefs délais.

    Ni le Parlement, ni le gouvernement, ni les partis politiques n’ont eu vent de cette nouvelle et le roi n’a adressé aucun message pour expliquer à son «cher peuple», par le son et par l’image, les dessous d’une décision stratégique qui a eu l’effet d’un tremblement de terre. Car la question palestinienne a toujours occupé une place importante dans la diplomatie du royaume (le roi Mohamed VI est président du Comité Al-Qods, chargé de veiller sur la préservation de Jérusalem). Et les situations en Palestine et au Sahara occidental sont considérées comme deux causes sacrées par beaucoup de Marocains. De plus, le pays compte une diaspora juive en Israël de près d’un million d’âmes qui n’a jamais pu renouer avec ses origines.

    Résultat, les quelques minutes d’euphorie qui avaient suivi les tweets de Trump ont cédé la place à un sentiment général de joie gâchée après l’annonce, par le Palais, de la nature de la «contrepartie». Des incidents spontanés, mais limités ont éclaté le lendemain, 11 décembre, lors de la prière du vendredi : à Fès, par exemple, quelques dizaines de fidèles ont été dispersés par la police à la sortie d’une mosquée, et à Settat, entre Casablanca et Marrakech, un jeune brandissant une pancarte a été arrêté le même jour à l’intérieur de la mosquée.

    Le ministre des affaires étrangères Nasser Bourita a été chargé de justifier auprès des médias la volte-face du royaume :

    Le Maroc a toujours ouvert ses portes et n’a jamais interdit une manifestation culturelle, politique, scientifique ou sportive qui impliquait une participation d’Israël. L’hymne national israélien a été joué à plusieurs reprises lors de manifestations sportives accueillies par le Maroc. C’est un contexte qui n’existe nulle part ailleurs. L’importation de concepts du Moyen-Orient n’est donc pas toujours appropriée dans le cas du Maroc

    a-t-il déclaré au quotidien Le Monde.

    C’est sur les réseaux sociaux que les réactions ont été les plus marquantes. Ceux qui ont le plus applaudi la normalisation sont des mouvements amazighs qui considèrent, à l’instar du militant Mounir Kejji, qu’il s’agit là d’«une faute qui vient d’être réparée», et que la diplomatie marocaine aujourd’hui est «beaucoup plus réaliste».

    Du reste, les partisans de la normalisation focalisent sur la «reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc» sur le Sahara occidental en la présentant comme un «triomphe de la diplomatie» du royaume, mais sans évoquer la contrepartie, beaucoup moins heureuse compte tenu de la sensibilité au sort des Palestiniens constante pour les Marocains.

    «ON NE PEUT PAS ÊTRE PLUS SIONISTES QUE LES SIONISTES EUX-MÊMES»

    En revanche, l’essentiel de la société civile, de l’Association marocaine des droits humains, la plus grande ONG du pays, au Syndicat national de la presse marocaine en passant par une flopée d’associations islamistes, la normalisation est dénoncée sans ménagement, et présentée parfois comme une «trahison». «On ne peut pas être plus sionistes que les sionistes eux-mêmes», a lancé Sion Assidon, ancien directeur de Transparency-Maroc et ancien coordinateur du mouvement BDS-Maroc, après l’interdiction de la manifestation de Rabat à laquelle il a essayé de participer avec d’autres militants laïcs. Il faisait allusion à la phrase «Nous ne pouvons pas être plus Palestiniens que les Palestiniens», prononcée par le ministre des affaires étrangères le 4 février, et depuis reprise par les «influenceurs» du régime.

    Parmi les réactions notables, celle des dirigeants du parti islamiste de la justice et du développement (PJD) qui dirige depuis 2012 la coalition gouvernementale et qui a toujours appelé à criminaliser la normalisation avec Israël. Le 23 août 2019, son secrétaire général et actuel chef du gouvernement Saad-Eddine Al-Othmani affirmait en bombant le torse : «Nous refusons toute normalisation avec l’entité sioniste parce que cela l’encouragerait à aller plus loin dans la violation des droits du peuple palestinien».

    Moins de trois mois plus tard, sa réaction après la décision royale était donc très attendue : «Je voudrais, déclare-t-il le 14 décembre à Al-Jazira, affirmer à mes frères palestiniens que le Maroc unifié et fort est d’autant plus capable de soutenir la cause palestinienne […] Nous avons des constantes quant à notre position vis-à-vis de la cause palestinienne et nous lui resterons fidèles». La Jeunesse du PJD, dont le secrétaire général Mohamed Amekraz est ministre du travail, a pour sa part pris position contre la normalisation, ce qui permet au PJD de ne pas rompre complètement avec sa base électorale.

    Mais la réaction la plus troublante est celle de la plupart des partis politiques, tétanisés par le palais. À l’exception de deux formations de la gauche non gouvernementale, le Parti socialiste unifié (PSU) et la Voie démocratique qui ont clairement dénoncé la décision, c’est silence radio, y compris dans les rangs de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) qui se réclame de l’héritage de Mehdi Ben Barka et considère que la question palestinienne fait partie de son identité politique

    .OMAR BROUKSY

    https://orientxxi.info/magazine/maroc-normalisation-avec-israel-une-decision-solitaire-du-roi,4382

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    • MACRON: À DROITE TOUTE !                                                                                                                                                           

    Le projet de loi « confortant les principes républicains », selon sa nouvelle appellation, a été adopté mercredi en conseil des ministres. Sans la citer, il vise « une idéologie politique qui s’appelle l’islamisme radical », revendique Jean Castex. Mediapart le décrypte, mesure par mesure. Avec les ajustements dus aux réserves du Conseil d’État.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 «Il n’est jamais trop tôt pour s’occuper des valeurs de la République. » C’est avec la solennité des grands jours que Jean Castex a présenté, mercredi 9 décembre, date anniversaire de la promulgation de la loi de 1905, le projet de loi « confortant les principes républicains ». Entouré des ministres concernés par le texte – les deux locataires de la place Beauvau, Gérald Darmanin et Marlène Schiappa, mais aussi Jean-Michel Blanquer (éducation nationale) et Éric Dupond-Moretti (justice) –, le chef du gouvernement a défendu ce qu’il qualifie désormais de « loi de liberté ».

    « C’est un texte qui s’inscrit dans la grande tradition des fondateurs de notre République puisque c’est un texte pour renforcer l’effectivité de nos libertés publiques et individuelles : liberté d’association, liberté de conscience, liberté d’expression, liberté de culte, qui doivent plus que jamais être vécues dans leur plénitude par chacune et chacun d’entre nous », a-t-il fait valoir. Bref, un « texte très important », mais qui suscite beaucoup d’inquiétudes et de questionnements. Y compris dans les rangs d’une majorité parlementaire déjà échaudée par les débats autour de la loi sur la « sécurité globale ».

     

    Fin du conseil des ministres, le 9 décembre. © Arthur Nicholas Orchard/Hans Lucas via AFPFin du conseil des ministres, le 9 décembre. © Arthur Nicholas Orchard/Hans Lucas via AFP

     

    Les multiples changements d’intitulés de cette nouvelle loi en disent long sur la façon dont l’exécutif s’est cherché sur le sujet. Parlant dans un premier temps de « communautarisme », hésitant ensuite sur le singulier ou le pluriel du terme « séparatisme », évoquant brièvement l’idée d’inclure le mot « laïcité » dans le titre, le gouvernement a fini par atterrir sur une formule plus large, tout en assumant, dans son expression publique, l’objectif principal de ce texte. « L’ennemi de la République, c’est une idéologie politique qui s’appelle l’islamisme radical », a notamment affirmé Jean Castex, mercredi, dans Le Monde.

    Le 2 octobre, aux Mureaux (Yvelines), Emmanuel Macron avait d’ailleurs balayé toute forme d’ambiguïté : « Il y a, dans cet islamisme radical – puisque c’est le cœur du sujet, abordons-le et nommons-le – une volonté revendiquée, affichée, une organisation méthodique, pour contrevenir aux lois de la République et créer un ordre parallèle. » « Des éléments nous montrent qu’une contre-société s’installe progressivement à bas bruit », insiste aujourd’hui l’entourage du premier ministre pour justifier de l’urgence législative, reconnaissant toutefois que sur un certain nombre de points, concernant notamment les « certificats de virginité », la polygamie et les mariages forcés, « il est difficile d’exposer les choses de façon très précise ».

    Marlène Schiappa en convient elle aussi. Récemment interrogée par L’Express sur l’ampleur du phénomène de polygamie, la ministre en charge de la « citoyenneté » indique qu’« on a du mal à le mesurer », mais qu’« il est suffisamment important pour qu’il y ait beaucoup d’élus locaux qui nous aient fait remonter cette question-là ». Concernant les élus locaux justement, elle explique aussi qu’un maire « ne pourra pas prendre des décisions en fonction de raisons religieuses », comme « décider qu’il n’y aura plus de livres de science dans la bibliothèque municipale mais uniquement des livres complotistes »« Mais y a-t-il beaucoup de cas comme ça ? », la questionne-t-on alors. « Pour l’instant, il n’y en a pas », admet-elle.

    Une absence de données qui n’a pas empêché le gouvernement, à la demande expresse du président de la République, de plancher sur une cinquantaine d’articles, modifiant, comme l’a reconnu Jean Castex, « certaines des grandes lois de notre République ». Sont notamment touchés le texte fondateur de 1901 sur les associations, celui de 1905 sur la laïcité, et les textes des lois de 1882, lesdites « lois Jules Ferry », qui, tout en instaurant une obligation scolaire pour chaque enfant âgé de 3 à 16 ans, offraient également la liberté que cet enseignement soit dispensé à domicile – liberté sur laquelle le gouvernement a aussi cherché, par tous les moyens, à revenir (lire notre article).

    Parfois allégées dans la dernière ligne droite pour tenir compte des réserves du Conseil d’État, les dispositions présentées mercredi restent essentiellement répressives. Le volet social qu’Emmanuel Macron avait esquissé dans son discours aux Mureaux, notamment sur la question du logement, de l’hébergement d’urgence et de la lutte contre les discriminations, a disparu. « Nous présenterons des actions complémentaires dans la continuité des actions que nous avons déjà engagées », a cependant promis Jean Castex, en évoquant une énième fois l’exemple du dédoublement des classes de CP dans les zones prioritaires.

    Certains députés La République en marche (LREM) ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils modifieraient le texte lors de son examen au Parlement, afin de le rééquilibrer. A contrario, d’autres souhaitent le durcir encore. C’est notamment le cas de la députée Aurore Bergé et de plusieurs de ses collègues qui travaillent à un amendement visant à interdire le port du voile aux petites filles. « Je ne pense pas que le débat sur le port du voile soit de nature à remplir les objectifs que nous poursuivons », leur a répondu le premier ministre dans Le Monde.

    « Ce projet de loi n’est pas un texte contre les religions, ni contre la religion musulmane en particulier », a-t-il de nouveau plaidé en conférence de presse, face à la multiplication des critiques et des velléités d’amendements. Et d’ajouter : « Je ne crois en rien que cette loi va diviser. » Mediapart en décrypte les principales mesures, ainsi que les ajustements dus au Conseil d’État.

    • Inscrire dans la loi l’obligation de neutralité des délégataires de service public (article 1) 

    À ce jour, la loi prévoit une « obligation de neutralité » pour les fonctionnaires qui doivent traiter équitablement tous les usagers et s’abstenir de manifester leurs opinions religieuses dans l’exercice de leurs fonctions, y compris par leur tenue vestimentaire. 

    En ce qui concerne les entreprises délégataires de service public (la RATP, La Poste, Aéroports de Paris, etc.), la Cour de cassation a rendu un arrêt important dès 2013, précisant que la laïcité et l’obligation de neutralité s’y appliquent. En clair : l’obligation de neutralité religieuse est déjà consacrée par la jurisprudence, qui fait autorité, et figure déjà dans les contrats signés par les salariés des entreprises délégataires. Mais comme l’expliquait Emmanuel Macron début octobre, le gouvernement veut l’inscrire dans la loi pour lui donner une force contraignante (et symbolique) supérieure.

    Tous les organismes chargés d’accomplir une mission de service public, qu’ils soient publics ou privés, seraient concernés : SNCF Réseau, les opérateurs de transports publics, les caisses locales de sécurité sociale, les missions locales, etc. En cas de non-respect, il serait possible de prononcer des sanctions. Dans son avis, le Conseil d’État « admet l’utilité de ces dispositions », tout en recommandant au gouvernement de bien circonscrire leur champ d’application. 

    • Contrôle « renforcé » des préfets sur les élus locaux (article 2)

    Avec cet article, Gérald Darmanin voulait taper fort face aux élus qui, au nom de principes religieux, réserveraient des horaires de piscine aux femmes ou videraient les bibliothèques des auteurs homosexuels. Dans sa version adressée au Conseil d’État, le texte dopait les pouvoirs des préfets face à ces « carences républicaines » : en cas d’« atteintes graves » à la neutralité des services publics, le préfet pouvait introduire un « déféré-suspension » (une saisine du juge administratif avec effet suspensif immédiat, la justice disposant ensuite de 30 jours pour trancher). Dans certains cas, le préfet pouvait même se substituer d’office à l’élu qui tardait à se mettre en conformité. Ce projet a déclenché une bronca chez les élus locaux.

    « Parler de “carence républicaine” ! Est-ce qu’on se rend compte de l’insulte pour des élus républicains ? », s’est étranglé Alain Lambert, ancien ministre de Jean-Pierre Raffarin et président du Conseil national d’évaluation des normes (l’institution chargée de contrôler le droit applicable aux collectivités). Fin novembre, celle-ci a ainsi rendu un avis défavorable à l’ensemble du projet de loi. Camouflet.

    Puis le Conseil d’État n’a guère goûté, lui non plus, ce volet du texte qui modifie « de façon excessive l’équilibre du contrôle administratif et du respect des lois par les collectivités territoriales »L’appréciation des atteintes au principe de neutralité « pouvant s’avérer délicate », il préfère au maximum la laisser aux juges. Le Conseil d’État a ainsi asséné une leçon de droit à l’exécutif, l’appelant à « donner un caractère mieux proportionné et adapté » au contrôle du représentant de l’État.

    Dans la version finale du projet de loi, il ne reste plus grand-chose des prétentions de l’Intérieur : quatre lignes autorisant le préfet à saisir le juge de façon « accélérée » (afin que celui-ci statue en 48 heures), comme il le peut déjà aujourd’hui en cas d’atteinte à une liberté publique ou individuelle. Dans l’exposé des motifs, l’expression « carence républicaine », qui hérissait les élus, s’est volatilisée.

    • Extension du fichage antiterroriste (article 3)

    Les délits de provocation à des actes de terrorisme et d’apologie du terrorisme feront désormais l’objet d’une inscription au Fichier des auteurs d’infractions terroristes (Fijait). Seront également concernées les personnes ayant reproduit ces propos « afin d’entraver l’efficacité d’une procédure de blocage d’un service de communication au public en ligne ».

    Cette inscription, qui jusqu’à présent devait faire l’objet d’une décision expresse du juge, sera désormais automatique, « sauf décision contraire et spécialement motivée de la juridiction compétente ».

    Le Fijait a été créé par la loi renseignement de 2015 et concerne les majeurs et les mineurs de plus de treize ans condamnés ou simplement mis en cause pour des actes de terrorisme ou pour non-respect d’une interdiction de sortie du territoire. Il est notamment consulté dans le cadre « des enquêtes administratives préalables à un recrutement, une affectation, une autorisation, un agrément ou une habilitation ».

    L’inscription au Fijait entraîne normalement une inscription automatique au fichier des personnes recherchées (FPR), ainsi que plusieurs obligations : « justifier de son adresse tous les trois mois », déclarer tout déménagement et déplacement à l’étranger. Mais les personnes qui y seront inscrites au titre de l’article 28 du texte seront exemptées de ces dernières mesures.

    « Ces évolutions permettront une amélioration du suivi des personnes ayant fait la démonstration de leur adhésion à des idées ou à des actes de nature terroriste et qui représentent un risque pour les institutions et les services publics », affirme l’exposé des motifs.

    • Sanctionner les « intimidations » d’agents publics (article 4)

    Là aussi, le gouvernement a dû revoir sa copie après l’alerte du Conseil d’État. Initialement, son texte créait une nouvelle infraction : « le fait d’user de menaces, de violences ou […] intimidation » à l’égard de personnes chargées d’une mission de service public dans le but d’obtenir, au nom de « convictions » ou de « croyances »« une exemption ou une application différenciée des règles ». Peine encourue : 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende.

    Le code pénal, pourtant, sanctionnait déjà toute menace contre des personnes chargées d’une mission de service public. Et même toute intimidation visant à obtenir que ces personnes « accomplissent » un acte lié à leur fonction ou « s’abstiennent » de le faire.

    Pour le Conseil d’État, « la création d’une infraction spéciale » était certes possible. Mais dans son avis, il a préconisé « de supprimer la référence aux motifs tirés des convictions ou des croyances ». Cela « soulève des difficultés importantes en termes de preuve », écrit la haute juridiction : en effet, comment établir une croyance ou une conviction ? « Même en recourant à une appréciation contextuelle fondée sur un faisceau d’indices matériels »…

    Et surtout : « D’autres motifs [que les croyances] peuvent être à l’origine des comportements illicites » visés par le projet de loi. À l’arrivée, l’intimidation d’agent visant à obtenir « une exemption […] ou une application différenciée des règles » régissant un service public est pénalisée, quel qu’en soit le motif. Déjà plus raisonnable. Mais l’exécutif ne peut s’empêcher : s’il est étranger, le coupable risque, en prime, une peine d’interdiction du territoire.

    • Un contrôle plus strict des associations (articles 6 à 12)

    Ces articles entendent contrôler davantage l’activité des associations, l’attribution de subventions et d’agréments. La « charte de laïcité » initialement prévue et très critiquée a été abandonnée au profit d’un « contrat d’engagement républicain », que devront désormais signer les associations lorsqu’elles sollicitent des fonds publics. Dans le cas où elles violent les principes de ce contrat, elles devront rembourser les sommes perçues.                                                                                                                                                                                                                                                   PAR  ET LOU SYRAH                                                                   https://www.mediapart.fr/journal/france/091220/separatisme-le-gouvernement-detricote-les-grandes-lois-de-notre-republique 

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  • Mediapart a collecté et analysé des centaines de vidéos prises le 12 décembre à Paris lors de la manifestation contre la loi « Sécurité globale ». Notre enquête démontre le caractère illicite de plusieurs dizaines de charges policières effectuées ce jour-là et documente les arrestations arbitraires de manifestants, les coups portés sans raisons et la communication mensongère de Gérald Darmanin, notamment au regard du bilan judiciaire.                                                                                                                                                                                                                                                                                    PAR SEBASTIEN BOURDON, CAMILLE POLLONI, ANTTON ROUGET, ANTOINE SCHIRER                                                                                                                                                                                                                                                              https://www.mediapart.fr/journal/france/030121/comment-les-forces-de-l-ordre-ont-sabote-la-manifestation-du-12-decembre-2020 

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  • Revolver News

    Pendant des années, la classe oligarchique étasunienne s’est engraissée en trahissant le pays qu’elle gouverne. Ils ont externalisé la richesse et le bien-être du pays vers la Chine. Ils ont entraîné le pays dans une guerre désastreuse après l’autre – des guerres qui n’ont rien fait pour rendre les EU plus sûrs, mais qui ont beaucoup enrichi les entreprises de défense qui les fournissaient. Ils se sont alliés à Big Tech et à Big Finance pour éroder progressivement les droits fondamentaux que les Américains considéraient autrefois comme acquis.

    Pour la "communauté du renseignement", mal nommée et capturée par les oligarques, le rédacteur en chef de Wikileaks et militant de la liberté d’expression emprisonné Julian Assange reste l’ennemi public numéro un.

    En tant que responsable de Wikileaks, Assange a publié des documents ayant fait l’objet de fuites de la part de l’ancien soldat de l’armée Chelsea Manning (né Bradley Manning). Manning a déjà été libéré, mais Assange est un homme traqué depuis. Pendant sept ans, Assange s’est réfugié à l’ambassade équatorienne à Londres pour éviter une extradition injuste sur la base d’accusations forgées de toutes pièces.

    En 2016, Wikileaks a publié des courriels du DNC et de John Podesta. Ces courriels ont révélé comment le Parti démocrate a truqué la course aux primaires pour Hillary Clinton. Après le rejet inattendu d’Hillary Clinton par un public averti, la colère de Washington contre Assange s’est exacerbée. Assange s’est vu attribuer un rôle clé dans la théorie du complot du "Russiagate" qui accusait la Russie de faire gagner Trump aux élections de 2016. Au printemps 2019, l’Équateur a révoqué l’asile d’Assange, et il a été traîné hors de l’ambassade pour faire face à l’extradition de plus d’une douzaine d’accusations d’espionnage aux États-Unis.

    Mais une autre possibilité existe. Le président Trump pourrait faire un pied de nez à l’obsession de l’État profond de persécuter Assange depuis une décennie et lui accorder la grâce qu’il mérite. Revolver a justement préconisé une telle solution.

    Fait remarquable, un groupe de patriotes impartiaux en constante augmentation s’est réuni dans le monde entier pour demander la liberté d’Assange. L’ancienne candidate à la vice-présidence, Sarah Palin a vu ses courriels publiés par Wikileaks en 2008, mais samedi, elle a qualifié d’"erreur" ses attaques antérieures contre M. Assange et a demandé au président Trump de gracier le responsable de Wikileaks. Le membre républicain du Congrès Matt Gaetz et la démocrate Tulsi Gabbard ont également uni leurs forces pour appuyer la clémence pour Assange. L’actrice Pamela Anderson souhaite également la clémence, tout comme la dissidente iranienne et prix Nobel Shirin Ebadi.

    Un tweet récent du pasteur Mark Burns annonçant par erreur un pardon imminent pour Assange a rassemblé près de 200 000 messages similaires sur Twitter.

    Stella Moris-Smith Robinson est une avocate spécialisée dans les droits de l’homme, née en Afrique du Sud. Elle était membre de l’équipe juridique d’Assange pendant son séjour à l’ambassade équatorienne. Aujourd’hui, elle est sa fiancée. Ils ont deux enfants ensemble. Moris a passé des années à se battre sans relâche pour la liberté d’Assange, et elle a aimablement accepté de rejoindre Revolver pour une interview exclusive.

    Tout d’abord, un grand merci d’avoir accepté de faire cette interview et pour votre courage dans la défense de Julian et de sa mission. Votre apparition dans Tucker Carlson Tonight a été puissante et reste un must pour les patriotes du monde entier. Commençons par le crime dont Julian est en fait accusé, une violation de la loi sur l’espionnage de 1917. Y a-t-il la moindre preuve que Julian ait commis un acte d’espionnage ? D’après ce que j’ai vu, il a publié des informations classifiées, ce que tous les grands journaux ont fait, comme le New York Times. Il y a également des allégations selon lesquelles il aurait aidé sa source, Chelsea, à dissimuler son identité – ce qui est également une pratique journalistique courante. Alors, où est le véritable crime ici ?

    Il n’y en a pas. Il s’agit d’une affaire politique inconstitutionnelle qui a fait plier la loi pour répondre à son objectif politique. Elle transforme en crimes des pratiques journalistiques nécessaires - communiquer avec une source et obtenir et publier des informations véridiques.

    Dire que c’est un crime pour Julian d’avoir publié ce matériel est aussi absurde que de dire que les journalistes étasuniens sont légalement tenus de ne pas violer les lois sur le secret ou la censure de la Chine, de la Turquie ou de la France, même s’ils publient aux États-Unis.

    J’entends parfois Julian mentionné dans le même souffle que de célèbres dénonciateurs étasuniens. Mais leurs cas sont différents. Ce sont des citoyens des EU. Ils ont travaillé pour le gouvernement des EU. Cela ne s’applique pas à Julian. Julian est un rédacteur en chef. Il n’était pas aux États-Unis. Il n’était pas un employé du gouvernement ou un entrepreneur. Il n’a jamais signé d’accord de confidentialité. La seule promesse qu’il a faite était au public, de publier la vérité sur les gouvernements et les entreprises. Chacun a son rôle dans une société libre et le rôle de Julian est de publier.

    La force du Premier Amendement est qu’il est simple, clair et absolu. Il est vraiment exceptionnel quand on le compare aux droits équivalents en Europe, et cela vient du fait qu’il n’est pas ce que les gens pensent qu’il est. Il n’accorde pas aux gens des droits qui peuvent leur être retirés. Elle interdit aux législateurs et à l’exécutif d’interférer avec la parole et l’édition. Il est donc illégal d’adopter des lois visant à criminaliser la parole et la presse.

    Comment contourner ce problème ? Et bien vous ne le faites pas – si vous respectez la Constitution. Ce qui se passe, c’est que ceux qui mènent le procès contre Julian – les éléments les plus sinistres du gouvernement américain – abusent de la formulation large d’une loi existante, la loi de 1917 sur l’espionnage, pour la réorienter de manière à ce qu’elle fasse ce que le Premier Amendement interdit : interférer avec la liberté d’expression et de la presse. L’affaire Julian a créé un nœud coulant autour des droits de chacun garantis par le Premier Amendement.

    Pendant les années Obama, le DOJ s’est normalisé en réorientant la loi sur l’espionnage pour poursuivre les dénonciateurs. Mais l’étendre aux journalistes et aux responsables des rédactions va explicitement à l’encontre de l’esprit et de la formulation de la Constitution. L’intention déclarée du Congrès lorsqu’il a adopté la loi sur l’espionnage était qu’elle ne s’appliquerait pas à la presse. L’affaire Julian est la première fois qu’elle est utilisée contre un rédacteur en chef. C’est pourquoi tout le monde s’accorde, de tous les côtés de la politique, à dire que le procès de Julian est la menace numéro un pour la liberté d’expression et la liberté de la presse et qu’il aura des conséquences catastrophiques pour la démocratie aux EU.

    Si les républicains ne s’en sont peut-être pas préoccupés sous l’administration actuelle, la menace que cette affaire représente pour eux doit maintenant être évidente. Il est certain que si l’affaire se poursuit, le précédent qu’elle crée sera utilisé abusivement par les éléments les plus antidémocratiques des futures administrations.

    Comme l’a fait remarquer Chuck Shumer, l’État profond peut être absolument impitoyable lorsqu’il s’agit de poursuivre ses ennemis déclarés. Si leur cible n’a pas commis de crime, ils sont sûrs d’en fabriquer un pour leurs besoins. Après la persécution soutenue du général Flynn, de nombreux patriotes et partisans de Trump sont particulièrement sensibles à la réalité des poursuites politiques aux États-Unis. Est-ce votre opinion sur ce qui se passe ici avec Julian ?

    Oui. C’est exactement ce qui arrive à Julian.

    Il ressort clairement des tweets de Julian qu’il considère que la poursuite de Flynn a été politique dès le départ. L’intérêt de poursuivre Flynn était dû à sa position politique. La poursuite de Roger Stone était également clairement motivée par des raisons politiques. Comparez-les avec celles de James Clapper, qui a menti à plusieurs reprises au Congrès. Mentir au Congrès sur l’espionnage illégal de toute la population des EU est certainement l’un des mensonges les plus graves jamais racontés au Congrès. Clapper a échappé aux poursuites, Stone et Flynn non.

    L’affaire contre Julian est politique et n’aurait jamais dû être poursuivie. Elle est extrêmement controversée, même au sein du ministère de la justice. Le Washington Post a rapporté que deux procureurs travaillant sur l’affaire ont démissionné suite à l’inculpation de Julian en vertu de la loi sur l’espionnage parce qu’ils ont compris que c’est une violation de la Constitution de l’appliquer à un rédacteur en chef et que le résultat est que cela va détruire le Premier Amendement.

    Dans un témoignage sous serment, les procureurs des EU ont admis qu’il n’y a aucune preuve qu’une seule personne ait subi un préjudice physique à la suite des publications de WikiLeaks. L’accusation relative à l’ordinateur est également politique. Elle n’allègue même pas que Julian a piraté quoi que ce soit, et elle a été détruite au tribunal par l’ancien chef des enquêtes médico-légales de l’armée des EU qui était un témoin expert de la défense. Les procureurs du DOJ ne cessent de changer les règles du jeu. Ainsi, dans la dernière version de l’acte d’accusation, aussi incroyable que cela puisse paraître, ils ont recruté comme nouveau témoin un pédophile condamné et un psychopathe diagnostiqué, que Julian a mis derrière les barreaux.

    Il y a quelques jours, Project Veritas a divulgué un long appel téléphonique entre Julian et le département d’État d’Hillary Clinton, où Julian leur a dit que les câbles diplomatiques étasuniens seraient de manière imminente publiés en ligne par d’autres, contre la volonté de WikiLeaks. Il a demandé au Département d’État de le rencontrer pour obtenir plus d’informations et prendre des mesures spécifiques pour l’empêcher, mais ils ne l’ont pas fait. Comme avec Benghazi, Hillary Clinton n’a pas pris l’appel de 3 heures du matin. Six jours plus tard, les câbles du Département d’État ont été publiés par l’éditeur de fuites new-yorkais Cryptome. Le DOJ admet que Cryptome a publié en premier et qu’à aucun moment au cours de la dernière décennie, ils n’ont pris la peine de demander à Cryptome de retirer les documents, et encore moins de prendre des mesures pour l’inculper. L’extraordinaire précédent établi ne consiste pas seulement à interdire la publication, mais aussi à interdire la republication.

    La décision inexplicable de ne pas inculper Cryptome montre clairement qu’il s’agit d’une poursuite sélective et politique. Julian lutte en prison contre l’extradition, et il risque 175 ans de prison aux États-Unis.

    L’asymétrie du processus est choquante. Préparer un dossier depuis la prison est incroyablement compliqué, surtout pendant le COVID. Julian n’a pas vu ses avocats au cours des six mois précédant le début de l’audience d’extradition en septembre. Au tribunal, il n’est même pas autorisé à s’asseoir avec ses avocats et peut à peine leur parler.

    John Bolton a déclaré que la communauté du renseignement américain devrait utiliser Wikileaks comme "cible pratique". Hillary Clinton a affirmé qu’Assange "doit répondre de ses actes". Jeff Sessions, qui a ignoré les attaques illégales du Deep State sur Trump, a dit que l’arrestation d’Assange était une "priorité". James Comey serait intervenu personnellement pour empêcher un accord qui aurait permis à Assange de quitter l’ambassade équatorienne. James Clapper, qui a menti sur les activités d’espionnage de la NSA, a déclaré qu’on ne pouvait pas faire confiance à Assange et s’est plaint qu’il "causait toutes sortes de problèmes" aux services de renseignements américains. John Brennan, qui a menti au Sénat américain sur la campagne de drones d’Obama, a déclaré que Julian "n’était pas exactement un bastion de vérité et d’intégrité". Quand Julian a été arrêté, un sénateur étasunien s’est vanté qu’"il est notre propriété".

    Qu’est-ce qui unit tant l’establishment de Washington dans la haine de Julian Assange ?

    Les pires éléments du gouvernement détestent Julian parce qu’il a exposé leurs abus contre le public pendant des années. Leur intérêt personnel est évident. Ils craignent d’être licenciés, ruinés ou poursuivis, ou de ne pas pouvoir mener ce que Julian appelle des "guerres dangereuses et stupides". Julian a toujours cru en la légitimité du gouvernement élu plutôt qu’en celle du gouvernement non élu. Et c’est le gouvernement non élu qui se sent le plus menacé d’être exposé.

    Julian dit que la guerre est du racket, et ceux qui ont l’intention d’en tirer profit au détriment de la vie des soldats et des impôts ont besoin que le gouvernement vende la guerre à la population en lui mentant. Ce n’est un secret pour personne que Julian considérait Hillary Clinton comme une dangereuse belliciste, et que les guerres qui ont commencé lorsqu’elle était secrétaire d’État ont eu des conséquences désastreuses.

    L’État de l’ombre a tout fait pour faire taire et emprisonner Julian. Il a été victime d’interminables histoires fabriquées. Il ne s’agit pas simplement de journalistes paresseux qui font des erreurs. Pour construire une couverture politique, des histoires fausses ont été mises en place avant son arrestation. Par exemple, le Guardian a imprimé une histoire en première page entièrement fabriquée, dans laquelle Paul Manafort rendait visite à Julian à l’ambassade. Cette histoire était un mensonge élaboré, fabriqué par un opérateur qui a reçu 60 000 dollars de la NED. Le Guardian a fini par revenir sur son histoire, mais le mal était fait. Certaines de ces fausses histoires sur CNN et dans le Guardian ont récemment été révélées par la principale équipe d’enquête de la chaîne publique allemande. Les forces obscures qui plantent les histoires ont le même mode opératoire depuis des décennies. Elles savent comment jouer sur les peurs des gens. Il y a une vidéo très intéressante d’un ancien officier de la CIA, John Stockwell, qui explique comment les usines de la CIA fabriquent des histoires dans la presse. Tout le monde devrait le regarder. Il est consternant que Julian, qui a créé WikiLeaks pour lutter contre les fausses nouvelles et pour la liberté des gens, ait été l’une des principales cibles de fausses nouvelles.

    Dans son discours d’adieu à la nation, le président Eisenhower a mis en garde contre l’influence indue de ce qu’il a décrit comme le complexe militaro-industriel. L’absence de responsabilité a permis à l’État de l’ombre de devenir de plus en plus grand et puissant. Si l’on considère la façon dont ils abusent de leur pouvoir pour façonner secrètement les récits de la presse au détriment du public, le travail de Julian avec Wikileaks a été un antidote nécessaire. WikiLeaks a mis un frein à l’influence croissante des pires éléments du gouvernement depuis des années. Il y a de bonnes personnes dans la communauté du renseignement, mais l’État secret dans son ensemble menace les fondements démocratiques des sociétés libres. Il est un peu comme un vampire, il n’aime pas la lumière du soleil, et Julian est la lumière du soleil.

    Certains des meilleurs travaux de Julian, tels que son incontournable "Google is Not What it Seems", portent sur la menace émergente de la grande technologie. WikiLeaks a été l’une des premières cibles des tactiques de censure qui sont maintenant couramment déployées contre ceux qui remettent en question la structure du pouvoir en place, tant à gauche qu’à droite. Avez-vous parlé à Julian du rôle de Big Tech dans l’imposition d’un nouveau régime de censure aux États-Unis et en Occident ? Si oui, pourriez-vous nous donner une idée de son point de vue sur ce sujet et de ce que cela laisse présager pour l’avenir ?

    Aujourd’hui, la censure frappe surtout la droite, et la gauche a été extrêmement stupide de la soutenir car elle finira par aboutir à une société oppressive pour tous.

    Julian considère la censure sur Internet comme la plus grande menace pour la préservation de la liberté sous toutes ses formes, à l’échelle mondiale. Il considère le contrôle de la pensée comme un phénomène extrêmement dangereux. Il pense que c’est un terrible objectif stratégique pour l’Occident de s’y engager. Les entreprises de haute technologie ne devraient pas être autorisées à s’engager dans cette voie. L’avantage concurrentiel de l’Occident dans les nouvelles valeurs, la concurrence avec la Chine, se situe dans ses libertés. Les États-Unis sont admirés dans le monde entier pour leur Premier Amendement. Si nous ne sommes pas prudents et que nous continuons sur cette voie, nous importerons les pires aspects de la Chine – son système de censure – dans notre société où elle restera.

    Ce que nous avons vu au cours de la dernière décennie est la création progressive d’un complexe de censure, dans lequel les entreprises technologiques – Google, Facebook, Twitter et Reddit en particulier – ont coupé une masse de comptes et de canaux de leurs plateformes en raison de leurs opinions politiques. Il s’agit donc d’un nouveau phénomène où ces acteurs sont devenus des censeurs politiques. Le cas de Julian et son affaiblissement de la protection de la liberté d’expression doivent être considérés dans le contexte de ce qui se passe dans le domaine des grandes technologies. Les États-Unis traversent leur pire crise de la liberté d’expression de mémoire d’homme, et cela se produit au moment même où le DOJ sape fatalement les protections de la liberté d’expression par le biais des poursuites politiques engagées contre Julian.
    Julian a eu des années d’avance sur tous les autres sur cette question. Il a écrit des livres expliquant que les entreprises technologiques ne sont pas simplement des entreprises technologiques, et qu’en fait, elles ne l’ont pas été depuis des années. En 2013, il a été le premier à exprimer la vraie nature de Google, à une époque où la société était surtout connue pour son slogan "Don’t be Evil" (Ne soyez pas malveillants) et ses tables de ping-pong sur le lieu de travail.

    Il a également écrit sur les relations de Big Tech avec les agences de renseignement, et sur la façon dont les agences de renseignement ont colonisé l’infrastructure Internet par l’intermédiaire de ces entreprises, et comment la surveillance illégale de masse fonctionne en pratique et affecte l’ensemble de la population américaine. Mais il y a un troisième élément dans ce complexe, qui est la façon dont les intérêts cachés se frayent un chemin dans les systèmes de censure et de contrôle de la pensée sur Internet : les groupes de réflexion ayant des sources de financement très douteuses, y compris des dictatures arabes et des sociétés d’armement, et qui ont leur propre programme de censure travaillent main dans la main avec ces acteurs. Ainsi, le deus ex machina de notre interaction sociale quotidienne est une combinaison de plus en plus effrayante de ce qui précède.

    Au-delà de ce que cela signifierait pour Julian, vous et vos jeunes enfants ensemble, que signifierait une grâce présidentielle de Julian Assange pour les États-Unis ? Quel est, selon vous, l’enjeu de cette grâce au sens large ?

    Il n’est pas exagéré de dire que la démocratie étasunienne elle-même est en jeu.

    Si Julian n’est pas gracié, ce sera la fin du Premier Amendement. Cette affaire signifie un changement catastrophique de la nature de la société des EU, qui est passée d’un débat libre et ouvert sur la nature du gouvernement à une société comme la Chine, où l’État contrôle qui peut publier et ce qui peut être publié.

    La voix puissante de Julian a été cruellement absente lors des développements massifs et potentiellement irréversibles de la censure d’Internet, car il a été emprisonné à tort par la demande d’extradition du gouvernement des EU pendant près de deux ans. Il comprend la technologie et la politique, et a une idée de la situation actuelle et de l’avenir. Le reste du monde commence à peine à se rendre compte de ce qu’il a commencé à écrire il y a environ sept ans.

    Julian veut que l’Occident soit aussi bon qu’il peut l’être. Il est sérieux dans sa volonté de préserver les libertés en Occident, et il considère comme sa mission de faire connaître le Premier Amendement au monde. Julian est vraiment un leader d’opinion qui n’arrive qu’une fois par génération. Je ne dis pas ça seulement parce que je l’aime. Des millions de personnes aux États-Unis et dans le monde entier le savent aussi. Sa poursuite est mauvaise pour tout le monde parce que le monde a désespérément besoin de lui pendant cette crise de la liberté et de la démocratie. Le DOJ a perdu son chemin en l’inculpant. C’est un héros de la liberté d’expression. Il doit être présent, faire campagne pour notre liberté d’expression, s’opposer pour toujours aux guerres et à la surveillance illégale par l’État fantôme qui ne rend pas de comptes.

    Pensez à ce que signifie son extradition : faire enfermer dans une prison américaine le plus grand défenseur de la liberté d’expression au monde. La Chine utilise déjà les poursuites engagées contre Julian pour son travail de publication comme un outil de propagande massive contre les États-Unis. Vu objectivement, les poursuites politiques contre Julian ne servent les intérêts de personne. Au lieu de faire preuve de leadership en matière de liberté, les États-Unis et leurs alliés sont grillés par des États comme l’Azerbaïdjan. Ils ont toujours un réplique parfaite : Et Assange ?

    Avez-vous des nouvelles des partisans de Trump qui veulent que le président gracie Julian ? Si oui, que disent-ils ? Que diriez-vous au Président si vous aviez l’occasion de lui parler de cette question ?

    Si je pouvais parler au président, je lui dirais que la liberté de Julian et la liberté des États-Unis vont de pair. Le Président peut sauver Julian, il peut sauver notre famille et il peut sauver le Premier Amendement d’un seul trait de plume. Il est en son pouvoir de le faire. Il est le seul à pouvoir le faire, et il peut le faire aujourd’hui. Il peut le faire aujourd’hui. S’il vous plaît, laissez-le rentrer chez lui auprès de ses petits garçons. Sauvez la vie de Julian, sauvez nos libertés et sauvez l’avenir de l’Amérique.

    J’ai la vision que le Président graciera Julian et qu’il retrouvera la liberté après des années d’emprisonnement. J’imagine Julian sortir de la prison de Belmarsh en passant devant les barbelés qui l’entourent, dans mes bras et dans ceux de nos enfants. J’imagine mes larmes de joie et les acclamations de millions de personnes aux États-Unis et dans le monde entier. Je nous imagine en train de faire de longues promenades dans la campagne, et Julian redevient fort et en bonne santé. Je l’imagine en train de donner des interviews, d’écrire des livres et de faire campagne pour notre liberté d’expression comme le Julian que je connais.

    Il est clair que l’écrasante majorité des partisans du président veulent voir cette grâce et partagent également cette vision.

    Si Julian meurt ou se retrouve dans une prison étasunienne à vie, ce qui constitue un risque très sérieux en l’absence de grâce, le président sera blâmé à jamais. Il faudra des décennies pour récupérer les libertés dont nous avons joui pendant si longtemps. L’acceptation mutuelle des deux maux que sont l’effondrement du Premier Amendement et la censure de l’internet causera des dommages irréversibles et il pourrait être trop tard pour nous tous.

    Pouvez-vous nous parler des conditions dans lesquelles Julian a vécu lors du confinement ? Comment tient-il le coup, tant mentalement que physiquement ? Vous, Julian, et vos jeunes enfants avez été mis à rude épreuve, ce qui est inimaginable pour la plupart. Quelle est la partie la plus difficile pour vous, et comment vous en sortez-vous ?

    Je m’inquiète pour Julian, pour sa santé, pour sa survie. Je crains que nos enfants, qui sont des enfants en bas âge, soient orphelins de leur père. Le plus dur est de réaliser que le système judiciaire est une fausse appellation et qu’il peut être instrumentalisé à des fins politiques.

    Julian ne sera pas jugé équitablement, non seulement parce que la loi sur l’espionnage ne permet pas de défendre l’intérêt public, ce qui est un abus évident pour un rédacteur en chef, mais aussi parce qu’Alexandria, en Virginie, a été délibérément choisie comme lieu de son procès afin d’en truquer l’issue. Aucun accusé pour atteinte à la sécurité nationale n’a jamais gagné une affaire dans cette ville. Le complexe judiciaire d’Alexandria est situé à 15 miles du siège de la CIA. Il est soumis à une règle spéciale : les membres du jury ne peuvent être exclus au motif qu’ils travaillent pour le gouvernement. C’est épouvantable.

    Je dis aux enfants que papa va bientôt rentrer à la maison, que c’est un héros et qu’il les aime. La seule raison pour laquelle Julian est en prison et non à la maison avec sa famille est que le DOJ a émis un mandat d’arrêt contre lui au Royaume-Uni. La prison de Belmarsh est l’une des pires prisons du Royaume-Uni. Au cours des deux dernières années, depuis l’arrestation de Julian, je n’ai eu d’autre choix que d’y amener les enfants. Les enfants doivent passer devant des barbelés à lames et franchir des niveaux de sécurité, des radiographies et des fouilles avant de pouvoir voir leur père. Julian n’a pas été autorisé à voir ses enfants depuis mars, date à laquelle les règles du COVID ont commencé. Cela a été très dur pour nous tous cette année, car le confinement du COVID a fait qu’il y a eu beaucoup moins de visites qu’auparavant.

    Quand nous parlerons, je ne manquerai pas de parler à Julian de tout le soutien qu’il reçoit. Il est très encouragé par le soutien massif en faveur d’une grâce – de Sarah Palin à de nombreux prix Nobel de la paix, tous faisant campagne pour que cela se produise. Ce soutien a une énergie extraordinaire, aux États-Unis et dans le monde entier. Si le président accorde une grâce, il sera à jamais félicité pour l’avoir fait, pour avoir sauvé nos libertés et pour avoir sauvé la vie de Julian.

    Revolver News est la page d’accueil du peuple des EU. Le Drudge Report n’a plus le doigt sur le pouls de l’Amérique. Nous voulons combler ce vide, et bien plus encore.

    Traduction : Romane Kohlev

    22 décembre 2020

    »» https://www.revolver.news/2020/12/revolver-exclusive-interview-julian-...
    URL de cet article 36809
    https://www.legrandsoir.info/la-fiancee-de-julian-assange-s-entretient-avec-revolver-pour-devoiler-la-strategie-de-l-etat-profond-visant-a-supprimer-notre.html
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    Selon l´AFP , la juive israélienne Hedva Selaa, 53 ans, ancienne, soldate de l’armée de defense israélienne Tsahal, aujourd’hui réceptionniste dans un hôtel à Eilat, dit être la fille naturelle de Hassan II et sœur du “nouveau commandeur des croyants”.

    Cette révélation de la fille secrète de Hassan II, dont la mère était la maîtresse du “commandeurs des croyants”, fait que Hedva Selaa est la demi-sœur du roi Mohammed VI.

    Deux enfants seraient nés des amours illégitimes du prince Hassan (future Hassan II) et de sa maîtresse juive Anita, nièce de Léon Benzaquen, figure de la communauté juive marocaine et futur ministre des PTT du premier gouvernement marocain sous Mohamed V. Si Jacky, l’aîné, refuse toujours de parler à la presse, Hedva, la cadette, a décidé de “tout révéler” 8 ans après le décés de sa mère Anita, en 1997. Une mère que Hedva n’hésite pas à qualifier de femme frivole et multipliant les aventures.

    La Fille juive israélienne de Hassan II, et sœur de Mohamed VI, a demandé de rencontrer son frère Mohamed 6 .Néanmoins le palais royal au Maroc “après réflexion” a refusé de donner une réponse officielle à sa demande.

    Ftouh Souhail

    https://identitejuive.com/revelation-hassan-ii-a-une-fille-juive-hedva-selaa/?

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    Jeremy Salt est professeur d’histoire du Moyen-Orient à l’université de Bilkent en Turquie

    Ici il s’intéresse plus globalement à la situation au Proche Orient en remettant comme il se doit la question palestinienne au centre de la problématique. Et il s’interroge sur la prochaine grande guerre, celle qui décidera de l’issue du conflit arabo-sioniste.

    Jeremy Salt considère que la valeur combative de l’armée sioniste est grandement exagérée comme celle des forces arabes exagérément minorée, rappelant notamment à l’appui de sa thèse les succès de l’armée égyptienne en Octobre 1973, succès contrariés uniquement par la forfaiture de la direction politique égyptienne de l’époque. Selon Salt, une victoire militaire décisive des forces arabes et de leurs alliés, comme les Iraniens par exemple, dépend surtout de leur capacité à neutraliser la supériorité aérienne de l’armée sioniste avec ses hélicoptères et bombardiers.

    Toute la question est là : les forces hostiles à l’entité sioniste, Hezbollah en premier lieu, disposent-elles, ou sont-elles sur le point de disposer des moyens de contrer efficacement cette menace aérienne ?

    Si oui, les jours de l’entité sioniste sont comptés.

     

    Une grande guerre se profile-t-elle à l’horizon pour Israël?

    par Jeremy Salt | American Herald Tribune (USA) 21 janvier 2018 traduit de l’anglais par Djazaïri

    Après plus d’un siècle [depuis la Déclaration Balfour], les sionistes semblent prêts à donner le coup de grâce à la Palestine en annexant la Cisjordanie. Limité en premier lieu aux colonies qui auront été le précurseur de l’annexion de l’ensemble du territoire. Le statut de la population palestinienne continuera d’être en suspens en attendant qu’apparaisse une solution permanente. Après l’annexion, certains pourraient partir. Plus grand sera leur nombre, plus sera grande la satisfaction d’Israël, mais deux expulsions massives ont enseigné aux Palestiniens qu’ils doivent rester. Il pourrait encore y avoir une troisième vague d’expulsions, la guerre fournissant à nouveau l’écran de fumée [pour justifier les expulsions] et, une nouvelle fois, la guerre s’annonce Les fondateurs sionistes n’ont jamais voulu rien moins que toute la Palestine. Dès le début, ils savaient qu’ils devraient éjecter la population indigène. Le «binationalisme» de Martin Buber était une bonne idée qui n’avait aucune influence dans la classe politique. Les intentions de la direction sioniste ont dû être cachées jusqu’à ce que la colonie ait atteint le point où elle avait la force physique de reprendre la Palestine..

    Les fondateurs de l’Etat sionistes n’on jamais voulu rien moins que toute la Palestine. Dès le début, ils savaient qu’ils devraient expulser la population indigène. Le «binationalisme» de Martin Buber était une bonne idée qui n’avait aucune influence dans la classe politique. Les intentions de la direction sioniste devaient être cachées jusqu’à ce que la colonie ait atteint le point où elle avait la force physique de s’emparer de la Palestine.

    Weizmann et d’autres ne proclament rien d’autre que de bonnes intentions, rien d’autre que de vouloir vivre aux côtés des Palestiniens et quant à vouloir un État juif, c’était bien loin de leur esprit. Ce n’est que dans leurs journaux qu’ils consignèrent ce qu’ils voulaient vraiment, du désir de Herzl de transférer la «population démunie [les Arabes]» hors de Palestine jusqu’à la conclusion, en 1940, de Yosef Weitz, directeur du département de colonisation du Fonds national juif qu’il n’y avait pas de place en Palestine à la fois pour les colons et pour les «Arabes». Ces derniers devraient partir. Ces intentions n’étaient pas marginales mais représentatives de ce que les dirigeants sionistes réalisaient devraient être faits si la Palestine devait être la leur.

    Comme les Palestiniens se battraient jusqu’au bout, la terre ne pourrait être prise que par la force. Pas à pas, les sionistes ont pu avancer vers cet objectif. Les Britanniques avaient aidé en réprimant le soulèvement palestinien en 1936-39, la première Intifada, décapitant la direction populiste qui aurait pu mener la lutte contre les sionistes dans les années 1940. Des milliers de Palestiniens furent tués et beaucoup plus arrêtés.

    Le plan de partage de 1947 ne traduisait pas les véritables volontés des membres de l’ONU. Il avait été imposé à l’Assemblée générale par les menaces faites par les Etats Unis aux membres vulnérables et n’aurait sinon jamais été adopté. Israël en a bénéficié politiquement mais n’avait aucune intention d’adhérer à ses dispositions, ce qui aurait laissé les Palestiniens intacts, trois fois la taille de la communauté des colons sionistes. La guerre de 1948 était une guerre inévitable : sans le nettoyage ethnique de la Palestine, il n’y aurait pas eu d’Israël.

    Les expulsions massives de 1948-1949 furent suivies d’une deuxième vague d’expulsions en 1967, suivie de la lente strangulation des Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza, Israël utilisant tous les moyens possibles, militaires, économiques et pseudo-légaux. Il y a eu d’autres guerres, toutes visant à consolider et à étendre l’emprise sioniste sur la Palestine et à détruire les ennemis d’Israël : Suez 1956, Liban 1978, 1982 et 2006, Gaza à de nombreuses reprises, ainsi que d’innombrables «incursions» frontalières tuant au total des dizaines de milliers de civils arabes.

    Il y a eu aussi un « processus de paix », une initiative de l’OLP, qu’Israël n’a fait que suivre pour voir ce qu’il pouvait en retirer. Lancé en 1993, se termina clairement dès 1995, bien que son cadavre continue à remuer jusqu’à nos jours. Le « processus de paix » était une ruse diplomatique donnant à Israël plus de temps pour renforcer son emprise sur les territoires pris en 1967. Yasser Arafat fut accepté comme un partenaire de négociation et quand il n’eut plus rien à donner, Israël considéra à nouveau le pacificateur comme un terroriste et le tua. Mahmud Abbas (Abou Mazen à l’époque révolutionnaire) a suivi Arafat, assumant le rôle de courroie de transmission d’Israël en Cisjordanie, mais seulement pour être jeté une fois qu’il n’a plus eu d’utilisé pour Israël.

    Sur la base d’une colonisation sans fin et de la reconnaissance par Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël (rejetée par pratiquement le reste du monde), avec une réduction subséquente de l’aide américaine à l’UNRWA (l’Agence de secours des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens), l’OLP menace maintenant de «ne plus reconnaître» Israël. Si cela ramène le «problème de la Palestine» à 1948, c’est justifié que parce qu’Israël n’a jamais changé de position depuis.

    Le temps qui s’est écoulé depuis 1993 jusqu’à maintenant a permis à Israël d’installer des centaines de milliers de nouveaux colons en Cisjordanie, qui selon lui [le régime sioniste] ne peuvent être évacués sans risque de guerre civile. C’est peut-être vrai, mais l’État sioniste les y a installés pour qu’ils restent, car ils rapprochent le projet sioniste de son accomplissement, et il n’a jamais eu l’intention de les faire partir. Israël a maintenant l’intention de «légitimer» ce que jusqu’à présent il a appelé les «avant-postes» illégaux des colons, comme s’il y avait une différence en droit international entre l’illégalité complète de la présence des colons en Cisjordanie, que ce soit dans les implantations ou dans les avant-postes des «jeunes de la colline qui vont et viennent comme ils veulent, frappant, brûlant et détruisant. Ils sont protégés par l’État et ce n’est pas étonnant, car c’est un état qui est en roue libre depuis plus de sept décennies.

    Le porte-parole de la clique sioniste est maintenant Naftali Bennett, le ministre de l’Education, qui vient de parler de «la fin de l’ère de l’Etat palestinien et le début de l’ère de la souveraineté», par laquelle il entend l’annexion israélienne de la Cisjordanie et la souveraineté sur toute la Palestine. S’il y a une différence entre Bennett, un probable futur Premier ministre, et Netanyahu, c’est seulement que le premier parle plus clairement de ses intentions. Le désinvolte Netanyahou, qui voit toujours un avantage à parler d’un «processus de paix», a dans son parti d’autres membres qui parlent aussi ouvertement que Bennett. Tzipi Hotovely, par exemple, la vice-ministre des Affaires étrangères, parle également d’annexion : elle a hâte de voir le drapeau israélien flotter sur le Haram al Sharif et considère les anciens soldats du mouvement de protestation Breaking the Silence comme des «criminels de guerre». ‘

    Bennett ne fait que montrer la direction qu’Israël prendra tôt ou tard. Du point de vue sioniste, le prochain pas important doit être l’annexion. La tactique de la paix a été menée jusqu’au bout, la solution à deux états est morte (pour autant qu’elle ait jamais existé), il n’y a plus rien à tirer de l’Autorité palestinienne et à Washington, Israël a un ami, Donald Trump, qui soutient autant et plus Israël (reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël) que n’importe quel ancien président américain d’après 1948: seule la reconnaissance d’Israël  par Truman au moment où l’Etat a été proclamé peut lui être comparé. Qu’est-ce qui peut venir maintenant sinon l’annexion ?  Bennett pense que le vent tourne en faveur d’Israël et, si on prend en considération les tractations avec les gouvernements du Golfe et le soutien encore plus généreux des Etats-Unis, il a raison.

    Mais est-ce suffisant pour penser que la partie est finie et qu’Israël a fait jeu, set et match?, Peut-être pas : peut-être même pas du tout. Cette question ne concerne pas seulement les Palestiniens et n’a jamais concerné qu’eux. C’est une question arabe, une question musulmane, une question de droits de l’homme et un problème mondial. Elle n’a pas disparu et elle ne va pas disparaître. Ahed Tamimi , frappant un soldat israélien au visage après avoir été frappée par lui (est-ce que quelqu’un l’a remarqué? Certainement pas les médias mainstream) et maintenant emprisonnée pour une durée indéfinie pour ce crime haineux, est le dernier exemple de la force d’âme palestinienne face à l’oppression.

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    Ahed Tamimi est le nouveau symbole de la résilience du peuple palestinien

    Dès le début, malgré leur courage et leur détermination, les Palestiniens eurent à affronter des forces qu’aucun petit groupe de personnes ne pouvait surmonter seul : les Britanniques, les sionistes, les États-Unis et les énormes ressources qu’ils ont consacrées à l’occupation de la Palestine pendant un siècle. Cependant, la Palestine n’est pas seulement une question palestinienne et pas seulement une question plus générale de droits de l’homme : c’est une question qui va au coeur de l’histoire et de l’identité arabe. Le chemin de retour vers la Palestine devra toujours traverser le monde arabe. C’était clair pratiquement depuis le début. Jusqu’à présent, deux gouvernements arabes (Egypte et Jordanie) ont signé des traités de « paix » avec Israël. Ces arrangements de papier entre les gouvernements n’ont aucun soutien populaire en Egypte ou en Jordanie : ce n’est pas que leurs peuples ne veulent pas la paix, mais qu’ils ne sont pas prêts à sacrifier la Palestine pour l’obtenir. Il y a un géant assoupi ici qu’Israël semble penser endormi pour toujours. Les peuples sont la dynamite au bout de la mèche. Dans des circonstances favorables et avec les bons leaders, ils peuvent être mobilisés, comme ils l’ont été auparavant.

    En tant qu’État raciste, Israël traite depuis longtemps les «Arabes» avec mépris ou les considère incapables de faire ce qu’ils ont fini par faire. Le premier exemple est celui de 1973, lorsque les Egyptiens lancèrent une brillante opération sur le canal et prirent les troupes israéliennes complètement par surprise, les mettant en débandade. Si Sadate n’avait pas trahi Hafez al Assad, en stoppant l’offensive égyptienne au bout d’une semaine, Israël aurait pu être chassé du Sinaï et du plateau du Golan. Seule une plus grande intervention des États-Unis (ils intervenaient déjà directement par le transport aérien de matériel militaire directement dans le Sinaï) aurait pu empêcher une défaite israélienne. Dans le sud du Liban occupé, Israël a subi choc après choc. Il a été pris au dépourvu par le Hezbollah et, en fait, il a été expulsé du Liban en 2000. Il a réessayé en 2006 et a été à nouveau humilié, ce qui explique pourquoi Israël est déterminé à détruire le Hezbollah la prochaine fois même s’il faut détruire le Liban avec.

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    Octobre 1973: soldats égyptiens au sommet d’une position prise à l’ennemi sur la ligne Bar Lev 

    Naftali Bennett était l’un des soldats d’Israël au Liban. Il projette l’image d’un personnage dur. « J’ai tué beaucoup d’Arabes en mon temps et je n’ai pas de problème avec ça », a-t-il dit. Parmi les «Arabes» qu’il a aidé à tuer, plus d’une centaine de civils libanais, dont de nombreux enfants, qui s’étaient réfugiés dans l’enceinte de l’ ONU à Qana., au sud du Liban, quand elle a été bombardée par les forces israéliennes envahissante en avril 1996. Un homme avait perdu 31 membres de sa famille, dont neuf enfants. Bennett était membre de l’unité dite d’«élite» Maglan. Quand son détachement avait été pris dans une embuscade par le Hezbollah, il avait appelé à l’aide une unité d’artillerie. Selon un autre officier, quand il est entré en communication, Bennett était hystérique, mais les obus sont arrivés et l’ont sauvé, 13 d’entre eux ayant explosé dans l’enceinte du site de l’ONU. Le secrétaire général de l’ONU, Boutros Boutros Ghali, avait démenti l’affirmation d’Israël selon laquelle le bombardement était dû à une erreur, étant donné que le site de l’ONU avait fait l’objet de reconnaissances par des drones et des hélicoptères israéliens. Le résultat fut qu’il perdit son deuxième mandat, les USA refusant de le soutenir, lui préférant Kofi Annan.

    Bennett et ses anciens compagnons d’armes se considèrent comme des guerriers. Une opinion que ne partage pas Hasan Nasrallah qui se base sur les expériences que le Hezbollah a eues avec les Israéliens. Dans une récente interview diffusée sur la chaîne de télévision Mayadeen, Nasrallah a ironisé sur la capacité à combattre des soldats israéliens. A ses yeux, les succès de la résistance au Liban et en Palestine ont brisé le mythe de l’invincibilité israélienne (un mythe déjà démoli depuis au moins la guerre de 1973). Le Hezbollah et les forces alliées ont combattu les takfiristes pendant plus de sept années en Syrie et plus de trois années en Irak. C’était un ennemi qui entrait dans le combat avec des escouades de commandos suicide, un ennemi « prêt à mourir » sans hésitation, à comparer avec les Israéliens qui, a dit Nasrallah, n’avancent pas sans être précédés d’une force blindée, suivis par des ambulances et protégés depuis le ciel par des hélicoptères et des avions de combat. Un tel soldat est vaincu à l’avance. C’est un lâche sans volonté de se battre. Combattre l’État islamique était beaucoup plus difficile que de combattre Israël, ce qui a permis de vaincre l«bila shaq» (sans aucun doute). C’est le facteur humain qui a donné l’avantage à la résistance.

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    Avril 2017 : Combattant du Hezbollah à la frontière entre le Liban et la Palestine occupée

    Nasrallah a évoqué à plusieurs reprises la «grande guerre» à venir avec Israël, qui impliquerait non seulement «l’axe de résistance» (Iran, Irak, Syrie, Liban, Palestine et toutes les organisations du monde arabe «qui soutiennent cette voie») mais aussi des centaines de milliers de volontaires arabes. Nasrallah a déclaré que Sayyid Abd al Malik al Houthi avait promis d’envoyer des dizaines de milliers de combattants volontaires même si la guerre saoudo-yéménite se poursuivait. Cette guerre, dont Nasrallah a souvent dit que le Hezbollah la mènerait en Galilée à travers la ligne d’armistice et s’étendrait sur tout le front libanais et syrien avec Israël, a été le thème central de toutes ses récentes interviews.

    La stratégie d’Israël dès le départ sera la destruction totale du Hezbollah le plus rapidement possible et autant du Liban que nécessaire pour détruire le Hezbollah. La puissance aérienne sera au cœur des stratégies de guerre d’Israël, comme elle l’a été dans le passé. C’est ce sur quoi le Hezbollah et ses alliés devront travailler pendant des années pour la neutraliser. Qu’Israël se prépare activement à la guerre ressort clairement des exercices aériens et terrestres qu’il a menés au cours des six derniers mois, combinant les forces aériennes, navales et terrestres, la robotique, les combats dans les tunnels et l’évacuation des civils du nord jusqu’à la ligne d’armistice ligne avec le Liban. L’état-major israélien a effectivement reconnu la piètre performance de ses troupes sur le terrain, à Gaza ou au Liban en 2006, en augmentant le ratio de soldats et d’officiers issus de milieux de colons religieux, plus fortement motivés, pense-t-il, que les jeunes hommes issus de milieux non pratiquants.

    Il ne fait aucun doute que l’état-major israélien analyse chaque mot prononcé par Nasrallah, le prend au sérieux et le respecte sur la base des réalisations militaires du Hezbollah, mais peu de ce qu’il dit atteint les médias «occidentaux». Il est juste le clerc à la barbe broussailleuse régulièrement présenté comme le mandataire de l’Iran au Liban, comme s’il n’avait pas une pensée propre, et non comme l’un des esprits les plus impressionnants du Moyen-Orient. Nasrallah ne se livre jamais à des discussions creuses et ne parle que de la «possibilité» d’une grande guerre à venir, afin de ne pas alarmer les gens, alors qu’il est clair que ce n’est pas seulement une probabilité, mais une guerre qui mettra un point final. A la confrontation historique avec Israël.  En voulant infliger une défaite écrasante à ses ennemis, c’est certainement ce qu’Israël aura en tête. Le Hezbollah est prêt et Nasrallah pense qu’il peut gagner.

    L’idée même qu’Israël puisse être défait sur le champ de bataille n’a aucune place dans le discours ‘occidental’ qui a été construit sur des siècles de préjugés anti-arabes et antimusulmans dans les médias. Ce serait considéré comme impensable, insensé et risible. Israël essuie des revers mais il ne perd pas de guerre : cette possibilité n’existe pas dans les esprits conditionnés par un biais médiatique sans fin. Une telle guerre devrait être considérée avec effroi : comme le dit Nasrallah, personne ne pourrait dire où cela ne mènerait pas, mais avec l’élimination de toutes les options pour la paix, le pendule va inévitablement dans cette direction. Est-ce que Hassan Nasrallah s’est éloigné de la réalité, parlant de la victoire et des centaines de milliers de combattants qui se joindront à la prochaine guerre, ou sait-il quelque chose que nous ne savons pas? Il sait évidemment beaucoup de choses que nous ne savons pas, mais pour vaincre Israël, sa puissance aérienne offensive et défensive devra être neutralisée. Est-ce que le Hezbollah et l’Iran ont trouvé comment parvenir à ce résultat Est-ce la raison de sa confiance ? Nous devrons attendre la prochaine guerre pour le découvrir.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         Vers une grande guerre de libération de la Palestine? | Mounadil al Djazaïri (wordpress.com)                          
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  • On aura tout vu. Des sombres cieux, des cimetières, des scandales et aussi des incompétences et du populisme. Une année à multiples virus. Peu de joies masquées et beaucoup de chagrin, de mal et d’illusions à proche distance.

    Je ne saurais dire, si au moment où on lira ces lignes, le président serait là ou non, parmi nous pour signer la loi de finances en ce 31 décembre, délai exigé par l’orthodoxie budgétaire de par son principe d’annualité. Je ne saurais dire si en ce jour, des changements ont eu lieu la veille ou bien la vie allait continuer son cours malgré l’anormalité des choses. L’essentiel en toute évidence est que les choses vont bouger un jour ou l’autre, que le décor politique connaitra des nuances, que des noms vont apparaitre, d’autres disparaitre. Un jour ou l’autre de l’année qui commence et s’annonce en vaccin hypothétique, en défis continuels, en danger permanent, en clans résistants, en anémie économique et pénurie financière et en angoisse sociale.

    Tous les espoirs que l’on aurait récoltés au cours d’une année passée, semée de hirak, de nouvelle version de vie, de nouveaux réflexes, de nouvelles têtes, de nouvel air politique, de volonté à ne plus rêver, de et de… se sont tous échoués à la naissance de cette fatidique année. 2020, commençait déjà par l’odeur funéraire, les emprisonnements téméraires, les fermetures libertaires. Que de membres de famille, d amis, de voisins, de personnalités sont partis par cette démente saloperie. Que d’autres sont encore sous ses affres. Il n’y a pas, diront certains que ce virus qui tue. Il y a l’autre ; la frustration, le déni de droit et se justice, la faillite du pays qui, certes n’ôtent pas la vie mais font suffoquer les poitrines et rétrécissent l’expression.

    Nous aurions vu en cette année là, encore ces visages dégarnis de toute conscience, imparfaits à la tache qui de surcroit ont fait les annales de la décennie révolue. Ces mêmes gueules recrutées sur le bûcher d’un Hirak mutilé à bon escient. Des conseillers, des médiateurs et communicants installés impoliment sur les devant d’une précarité présidentielle. Les mêmes gens détenteurs de portefeuille publics sont toujours en service. Ils sillonnent le pays, crèvent les écrans sans rougir aucunement. Qu’a-t-il à faire à Sétif ou à Batna le médiateur de la république ? Il n’a en tant que tel nulle attribution pour résoudre le moindre problème d’un tracé routier, d’une cantine scolaire ou d’un déblocage communal. Voilà une façon de pérenniser l’ancienne Algérie qui demeure encore debout. Cette année là, aurait été bénéfique pour garder les contestations au stade d’un confinement que ce maudit virus en amplement favorisé. C’est en son nom que tout avait été bouclé, cadenassé, sauf sa propagation et ses atteintes mortelles. Un malheur annihile le bonheur des uns et s’accroit chez les autres et semble parfois faire un bonheur chez certains.

    Le hic, c’est que ceux qui dirigent le pays ou disent agir pour son compte n’arrivent pas à évaluer le temps. Âgés et conséquemment malades, parfois impotents, ils ne peuvent penser à partir. Seule la biologie saura faire son œuvre. Ni l’usure des os, ni la fébrilité des sens n’ont pu leur exprimer que tout doit avoir une fin, que le pays a grandement besoin d’un sang neuf, qu’il est plein d’une jeunesse qui vieillit à mesure que grandissent ses problèmes et qu’il est largement temps de reprendre enfin ce « flambeau » éteint, déteint et mal remis. Ils sauront lui insuffler la flamme qui lui manque, l’étincelle qui fera briller l’avenir. Toute une gérontocratie est toujours aux manettes du pouvoir. Tout un arsenal obsolète d’arguments et de communication est toujours mis à l’avant sans toutefois ne convaincre aucun. Du spectre complotiste étranger à la suspicion malveillante des forces néfastes intérieures, le rituel ne s’arrête pas. Un président de sénat illégal, tant l’intérim assuré l’est aussi, avance en guise d’acte de présence que des slogans qu’il ressort des fonds du grenier poussiéreux qu’il veut remettre au goût du jour. Personne ne croit à vos élucubrations. Vous avez donné certes soi-disant, plus de 60 ans de vos vies à l’Algérie, mais cette même Algérie vous a suffisamment honoré, glorifié, chouchouté. Elle a fait de vous ce que vous ne pensiez jamais l’être. Les martyrs sont partis, vous êtes toujours là. Le pays tout au plus aurait besoin de vos mémoires et non vos déboires.

    Le pays est en proie à un désespoir, qui venu tôt remplir les cœurs encore attachés aux lueurs à venir, avait vite fait mourir les jours et leur joie de les vivre. Le brouillard à envahi tout le paysage. On ne distingue rien, ni du mal ni du bien. Un président absent, des institutions figées, un gouvernement à l’arrêt, des assemblées pourries, des geôles investies, des libertés retenues, que dire de plus ?

    Une année pleine de crocs et de non-dits. Le retour controversé de Nezzar et des rumeurs l’entourant, la suspension de promulguer une constitution mal votée en suspension de promulgation, la normalisation à nos flancs, le danger y est plus qu’en autres temps. Une année qui a vu d’innombrables soubresauts, des sautes d’humeur et des fâcheries va encore partir pour garnir l’histoire contemporaine d’un pays toujours en quête de son projet, pire encore de sa survie. La caractéristique la plus expresse de l’année a été cette passion dévorante d’exercer le pouvoir et l’ardeur d’y mettre le peuple à ses tendances. Le vœu qu’enfin, l’on pourrait voir de bons présages et de surpasser de sulfureux passages a été rapidement éclipsé. Bien avant la survenance de cette fatidique année, l’espoir de tous de la voir arriver en bonne année, était enveloppé dans les vœux. Mon ami, Belaidi Abdelmadjid internaute prolifique, affichant alors toute la béatitude de son béat optimisme postait ce 28 décembre 2019 : «Nous sommes le vingt-huit. Plus que quelques jours et l’année 2019 sera du domaine des souvenirs et l’année 2020 sera le grand espoir pour nous. L’espoir de voir les voix sages se faire entendre. L’espoir de la prise de conscience de ce qui se trame à nos frontières. L’espoir d’une unification fusionnelle de toutes et de tous, rien que pour la paix intérieure. L’espoir de la réalisation du grand rêve des géants de novembre 1954 » rien de tout cela ne fut.

    Des structures de santé débordées mises a pires épreuves, la rupture d’oxygène, des guichets postaux en manque de liquidités, des primes non mandatées, des confinements zélés, des complots dénoncés, des coupures d’eau, d’électricité, d’Internet, des ministres et walis encore en prison, d’autres aussi et tout un chapelet de faits et d’événements ont émaillé cette année virale. L’on n’est pas encore sorti de ses ténèbres malgré sa finition calendaire. Les mesures drastiques prises dans l’objectif d’endiguer la propagation du virus ne se sont pas passées sans faire des dégâts sur la situation économique notamment celle des ménages. La pauvreté s’est accrue d’un cran. Les petits commerces, les taxieurs, les coiffeurs, les journaliers occasionnels ont tous subit la faillite engendrée par ces mesures. La compensation de l’Etat n’était pas au rendez-vous voulu et espéré. Ainsi en plus qu’il est une principale cause de grande mortalité, ce virus est devenu un grand facteur d’appauvrissement des populations déjà pauvres et appauvries. En face, rien n’est garanti pour freiner cette récession économique brutale.

    Les jeunes de moins de 30 ans viennent de découvrir les conditions du couvre-feu. Le premier des années 90 était une barrière contre un virus criminel et anonyme, le second un geste barrière contre un virus tout aussi criminel et anonyme. A la différence que le premier était bien de chez nous, plus meurtrier et atroce. 2021, ne sera une bonne année que si tous les virus s’évacueront. Une pandémie peut à la longue, recherche scientifique aidant être vaincue. L’épidémie qui se greffe dans les méninges du système demeure pénible et réticente à vouloir se dissiper de sitôt. Le mal est génétique, il se niche dans les parois infranchissables que contiennent les têtes au pouvoir.

    On ne peut oublier cette année qui s’achève tant elle avait pris des êtres chers, causé des destructions familiales en emportant dans son linceul la joie, les doux moments et les radieuses espérances. Elle avait pris toute une année de notre temps et l’avait rétrécit à des masques et des gestes de distanciation. Elle nous avait interdit de s’embrasser, de se serrer ou de faire des câlins à nos p’tits enfants. On était privés de cette liesse dans le partage des gâteaux fait maison lors des deux aids, on ne pouvait s’asseoir au chevet d’un frère malade ou présenter par présence nos condoléances étouffées.

    Malgré toutes ces anicroches, l’on reste toujours en quête de ce bonheur né le 22 février et mis en sourdine un temps après. L’on reste accroché à voir une Algérie nouvelle pas au sens de ceux qui la prônent en générique populiste tout en étant bien assis sur le socle inébranlable de l’ancienne, mais une Algérie d’égalité, de droit et de justice. Un pays qui cessera d’être la propriété des uns et une prison pour les autres. Un territoire indivisible, uni qui s’espacera à tout un chacun et où ce tout un chacun aura une part du soleil qui brille, où le mérite l’emportera sur le copinage et surtout où la compétence suppléera l’inertie des vieux et itératifs responsables. Aussi m’abstiendrais-je à tout souhait, que la santé, laissant la providence faire ce qui se susurre dans le cœur de quiconque.

    par El Yazid Dib

    2020, l’année virale (lequotidien-oran.com)

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  •                                                                                            Après avoir rapporté la longue épreuve épique de Julian Assange, John Pilger a prononcé ce discours devant le tribunal pénal central de Londres le 7 septembre, alors que l’audience d’extradition de l’éditeur de WikiLeaks entrait dans sa phase finale.

    Quand j’ai rencontré Julian Assange pour la première fois il y a plus de dix ans, je lui ai demandé pourquoi il avait lancé WikiLeaks. Il a répondu : « La transparence et la responsabilité sont des questions morales qui doivent constituer l’essence même de la vie publique et du journalisme. »

    Je n’avais jamais entendu un éditeur invoquer la morale de cette manière. Assange croit fermement que les journalistes sont les agents du peuple, non ceux du pouvoir ; que nous, le peuple, avons le droit de connaître les secrets les plus sombres de ceux qui prétendent agir en notre nom.

    Si les puissants nous mentent, nous avons le droit de le savoir. S’ils disent une chose en privé et le contraire en public, nous avons le droit de le savoir. S’ils conspirent contre nous, comme Bush et Blair l’ont fait sur l’Irak, puis prétendent être démocrates, nous avons le droit de le savoir.

    C’est cette moralité du but poursuivi par Wikileaks qui menace tant la collusion des puissances qui veulent plonger une grande partie du monde dans la guerre et qui veulent enterrer Julian vivant dans l’Amérique fasciste de Trump.

    En 2008, un rapport top secret du Département d’État américain décrivait en détail comment les États-Unis allaient combattre cette nouvelle menace morale. Une campagne de dénigrement personnelle dirigée secrètement contre Julian Assange conduirait au « discrédit [et à] des poursuites pénales ».

    Voir Un document de la CIA explique comment promouvoir les guerres et pourquoi l’État profond est hostile à Trump

    L’objectif était de faire taire et de criminaliser WikiLeaks et son fondateur. Page après page révélait une guerre à venir contre un seul être humain et contre le principe même de la liberté d’expression, de la liberté de pensée et de la démocratie.

    Les troupes de choc impériales allaient justement être celles qui se prétendaient journalistes : les grosses frappes des soi-disant médias mainstream, en particulier les « libéraux » qui marquent et patrouillent les périmètres de la dissidence.

    Et c’est ce qui s’est passé. Je suis journaliste depuis plus de 50 ans et je n’ai jamais connu une campagne de diffamation comme celle-ci : l’assassinat frauduleux de l’image d’un homme qui refusait de rejoindre le club ; qui croyait que le journalisme était au service du public, jamais des puissants.

    Assange a fait honte à ses persécuteurs. Il a produit scoop après scoop. Il a exposé la fraude des guerres promues par les médias et la nature homicide des guerres américaines, la corruption des dictateurs, les sévices abjects de Guantanamo.

    Il nous a forcés, en Occident, à nous regarder dans un miroir. Il a dénoncé les diseurs de vérité officiels dans les médias comme des collaborateurs : ceux que j’appellerais les journalistes de Vichy. Aucun de ces imposteurs n’a cru Assange quand il a averti que sa vie était en danger, ou que le « scandale sexuel » en Suède était un coup monté et qu’un enfer américain était la destination ultime. Et il avait raison, encore et encore raison.

    L’audience d’extradition à Londres cette semaine est l’acte final d’une campagne anglo-américaine pour enterrer Julian Assange. Ce n’est pas une procédure régulière. C’est une vengeance implacable. L’acte d’accusation américain est clairement truqué, un simulacre aisément démontrable. Jusqu’à présent, les auditions ont rappelé leurs équivalents staliniens pendant la guerre froide.

    Aujourd’hui, la terre qui nous a donné la Magna Carta, la Grande-Bretagne, se distingue par l’abandon de sa propre souveraineté en permettant à une puissance étrangère malveillante de manipuler la justice et par la torture psychologique vicieuse de Julian —une forme de torture, comme l’expert de l’ONU Nils Melzer l’a souligné, a été affinée par les nazis parce qu’elle était le plus efficace pour briser ses victimes.

    Voir Toute la vérité sur Julian Assange : ‘Un système assassin est en train d’être créé sous nos yeux’, par Nils MELZER,

    Chaque fois que j’ai rendu visite à Assange dans la prison de Belmarsh, j’ai vu les effets de cette torture. La dernière fois que je l’ai vu, il avait perdu plus de 10 kilos ; ses bras n’avaient pas de muscles. Incroyablement, son sens de l’humour noir était intact.

    Quant à la patrie d’Assange, l’Australie, elle n’a affiché qu’une lâcheté grinçante alors que son gouvernement a secrètement conspiré contre son propre citoyen qui aurait dû être célébré comme un héros national. Ce n’est pas pour rien que George W. Bush a oint le Premier ministre australien son « shérif adjoint ».

    On dit que quoi qu’il arrive à Julian Assange dans les semaines à venir diminuera, voire détruira la liberté de la presse en Occident. Mais quelle presse ? The Guardian ? La BBC, le New York Times, le Washington Post de Jeff Bezos ?

    Voir Les abus de pouvoir contre Assange démontrent qu’il s’agit d’une affaire d’Etat

    Non, les journalistes de ces médias peuvent respirer librement. Les Judas du Guardian qui ont flirté avec Julian, exploité son œuvre phare, se sont enrichis sur son dos puis l’ont trahi, n’ont rien à craindre. Ils sont en sécurité parce qu’ils sont nécessaires.

    La liberté de la presse appartient désormais à quelques honorables gens : les exceptions, les dissidents sur Internet qui n’appartiennent à aucun club, qui ne sont ni riches ni chargés dePrix Pulitzers, mais produisent un journalisme moral et désobéissant. Ceux qui sont comme Julian Assange.

    En attendant, il est de notre responsabilité de nous tenir aux côtés d’un véritable journaliste dont le courage doit être une source d’inspiration pour nous tous qui croyons encore que la liberté est possible. Je le salue.

    ***

    En France, les médias ont été tout aussi engagés dans la cabale anti-Assange, avant et après son arrestation. Cf. par exemple cet éditorial du Monde suite à l’arrestation d’Assange et à son inculpation par les Etats-Unis qui lui donnait entièrement raison sur toute la ligne : au lieu de faire son mea culpaLe Monde s’enfonce ignominieusement :

    « Julian Assange est un justiciable comme les autres. Ses démêlés avec la police ont commencé parce qu’il a refusé de se rendre à une convocation de la police suédoise qui souhaitait l’entendre après les plaintes de deux femmes pour agression sexuelle, au motif fantaisiste, à l’époque, qu’il craignait que la Suède ne le livre à la CIA. Il a eu tort de refuser de s’expliquer sur ces graves accusations. »

    Comme l’établit le rapporteur de l’ONU sur la torture, Nils MELZER, lorsqu’il était réfugié à Londres, la Suède a refusé d’interroger Assange à l’ambassade d’Equateur ou via vidéo (alors que durant la même période, de tels interrogatoires de suspects entre la Suède et l’Angleterre ont eu lieu dans 44 autres cas) et de lui garantir qu’il ne serait pas extradé :

    « Assange n’a pas cherché à se cacher de la justice. Par l’intermédiaire de son avocat suédois, il a proposé aux procureurs plusieurs dates possibles d’interrogatoire en Suède. Cette correspondance existe. Ensuite, les événements suivants se sont produits : Assange a eu vent du fait qu’une affaire criminelle secrète avait été ouverte contre lui aux États-Unis. À l’époque, cela n’a pas été confirmé par les États-Unis, mais aujourd’hui nous savons que c’était vrai. À partir de ce moment, l’avocat d’Assange a commencé à dire que son client était prêt à témoigner en Suède, mais il a exigé l’assurance diplomatique que la Suède ne l’extraderait pas aux États-Unis. [Ce risque était tout à fait réel, car] quelques années auparavant, le personnel de sécurité suédois avait livré à la CIA deux demandeurs d’asile, tous deux enregistrés en Suède, sans passer par la moindre procédure judiciaire. Les abus ont commencé à l’aéroport de Stockholm, où ils ont été maltraités, drogués et transportés par avion en Égypte, où ils ont été torturés. Nous ne savons pas s’il s’agit des seuls cas de ce type. Mais nous sommes au courant de ces deux cas car les hommes ont survécu. Tous deux ont par la suite déposé plainte auprès des agences des droits de l’homme de l’ONU et ont obtenu gain de cause. La Suède a été obligée de payer à chacun d’eux un demi-million de dollars en dommages et intérêts. Les avocats d’Assange affirment que pendant les près des sept ans au cours desquels leur client a vécu à l’ambassade d’Équateur, ils ont fait plus de 30 offres pour organiser la visite d’Assange en Suède, en échange d’une garantie qu’il ne serait pas extradé vers les États-Unis. La Suède a refusé de fournir une telle garantie en faisant valoir que les États-Unis n’avaient pas fait de demande formelle d’extradition. »

    Même Mediapart a honteusement participé à la cabale anti-Assange, s’efforçant lâchement de lui porter le coup de grâce après son arrestation en colportant des ragots démentis de longue date, jusqu’à la fable grossière selon laquelle il serait un agent russe et que Moscou lui aurait fourni les DNC Leaks, tout en affirmant qu’il n’y a aucune preuve de cela :

    « Depuis Londres, le fondateur de WikiLeaks annonce qu’il refuse de se rendre en Suède au motif que cette procédure n’est qu’un prétexte. Selon lui, dès qu’il foulera le sol suédois, les États-Unis demanderont son extradition pour être jugé pour espionnage, crime passible de la peine capitale. Sous le coup d’une procédure d’extradition accordée par la justice anglaise, Julian Assange va tout d’abord mener une bataille juridique pour en obtenir l’annulation. Une fois tous les recours épuisés, il se réfugie, le 19 juin 2012, dans les locaux de l’ambassade de l’Équateur qui lui accorde l’asile politique. Il y restera cantonné dans une pièce de l’immeuble sans pouvoir sortir au risque d’être immédiatement interpellé par les policiers britanniques qui le surveillent en permanence.

    Avec ces accusations sexuelles, Julian Assange tombe de son piédestal. Son image de chevalier blanc se fissure et, même au sein de WikiLeaks, des langues se dénouent, dévoilant un tout autre visage. De nombreux témoignages décrivent un homme égocentrique, intransigeant et exigeant de ses collaborateurs une obéissance absolue. […]

    WikiLeaks s’isole encore plus lorsque l’enquête sur le piratage des mails de la direction du Parti démocrate révèle que celui-ci a été réalisé par un groupe de hackers, Guccifer 2.0, lié aux services secrets russes, le GRU. Julian Assange démentira formellement que sa source soit des hackers et les différentes enquêtes ne permettront pas d’établir un lien direct entre WikiLeaks et Moscou. Mais pour beaucoup, la ficelle est trop grosse. »                                                                                                                                                                                                             Par John Pilger

    Source : johnpilger.com, le 7 septembre 2020

    Traduction : lecridespeuples.fr                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                           

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  •                                                                                                                                                                                                                                                                                  L’agression de l’OTAN contre la Serbie, en 1999, est probablement le pire crime de cette organisation. Déclenchée à l’initiative des États-Unis avec le soutien enthousiaste de la France, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne, l’intervention a donné lieu à 78 jours de bombardements qui ont tué des milliers de civils et très peu de militaires ! Ceux qui ont suivi en direct cette glorieuse expédition se rappellent le sinistre comptage quotidien des sorties aériennes relaté par Jamie Shea, porte-parole de l’OTAN, concluant invariablement son propos par son cynique « il y a aussi eu des dégâts collatéraux ».

    Il s’en est suivi l’expulsion de l’armée serbe de son propre territoire, la province du . Majoritairement peuplée d’Albanais, rebaptisés Kosovars pour les besoins de la cause, elle vécut pendant près de dix ans avec un statut autonome sous la protection de l’armée américaine qui y a construit une de ses plus grandes bases au monde. Bien évidemment, le Kosovo proclama ensuite son indépendance, en 2008, contrairement à tout ce qui avait été dit à l’époque, mais on a l’habitude. Passons sur l’exode de milliers de Serbes contraints de fuir leur propre pays.

    Pour justifier l’attaque, une formidable campagne de désinformation la précéda. On n’inventa pas encore le concept d’armes de destruction massive mais on organisa des massacres imaginaires savamment mis en scène, les expressions de génocide ou d’épuration ethnique étant bien sûr allègrement utilisés. Le clou de l’histoire fut l’invention d’un vaste plan de déportation des « Kosovars » révélé par Joschka Fisher, le ministre écologiste des Affaires étrangères allemand. Ce plan, baptisé « Fer à cheval », était un faux mais il justifia l’intervention. Un excellent article du Monde diplomatique d’avril 2019 détaille tout cela sous le titre : « Le plus grand bobard de la fin du XXe siècle. » On ne saurait mieux dire.

    Nos braves guerriers de l’OTAN ont ainsi inauguré l’intervention humanitaire, idée commode qui peut être utilisée aussi souvent que nécessaire. Mais il est bien dommage qu’ils ne se soient pas intéressés à un autre volet humanitaire, celui du sort de prisonniers serbes, civils et militaires, mais toujours jeunes, qui ont disparu à jamais.

    Très vite, une rumeur de trafics d’organes apparut. Derrière, l’ombre de l’UÇK, ce mouvement paramilitaire albanais, dirigé par . Ses exactions furent régulièrement dénoncées par Belgrade, mais comment croire un Serbe ?

    Heureusement, de sérieuses enquêtes furent effectuées, notamment par le journaliste Pierre Péan (Kosovo, une guerre « juste » pour un État mafieux) ou le diplomate Dick Marty, missionné par le Conseil de l’Europe (Une certaine idée de la justice). Elles ne laissent la place à aucun doute sur la réalité du trafic d’organes. Interrogé à ce sujet, Bernard Kouchner, nommé en 1999 représentant spécial de l’ONU au Kosovo, éclata d’un rire sonore devant les caméras. La scène est encore visible sur Internet.

    Tout cela n’a pas empêché Thaçi de devenir président du Kosovo en 2016 et d’en être le vrai patron depuis 1999, sous tutelle américaine.

    Cette fois, l’étau s’est resserré et ses anciens amis l’ont lâché. Car c’est sous la pression des alliés occidentaux du Kosovo que le Tribunal spécial de La Haye a ordonné l’arrestation de Thaçi et de trois anciens dirigeants de l’UÇK. Ils ne doivent pas seulement répondre du crime de trafic d’organes mais aussi de tortures, de persécutions, de détentions arbitraires, de traitements cruels et de disparitions forcées. C’est vraiment une bonne idée d’avoir été aider ces braves gens…

    Thaçi a, bien sûr, démissionné début novembre après son inculpation et s’est rendu à la Justice. Il dort, aujourd’hui, en prison à La Haye, comme Milošević vingt ans avant. Il méditera sur la fiabilité de son allié américain mais se consolera en se disant que le boulot a été fait.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               Antoine de Lacoste                                                                                                                                                                            Le président du Kosovo enfin devant la Justice internationale - Boulevard Voltaire (bvoltaire.fr)                                                                                                         

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  • Gastronomie politique pour réveillon du 31 décembre
     

    Faites mijoter dans un chaudron un ragout où sont plongés des ingrédients disparates mais au (mauvais)goût semblable : ENA, HEC, Sciences-Po, Polytechnique...

    Pour augmenter l’odeur d’andouillette mal lavée qui s’en dégage, ajoutez-y l’aile droite de l’Hémicycle, Matignon, l’Elysée, toutes les écoles de journalisme.

    Quand c’est cuit, servez votre pestilentielle mixture au chien en guise de pâtée, aérez la pièce, jetez le chaudron (irrécupérable), vomissez dans les toilettes, enterrez le chien.

    Il ne vous reste plus qu’à ouvrir une boîte de panse de brebis farcie, à faire sauter avec le pouce le bouchon en plastique d’une bouteille de gros bleu qui tache et à vous régaler. Vous avez échappé au pire.

    Théophraste R. Fabriquant de pince-nez.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                           Le Grand Soir                                                 

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  •                                                                                                                                                                                     «Les expériences humaines dans bien des régions du monde ont démontré que les liens spirituels (...) n´ont pas pu résister aux coups de boutoir de la pauvreté et de l´ignorance pour la simple raison que les hommes ne veulent pas aller au Paradis le ventre creux. (...) Les peuples qui ont faim ont besoin de pain, les peuples ignorants de savoir, les peuples malades d´hôpitaux.» Discours de Boumediène à la Conférence des États islamiques à Lahore en 1974. 27 décembre 1978, le destin de l´Algérie bascule, une fois de plus. Le président Boumediène décède. Ce fut véritablement un choc bien que l´opinion fut préparée à cette douloureuse issue. Qui était Houari Boumediène qui fascine tant les jeunes et moins jeunes? Certains retiennent le fameux "Kararna ta´emime el mahroukate": "Nous avons décidé la nationalisation des hydrocarbures". Par cette phrase, Boumediène annonçait à la face du monde que l´Algérie tenait en main son destin énergétique. Est-ce ce leader qui, pour la première fois, à la tribune des Nations unies, militait pour un Nouvel ordre économique international plus juste, où les matières premières seraient payées à un prix juste? Mohammed Boukharouba, qui prendra le nom de Houari Boumediène, a vu le jour à Aïn Hasseïnia, près de Guelma le 23 août 1932. Né dans une famille de paysans pauvres, il symbolise par sa naissance la pluralité de l´Algérie dans sa double composante identitaire: son père était arabophone et sa mère berbérophone. Il incarnait ainsi, vraiment, l´Algérie dans sa diversité. Il a passé son enfance, en effet, parmi les fellahs dont il a conservé la rusticité.

    Il avait rejoint, avance Paul Balta, à six ans, l´école primaire française. Ses parents l´avaient mis aussi, parallèlement, dans une école coranique où il apprendra, parfaitement, les soixante versets du Livre saint de l´Islam. Il est entré, peu après, à la médersa El Kittania de Constantine où l´enseignement était dispensé, totalement, en arabe. Il est certain, cependant, qu´il avait déjà contracté le goût de la lecture, en français. Il l´a, vraisemblablement, conservé toute sa vie. Certains témoins m´ont rapporté qu´il lui arrivait de réciter, mais dans un cadre restreint car il était très pudique, "La mort du loup" d´Alfred de Vigny. Au cours de nos tête-à-tête, il est advenu qu´il recourt, pour étayer son argumentation, à des ouvrages français, ceux de Jacques Berque.Il avait évoqué l´Egyptien Taha Hussein. Ses lectures étaient très éclectiques mais portaient, essentiellement, sur les chroniques d´histoire politique, les biographies d´hommes d´Etat, des recueils de poésies arabe et française. Pour ce qui concerne ses goûts musicaux, j´ai déjà évoqué sa faiblesse pour le flamenco du temps de l´état-major. J´ai appris que devenu chef de l´Etat, il écoutait, religieusement, "le concerto d´Aranjuez", réminiscence, sans doute, d´un attachement profond à l´Andalousie musulmane. Cela ne l´empêchait pas de goûter à toute la panoplie de la chanson algérienne, notamment les mélodies de Aïssa El Djarmouni voire les chansons à thème politique de Rabah Driassa sans oublier les mélopées de Cheikh Raymond. «Il est certain que Boumediène était profondément convaincu de la nécessité de rétablir la langue et la culture arabes dans leur statut souverain en Algérie. Il avait grand soin à ce que ses discours officiels soient rédigés dans la langue arabe. Par contre, il faisait preuve d´une grande ouverture d´esprit pour la culture occidentale en général dont il voulait promouvoir les rapports d´échanges avec la pensée arabe et musulmane».(1)

    "Discret mais efficace, timide mais fier, réservé mais volontaire, autoritaire mais humain, généreux mais exigeant, prudent dans l´audace, voilà comment m´est apparu Boumediène lorsque j´ai eu à le connaître et à l´observer. Homme du soir, il aimait se retrouver, de temps à autre, tant qu´il était encore célibataire, avec quelques amis auprès desquels il se montrait enjoué et rieur, selon ce que m´ont affirmé plusieurs d´entre eux. Il aimait jouer, aussi, aux échecs sans être un joueur émérite. Ses goûts gastronomiques étaient sans prétention et, en fait, il avait fini par contracter l´habitude des plats servis dans l´armée. Il évitait, systématiquement, les sucreries mais raffolait des galettes de pain faites à la main. En fait, aucun luxe n´avait prise sur lui, sinon celui de fumer. Président de la République, il opte, cependant, pour les cigares cubains que lui envoyait Fidel Castro. Avec le burnous en poil de chameau, c´est le seul luxe qu´il se soit permis".(1)
    "Il était animé par une profonde conviction, l´argent de l´État appartenait à la nation et ne devait pas être dilapidé. Cette conviction a guidé son comportement, de bout en bout de sa vie. Devenu président de la République, il usait toujours de son seul salaire et s´interdisait les dépenses somptuaires qu´il aurait pu facilement imputer au budget de l´État. Lorsqu´il lui arrivait de se rendre à l´étranger, il s´interdisait tout aussi bien les achats luxueux. Contrairement à certains chefs d´État d´autres pays arabes, il ne s´était pas fait construire ni un ni plusieurs palais luxueux, ni en Algérie ni à l´étranger. Sachant que je connaissais bien les pays du Golfe où j´avais effectué de nombreux reportages, il m´avait raconté qu´un des émirs lui avait offert une de ces voitures rutilantes et luxueuses qu´il avait aussitôt fait parquer dans un garage. Son chauffeur me l´avait montrée. Après sa mort, elle était toujours sur cales, inutilisée...A sa mort, ses détracteurs ont découvert, avec étonnement, qu´il ne détenait aucun patrimoine immobilier, aucune fortune personnelle et que son compte courant postal était approvisionné à hauteur, seulement, de 6000 dinars...Il était très réticent à évoquer sa vie privée. Je sais toutefois qu´il était très attaché à sa mère et lui donnait pour vivre une partie de son salaire. Des témoins m´ont néanmoins raconté qu´il s´était disputé avec elle, alors qu´elle était en vacances à Chréa, une station d´hiver proche d´Alger. Sa mère lui avait demandé, en effet, de faire exempter son frère cadet Saïd des obligations du service national. Houari Boumediène opposa un refus catégorique. Quelque temps plus tard, en effet, Saïd qui fit ses études à l´Ecole nationale polytechnique, le frère cadet accomplissait, dans des conditions très ordinaires, son service national..."(1)
    "Boumediene entretenait des rapports empreints de courtoisie, pour le moins de correction, avec ses collaborateurs. Qu´il s´agisse de ministres, de conseillers, de secrétaires, de gardes du corps ou de chauffeurs, il se comportait avec une égale humeur, une grande sérénité et des gestes pondérés. Cela ne l´empêchait pas, sur le plan du travail, d´être des plus exigeants, tout comme il l´était avec lui-même. Boumediène était guidé par un souci permanent de préserver l´unité nationale - à telle enseigne qu´il avait interdit que les notices biographiques officielles des responsables comportent leur lieu de naissance- supervisait, de loin mais attentivement, cet ensemble en prenant soin de déceler, au passage, les compétences qu´il savait récupérer à son service, mais surtout en veillant à ce que le népotisme et le régionalisme ne soient pas érigés en règle au niveau des institutions et des grands corps de l´Etat. Il savait aussi se mettre à l´écoute de ses collaborateurs et pratiquait le travail en équipe. Probablement, l´usage du burnous, habit traditionnel en Algérie, comportait-il, pour lui, une signification symbolique particulière, une manière d´afficher l´identité retrouvée du peuple algérien. Le protocole demeurait, autrement, assez sobre, sans aspect ostentatoire..."(1)

    "Encore une fois, l´essentiel, pour lui, était de mobiliser le peuple et d´assurer le succès du triple objectif qu´il s´était fixé, construire l´État, parfaire l´indépendance politique par la récupération des richesses nationales, poser les bases du décollage économique. Il est incontestable que vers la fin de son règne, Boumediène avait été gagné au goût de l´action diplomatique. Il voulait donner à l´Algérie une place qu´elle n´avait jamais occupée auparavant sur la scène internationale. Le Sommet des Non-Alignés de 1973 a constitué une étape fondamentale qui a servi de tremplin. L´apothéose de ce redéploiement diplomatique fut, incontestablement, la participation de Boumediène, en avril 1974, à la session spéciale de l´Assemblée générale de l´ONU où il a prononcé un discours mémorable sur le Nouvel ordre économique international." "Boumediène, sachant que l´armée, au lendemain de l´Indépendance, serait la seule force soudée et homogène, capable d´impact sur le terrain, a réussi l´intégration des wilayate au sein de la nouvelle Armée nationale populaire. Ce n´est pas si peu dire. Il a été, incontestablement, le fondateur de l´Armée algérienne, au sens moderne du terme. Il entrait, parfaitement, dans ses projets d´avenir, de remplacer les cadres hérités de la guerre de Libération nationale, par des officiers issus, soit des écoles de Cadets de la Révolution, soit des bancs de l´université puisque les portes des forces armées leur avaient été ouvertes".(1)
    Ces mêmes cadets auprès de qui Boumediène venait les week-end à Koléa pour s´enquérir de l´avancement de leur scolarité. Il fut donné à l´auteur de ces lignes, enseignant en tant que sous-lieutenant dans le cadre du service national, d´apercevoir le Président s´enquérir de la scolarité de plusieurs cadets dont il était le tuteur.
    S´agissant de ses relations avec la France, De Gaulle fut un visionnaire. L´homme du 18 juin 1940 avait déjà compris les motivations de celui qui deviendra l´homme du 19 Juin 1965". "Boumediène avait de l´admiration pour de Gaulle, ce visionnaire, rénovateur de la politique arabe de la France". Il a, publiquement, confirmé ce jugement dans son message de condoléances, à la mort du général en 1970: "Je m´incline devant le patriote exceptionnel qui a su concevoir, dans une vision noble et généreuse (...), l´avenir des peuples algérien et français".
    "Boumediène, écrit Ali Mebroukine- qui un jugement plus nuancé-, a toujours été respectueux de la légalité révolutionnaire. On va voir qu´à travers les profondes réformes engagées sur le terrain, c´était tout un projet de société que H.Boumediène entendait mettre en oeuvre. Quelque opinion qu´on ait du bilan du président Boumediène, force est de constater que la récupération des richesses naturelles (1966 et 1971), la Révolution agraire, la démocratisation de l´enseignement donnaient un contenu concret aux principes contenus dans la proclamation du 1er Novembre 1954; autrement dit H.Boumediène n´a eu de cesse de rester fidèle à la raison d´être même du combat mené par le peuple algérien pour se libérer de la domination coloniale et accéder enfin à la dignité et au bien-être. Un an et demi avant sa mort, le président H. Boumediene remanie les structures du gouvernement, revient sur le modèle économique en vigueur, décide de mettre fin à une politique d´arabisation outrancière et démagogique (la désignation de Mostefa Lacheraf comme ministre de l´Enseignement fondamental est emblématique à cet égard), instaure un numerus clausus à minima à l´entrée de l´université pour prévenir sa clochardisation. Ces mesures annonçaient des réformes de structure plus profondes qui devaient être initiées à partir de 1979. Le président Boumediène était porteur d´un projet de transformation de la société algérienne. A cet égard, il est indéniable que le président Boumediène n´a pas pu se hisser au-dessus des clans et des factions qui étaient à l´oeuvre au sein des appareils d´Etat et qu´il n´a pu empêcher le jeu des forces centrifuges qui cherchèrent à le déstabiliser, à partir de 1977, sitôt qu´il eut exprimé sa détermination de "nettoyer les écuries d´Augias". Le président Boumediène était indéniablement un homme d´Etat auquel avait fait défaut la plus précieuse et la plus rare des ressources dont aucun bâtisseur ne peut se passer, le temps".(2)

    Boumediène projetait justement des réformes qu´il n´eut pas le temps de réaliser. Paul Balta écrit: "J´avais rencontré Boumediène, fin août 1978, pour lui faire mes adieux. Il avait exprimé sa déception et vivement insisté pour que je reste: "Vous avez vécu la mise en place des institutions, il faut aller jusqu´au bout. Il va y avoir des changements importants. J´envisage pour la fin de l´année ou le début de 1979, un grand congrès du parti. Nous devons dresser le bilan, passer en revue ce qui est positif mais surtout examiner les causes de nos échecs, rectifier nos erreurs et définir les nouvelles options. Témoin de notre expérience, vous êtes le mieux placé pour juger ces évolutions."Intrigué, je lui avais posé quelques questions: "Envisagez-vous d´ouvrir la porte au multipartisme? D´accorder plus de place au secteur privé? De libéraliser la presse? De faciliter l´organisation du mouvement associatif?" Il avait esquissé un sourire qui allait dans le sens d´une approbation: "Vous êtes le premier à qui j´en parle, je ne peux être plus explicite pour le moment, mais faites-moi confiance, vous ne serez pas déçu" ".(1) Le temps lui a manqué
    Curieusement, après la mort de Boumediène, il s´est produit une déboumédienisation rampante et les mêmes laudateurs de la période précédente devinrent des Fouquier-Tinville en puissance. Tout fut démonté, au propre comme au figuré. Curieusement aussi, le personnage de Boumediène n´a jamais fait l´objet d´une étude de son action. A tous les détracteurs, qu´il suffise de retenir les données objectives suivantes: de 1965 à 1978, date de la mort de Boumediène. l´Algérie a engrangé, en 13 années, l´équivalent de 22 milliards de dollars. Ce qui a permis d´asseoir une industrie chimique, une industrie mécanique, une industrie sidérurgique. 30 ans après, il ne nous reste que l´outil de raffinage (22,5 millions de tonnes) et pétrochimique. Nous sommes bien contents de l´avoir car, depuis, nous n´avons pratiquement rien investi dans l´aval. Tout a été investi dans l´amont pour rendre plus facilement exportables les hydrocarbures liquides et gazeux et être des bons élèves de l´Occident au détriment de nos obligations vis-à-vis des générations futures. Depuis 1979, l´Algérie a engrangé près de 400 milliards de dollars dont 59 milliards de dollars pour la seule année 2007. Qu´avons-nous fait qui marque effectivement la période. Il semblrait que l'Algérie dispose d'un matelas de 100 milliards de dollars qui fondent comme neie au soleil du fait de la détérioration du dollar. le taux e chomge est elevé, il y a de plus ne plusde "Harragas" tentés par l'aventure de l'émigration. Naturellement, la France des droits de l'homme ne gardera que ceuxet celles qui sont utiles, les autres seront chartérisés . Il eutmieux valu au moins garder ces dollars au fonss des puits à défaut de doner un avenir aux Jeunes, préservons au moins la part des générations à venir.
    Au vue d cette "installation dans les temps morts" depuis près de trente ans, Il est donc malvenu, objectivement, de nier ce qui a été accompli par le président Boumediène. Naturellement et comme tout homme, Boumediène avait sa part d´ombre et avait fait des erreurs, dit-on, dans l´agriculture, il n´empêche que ses idées étaient généreuses et il ne profita pas de sa position pour s´enrichir. Pour avoir donné des motifs de fierté aux Algériennes et Algériens. Pour avoir entretenu l´aura de la Révolution algérienne contre vents et marées. Pour avoir simplement fait son devoir, il quitte l´histoire, il entre dans la légende. L´Algérie a plus que jamais soif d´Algériens de sa trempe pour lui redonner espoir .

    Professeur Chems Eddine Chitour

    * Ecole nationale polytechnique
    * Ecole d´ingénieurs de Toulouse

    1.Paul Balta. Interview www.lesoirdalgerie.com/pdf/2007/01/entretien0107.pdf
    2. Ali Mebroukine: Houari Boumediene où l´histoire d´un destin contrarié www.elwatan.com. 27/12/2006

    http://www.alterinfo.net
     
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  • La production industrielle chinoise va continuer à croître alors qu’elle décline aux États-Unis                            

     

    Rien ne changera fondamentalement sous l’administration Biden, la guerre hybride contre la Chine restant la priorité.

    Sept ans après leur lancement par le président Xi Jinping, d’abord à Astana puis à Jakarta, les Nouvelles Routes de la Soie, ou Initiative Ceinture et Route (BRI), rendent l’oligarchie ploutocratique étasunienne de plus en plus folle.

    Rien ne changera fondamentalement sous l’administration Biden, la guerre hybride contre la Chine restant la priorité.

    Sept ans après leur lancement par le président Xi Jinping, d’abord à Astana puis à Jakarta, les Nouvelles Routes de la Soie, ou Initiative Ceinture et Route (BRI), rendent l’oligarchie ploutocratique étasunienne de plus en plus folle.

    L’implacable paranoïa à propos de la « menace » chinoise a beaucoup à voir avec la rampe de sortie offerte par Pékin à un Sud Global constamment endetté par l’exploitation du FMI/Banque Mondiale.

    Dans l’ancien régime, les élites politico-militaires étaient constamment corrompues en échange d’un accès illimité des entreprises aux ressources de leur pays, associé à des programmes de privatisation et d’austérité pure et simple (« ajustement structurel »).

    Cela a duré pendant des décennies, jusqu’à ce que la BRI devienne le nouveau jeu en ville en termes de construction d’infrastructures – offrant une alternative à l’empreinte impériale.

    Le modèle chinois permet toutes sortes de taxes parallèles, de ventes, de locations, de baux – et de profits. Cela signifie des sources de revenus supplémentaires pour les gouvernements hôtes, avec un corollaire important : l’absence des diktats néolibéraux purs et durs du FMI et de la Banque Mondiale. C’est ce qui est au cœur du célèbre « gagnant-gagnant » chinois.

    En outre, l’orientation stratégique globale de la BRI sur le développement des infrastructures, non seulement en Eurasie mais aussi en Afrique, constitue un changement majeur dans le jeu géopolitique. La BRI positionne de vastes pans du Sud Global pour devenir complètement indépendants du piège de la dette imposée par l’Occident. Pour de nombreuses nations, il s’agit d’une question d’intérêt national. En ce sens, la BRI doit être considéré comme le mécanisme post-colonialiste ultime.

    La BRI est en fait d’une simplicité à la Sun Tzu appliquée à la géoéconomie. Ne jamais interrompre l’ennemi lorsqu’il commet une erreur – dans ce cas, asservir le Sud Global par une dette perpétuelle. Puis utiliser ses propres armes – dans ce cas une « aide » financière – pour déstabiliser sa prééminence.

    Prendre la route avec les Mongols

    Rien de tout cela, bien sûr, n’est destiné à faire la sérénade au volcan paranoïaque, qui ne cessera de cracher un déluge d’alertes rouges 24h/7, ridiculisant la BRI comme étant « mal définie, mal gérée et visiblement défaillante ». « Visiblement », bien sûr, seulement pour les exceptionnalistes.

    Comme on pouvait s’y attendre, le volcan paranoïaque se nourrit d’un mélange toxique d’arrogance et d’ignorance grossière de l’histoire et de la culture chinoises.

    Xue Li, directeur du Département de Stratégie Internationale à l’Institut d’Économie et de Politique Mondiale de l’Académie Chinoise des Sciences Sociales, a montré comment « après que l’Initiative Ceinture et Route a été proposée en 2013, la diplomatie chinoise a changé, passant d’un profil bas à une attitude plus proactive dans les affaires mondiales. Mais la politique de « partenariat plutôt qu’alliance » n’a pas changé, et il est peu probable qu’elle change à l’avenir. Le fait est que le système de diplomatie d’alliance préféré par les pays occidentaux est le choix de quelques pays dans le monde, et que la plupart des pays choisissent une diplomatie non alignée. En outre, la grande majorité d’entre eux sont des pays en développement d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine ».

    Les Atlantistes sont désespérés car le « système de diplomatie d’alliance » est en déclin. L’écrasante majorité du Sud Global est en train de se reconfigurer en un Mouvement des Non-Alignés (MNA) nouvellement dynamisé – comme si Pékin avait trouvé un moyen de faire revivre l’esprit de Bandung en 1955.

    Les universitaires chinois aiment à citer un manuel impérial du XIIIe siècle, selon lequel les changements de politique doivent être « bénéfiques pour le peuple ». S’ils ne profitent qu’aux fonctionnaires corrompus, le résultat est le luan (« chaos »). Ainsi, les Chinois du 21e siècle mettent l’accent sur la politique pragmatique plutôt que sur l’idéologie.

    Rivalisant avec les dynasties Tang et Ming, c’est en fait la dynastie Yuan qui offre une introduction fascinante aux rouages de la BRI.

    Remontons donc un peu au XIIIe siècle, lorsque l’immense empire de Gengis Khan a été remplacé par quatre khanats.

    Nous avions le Khanat du Grand Khan – qui est devenu la dynastie Yuan – qui régnait sur la Chine, la Mongolie, le Tibet, la Corée et la Mandchourie.

    Nous avions l’Ilkhanat, fondé par Hulagu (le conquérant de Bagdad), qui régnait sur l’Iran, l’Irak, l’Azerbaïdjan, le Turkménistan, certaines parties de l’Anatolie et du Caucase.

    Nous avions la Horde d’Or qui régnait sur la steppe nord-ouest de l’Eurasie, de l’est de la Hongrie à la Sibérie, et surtout sur les principautés russes.

    Et nous avions le Khanat de Chaghadaid (nommé d’après le deuxième fils de Gengis Khan) qui régnait sur l’Asie Centrale, du Xinjiang oriental à l’Ouzbékistan, jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Tamerlane en 1370.

    Cette époque a vu une énorme accélération du commerce le long des Routes de la Soie mongoles.

    Tous ces gouvernements contrôlés par la Mongolie ont privilégié le commerce local et international. Cela s’est traduit par un boom des marchés, des impôts, des profits – et du prestige. Les khanats se sont fait concurrence pour attirer les meilleurs cerveaux commerciaux. Ils ont mis en place l’infrastructure nécessaire aux voyages transcontinentaux (la BRI du XIIIe siècle, quelqu’un ?) et ont ouvert la voie à de multiples échanges Est-Ouest et transcivilisationnels.

    Lorsque les Mongols ont conquis les Song dans le sud de la Chine, ils ont même étendu le commerce terrestre des Routes de la Soie aux Routes Maritimes de la Soie. La dynastie Yuan contrôlait désormais les puissants ports du sud de la Chine. Ainsi, lorsqu’il y avait des turbulences par voie terrestre, le commerce se faisait par voie maritime.

    Les principaux axes passaient par l’Océan Indien, entre le sud de la Chine et l’Inde, et entre l’Inde et le Golfe Persique ou la Mer Rouge.

    Les cargaisons étaient acheminées par voie terrestre vers l’Iran, l’Irak, l’Anatolie et l’Europe ; par voie maritime, à travers l’Égypte et la Méditerranée, vers l’Europe ; et d’Aden vers l’Afrique de l’Est.

    Une route maritime de commerce d’esclaves entre les ports de la Horde d’Or sur la Mer Noire et l’Égypte – gérée par des commerçants musulmans, italiens et byzantins – était également en vigueur. Les ports de la Mer Noire faisaient transiter des marchandises de luxe arrivant par voie terrestre en provenance de l’Est. Et les caravanes se rendaient à l’intérieur des terres depuis la côte indienne pendant les dangereuses saisons de mousson.

    Cette activité commerciale frénétique était la proto-BRI, qui a atteint son apogée dans les années 1320 et 1330 jusqu’à l’effondrement de la dynastie Yuan en 1368, parallèlement à la Peste Noire en Europe et au Moyen-Orient. Le point clé : toutes les routes terrestres et maritimes étaient reliées entre elles. Les planificateurs de la BRI du 21e siècle bénéficient d’une longue mémoire historique.

    « Rien ne changera fondamentalement »

    Comparons maintenant cette richesse des échanges commerciaux et culturels avec la paranoïa pédante, provinciale, anti-BRI et globalement anti-Chine aux États-Unis. Ce que nous obtenons, c’est que le Département d’État, sous la houlette de Mike « Nous mentons, nous trichons, nous volons » Pompeo, publie une diatribe dérisoire sur le « défi chinois ». Ou la marine des États-Unis qui remet en service la Première Flotte, probablement basée à Perth, pour « avoir une empreinte Indo-Pac » et ainsi maintenir « une domination maritime à l’ère de la concurrence des grandes puissances ».

    Plus inquiétant encore, voici un résumé de l’énorme Loi d’Autorisation de la Défense Nationale (NDAA) de 2021, de 4 517 pages et pour un budget de 740,5 milliards de dollars, qui vient d’être approuvée par la Chambre par 335 voix contre 78 (Trump a menacé d’y opposer son veto).

    Il s’agit du financement du Pentagone l’année prochaine – qui sera supervisé en théorie par le nouveau général de Raytheon, Lloyd Austin, le dernier « général commandant » des États-Unis en Irak qui a dirigé CENTCOM de 2013 à 2016 et s’est ensuite retiré pour quelques juteux sièges portes tournantes comme membre du conseil d’administration de Raytheon et, surtout, du conseil d’administration de Nucor, pollueur ultra toxique de l’air, de l’eau et du sol.

    Austin est un personnage porte tournante qui a soutenu la Guerre en Irak, la destruction de la Libye, et a supervisé la formation des « rebelles modérés » syriens – alias Al-Qaïda recyclé – qui ont tué d’innombrables civils syriens.

    Le NDAA, comme on pouvait s’y attendre, est lourdement chargé « d’outils pour dissuader la Chine ».

    Il inclura :

    Une « Initiative de Dissuasion dans le Pacifique » (PDI), un code pour contenir la Chine dans l’Indo-Pacifique en renforçant la Quad.
    Des opérations massives de contre-espionnage.
    Une offensive contre la « diplomatie de la dette ». C’est absurde : les accords de la BRI sont volontaires, sur une base gagnant-gagnant, et ouverts à la renégociation. Les pays du Sud Global les privilégient parce que les prêts sont à faible taux d’intérêt et à long terme.
    Restructuration des chaînes d’approvisionnement mondiales qui mènent aux États-Unis. Bonne chance. Les sanctions contre la Chine resteront en place.
    Pression générale pour forcer les nations à ne pas utiliser la 5G de Huawei.
    Renforcer Hong Kong et Taiwan comme Chevaux de Troie pour déstabiliser la Chine.
    Le directeur du Renseignement National, John Ratcliffe, a déjà donné le ton : « Pékin a l’intention de dominer les États-Unis et le reste de la planète sur le plan économique, militaire et technologique ». Ayez peur, très peur du méchant Parti Communiste Chinois, « la plus grande menace pour la démocratie et la liberté dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale ».

    Nous y voilà : Xi est le nouvel Hitler.

    Donc, rien ne changera fondamentalement après janvier 2021 – comme l’a officiellement promis Biden-Harris : ce sera la guerre hybride contre la Chine à nouveau, déployée sur tout le spectre, comme Pékin l’a parfaitement compris.

    Et alors ? La production industrielle de la Chine va continuer à croître alors qu’aux États-Unis, elle continuera à décliner. Il y aura d’autres percées des scientifiques chinois, comme l’informatique quantique photonique – qui permet de réaliser 2,6 milliards d’années de calcul en 4 minutes. Et l’esprit de la dynastie Yuan du XIIIe siècle continuera d’inspirer la BRI.

    Pepe ESCOBAR

    (Les illustrations dans le texte ont été mises par LGS).

    »» https://information.tv5monde.com/info/que-sont-les-nouvelles-routes-de...
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    https://www.legrandsoir.info/la-paranoia-autour-des-nouvelles-routes-de-la-soie-se-poursuivra-sous-biden.html    

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  •  

    Ses détracteurs lui reprochent ses équivoques, l’indétermination de ses concepts, le mouvement erratique de sa pensée. Ce qui pose problème, c’est plutôt l'obscure clarté de ses anathèmes contre les idées progressistes et le compendium avarié de ses présupposés anti-humanistes.

    Omniprésente dans les manuels scolaires, elle passe pour une grande philosophe, et on ne compte plus les livres, articles et documentaires qui chantent ses louanges. Phare de la pensée politique moderne, elle aurait tout compris : la démocratie et le totalitarisme, la cité antique et la société moderne, le mensonge et la violence, la Révolution et les droits de l’homme. Portée aux nues par la doxa universitaire, elle figure au panthéon philosophique de l’Occident démocratique. Elle passe pour une référence obligée, un point de passage incontournable destiné à tous ceux qui veulent comprendre le monde contemporain, ses contradictions et ses impasses.

    Il n’y a qu’un problème : Hannah Arendt est elle-même une impasse théorique et politique. Il suffit d’ailleurs de la lire avec un peu d’attention pour s’apercevoir qu’elle a tout faux. Non seulement sa lecture de l’histoire moderne est erratique, mais sa vision de la démocratie est passéiste et réactionnaire.

    Des preuves ? Elles sont légion. Ne pouvant tout examiner en une fois, on s’intéressera à la conception arendtienne de la démocratie. Dans Condition de l’homme moderne, Hannah Arendt explique que la seule égalité légitime est celle qui règne entre les citoyens, et non entre les hommes. L’égalité dans la cité antique, à ses yeux, est sans commune mesure avec l’égalité qui prévaut dans les sociétés modernes. Tandis que la cité grecque est une remarquable aristocratie politique, la démocratie moderne est le théâtre d’un conformisme généralisé, où l’esprit de compétition s’est dilué dans l’égalitarisme et la médiocrité ambiante.

    Cet éloge passéiste de la cité antique s’articule à une analyse particulière de l’agir humain. Si Arendt distingue le travail et l’action comme modalités de l’activité humaine, c’est pour dévaloriser le premier, qu’elle attribue à « l’homme-animal social ». Le travail est soumission à la nécessité naturelle, tandis que l’action, à l’autre extrémité, représente la noble dimension de l’activité politique. C’est pourquoi il faut parler d’un « animal laborans » pour désigner le travailleur, lequel « n’est jamais qu’une espèce, la plus haute si l’on veut, parmi les espèces animales qui peuplent la terre ».

    La politique visant à l’émancipation des travailleurs, poursuit Arendt, n’a donc abouti qu’à « courber toute l’humanité, pour la première fois, sous le joug de la nécessité » Le travail productif n’étant que l’asservissement à la nécessité, « les hommes ne pouvaient se libérer qu’en dominant ceux qu’ils soumettaient à la nécessité ». Pour que les citoyens puissent s’adonner à l’exercice du pouvoir, il fallait que la production de leurs conditions d’existence fût assurée par une classe subalterne. Pour Arendt, cet état de fait est intangible, et vouloir transformer la condition des travailleurs n’a aucun sens. La sublimation du citoyen appelé à incarner les vertus nécessite, de tout temps, le travail manuel de l’animal laborans.

    Cette idée-force, elle ne cessera de la marteler. Se demandant, dans son essai sur l’insurrection hongroise de 1956, s’il est possible de faire marcher des usines dont les ouvriers sont les propriétaires, la philosophe répond sans détour : « En réalité, il n’est pas sûr du tout que les principes politiques d’égalité et d’autonomie puissent s’appliquer à la sphère de la vie économique. Après tout, la théorie politique des Anciens n’avait peut-être pas tort lorsqu’elle affirmait que l’économie, liée aux nécessités de la vie, requérait pour fonctionner la domination des maîtres ».

    La lutte contre la pauvreté ? Inutile d’y penser. Ignorant superbement la lutte des classes, Arendt estime que « la vie humaine s’est trouvée en proie à la pauvreté depuis des temps immémoriaux » et qu’« une révolution n’a jamais résolu la question sociale ni libéré des hommes du fléau du besoin ». Alors que les démocraties modernes, par leur obsession du social, ruinent les chances d’une véritable aristocratie des égaux, la cité antique avait compris que l’esclavage était le prix à payer pour l’exercice héroïque des vertus civiques. « Toute souveraineté tient sa source première, la plus légitime, du désir qu’a l’homme de s’émanciper de la nécessité vitale, et les hommes parvinrent à cette libération par la violence, en forçant d’autres à porter à leur place le fardeau de la vie ». Voilà qui est clair, et la conclusion s’impose : « Rien, pourrions-nous dire aujourd’hui, ne saurait être plus obsolète que d’essayer de libérer le genre humain de la pauvreté par des voies publiques ; rien ne saurait être plus futile ni plus dangereux ».

    Mais ce n’est pas tout. Cette conception aristocratique de la vie politique conduit Hannah Arendt à nier l’universalité humaine, quitte à pulvériser un concept-clé hérité de la philosophie des Lumières : « La distinction entre l’homme et l’animal recoupe le genre humain lui-même : seuls les meilleurs, aristoi, qui constamment s’affirment les meilleurs et préfèrent l’immortelle renommée aux choses mortelles, sont réellement humains ». Reprenant explicitement la critique réactionnaire des droits de l’homme formulée par Edmund Burke, Arendt récuse l’universalité des droits humains. A ses yeux, c’est un principe funeste qui aurait pour effet de « réduire les nations civilisées au rang des sauvages », de ces populations primitives en qui elle voit « des gens sans-droits, qui apparaissent comme les premiers signes d’une possible régression par rapport à la civilisation ».

    Rien d’étonnant, dès lors, à ce qu’Arendt voue une admiration sans bornes à la Révolution américaine, menée par des propriétaires d’esclaves, et qu’elle rejette la Révolution française, qui abolit l’esclavage colonial. De même que, dans les années 1960, elle refuse toute portée politique aux revendications des Afro-Américains pour les droits civiques et relègue au second plan ce qu’elle appelle dédaigneusement la « negro question ». Toute philosophie est sous-tendue par une certaine idée de l’homme et de la société. Celle que défend Hannah Arendt participe d’une idéologie réactionnaire qui justifie rétrospectivement l’esclavage et congédie le progrès social comme une dangereuse utopie. Ses détracteurs lui reprochent ses équivoques, l’indétermination de ses concepts, le mouvement erratique de sa pensée. Ce qui pose problème, c’est plutôt l’obscure clarté de ses anathèmes contre les idées progressistes et le compendium avarié de ses présupposés anti-humanistes. Exit Hannah Arendt.                                                                                                                                                                                                                                                Bruno GUIGUE

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  • Brenda NORRELL

    Cet article n’est ni complotiste, ni hostile aux développements scientifiques. Il pose des questions auxquelles il n’y a jamais eu de réponses. Le vaccin Pfizer-BioNTech a été testé sur des Navajos pendant la phase expérimentale. L’expérience a été organisée par l’Université John Hopkins, qui a fait des ‘expériences’ sur les Navajos et les Apaches depuis au moins 40 ans. En ce qui concerne les tests du vaccin Pfizer, il s’agissait de gens particulièrement fragiles – malnutrition, diabète, maladies respiratoires dues à la pollution extrême, etc. L’Université John Hopkins n’a jamais répondu aux questions posées sur les résultats – des participants ont-ils été plus malades ? Y a-t-il eu des décès ? Y a-t-il eu des effets secondaires ?

    Autres questions : Pourquoi le Gouvernement Navajo n’a-t-il jamais utilisé l’argent fourni par la loi fédérale CARES pour aider les malades ? [Rappel : les ‘Gouvernements’ et les ‘Conseils’ Tribaux ont été imposés par le gouvernement fédéral, qui ne reconnaissait pas les dirigeants traditionnels – quelquefois des femmes ! – pour discuter]. La seule aide fournie aux malades et aux personnes âgées de la Réserve vient de dons récoltés par des bénévoles extrêmement dévoués.

    Les Navajos et les Lakotas sont contaminés et décèdent du coronavirus à un taux inquiétant. Quelque chose ne va vraiment pas.

    Brenda Norrell
    Censored News
    10 décembre 2020
    Traduction Christine Prat

    Un hélicoptère du Ministère de l’Énergie des Etats-Unis, volait au-dessus de la Nation Navajo, aujourd’hui. Censored News a repéré l’hélicoptère au-dessus de Kayenta, Red Mesa et Mexican Water. Il était parti de Farmington, au Nouveau-Mexique, et s’est posé à Page, en Arizona.

    Au cours de la semaine passée, trois gros avions, leurs indicatifs « bloqués », se sont posés à Page, venant de Farmington, Mesa et Salt Lake. Les indicatifs « bloqués » sont le plus souvent utilisés pour les avions militaires et du gouvernement des Etats-Unis.

    La manière dont le coronavirus s’est disséminé chez les Diné et les Lakota éveille des soupçons. Des Anciens Diné et Lakota sont contaminés et meurent à un taux alarmant. Au cours des neuf derniers mois, 693 Navajos sont décédés du virus. Maintenant, les deux Dakotas ont le taux de dissémination le plus élevé du monde.

    Aujourd’hui, la Grande-Bretagne a prévenu les personnes ayant des réactions allergiques de ne pas recevoir le vaccin de Pfizer.

    Selon Reuters, « Le régulateur médical britannique a dit que quiconque avait un risque d’anaphylaxie pour un médicament ou de la nourriture, ne devrait pas recevoir le vaccin COVID-19 de Pfizer-BioNTech, et a donné des instructions plus complètes que de précédentes mises en garde sur la vaccination. »

    Le vaccin Pfizer-BioNTech est celui qui a été utilisé dans des expériences sur des Navajos. Les expériences ont été réalisées par des chercheurs de l’Université John Hopkins en utilisant des hôpitaux du Service de Santé Indien, dans la Nation Navajo et à Gallup, au Nouveau-Mexique.

    L’hélicoptère et les avions au-dessus du pays Navajo ont conduit Censored News à poser beaucoup de questions.

    Pourquoi un journaliste non-Indien du Navajo Times a-t-il insisté pour que des Navajos prennent part aux expériences du vaccin Pfizer-BioNTech ? L’expérimentation de vaccins sur des populations à haut risque et avec de multiples problèmes de santé est très dangereuse.

    Le fait est que l’Université John Hopkins et les firmes pharmaceutiques en bénéficient financièrement et les firmes qui fabriquent le vaccin sont en train de devenir milliardaires.

    Et pourquoi le Pentagone a-t-il financé l’expérimentation de plasma de malades du coronavirus sur des Navajos par l’université John Hopkins ? Pourquoi le Pentagone (ministère de La Défense) ? Pourquoi pas un service de santé ?

    Pourquoi le Président Navajo distribue-t-il de la nourriture obtenue par dons – alors que 300 millions de dollars de la loi CARES [loi fédérale d’aide aux victimes du coronavirus] n’ont jamais été dépensés ? Pourquoi des associations charitables prennent-elles part à ces démonstrations spectaculaires accessoires ?

    Pourquoi, après que tant de Diné soient décédés, n’y a-t-il toujours pas de distributions pour tous de nourriture, d’eau et de soins médicaux chez les malades et les mourants des 110 chapitres [divisions administratives] Navajo ?

    Pourquoi n’y a-t-il pas de livraisons à domicile de produits frais et d’eau potable ? Pourquoi n’y a-t-il pas de visites à domiciles d’infirmières chez les malades et les mourants, des visites à domicile du type qu’on trouve dans tout le pays ?

    Ceux qui sont malades et mourants ont besoin de produits frais et d’eau potable chaque semaine, pas de rations fournies par des dons, distribuées au hasard tous les un ou deux mois.

    Les gens qui sont trop malades pour s’occuper d’eux-mêmes ont besoin de visites régulières de soignants. Beaucoup de Diné sont renvoyé chez eux par les hôpitaux, alors qu’ils sont trop malades pour se débrouiller seuls. Beaucoup de personnes âgées et de familles en difficulté sont isolées et n’ont pas de moyen de transport.

    On ne sait pas combien de Diné ont été envoyés par des hôpitaux dans des maisons de retraite, sachant qu’ils ne pouvaient pas survivre.

    Les Diné, comme tout le monde, méritent de mourir dans la dignité.

    Il y a plus de 300 000 Diné, dans 110 chapitres, en Arizona, au Nouveau-Mexique et en Utah, dans la Nation Navajo. [La Réserve Navajo se divise entre l’Arizona et le Nouveau-Mexique, et pour une toute petite partie, l’Utah].

    Les Diné ont particulièrement souffert au Nouveau-Mexique, où les sièges de chapitres ont été fermés ou ouverts selon des des horaires limités, pendant la pandémie. Ils ont beaucoup souffert dans les zones éloignées de la Montagne Navajo, en Utah et dans la Réserve Navajo. Cependant, le plus grand nombre de cas se trouve dans la région de Chinle, au cœur de la Nation Navajo.

    Au moins 77 des 110 chapitres Navajo ont actuellement une dissémination incontrôlée du coronavirus.

    Dans la presse :

    Le coronavirus se répand dans les WalMarts, les épiceries et les écoles. Le virus a atteint les eaux usées des Diné, dans le grand nord.

    Le Nouveau-Mexique publie chaque jour une liste des nouveaux foyers dans les écoles, les épiceries et les entreprises. Au cours des dernières semaines, les WalMart ont été des super-diffuseurs du coronavirus au Nouveau-Mexique. Il y a des nouveaux foyers dans les écoles des communautés et épiceries autochtones, et dans les ‘fast-food’ des villes autour des Réserves.

    Voir le site officiel des autorités du Nouveau-Mexique : https://www.env.nm.gov/rapid-response-data/

    Colorado – Plus de 5000 étudiants dans le Colorado ont le coronavirus, ainsi que plus de 500 professeurs. Dissémination constatée dans les WalMart, Target, King Sooper, Colstco et autres grandes surfaces de l’épicerie. Des milliers de prisonniers dans les prisons du Colorado sont contaminés. Beaucoup d’États cachent les faits, mais le Colorado et le Nouveau-Mexique informent le public.

    Le coronavirus a été trouvé dans des eaux usées jusque dans le nord, dans la communauté Autochtone Diné de Yellowknife.

    Autre article recensé : Ce que l’on ne dit pas sur le vaccin contre la COVID-19 de Pfizer. « Cobayes humains » ?

    »» http://www.chrisp.lautre.net/wpblog/++cs_INTERRO++p=6157
    URL de cet article 36782
    https://www.legrandsoir.info/les-navajos-et-les-lakotas-contamines-par-le-coronavirus-a-un-rythme-inquietant.html
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  • Dominique MUSELET

    En réponse à une question du journaliste de Brut sur les élections présidentielles de 2020, Macron a répondu « Peut-être que je ne pourrai pas être candidat. Peut-être que je devrai faire des choses dans la dernière année, dans les derniers mois, dures, parce que les circonstances l’exigeront et qui rendront impossible le fait que je puisse être candidat. » Une déclaration sibylline et quelque peu menaçante qui n’a évidemment pas du tout intéressé les médias officiels mais qui a fait couler beaucoup d’encre sur les médias sociaux et dans la dissidence, comme j’appelle tout ce qui met en furie l’Establishment.

    Vrai ou fake

    Je ne pensais pas que Sud radio faisait partie de la dissidence, jusqu’à ce que ce média soit épinglé par l’émission “ Vrai ou fake ” de France Info, la TV de Macron. Cette émission s’est donné pour mission de ramener vers le droit chemin de la Pensée unique, les brebis égarées dans le « complotisme » (en clair, qui doutent des versions officielles). Ces fake journalistes, mais vrais propagandistes, vont, dans leur zèle, jusqu’à poser de malheureux lycéens-potiches sur le plateau pour les endoctriner en public et servir d’exemples à tous les jeunes qui seraient tentés d’écouter les sirènes de la déviance. Un spectacle écœurant !

    Donc, le 10 décembre, les petits soldats du ministère de la Vérité de France Info ont lancé l’anathème sur tous ceux qui osent exprimer une opinion différente de la version du gouvernement sur l’épidémie de Covid et sur tous ceux qui osent leur donner la parole comme Sud Radio et André Berkoff qu’ils ont accusé de voyager « avec allégresse dans ce monde de désinformation ». Plus aveugles que le clergé catholique sur la disparition de la foi, ces fanatiques de la Pensée officielle ne comprennent pas pourquoi malgré, tous leurs efforts, « la galaxie fake-news est en expansion ». Qui sait quelle inquisition ils nous préparent pour en venir à bout...

    L’ambition des nouveaux maîtres du monde

    C’est donc le « dissident » André Berkoff qui invite, le 14 décembre, Olivier Piacentini, un ancien banquier qui vient de publier « Le mirage mondialiste - Comment l’oligarchie manipule l’opinion ». Il nous explique, en deux mots, comment le système néolibéral fonctionne : « Les Etats se surendettent de plus en plus pour pallier les effets de la mondialisation (désindustrialisation, chômage, etc), donc, peu à peu, les Etats s’appauvrissent, les grands groupes s’enrichissent et tiennent les Etats en dépendance par la dette ». Ce rapport de force très favorable aux nouveaux maîtres du monde, ceux qui ont l’argent, décuple leur ambition de s’emparer du pouvoir politique. Cela se fait de manière insidieuse parce que les peuples ne sont pas d’accord.

    Et on les comprend ! C’est bien beau la société de consommation, des loisirs et du divertissement, tant qu’on a de l’argent. Mais à mesure que le travail passe en Asie, où il revient moins cher aux multinationales, nous avons de moins en moins de pognon, comme dit Macron. D’après Philippe Herlin, les Français ont perdu 25% de leur pouvoir d’achat depuis les années 1980.

    Aujourd’hui, constate Olivier Placentini, les Français ne sortent plus de chez eux et les grands groupes ponctionnent ce qui leur reste d’argent après que l’Etat est passé, grâce notamment aux abonnements (internet, portable, netflix, etc.)

    Le moins qu’on puisse dire est que notre ex-banquier ne porte pas l’Union Européenne dans son cœur. C’est, selon lui, un « laboratoire du futur gouvernement mondial. Conçue pour assurer la prospérité de l’Europe et lui donner les moyens de rivaliser avec la Chine, la Russie, les Etats-Unis », elle est, en fait, au service des multinationales comme Gilead (à qui elle a acheté sans sourciller pour un milliard d’euros de Remdesivir nocif !) et ne fait même pas le poids devant une puissance moyenne comme la Turquie...

    Cependant tout n’est pas perdu, nous affirme-t-il. Devant la montée des populismes, les puissances d’argent accélèrent leur programme et du coup, elles se démasquent (pendant qu’elles nous masquent, on appréciera l’humour de la situation !!!) et deviennent plus faciles à combattre.

    Les « choses dures »

    Mais revenons à nos moutons, à savoir la réponse « subliminale et très mystérieuse » que Macron a faite à Brut. Pour Olivier Piacentini, il ne peut pas s’agir des contre-réformes habituelles (retraites, chômages, droit du travail, privatisations). Cette manière de dépouiller les Français est de la routine pour Macron, ses homologues et ses commanditaires depuis 50 ans, il doit s’agir de quelque chose d’inédit, de grandiose, en un mot de jupitérien.

    Quelque chose qui mette la dernière touche au « projet de Macron », c’est-à-dire « au projet de ceux qui ont financé sa campagne, à savoir les grandes multinationales », c’est-à-dire au projet « d’exproprier les Français de leur travail et de leur indépendance économique », comme on le voit avec l’interdiction de travailler faite aux commerçants, à la culture, aux restaurants, etc.

    Alors ? Eh bien Olivier Piacentini pense « qu’il va être amené dans les prochains mois à déclencher la Directive européenne BRRD » que Sapin a fait rentrer dans la loi française en 2015 (Macron était alors ministre de l’économie) et qui permet à l’Etat de se servir directement dans l’épargne de Français pour renflouer les banques. « L’information est passée en toute discrétion » note le Figaro. Quelle surprise !

    Le site Thaïlande.fr s’est ému de ce qu’il a qualifié d’« épée de Damoclès sur l’épargne des Français » et, ironie du sort, leur conseille de déposer leurs économies dans les banques thaïlandaises pour les soustraire à la rapacité de l’aristocratie stato- financière occidentale.

    En fait, la formule n’est pas tout à fait inédite. L’Union européenne l’a testée à Chypre. Vous vous souvenez ? Quand les Chypriotes ont été dépouillés nous n’avons rien dit, nous n’étions pas Chypriotes. Quand la Grèce a été pillée et les Grecs réduits à la misère noire, nous n’avions rien dit non plus, nous n’étions pas Grecs. Maintenant c’est notre tour, hélas, comme dit le pasteur Niemoller, « il ne reste plus personne pour dire quelque chose ».

    Il faut reconnaître que c’est tentant. Selon la Banque de France, le montant total de l’épargne des ménages s’élevait à 5 367 milliards d’euros au troisième trimestre 2019. Et il n’a fait qu’augmenter avec l’épargne « forcée » des consommateurs, enfermés chez eux pendant l’épidémie et de plus en plus inquiets pour l’avenir.

    Début avril, les députés PS ont ouvert la danse en proposant « un prélèvement exceptionnel de solidarité sur les encours d’assurance-vie supérieurs à 30.000 euros ».

    Même les quelques sous que les plus modestes d’entre nous ont déposé sur des livrets A ne sont pas à l’abri. « Est-ce que l’Etat pourrait dire demain je prends 10% sur tous les livrets A ? En termes de prélèvement fiscal, rien ne l’interdirait », assure Philippe Crevel.

    Le principe de précaution et le grand inquisiteur

    Olivier Piacentini, qui se défend à plusieurs reprises d’être complotiste, note avec finesse que « l’hystérie covid frappe surtout les pays sous domination étasunienne ». Eh oui, comme par hasard, elle est surtout orchestrée dans les pays d’Europe encore prospères dirigés par des adeptes fanatiques du néo-libéralisme à la solde des multinationales. Autrement dit, les pays les plus susceptibles de constituer le fer de lance d’un gouvernement mondial au service des monopoles privés.

    Et comme par hasard, il se trouve que les populations de ces mêmes pays sont soumises au Principe de précaution. Les sociologues Jean-Claude Paye et Tülay Umay analysent, dans un excellent article intitulé Coronavirus : une nouvelle inquisition, toute la perversité de cette invention des dirigeants occidentaux pour fuir leurs responsabilités et se protéger des peuples qu’ils spolient toujours davantage.

    Apparu dans les années 1970 en droit allemand, le principe de précaution a depuis lors été inscrit au niveau international dans de nombreux traités, au niveau européen dans le traité de Maastricht, et au niveau national dans l’ordre juridique interne de certains États membres.

    Voilà ce que nos deux sociologues en disent : « Nous sommes ici dans l’incertitude d’un risque, dont la réalisation est elle-même incertaine. Le principe de précaution nous interdit de penser. Il s’oppose à toute possibilité d’observation, en supprimant la notion même de causalité, comme succession temporelle de causes et d’effets. Sous la forme du délire, le discours sur la coronavirus colonise notre vie individuelle et notre réalité sociale. Il fonde un nouveau Réel, il porte sur quelque chose dont nous ne pouvons rien dire et sur lequel nous n’avons pas de prise ».

    Nous constatons tous que cette épidémie, en nous privant de notre liberté et de notre libre-arbitre, nous réduit à l’état de troupeau, comme « à chaque fois que la population s’est trouvée totalement démunie, placée dans une position de détresse par rapport au pouvoir. La détresse des individus résulte d’une perte des repères et surtout d’une impossibilité de faire face, de dire non aux injonctions qui leur sont adressées. Confrontées au fait de « ne pouvoir attendre l’aide de personne », les populations sont alors plongées dans une radicale impuissance ».

    Jean-Claude Paye et Tülay Umay comparent notre situation à celle qui est décrite dans Les frères Karamazov. Dostoïevski, « en situant l’action dans la période historique de l’inquisition, fait ressortir une problématique qui rappelle étrangement ce que nous vivons présentement. L’organisation de l’inquisition repose sur le personnage du Grand Inquisiteur qui considère l’humanité comme un troupeau. Il conçoit que l’homme ne peut trouver son salut qu’en renonçant à sa subjectivité et en se dépersonnalisant.

    Si l’humanité doit être réduite à l’état de troupeau docile, l’individu, en déléguant sa liberté au grand inquisiteur, redevient un « infans », coupable de renoncer à sa liberté. Il devient alors complètement dépendant d’un pouvoir qui lui dicte sa conduite. Si bien que le grand Inquisiteur peut affirmer : « Oh, nous arriverons à les convaincre qu’ils ne deviendront libres qu’au moment où ils renonceront pour nous à leur liberté et ils se soumettront ». Dans cette « pandémie », il est signifié aux individus qu’ils ne redeviendront « libres » qu’au moment où ils auront acceptés le vaccin et qu’ils auront abandonné toute volonté d’avoir une maîtrise de leur existence. »

    Le gouvernement par la terreur

    Geoffroy de Lagasnerie explique, dans une interview à Reporterre, comment Macron met en place un gouvernement par la terreur :

    « Macron détruit tout ce qui protège de l’exposition au pouvoir arbitraire, par plein de petites réformes : le démantèlement du droit de travail qui a augmenté la soumission des employés à leurs patrons, l’augmentation du pouvoir des préfets pour le contrôle des manifestations, l’accroissement des possibilités de rétention. Le macronisme démantèle les protections juridiques, syndicales. Et il expose les individus à de plus en plus de pouvoirs arbitraires : le pouvoir du patron, le pouvoir du préfet, le pouvoir du ministre, le pouvoir du directeur d’établissement. Cette multiplication des petits pouvoirs soumet les individus à une forme de terreur continue, la peur des sanctions qu’on peut subir si l’on dévie, si l’on conteste, si l’on est indocile.

    Et la peur du policier dans la rue, suggère Hervé Kempf de Reporterre,

    Quand vous multipliez les zones dans lesquelles les sujets politiques sont terrifiés, vous les soumettez à un ordre psychique extrêmement puissant en termes de conformation. La conséquence de cela à long terme est de ne même plus voir qu’il y a des problèmes parce que les gens se seront entièrement autocensurés ».

    Et Lagasnerie de conclure : « Le macronisme fonctionne à l’élimination systématique – sociale, pénale, carcérale, économique – des indésirables ».

    C’est aussi ce que semble penser le Dr Ebstein qui a été convoqué par le Conseil de l’ordre, en juin dernier, pour avoir refusé d’appliquer le protocole sanitaire des 4D : Doliprane, Domicile, Dodo, Décès.

    Conclusion

    L’instrumentalisation de l’épidémie pour tétaniser et terroriser les populations a permis aux puissances d’argent d’engranger des profits considérables aux dépens des populations paralysées et d’augmenter leur pouvoir. Elle a permis de réduire les libertés individuelles et d’habituer les populations à vivre sous la botte de la police, au gré d’ordres arbitraires et iniques. Si cela ne suffit pas à faire passer des « choses dures », il reste toujours à Macron l’Article 16 qui donne les pleins pouvoirs au président de la République.

    A condition qu’il ne perde pas l’appui de la police et/ou de l’armée, il pourra alors faire absolument tout ce qui lui plait, pas seulement des petites sauteries entre hommes à l’Elysée en plein couvre-feu, mais « repousser » les élections présidentielles, instaurer un état d’urgence illimité et, pourquoi pas, mettre en place une dictature à la chilienne.

    « Ces gens-là n’ont donc pas de conscience ! », s’indignait dernièrement un de mes amis. Eh non ! Lord Acton nous avait prévenus : « Le pouvoir tend à corrompre et le pouvoir absolu corrompt absolument ».

    Si donc il y a des élections et que Macron ne puisse pas se représenter tant il s’est fait haïr des Français, il n’aura pas tout perdu pour autant. Outre que ses amis banquiers le récompenseront généreusement pour ses bons et loyaux services, l’histoire ne l’oubliera pas à la différence de Sarkozy et Hollande, les présidents petits bras à usage unique qui l’ont précédé.

    Pour être célèbre, il est, en effet, infiniment plus sûr d’être un super héros du mal que du bien. Comme dit William Shakespeare : « Le mal que fait un homme vit après lui ; souvent ses bonnes actions vont dans la terre avec ses os ».

    Voyez Néron...

    Note : pour les liens vers les sources se référer au texte initial.

    »» https://www.salaireavie.fr/single-post/que-penser-de-la-menace-voil%C3...
    URL de cet article 36784
    https://www.legrandsoir.info/que-penser-de-la-menace-voilee-de-macron-sur-brut.html
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    Il y a l’horreur, l’émotion qu’elle suscite et l’instrumentalisation de celle-ci. Ces trois dimensions de l’actualité sont aisément et en permanence confondues dans le tsunami idéologique qui a déferlé dans nos médias jusqu’à donner la nausée. Communicants, pseudo experts, chroniqueurs et hommes politiques se sont succédé sur les plateaux pour nous appeler de manière convergente à renoncer à la réflexion sur les causes, pour menacer ceux qui refuseraient de le faire, pour légitimer les mesures liberticides prises par le gouvernement, pour imposer une logique de guerre de l’intérieur, etc. Le deuil partagé, l’émotion collective et sa signification, le besoin de savoir et de comprendre, etc., ont été sacrifiés sur l’autel de l’instrumentalisation écœurante par un gouvernement tentant de contrecarrer une crise de légitimité béante.  Les conséquences prévisibles n’ont pas tardé : nouvelles mesures législatives liberticides, annonce de la volonté d’interdire des associations comme le CCIF ou baraka city, diffusion de la peur chez les musulmans ou supposés tels, surenchères islamophobes, tétanie de tous ceux qui ont peur d’être taxés « d’islamo-gauchistes ».  Reprendre l’initiative est une urgence. C’est en effet dans de telles séquences d’accélération de l’histoire et d’imposition de la peur que se réunissent les conditions de possibilité du consentement au pire.


     

    «Entre l’annonce du confinement et l’émotion suscitée par les attentats de Conflans et de Nice, Emmanuel Macron bénéficie d’un « effet drapeau » et d’un resserrement de la communauté nationale autour de la figure du chef de l’État » Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop[i].

     

     

    Un monde immonde engendre des actes immondes

    Au moment des attentats de 2015 nous écrivions un article ayant comme titre : « Un monde immonde engendre des actes immondes : Ne pas renoncer à penser face à l’horreur[ii] ». Refuser, empêcher ou rendre impossible la réflexion sur les causes est une procédure classique de la gestion des crises des classes dominantes. Ces crises sont toujours en effet un moment de vérité où les voiles idéologiques parvenant habituellement à masquer les causes réelles des faits sociaux sont fragilisés. Cinq ans après le fanatisme religieux continu de tuer atrocement et le besoin de masquer les causes réelles est encore plus prégnant pour les dominants du fait d’une crise de légitimité qui s’est considérablement accrue depuis les drames de 2015. La colère sociale atteint des sommets même si elle n’a pas encore trouvé les moyens d’une expression convergente. Entretemps en effet le mouvement contre la réforme des retraites, celui des Gilets Jaunes et celui contre les violences policières d’une part et la gestion calamiteuse de la pandémie d’autre part sont venus dessiller bien des yeux sur la nature des politiques dominantes et sur leurs conséquences : paupérisation et précarisation massive à un pôle et enrichissement massif à un autre, déclassement généralisé touchant désormais une partie importante des « classes moyennes », guerres à répétitions pour les ressources énergétiques et les minerais stratégiques, destruction des services publics et en particulier du système de santé, violences policières contre les mouvements sociaux, etc. C’est dans ce contexte qu’il faut, à mon sens, appréhender l’interdit de pensée que l’on tente de nous imposer sur les causes du fanatisme religieux meurtrier. Car de deux choses l’une : ou il est issu de groupes organisés ou il s’origine d’actes individuels. Dans le premier cas, l’interrogation sur l’origine de ces groupes et sur les raisons de leur longévité est incontournable. Dans le second celle sur les processus sociaux qui rendent possibles de tels passages à l’acte individuels meurtriers l’est tout autant. Dans les deux cas, la responsabilité des politiques dominantes est engagée. On comprend mieux dès lors le refus et l’interdit d’une réflexion sur les causes que l’on tente de nous imposer. 

    a. L’hypothèse organisationnelle

    Qu’il existe des groupes et des organisations prônant l’imposition du fanatisme religieux par la force est le seul point de vérité que l’on peut reconnaître aux discours dominants sur le « terrorisme », le « djihadisme », le « takfirisme », etc.  Encore faut-il s’interroger sur les raisons de leur apparition et de leur longévité. La réalité qui se révèle [ et qui est aujourd’hui largement documentée] si l’on se pose cette question est celle d’une instrumentalisation géopolitique de ces groupes par les grandes puissances impérialistes qui dominent le monde. C’est en effet avec la guerre d’Afghanistan qu’émerge pour la première fois de manière durable une telle organisation. Le contexte mondial est alors celui de la guerre froide avec des États unis encore sonnés par la victoire du peuple vietnamien, les indépendances de l’Angola et du Mozambique arrachées par la lutte populaire en dépit du soutien de l’Otan au colonialisme portugais et le succès de la révolution sandiniste au Nicaragua. Sous la houlette de Zbigniew Brzeziński, conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter, est élaboré une stratégie d’affaiblissement de l’ennemi soviétique en soutenant et armant des fanatiques religieux dans la logique connue : « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». L’opération Cyclone est mise en place afin de pousser l’URSS à intervenir en Afghanistan. Dans une interview au Nouvel Observateur Brzeziński explique comme suit cette stratégie : « Selon la version officielle de l’histoire, l’aide de la CIA aux moudjahidine a débuté courant 1980, c’est-à-dire après que l’armée soviétique eut envahi l’Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais la réalité gardée secrète est tout autre : c’est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul.[iii]. » Interrogé sur le bilan de cette opération l’auteur du livre au titre significatif Le Grand échiquier assume entièrement ce choix en dépit des conséquences prévisibles qu’il portait :

    Regretter quoi ? Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d’attirer les Russes dans le piège Afghan et vous voulez que je le regrette. Le jour où les Soviétiques ont officiellement franchi la frontière, j’ai écrit au président Carter, en substance : « Nous avons maintenant l’occasion de donner à l’URSS sa guerre du Vietnam. » De fait, Moscou a dû mener pendant presque dix ans une guerre insupportable pour le régime, un conflit qui a entraîné la démoralisation et finalement l’éclatement de l’empire soviétique. […] Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ?  Quelques excités islamistes où la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide [iv]?

    Le succès de l’opération dépasse tous les espoirs. Alors qu’il ne s’agissait initialement que de déstabiliser l’URSS celle-ci ne survivra pas à cette guerre. L’instrumentalisation du fanatisme religieux à des fins de politique étrangère devient dès lors un outil privilégié pour faire avancer des « pions » sur le « grand échiquier » mondial. On la retrouve ainsi de l’Irak à la Lybie, de la Tchétchénie au Haut-Karabagh, de l’Algérie au Mali, etc. Il ne s’agit pas ici de réduire ces différents conflits à la seule ingérence étrangère par l’instrumentalisation de groupes fanatiques, mais de souligner que celle-ci est incontestablement une des modalités de la lutte pour le contrôle des sources de matières premières stratégiques et d’énergies, des voies géostratégiques et pour l’affaiblissement des concurrents.

    À ces ingérences « directes » s’en ajoutent d’autres « indirectes » constitutives du terreau sur lequel prospère le fanatisme religieux. Les politiques économiques ultralibérales que masque le vocable de « mondialisation » ne peuvent se traduire que par un affaiblissement de l’Etat dans la très grande majorité des pays du dit « tiers-monde » qui subissent les thérapies de choc du FMI et de la banque mondiale appelées euphémiquement Plan d’Ajustement Structurel [PAS]. Privatisations imposées, politiques d’austérité exigées, destruction des services publics mis comme conditionnalité de l’accès aux prêts et à l’aide, etc., constituent en effet le contenu de ces fameux PAS. La bipolarité entre des « zones utiles » et d’autres « inutiles » s’installe dans de nombreux pays avec une absence d’Etat et une paupérisation massive pour les secondes. La mondialisation capitaliste est le terreau du fanatisme religieux et l’instrumentalisation de celui-ci à des fins stratégiques une des dimensions importantes de la concurrence exacerbée suscitée par elle. Une pseudo lutte contre le fanatisme religieux qui occulte ce terreau et cette ingérence relève tout simplement du cynisme d’Etat dont la seule efficacité est de servir de prétexte à d’autres objectifs : masquer une crise, détourner une colère, légitimer des mesures qui auraient été rejetées sans cela, etc.

    b. Offre et demande de fanatisme religieux

    « L’apparition d’islamistes radicaux agissant seuls, sans ordre et sans le moindre soutien, constitue une inquiétude croissante des autorités[v] » explique le journal Le Monde du 12 juillet 2016. Le discours politique et médiatique sur la fameuse « radicalisation » est quasi-exclusivement centré sur l’offre de fanatisme religieux. Celle-ci existe bien entendu et est à combattre, mais cette offre ne peut se traduire en passages à l’acte violents que parce qu’elle rencontre une demande. Il convient en conséquence d’interroger les causes possibles de cette « demande ». Celles-ci sont diverses et tout réductionnisme en la matière est porteur de dérives socialement et politiquement dangereuses. Il est ainsi erroné et dangereux de réduire les passages individuels à l’acte violent à une simple conséquence de la maladie mentale. Un tel réductionnisme amalgame des actes pensés, préparés et organisés d’une part et des effets de la fragilisation mentale ou de la décompensation d’autre part. Il fait courir le risque de stigmatiser des groupes sociaux entiers : malades mentaux, schizophrènes, habitants des quartiers populaires, etc. Il oriente vers des politiques de repérages précoces ayant des effets de stigmatisations durables. Faut-il encore rappeler que la fragilité mentale n’est pas le propre des classes populaires ou des populations héritières de l’immigration ? Faut-il encore souligner que la « dangerosité » des « malades mentaux » n’est pas plus importante que celle de la population globale ?

    Le caractère horrible d’un acte, y compris quand le fameux « Allah Akbar » a été prononcé, ne suffit pas à légitimer la caractérisation de « terrorisme ». Nous savons tous que la décompensation psychique se concrétise par un processus de « sortie du réel ». « La psychose, quant à elle, soulignait déjà Freud, est le fait pour un sujet d’échapper à des contraintes contextuelles inacceptables ou impossibles à intégrer, en créant une nouvelle réalité qu’il est le seul à percevoir et qui le protège tout en l’enfermant[vi] ». Le psychiatre Olivier Guillin confirme en rappelant que « faire l’amalgame entre pathologie et radicalisation est bien souvent une erreur scientifique. La religion ne sert qu’à nourrir les délires de ces patients schizophrènes[vii] ». Son collègue Pierre-François Godet confirme également :

    Le djihadisme fait de plus en plus partie de l’environnement informationnel de notre monde. Donc, de plus en plus de psychotiques délirent et vont délirer sur le djihadisme, soit sur un mode persécutoire (“les djihadistes en veulent à ma vie”), soit sur le mode mégalomaniaque (“je suis fort, car Allah est le plus fort et il est avec moi”). Dans le second cas, on pourra se trouver confronté à un psychotique délirant qui passe à l’acte en criant “Allahou akbar !” Mais, ce qui guide le geste de ce patient, ce n’est pas la radicalisation djihadiste, c’est la radicalité de sa maladie à ce moment-là de son évolution : il n’a pas besoin d’être idéologiquement radicalisé par quiconque ou quoi que ce soit pour passer ou non à l’acte[viii].

    En outre de nombreux travaux ont mis en exergue les formes et contenus les plus récurrents des  « bouffées délirantes » :  danger extra-terrestre et plus largement le surnaturel, mysticisme, discours religieux, apocalypse, etc. C’est dire l’inanité de ce qui est devenu un réflexe journalistique et politique consistant devant un drame à se précipiter à la quête de l’information jugée centrale : A-t-il ou non crié « Allah Akbar » ? La recherche de l’audimat par la peur et la sensation amalgame [sciemment pour certains, par bêtise pour d’autres avec toutefois les mêmes effets sur l’opinion publique] deux réalités différentes [ un acte politique porté par une idéologie et les effets d’une pathologie].

    Les effets d’un tel amalgame ne sont pas anodins. Deux d’entre eux sont à souligner en raison du fait qu’ils finissent à un certain degré de développement par s’entretenir l’un l’autre. Ils entrent en quelque sorte après un certain temps et une certaine intensité de récurrence médiatique et politique dans une logique de « cercle vicieux ». Le premier est la construction de l’Islam et des musulmans comme danger, menace et porteurs de violences par nature ou essence. Est ainsi produit le terreau de la surenchère dans laquelle s’engouffre l’extrême-droite et certains chroniqueurs clamant l’existence d’une pseudo spécificité de l’Islam par rapport à la violence. Le second est la tendance à une focalisation plus grande des obsessions de malades mentaux sur la religion. « Depuis 2014, les psys constatent que leurs patients invoquent de plus en plus souvent l’islam pour justifier leur passage à l’acte[ix] » rappelle l’article précédemment cité. Autrement dit alors que nous sommes en présence de faits n’ayant rien à voir avec l’Islam, pour lesquels l’Islam n’est que le prétexte à l’expression d’un trouble d’une autre nature [nous ne sommes pas en présence d’une expression de l’Islam, mais d’un mode spécifique de consommation de l’Islam], le discours politique et médiatique dominant contribue à lui donner une apparence « religieuse ». La chose n’est pas nouvelle. Les psychoses individuelles s’adaptent en quelque sorte à la psychose collective suscitée par les discours politiques et médiatiques dominants. Lors du retour des cendres de Napoléon en 1840 rappelle l’historienne Laure Murat de nombreux malades mentaux s’identifiait à ce personnage dans son étude sur l’influence des évènements historiques et des troubles psychiques[x].

    Le discours politique et médiatique dominant et les islamalgames qu’il véhicule contribuent à masquer une autre réalité : celle de la montée d’une fragilisation mentale d’une partie grandissante de notre société, celle de la baisse des capacités de protection des structures familiales et des structures sociales de proximité, celle de la hausse de consommation de psychotropes, etc. La destruction des capacités de protection de proximité du fait des politiques économiques dominantes et de leurs effets de paupérisation et de précarisation est de surcroît multipliée par la paupérisation massive de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie par les mêmes politiques libérales. Une population en besoin de soins et de suivi est ainsi sacrifiée sur l’autel des économies budgétaires. Le livre de Mathieu Bellahsen et Rachel Knaebel La révolte de la psychiatrie en fait la démonstration. Citons quelques titres de chapitres ou sous chapitres éloquents : Nouveaux management et mesure de la « performance » ; Une politique de délégation au secteur privé promue par l’Etat ; A la différence du public, le privé choisit ses patients ; Face aux demandes de soins accrues, capacité d’accueil en baisse et pratiques sécuritaires en hausse ; etc[xi].  Destruction des capacités de protection familiales et sociales d’une part et destruction des capacités de réponse institutionnelles sont deux causes occultées de notre situation par le discours dominant. 

    Les fonctions de l’instrumentalisation idéologique de l’opinion publique

    Le contexte était déjà celui décrit ci-dessus avant l’assassinat horrible de Samuel Paty. Il convient en conséquence de compléter l’analyse sur ce qu’il y a de spécifique dans l’instrumentalisation de l’opinion publique c’est-à-dire de nous pencher sur la fonction de celle-ci. Sans être exhaustif trois dimensions en interaction ressortent, à notre sens, de la brusque accélération d’offensive idéologique à laquelle nous assistons depuis ce drame et celui qui l’a suivi à Nice.  La première est celle d’une préparation de l’opinion publique à des sacrifices sociaux de grande ampleur en lien avec les effets économiques de la pandémie. La seconde est la légitimation d’une logique de « punition collective » à l’égard de groupes sociaux susceptibles de se révolter face à cette nouvelle dégradation de leurs conditions d’existence. La troisième est la tentative d’installation d’une politique d’intimidation à l’égard de tout discours critique dans une logique maccarthyste.

    a. Qui paiera la facture du cataclysme social qui vient ?

    Nous avons déjà souligné dans un texte précédent[xii] que ce qui était mis en évidence par la pandémie c’était l’incapacité d’un système social précis à lui faire face du fait de la destruction organisée du système de santé par les politiques néolibérales de ces quatre dernières décennies. Nous avons également proposé une analyse des conditions du confinement et du déconfinement centrées de manière dominante par la crainte des effets sur les profits des entreprises et particulièrement des multinationales[xiii]. Sur ces deux questions la logique de rétablissement rapide des profits fut en contradiction avec les besoins de la lutte contre la pandémie. Il convient enfin pour avoir une vision globale de la situation d’introduire dans l’analyse l’ampleur des dégâts économiques de la pandémie dont l’échéance de fin reste encore imprévisible. La dernière note de conjoncture de l’INSEE datée du 6 octobre 2020 présente comme suit la situation : « Au total sur l’année 2020, le PIB se contracterait de 9 %. […] La consommation des ménages, principale composante de la demande, reculerait de 7 % sur l’année. L’investissement des entreprises (–10 % prévu sur l’année) et les exportations (–18 %) reculeraient davantage[xiv]. » Les économistes Laurent Ferrara et Capucine Nobletz résument la situation comme suit en juin 2020 c’est-à-dire avant le reconfinement actuel :

    La pandémie liée à la propagation du coronavirus a engendré une récession économique mondiale d’amplitude rarement observée dans l’histoire économique, comparable en cela à un phénomène dit de « désastre », tel que défini par l’économiste Robert J. Barro. La nature des chocs qui ont frappé les économies, mélange de chocs d’offre et de demande négatifs associés à une hausse vertigineuse de l’incertitude, ainsi que leur amplitude, ont durement touché l’activité économique. De leur côté, les marchés financiers ont connu des évolutions diverses. Les marchés d’actions ont d’abord fortement chuté puis se sont rapidement rééquilibrés sous l’effet notamment des interventions massives des banques centrales[xv].

    Pour financer cette récession considérable, l’Etat dispose classiquement de trois outils. Le premier est celui de baisse des dépenses publiques. Cette voie est impossible dans le contexte en raison de l’état de l’opinion publique à moins de toucher aux dépenses militaires ou de police ce qui est inenvisageable pour un impérialisme engagé dans de nombreuses guerres et misant plus que jamais sur sa police pour contrecarrer les colères sociales. Le second outil est l’augmentation des impôts qui ne serait acceptée aujourd’hui que si celle-ci touchait les grandes fortunes, solution que Macron rejette totalement comme en témoigne par exemple le refus de rétablir l’ISF en dépit de la situation. Il reste en conséquence un seul l’outil, celui de la contraction d’emprunts c’est-à-dire de l’augmentation de la dette publique. Selon les prévisions officielles, le déficit prévu est de 117 % du PIB en 2020 et de 116 % en 2021 (contre 95 % en 2019), ces évaluations de fin septembre n’incluant pas les dépenses liées au couvre-feu puis au nouveau confinement. « l’Etat a émis pour plus de 200 milliards d’euros d’obligations sur les marchés, qui s’ajoutent à son stock de dette déjà important » résume la journaliste du magazine économique Challenges [xvi].

    La question posée à terme est bien celle de la facture. Celle-ci sera-t-elle présentée à ceux qui se sont considérablement enrichis depuis quatre décennies de néolibéralisme ou au contraire une nouvelle fois aux classes populaires et moyennes ? Poser la question c’est y répondre. Que les conditions de légitimité actuelle ne permettent pas de poser explicitement cette question signifie simplement pour la classe dominante qu’elle doit s’atteler à créer une nouvelle légitimité, c’est-à-dire fabriquer le consentement au cataclysme social qui vient. Loin d’être des dérapages verbaux conjoncturels d’un Darmanin,  des effets sincères de l’émotion d’un Macron ou des dérives de quelques chroniqueurs, la surchauffe islamophobe et maccarthyste actuelle correspond à une fonction idéologique : fabriquer par la peur le consentement à une régression sociale inédite. Comme le soulignaient des manifestants argentins en juin dernier : « si nous payons la dette, nous ne pouvons pas manger ».  

    b. Anticiper les révoltes sociales possibles

    La fabrique d’un tel consentement ne va pas de soi dans un pays qui a connu une montée en puissance réelle des luttes sociales au cours de ces dernières années. Des Gilets Jaunes au mouvement contre les violences policières en passant par la lutte contre la réforme des retraites, nous en étions avant la pandémie dans une séquence de recherche de convergences des luttes même si les voies de celle-ci étaient encore loin d’avoir été trouvées. Même si la convergence n’était pas en vue les silencieux avaient commencé à parler et à se parler et les invisibles à se faire voir. Sur ce terreau la pandémie et sa gestion calamiteuse sont venues visibiliser aux yeux de beaucoup les failles béantes et les conséquences sociales désastreuses d’un système économique basé sur le seul profit. La réapparition de la faim dans de nombreux quartiers populaires se traduisant par des files énormes devant les distributions de vivres des associations humanitaires est venue renforcer la colère sociale grandissante. La crise de légitimité de Macron ne cessait de grandir et les conditions d’une crise de régime à se réunir. Le choix d’une gestion autoritaire du confinement n’était pas une idiotie ou un signe d’incompétence, mais était guidé par la peur d’une révolte sociale massive. Mettre en surveillance certains territoires était une anticipation des possibles par la classe dominante.

    L’instrumentalisation de l’émotion suscitée par les assassinats de Conflans et de Nice s’inscrit dans ce contexte. Ces crimes horribles font « effet d’aubaine » pour un pouvoir devenu illégitime et en recherche d’un dérivatif à la colère sociale. La diffusion de la peur et de l’angoisse à des fins de réinstauration d’une logique d’«unité nationale » reléguant au second plan les préoccupations économiques, sociales, revendicatives, etc., en est l’objectif essentiel. Les effets ne se sont pas fait attendre : peur de nos concitoyens musulmans ou supposés tels, surenchères médiatiques, tags islamophobes sur les murs de mosquées, de locaux associatifs ou du siège du PCF, agressions physiques de musulmans ou supposés tels [et en premier lieu de musulmanes ou supposées telles], concourt Lépine médiatique de propositions législatives islamophobes, garde à vue de plus de 10 heures d’enfants pour « apologie du terrorisme », etc. Ce premier objectif idéologique est accompagné d’un second, bien matériel celui-ci : préparer les conditions législatives d’une réponse à la colère sociale. Quatre jours à peine après le drame de Conflans-Sainte-Honorine le projet de loi « relative à la sécurité globale » est déposé.

    Ce projet qui fait l’objet d’une « procédure accélérée » justifiée par le contexte de « danger terroriste » prévoit pêle-mêle : accroissement des attributions des polices municipales et des agents de sécurité privée et notamment celle du contrôle d’identité, usage de drones dans le constat des infractions ou dans la surveillance des frontières, pénalisation de la diffusion d’images de policiers ou de gendarmes agissant dans le cadre de leurs missions d’ordre public,  etc. Résumant la logique générale de ce projet de loi le syndicat de la magistrature la formalise comme suit : « Le but est de quadriller chaque recoin de l’espace public en  déployant des moyens technologiques permettant une surveillance généralisée, en donnant compétence à des agents qui ne sont pas formés, mais qui feront nombre pour relever  des infractions en dehors de tout contrôle de la justice, et de faire encore reculer le contrôle démocratique sur ce qui se joue, les forces de l’ordre devenant finalement les seules à échapper aux honneurs des caméras[xvii]. »

    L’effet d’aubaine touche ainsi également la fabrique du consentement à la restriction des libertés publiques ou à la fabrique d’une demande autoritaire et sécuritaire. En témoignent les résultats du sondage de l’institut IFOP-Fiducial pour Cnews : 89 % des sondés favorables à la « déchéance de nationalité des personnes avec une double nationalité ayant commis des délits » ; 80 % pour « rendre l’accès au droit d’asile en France plus compliqué » ; 78 % pour « permettre l’utilisation de la reconnaissance faciale à des fins de sécurité intérieure » ; 78 % pour « supprimer l’anonymat pour les utilisateurs de réseaux sociaux[xviii] » ; etc. Bien sûr ces sondages ne reflètent pas le réel intégralement. La formulation des questions contribue à produire les réponses. Ce type de sondages participent ainsi à la fabrique de l’opinion souhaitée. La seconde fonction de la surchauffe idéologique actuelle apparait ici : anticiper les révoltes sociales et adapter le cadre législatif à leur répression.

    c. Une logique maccarthyste à des fins d’intimidation

    « Il y a des courants islamo-gauchistes très puissants dans les secteurs de l’enseignement supérieur qui commettent des dégâts sur les esprits. Et cela conduit à certains problèmes, que vous êtes en train de constater » déclare le ministre de l’éducation nationale devant le Sénat le 22 octobre 2020 soit six jours seulement après le meurtre de Samuel Paty. La thèse classique de l’extrême-droite d’une université infestée de gauchiste complaisant avec l’ »islamisme » et de ce fait responsable du « terrorisme » devient une doctrine d’Etat. La chose n’est certes pas entièrement nouvelle [rappelons nous les déclarations d’un Valls à ce propos], mais sa revendication en pleine séquence dramatique souligne le passage à une logique d’intimidation concrète. Il ne s’agit plus simplement de dénoncer une pseudo complaisance, mais d’appeler à une action de confinement de la pensée et de la recherche et de préparer l’opinion à celle-ci. En témoigne l’adoption par le sénat de l’amendement 234 à la loi de programmation de la recherche. Cet amendement adopté le 28 octobre 2020 stipule : « que les libertés académiques s’exercent dans le respect des valeurs de la République. Il s’agit, par cette disposition, d’inscrire dans la loi que ces valeurs, au premier rang desquelles la laïcité, constituent le socle sur lequel reposent les libertés académiques et le cadre dans lequel elles s’expriment[xix] ». Outre le caractère flou et à géométrie variable de l’expression « valeurs de la République » et les polémiques sur la signification et le contenu du principe de « laïcité », l’amendement introduit une limite à des libertés académiques jusque-là limitée uniquement par le droit pénal et les critères scientifiques. « Qui décidera si un cours, une publication, sont conformes aux valeurs de la République ? [xx]» interroge à juste titre un article du site Université Ouverte.

    Dans la foulée de la déclaration du ministre, une tribune de 100 universitaires est publiée dans le monde du 31 octobre pour soutenir le ministre et appeler à une mise au pas devant l’urgence de la situation : « Nous, universitaires et chercheurs, ne pouvons que nous accorder avec ce constat de Jean-Michel Blanquer. Qui pourrait nier la gravité de la situation aujourd’hui en France, surtout après le récent attentat de Nice […]  Les idéologies indigéniste, racialiste et « décoloniale » (transférées des campus nord-américains) y sont bien présentes, nourrissant une haine des « Blancs » et de la France ; et un militantisme parfois violent s’en prend à ceux qui osent encore braver la doxa antioccidentale et le prêchi-prêcha multiculturaliste[xxi]. » Une contre-tribune signée cette fois-ci par 2000 universitaires souligne l’enjeu du débat et de l’offensive : « une mise au pas maccarthyste de l’université, qu’il s’agirait de soumettre à un contrôle politique qui vérifierait la loyauté des enseignants à l’égard de l’Etat[xxii]. » Les universitaires ne sont, bien entendu pas les seuls visés. Associations, partis et hommes politiques, journalistes, etc., sont dans le même viseur avec le même objectif de silenciation par intimidation.

    Mais le maccarthysme comme logique ne se limite pas à l’interdit d’un discours critique, il comprend également la promotion d’un discours unanimiste à imposer par la force si nécessaire. Lors de son audition au Sénat, le ministre de l’éducation nationale propose ainsi de « créer des chaires de la laïcité […] qui auront un impact sur nos étudiants ». Il s’agit ni plus ni moins que du franchissement d’un nouveau seuil dans la tentative d’instrumentaliser le monde enseignant à des fins de contrôle idéologique. La même logique a déjà conduit à la tentative de réduire la liberté d’expression à la défense des caricatures de Charlie Hebdo et d’interdire le droit à la critique de ces caricatures. La transformation de ces caricatures [qui ont bien entendu le droit d’exister, mais aussi que l’on devrait pouvoir critiquer librement] par le discours étatique en véritable totem intouchable de la République réduit la liberté d’expression à celles-ci. Faire porter aux enseignants ce réductionnisme en les situant comme canal de la parole idéologique officielle sur l’actualité est contradictoire avec le métier même d’enseignant supposant la pratique du libre-arbitre, du débat contradictoire, de la mise en évidence des contradictions, etc. Nous sommes ni plus ni moins en présence d’une prise d’otage idéologique de la fonction enseignante. La troisième fonction idéologique de l’instrumentalisation de l’émotion en cours est bien de silencier les discours critiques et de promouvoir une pensée unique par la peur et l’intimidation.

    Les trois fonctions idéologiques de l’instrumentalisation de l’émotion publique révèlent l’ampleur de la crise de légitimité du gouvernement à l’approche des élections présidentielles. Elles sont au service d’une stratégie visant à imposer une nouvelle fois la logique binaire Le Pen ou Macron. Pour ce faire il faut faire monter l’extrême-droite pour se présenter ensuite comme le seul recours dans la logique désormais éprouvée de « vote utile ». Une nouvelle fois les préoccupations de court terme de la classe dominante nécessitent une politique de fracturation de la société par la fabrique d’un bouc émissaire masquant le véritable enjeu qui reste le projet de régression sociale massive à des fins de préservation des profits. La lutte contre le terrorisme n’est pas une priorité gouvernementale. Il suffit de rappeler que celle-ci suppose pour être efficace d’être menée avec les musulmans ou supposés tels et non sans eux et encore moins contre eux. Une nouvelle fois le court terme de la classe dominante nous replonge dans une ère de tous les possibles. Des possibles émancipatoires ou des possibles monstrueux, cela dépendra de notre capacité à réagir ensemble.

     

    Source: Le blog de Saïd Bouamama

    Dessin: Titom

    Notes:

    [i] Article La côte de Macron en hausse de huit points en un mois, Challenges du 3 novembre 2020, consultable sur le site challanges.fr.

    [ii] Saïd Bouamama, Un monde immonde engendre des actes immondes, 15 novembre 2015, consultable sur le site bouamamas.wordpress.com.

    [iii] Vincent Jauvert, Oui la CIA est entrée en Afghanistan avant les Russes, interview de Zbigniew Brzezinski, Nouvel Observateur du 15 janvier 1998, p. 76.

    [iv] Ibid.

    [v] Les loups du djihad sont-ils si solitaires, Le Monde du 12 juillet 2016, consultable sur le site lemonde.fr.

    [vi] Robert Neuburger, Préface à Névrose et psychose de Sigmund Freud, Payot, 2013.

    [vii] Nadia Bendjebbour, « Terrorisme : les nouveaux visages », fou d’Allah, Nouvel Observateur du 3 septembre 2020, consultable sur le site nouvelobs.com.

    [viii] Pierre-François Godet, Des rapports supposés entre radicalisme et maladie mentale, 30 avril 2018, consultable sur le site lyoncapitale.fr.

    [ix] Ibid.

    [x] Laure Murat, L’homme qui se prenait pour Napoléon : pour une histoire politique de la folie, Gallimard, Paris, 2013.

    [xi] Mathieu Bellahsen et Rachel Knaebel, La révolte de la psychiatrie. Les ripostes à la catastrophe gestionnaire, La Découverte, Paris, 2020.

    [xii] Saïd Bouamama, Le Corona Virus comme analyseur : Autopsie de la vulnérabilité systémique de la mondialisation capitaliste23 mars 2020, consultable sur le site bouamamas.wordpress.com.

    [xiii] Saïd Bouamama, La mise en scène politique et médiatique du confinement : Nécro-politique et quartiers populaires16 avril 2020, ibid.

    [xiv] Note de conjoncture de l’INSEE, 6 octobre 2020, consultable sur le site insee.fr.

    [xv] Laurent Ferrara et Capucine Nobletz, Dettes publiques : le COVID 19 augmente la contagion sur les marchés d’obligations d’Etat, consultable sur le site theconversation.com.

    [xvi] Esther Attias, Coronavirus : comment les discours sur la dette publique ont changé, Challenges du 24 octobre 2010, consultable sur challenges.fr.

    [xvii] Vers un Etat de police ?, communiqué du Syndicat de la Magistrature du 4 novembre 2020, consultable sur le site syndicat-magistrature.org.

    [xviii] Sondage : Près de 9 Français sur 10 sont pour la déchéance de nationalité et pour l’expulsion des fichés S, Ifop-Fiducial pour Cnews, 6 novembre 2020, consultable sur le site, cnews.fr.

    [xix] Amendement 234 de la loi de programmation de la recherche, Sénat, 28 octobre 2020, consultable sur le site senat.fr.

    [xx] Loi de programmation de la recherche : nuit noire sur le Sénat, 29 octobre 2020, consultable sur le site universiteouverte.org.

    [xxi] Une centaine d’universitaires alertent : « sur l’islamisme, ce qui nous menace, c’est la persistance du déni », Tribune au Monde du 31 octobre 2020, consultable sur le site lemonde.fr.

    [xxii] « Cette attaque contre la liberté académique est une attaque contre l’Etat de droit démocratique », tribune au Monde du 2 novembre 2020, consultable sur le site lemonde.fr et que l’on peut signer en allant sur ce lien : https://savoiremancipateur.wordpress.com/home/signataires/                                                                                                                                                                                                                                                                                               Punition collective, maccarthysme et préparation de l’opinion aux sacrifices | Investig’Action                                                                                                      

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    La guerre du Yémen est sans doute la pire chose qui se passe actuellement dans le monde. Et la situation ne devrait pas s’améliorer alors que les États-Unis veulent inscrire les rebelles Houtis sur leur liste des organisations terroristes. La guerre a pourtant déjà fait des centaines de milliers de morts. Pouvons-nous y faire quelque chose ou sommes-nous condamnés à la complicité, en regardant ailleurs pendant que des enfants meurent de faim et du choléra ?

    L’administration Trump serait sur le point de placer les rebelles Houthis du Yémen sur sa liste officielle des organisations terroristes dans le but de les priver d’argent et de ressources. Le chef du Programme alimentaire mondial des Nations Unies, ainsi que de nombreux autres experts, prévient que cette désignation prolongera l’horrible guerre qui a coûté la vie à plus d’un quart de millions de personnes et créera une barrière impénétrable de paperasserie empêchant l’aide humanitaire de parvenir au peuple yéménite.

    Les Nations Unies estiment prudemment qu’environ 233 000 Yéménites ont été tués, surtout par des « causes indirectes », dans la guerre entre les Houthis et la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, soutenue par les États-Unis. Ces causes indirectes seraient la maladie et la famine résultant de ce que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, appelle « la pire famine que le monde ait connue depuis des décennies ».

    Lorsque les gens entendent le mot « famine », ils pensent généralement à la faim de masse causée par des sécheresses ou d’autres phénomènes naturels. Mais en réalité, les décès par la famine que nous voyons au Yémen (dont un énorme pourcentage sont des enfants de moins de cinq ans) sont causés par quelque chose qui n’est pas plus naturel que les morts de famine que vous verriez dans un siège médiéval. Ils sont le résultat de l’application d’un blocus par la coalition saoudienne et de ses bombardements ciblés sur des fermes, des bateaux de pêche, des marchés, des sites de stockage de nourriture et des centres de traitement du choléra. L’objectif est de rendre les régions contrôlées par les Houthis du Yémen si faibles et misérables qu’elles se brisent.

    En d’autres termes, les États-Unis et leurs alliés ont aidé l’Arabie saoudite à tuer délibérément des enfants et d’autres civils à grande échelle afin d’atteindre un objectif politique. Ce qui serait bien entendu un exemple parfait de toute définition standard du terrorisme.

    Nous sommes les terroristes. L’Arabie saoudite, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada, la France et tous les autres pays qui ont facilité les horribles atrocités de masse au Yémen – cette alliance étroite de puissances mondiales constitue une organisation terroriste comme le monde n’en a jamais vu auparavant. Et l’empire étasunien, terriblement sauvage et sanguinaire, désigne à présent les Houthis comme une organisation terroriste. C’est la blague la moins drôle qui ait jamais été racontée.

    Nous sommes les terroristes. Je dis « nous » au lieu de nos gouvernements, parce que si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous, en tant que population civile, sommes complices de ce massacre. Les horreurs au Yémen sont sans aucun doute la pire chose qui se passe dans le monde en ce moment, mais elles constituent à peine une tâche sur notre conscience sociale. L’écrasante majorité d’entre nous a vu les photos et les vidéos d’enfants yéménites affamés, a pensé à quelque chose du genre « Oh une famine, c’est si triste » puis est retournée à ses réflexions sur le sport ou toute autre absurdité insipide qui occupent la plus grande partie de notre attention.

    Nous sommes les terroristes. Oui, il est vrai que nous avons été conditionnés dans notre complicité avec ce terrorisme. Et si les médias faisaient leur prétendu travail, le Yémen serait au centre de notre attention. Mais nous sommes toujours complices, nous y participons toujours, vivant dans une société où le massacre et la brutalité n’amènent pas à se lever no à utiliser la force du nombre pour exiger un changement. Ce n’est pas parce que vous l’ignorez que vous ne dormez pas sur un lit d’enfants massacrés.

    Nous sommes les terroristes. Mais nous n’avons pas à l’être.

    Nous pouvons commencer à nous réveiller ensemble. Réveiller nos amis et voisins, répandre la conscience de ce qui se passe, sensibiliser aux horreurs que nos gouvernements sont en train de commettre au Yémen et dans d’autres pays au nom de la domination impérialiste, s’entraider pour voir à travers les voiles de la propagande à quel point des vies et des ressources sont sacrifiées pour infliger une terreur indicible au lieu de profiter à l’humanité.

    Le gouvernement étasunien pourrait presqu’immédiatement mettre fin aux horreurs du Yémen s’il le voulait vraiment. Si le maintien de l’hégémonie unipolaire reposait soudainement sur la victoire des Houtis plutôt que sur la poursuit de combats visant à préserver un régime aligné sur Washington, les Saoudiens se retireraient et la guerre serait terminée en quelques jours. Nous pourrions y arriver si nous parvenions à sensibiliser suffisamment sur la réalité de ce qui se passe au Yémen.

    Brisez le silence sur le Yémen. Faites pression sur Biden pour qu’il tienne sa promesse électorale de mettre fin à la guerre initiée sous l’administration Obama-Biden. Opposez-vous à l’impérialisme étasunien. Dénoncez les médias de masse qui refusent de nous donner une image claire de ce qui se passe dans le monde. Aidez les gens à réaliser que leur perception de la réalité est continuellement déformée par les puissants.

    Nous mettrons fin à notre complicité dans le terrorisme de l’Empire en réveillant les citoyens de cet empire et en leur ouvrant les yeux sur les actes de terreur qu’il commet.

    Les articles de Caitlin sont entièrement pris en charge par les lecteurs, donc si vous avez apprécié cette pièce, pensez à la partager, à l’aimer sur Facebook, à suivre ses singeries sur Twitter, à consulter son podcast, à jeter de l’argent dans son chapeau sur Patreon ou Paypal, ou à acheter son livre Woke : A Field Guide for Utopia Preppershttps://caitlinjohnstone.com

    Source : Le blog de Caitlin Johnstone, 17 décembre 2020

    »» https://www.investigaction.net/fr/nous-sommes-les-terroristes/
    URL de cet article 36783
    https://www.legrandsoir.info/nous-sommes-les-terroristes.html

       

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    Le Professeur de pharmacologie, après l’émoi causé par son internement forcé, répond aux questions de Richard Boutry.

    Et cette république CRIMINELLE PUTRIDE GENOCIDAIRE ose dire d’un Père de Famille qu’il est un « CATHOLIQUE EXTREMISTE » !

     

    Force et Honneur au Professeur Fourtillan.                                                                                                                              Le Professeur Jean-Bernard Fourtillan s’exprime sur sa Détention Arbitraire en Hôpital Psychiatrique au micro de France Soir. | Pro Fide Catholica                   

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  • Nils MELZER

    [Septembre 2020 :] Vous vous souvenez du meurtre de sang froid de civils irakiens dans Collateral Murder ? Vous vous souvenez de la torture à Guantanamo Bay ? Vous vous souvenez de la corruption politique révélée par les câbles diplomatiques ? Ce sont quelques-unes des histoires qui ont fait la une en 2010, lorsque les principaux journaux internationaux, du New York Times au Guardian en passant par Der Spiegel, se sont associés à WikiLeaks pour exposer les crimes de guerre américains et une longue liste de vérités honteuses que nos gouvernements avaient gardées secrètes.

    Dix ans plus tard, l’homme qui a rendu tout cela possible se bat pour sa liberté dans une indifférence choquante, maintenu en isolement dans une prison de haute sécurité et soumis à un procès que des experts indépendants qualifient de simulacre pour ces publications très populaires de l’ère WikiLeaks 2010. EXB a eu accès aux audiences du tribunal qui décidera de son sort : si le tribunal décide de donner son feu vert à son extradition vers les États-Unis, où il risque 175 ans d’emprisonnement pour son rôle présumé dans la divulgation au public de documents classifiés qui ont révélé des actes de torture, des crimes de guerre et des fautes commises par les États-Unis et leurs alliés.

    EXB s’engage à faire un rapport sur les audiences du tribunal qui non seulement scelleront l’avenir d’un homme, mais détermineront aussi l’avenir du journalisme d’investigation . Nous organiserons également une série d’entretiens avec des experts indépendants et des journalistes qui ont travaillé sur les fuites ainsi qu’avec des partisans éminents.

    Tout d’abord, N. Vancauwenberghe et J. Brown se sont entretenus avec Nils Melzer, rapporteur spécial des Nations unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, qui a enquêté sur l’affaire. Restez à l’écoute !

    Pouvez-vous nous expliquer ce qui se passe à Londres lundi ?

    Oui, Julian Assange devra faire face à la deuxième partie d’une audience au tribunal qui doit décider de son extradition vers les États-Unis. Nous espérons que nous aurons alors une décision de première instance vers le mois d’octobre [jugement ser rendu le 4 janvier 2021 - NdR]. Quelle que soit la décision, je pense qu’un appel sera interjeté auprès de la Haute Cour. Probablement par Julian Assange, car je ne m’attends pas à ce que la première instance refuse l’extradition. Mais même si un miracle se produit et que le juge refuse de l’extrader, les États-Unis feront certainement appel de cette décision

    Vous pensez donc que le juge donnera son feu vert à l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis ?

    Oui. Maintenant, si le système judiciaire britannique était indépendant et qu’il appliquait la loi, il n’y aurait aucun moyen de donner le feu vert à cette extradition. Il est évident pour tout avocat consciencieux que cette extradition ne peut pas se faire légalement. Il y a la raison formelle que 17 des 18 chefs d’accusation dont Julian Assange a été accusé sont des accusations d’espionnage. L’espionnage est la quintessence d’un délit politique, et vous ne pouvez pas extrader pour des délits politiques. Le traité d’extradition entre les États-Unis et le Royaume-Uni l’interdit explicitement.

    Ensuite, il y a la dix-huitième accusation, celle du piratage informatique. Julian Assange n’est même pas accusé d’avoir piraté quoi que ce soit, il est accusé d’avoir tenté d’aider Chelsea Manning, sa source dans l’armée américaine à l’époque, à décoder un mot de passe du système. Ce mot de passe ne lui aurait pas donné accès à de nouvelles informations, mais il lui aurait permis de brouiller les pistes à l’intérieur d’un système auquel elle avait déjà une autorisation d’accès complète. Même si l’implication d’Assange était prouvée, il ne s’agirait pas d’un crime grave, mais simplement d’une tentative infructueuse d’aider quelqu’un à commettre une infraction. Il pourrait peut-être se voir infliger une amende ou une peine de six semaines d’emprisonnement pour cela. Mais tout le monde sait que Julian Assange n’a pas été soumis à une décennie de détention, de persécution et d’audiences d’extradition pour être simplement jeté en prison pendant six semaines seulement.

    Alors comment expliquez-vous qu’un pays démocratique comme le Royaume-Uni puisse procéder à une extradition si celle-ci est illégale ?

    Je crois comprendre que, dans le cas de Julian Assange, le Royaume-Uni tente de contourner le traité d’extradition applicable entre le Royaume-Uni et les États-Unis, qui interdit l’extradition pour des délits politiques, en se fondant exclusivement sur la loi britannique sur l’extradition, une loi nationale d’importance subsidiaire dans ce cas, qui ne contient pas une telle interdiction. En substance, les Britanniques choisissent ce qui leur permettra de l’extrader. Par ailleurs, les droits procéduraux d’Assange ont été si gravement et systématiquement violés que cette procédure d’extradition est devenue irrémédiablement arbitraire. Il n’a pas eu un accès adéquat à ses avocats, il n’a pas eu droit à une seule réunion depuis la fermeture de la prison en mars, il a eu un accès extrêmement restreint aux documents de son dossier, il n’a reçu un ordinateur qu’après un an de prison, il n’a pas accès à Internet et, en plus, ils ont collé les touches du clavier pour qu’il ne puisse pas écrire. Il est important de noter que toutes ces restrictions sont clairement illégales, car Assange est emprisonné uniquement dans le but d’empêcher son évasion pendant la procédure d’extradition. Il ne purge aucune peine pénale mais, comme tout autre citoyen, il a le droit de communiquer librement avec ses avocats, ses amis et sa famille et d’exercer sa profession comme il l’entend.

    Quels sont les intérêts du Royaume-Uni à cet égard ? Qu’est-ce que le gouvernement britannique a contre Julian Assange pour justifier un traitement aussi dur ?

    Commençons par la situation dans son ensemble. Il ne s’agit pas de Julian Assange ni d’un quelconque crime qu’il est censé avoir commis. Il s’agit de WikiLeaks, la méthodologie introduite par WikiLeaks, qui permet aux dénonciateurs de divulguer facilement des informations secrètes sur la conduite des Etats tout en restant complètement anonyme, même pour Wikileaks. Et la prolifération de cette méthodologie est ce qui effraie les États - pas seulement les États-Unis, mais aussi le Royaume-Uni - et je dirais à peu près n’importe quel autre État dans le monde, parce que les gouvernements du monde entier s’appuient fortement sur le secret pour éviter l’examen public. C’est pourquoi Julian Assange ne reçoit pas beaucoup de soutien de la part d’un État. L’Équateur était la seule exception, jusqu’à ce que son nouveau président, Lénine Moreno, cède à la pression économique très brutale des États-Unis.

    C’est ce que certains appelleraient la théorie du complot - des gouvernements qui s’appuient sur le secret pour commettre leurs mauvaises actions et qui persécutent quiconque ose les dénoncer.

    Je travaille pour des gouvernements et des organisations internationales depuis plus de 20 ans. Je sais donc comment les décisions politiques sont prises et je sais que les gouvernements essaient de plus en plus de cacher des informations compromettantes au public. Ce n’est pas une sorte de théorie de la conspiration.

    Nous connaissons tous Snowden et la NSA. Nous sommes au courant des révélations de WikiLeaks. Nous sommes également au courant du récent scandale "Cryptoleaks" et d’innombrables autres cas de corruption et d’abus, qui ne sont que la partie visible de l’iceberg. Si les États qui persécutent Assange avaient vraiment agi de bonne foi, ils auraient au moins poursuivi les fautes qui ont été révélées, les crimes de guerre, la torture, certains des crimes les plus graves qu’on puisse imaginer.

    Mais ce que nous constatons, c’est qu’en dépit de preuves irréfutables, aucun de ces crimes n’a jamais fait l’objet de poursuites ou même d’enquêtes. Cela prouve clairement qu’en persécutant Assange, ces gouvernements ne poursuivent pas la justice, mais essaient de protéger leur propre impunité pour les crimes de guerre, les agressions et la torture. Les seuls soldats et fonctionnaires qui ont été poursuivis sont les dénonciateurs, ou ceux qui ont commis des crimes qui n’étaient pas conformes à ce que le gouvernement voulait. Mais tous ceux qui ont obéi à leur gouvernement en commettant des crimes jouissent d’une totale impunité. Cela ne concerne pas seulement les Américains, mais c’est un phénomène que l’on observe partout dans le monde. Et WikiLeaks menace cette impunité en informant et en responsabilisant le public sur les fautes commises par le gouvernement.

    Lorsqu’elles ont été publiées il y a dix ans, les fuites étaient énormes. Les grands médias tels que le Guardian, Le Monde, Der Spiegel ou le New York Times ont collaboré avec Julian Assange pour dénoncer les crimes de guerre et les cas de mauvaise conduite commis par les États-Unis et leurs alliés européens. Dix ans plus tard, peu de gens semblent se souvenir des fuites elles-mêmes et la plupart des grands médias ne montrent pas beaucoup de sympathie pour Assange. Que s’est-il passé ?

    Au départ, les médias grand public ont beaucoup profité du travail d’Assange. Ils ont réalisé que WikiLeaks avait des révélations explosives à faire, et ils ont donc sauté dans le train et participé activement à leur publication. Mais ensuite, ils ont dû se rendre compte qu’ils avaient vraiment mis les États-Unis en colère. Je ne sais pas ce qui s’est passé dans les coulisses, s’il y a eu des menaces ou des accords, mais ce que nous pouvons voir, c’est que les grands médias ont commencé peu après à sauter du train à nouveau. La plupart des institutions des médias grand public sont presque totalement contrôlées soit par les gouvernements, soit par de grandes entreprises qui sont profondément liées aux gouvernements, et elles ne sont donc plus capables ou désireuses d’exercer leur fonction de "quatrième pouvoir", de soumettre le pouvoir politique à l’examen du public et d’informer et de responsabiliser le public de manière objective et impartiale. Au lieu de cela, elles se sont inclinées devant le pouvoir, ont trahi leur vocation et ont contribué à diaboliser Julian Assange au service de leurs maîtres politiques et financiers.

    Alors, voyez-vous les médias comme complices de la façon dont ils ont rendu compte de Julian Assange ?

    Il suffit de regarder les titres des journaux pendant son séjour à l’ambassade d’Équateur : Assange aurait fait du skateboard dans l’ambassade, joué au football, maltraité son chat et étalé des excréments sur le mur. C’était le genre de récit diffusé par les médias, et c’est donc ce dont notre public informé et cosmopolite a ardemment discuté. Mais l’affaire Assange n’a jamais porté sur Julian Assange. Il s’agit de l’éléphant dans la pièce que tout le monde semble ignorer : la mauvaise conduite officielle des états qu’Assange a exposés. En 2010, au moment des révélations, tout le monde était choqué par les crimes de guerre, la torture, la corruption, et le public du monde entier a commencé à en parler. Cela a rendu les États concernés très nerveux. Ce n’est donc pas un hasard si, quelques semaines plus tard, les autorités suédoises ont délibérément publié un gros titre dans la presse à sensation : Julian Assange est soupçonné de double viol. Immédiatement, le public du monde entier s’est désintéressé de la discussion des crimes des puissants, a changé d’orientation et a commencé à débattre du caractère et de la personnalité de Julian Assange : est-il un violeur, un narcissique, un hacker, un espion ?

    En tant que lecteur moyen de la presse, vous pensez faire pleinement usage de votre liberté d’expression et d’opinion lorsque vous discutez librement des titres des médias, mais vous ne réalisez pas que ces sujets de discussion ont déjà été présélectionnés pour vous, et qu’ils ne reflètent qu’une fraction "aseptisée" de ce qui se passe réellement. Si les médias ne proposent que des gros titres demandant si Julian Assange est un bon ou un mauvais gars, alors nous ne discutons plus des crimes de guerre.

    En fait, lorsque vous mentionnez Julian Assange aux gens, vous obtenez généralement cette réaction viscérale qu’il est ce "méchant" - et cela est principalement dû aux allégations d’agression sexuelle en Suède.

    C’est exactement cela. Je ne sais pas si Julian Assange a commis une agression sexuelle ou non, mais ce que je sais, c’est que la Suède ne s’est jamais souciée de le savoir. Ils voulaient utiliser ces allégations pour le discréditer. Et une fois qu’ils ont activement diffusé ces allégations aux quatre coins du monde, ils se sont ensuite assurés qu’il n’y aurait jamais de procès en bonne et due forme car, comme le procureur l’a finalement admis en novembre 2019, ils n’ont jamais eu suffisamment de preuves pour même porter plainte contre Julian Assange.

    Pourriez-vous revenir sur les allégations de viols en Suède, parce que c’est quelque chose sur lequel vous avez réellement enquêté. Pour beaucoup, c’est encore un point litigieux majeur - peu se rendent compte que les charges ont été abandonnées.

    C’est une façon très pratique et classique de discréditer les dissidents politiques devant le tribunal de l’opinion publique. Tout au long de l’histoire, les allégations de trahison, de blasphème et, plus récemment, d’inconduite sexuelle ont été très efficacement utilisées pour manipuler l’opinion publique à l’encontre de certaines personnes.

    La Suède a fait tout son possible pour s’assurer que le public soit informé des allégations contre Assange, même contre la volonté des femmes concernées, et a ensuite systématiquement reporté son enquête pendant près d’une décennie, avant d’être finalement contrainte d’abandonner l’affaire et d’admettre qu’elle n’avait jamais disposé de preuves suffisantes au départ. Malgré l’énorme préjudice causé par l’arbitraire délibéré de la procédure suédoise, aucun fonctionnaire suédois n’a jamais été sanctionné et le gouvernement n’a jamais proposé de verser les indemnités dues à Mme Assange. De toute évidence, le préjudice était intentionnel.

    Pouvez-vous dire à nos lecteurs comment vous avez été impliqué dans cette affaire ? Parce que vous aussi avez eu cette réaction viscérale lorsque vous avez entendu le nom d’Assange pour la première fois, n’est-ce pas ?

    L’histoire a commencé en décembre 2018, alors que Julian Assange était encore à l’ambassade. Ses avocats ont contacté mon bureau et m’ont demandé d’intervenir en sa faveur, affirmant que ses conditions de vie à l’ambassade équatorienne étaient devenues inhumaines. Lorsque j’ai vu son nom, j’ai immédiatement refusé. Non seulement j’étais trop occupé par d’autres affaires, mais j’avais cette perception presque subconsciente de lui en tant que violeur, narcissique, espion et pirate informatique, ce qui a provoqué ma réaction négative. Ils m’ont recontacté trois mois plus tard, en me disant que les rumeurs se faisaient plus denses, qu’Assange pourrait être expulsé de l’ambassade de manière imminente et ensuite extradé vers les États-Unis. Je me suis alors souvenu que j’avais précédemment refusé de me pencher sur cette affaire, mais j’ai réalisé que je ne savais pas vraiment pourquoi. J’ai donc commencé à me poser des questions : pourquoi ai-je eu cette réaction viscérale ? Je ne connaissais pas Julian Assange, je ne l’avais jamais rencontré, je n’avais jamais vraiment eu affaire à WikiLeaks. Même les révélations de 2010 n’avaient pas été de grandes nouvelles pour moi car, à l’époque, j’étais conseiller juridique à la Croix-Rouge internationale, j’avais été affecté dans différentes zones de conflit et j’avais donc une idée assez réaliste de ce qui se passait en coulisses. Mais j’avais toujours ce préjugé en moi sur le fait que Julian Assange était un violeur, un narcissique, un espion et un hacker.

    Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?

    Tout d’abord, j’ai réalisé que je n’avais pas de base objective pour mes opinions, et j’ai donc décidé d’examiner les preuves. Et quand je l’ai fait, j’ai immédiatement vu que les choses ne collaient pas, qu’il y avait plusieurs récits contradictoires et que c’était tellement politisé qu’il m’était impossible d’arriver à une conclusion objective sans effectuer une visite sur place à Assange. Pour être honnête, je ne m’attendais pas à ce que quelque chose de dramatique en ressorte. Mais il fallait que j’aille le voir moi-même. C’est pourquoi, la première semaine d’avril 2019, j’ai officiellement demandé à l’Équateur de geler la situation et de ne pas expulser Assange de l’ambassade. J’ai également annoncé que j’avais l’intention d’enquêter sur l’affaire et j’ai demandé l’autorisation de rendre visite à Julian Assange à l’intérieur de l’ambassade le 25 avril. J’ai également demandé officiellement aux autorités britanniques, si Julian Assange venait à relever de leur juridiction, de ne pas l’extrader vers les États-Unis car je craignais qu’il ne soit exposé à de graves risques pour ses droits de l’homme là-bas. J’ai publié un communiqué de presse le vendredi soir 5 avril et, le lundi suivant, j’ai envoyé mes lettres officielles à l’Équateur et au Royaume-Uni. Trois jours plus tard, l’asile de Julian Assange a pris fin, sa nationalité équatorienne lui a été retirée et il a été expulsé de l’ambassade - le tout sans aucune forme de procédure régulière.

    Pensez-vous avoir pu provoquer par inadvertance son expulsion et son arrestation ?

    Avec le recul, je pense que cela pourrait bien être ce qui s’est passé. Il se pourrait bien que les États-Unis, l’Équateur et le Royaume-Uni aient tous voulu expulser Assange de l’ambassade et le placer en détention britannique avant que le rapporteur des Nations unies sur la torture ne commence à déterrer des tas de saletés et à compliquer les choses pour eux. Mais cette réaction instinctive m’a paru très étrange. Je savais par expérience que les États agissant de bonne foi ne se comporteraient normalement pas ainsi. J’étais le rapporteur des Nations unies, pas un journaliste ou un militant. Assange était dans cette ambassade depuis six ans et demi, et il n’y avait aucune raison de se précipiter. J’ai demandé aux États concernés de geler officiellement, publiquement, formellement et diplomatiquement la situation pendant deux semaines afin que je puisse enquêter correctement sur les allégations faites. Et puis trois jours plus tard, ils le privent sommairement de son asile et de sa citoyenneté équatorienne, et le jettent hors de l’ambassade sans même lui donner une chance de se défendre ?

    Et non seulement cela, mais le jour même de son arrestation, les autorités britanniques l’ont traîné en justice et l’ont condamné pour une infraction pénale lors d’une audience sommaire tenue le jour même, audience au cours de laquelle Assange a été personnellement insulté par le juge et où les objections de son avocat contre les conflits d’intérêts ont été balayées sous le tapis. Pour moi, c’était vraiment étrange.

    Vous avez fini par lui rendre visite à la prison de Belmarsh en mai 2019. Quelles ont été vos conclusions ?

    J’ai amené avec moi deux experts médicaux, un médecin légiste et un psychiatre, tous deux spécialisés dans l’examen des victimes potentielles de la torture. Les médecins l’ont examiné séparément, mais nous sommes tous arrivés à la même conclusion, à savoir que Julian Assange présentait des signes typiques d’une exposition prolongée à la torture psychologique. Il présentait notamment des niveaux extrêmement élevés de stress et d’anxiété. Ce n’est pas comparable au stress et à l’anxiété que peut ressentir un accusé, mais plutôt à des niveaux de stress et d’anxiété traumatisants qui commencent à affecter le système nerveux et les capacités cognitives d’une manière physiquement mesurable. Ces symptômes traumatisants sont le résultat typique de l’isolement, de l’exposition constante à un environnement menaçant et arbitraire où les règles sont modifiées en permanence et où l’on ne peut faire confiance à personne.

    Il y a deux choses très importantes à dire ; la première est que le but premier de la torture n’est pas nécessairement l’interrogatoire, mais que très souvent la torture est utilisée pour intimider les autres, pour montrer au public ce qui se passe si vous ne respectez pas le gouvernement. C’est le but de ce qui a été fait à Julian Assange. Il ne s’agit pas de le punir ou de le contraindre, mais de le réduire au silence et de le faire en plein jour, en rendant visible au monde entier que ceux qui dénoncent les fautes des puissants ne bénéficient plus de la protection de la loi, mais seront essentiellement anéantis. Il s’agit d’une démonstration de pouvoir absolu et arbitraire. Deuxièmement, la torture psychologique, contrairement à la torture physique, ne laisse pas de traces facilement identifiables de l’extérieur. Mais elle est extrêmement destructrice, car elle vise directement à déstabiliser puis à détruire la personnalité et le moi le plus profond.

    Pouvez-vous donner des exemples concrets du type de torture psychologique que Julian Assange a subi ?

    Dans ce cas, les symptômes de la torture sont le résultat d’un processus cumulatif. Ce qui domine, c’est la menace constante d’être extradé vers un pays où il sera certainement exposé à un procès spectacle politisé, privé de sa dignité humaine et de son droit à un procès équitable, puis emprisonné dans des conditions cruelles, inhumaines et dégradantes pour le reste de sa vie. Ensuite, vous avez plusieurs États qui coopèrent et abusent délibérément de leur système juridique pour s’assurer que cela se produise réellement, en le confinant pendant des années à l’ambassade équatorienne comme dernier refuge. Cependant, même à l’intérieur de l’ambassade, il a été constamment surveillé, privé de sa vie privée, exposé à des menaces de mort, isolé, humilié et diabolisé.

    Mais s’agit-il vraiment de torture ?

    C’est de cela qu’il s’agit, de la persécution, qui ressemble beaucoup au harcèlement que nous connaissons à l’école, sur le lieu de travail ou dans l’armée et qui peut conduire les victimes à un effondrement psychologique complet, voire au suicide. Lorsque j’ai rendu visite à Julian en prison, il avait l’air propre et normal, mais je pouvais dire qu’il était anxieux, qu’il me posait constamment des questions et ne me laissait jamais y répondre. C’est un signe typique que le cerveau est en surrégime, que la victime veut comprendre et contrôler la situation mais n’y arrive pas. J’ai reconnu ce schéma chez de nombreux autres détenus politiques du monde entier qui ont été isolés. Ce n’est pas une anomalie ou un trouble mental, mais une réaction normale d’une personne en bonne santé à l’exposition constante aux abus et à l’arbitraire.

    Vous dites donc qu’il s’agit du cas d’un prisonnier politique détenu dans une prison européenne et soumis à la torture psychologique ?

    Oui, il est clair que Julian Assange est un prisonnier politique, car il n’a jamais été accusé d’un crime réel. Les autorités judiciaires suédoises, qui portent la responsabilité première de la diabolisation et des abus injustifiés de Julian Assange, ont mis près d’une décennie à "découvrir" qu’elles n’avaient jamais eu assez de preuves pour l’inculper d’agression sexuelle. En fait, le procureur général de Stockholm l’a reconnu publiquement déjà quelques jours après les premières allégations en 2010, mais il a rapidement été écarté et repoussé par un procureur supérieur.

    La seule chose pour laquelle M. Assange a été inculpé et condamné est l’infraction administrative de violation de la liberté sous caution. Lorsque le Royaume-Uni a voulu extrader Assange vers la Suède, et que la Suède a toujours refusé de garantir qu’elle ne l’extraderait pas vers les États-Unis, il ne s’est pas présenté à la police britannique et a demandé - et obtenu - l’asile diplomatique pour cause de persécution politique à l’ambassade équatorienne. L’asile contre la persécution étant un droit humain fondamental, Assange avait même une justification légale pour ne pas respecter les conditions de sa mise en liberté sous caution. En outre, ces conditions de mise en liberté sous caution ont été émises dans le cadre d’une procédure suédoise qui a dû être close faute de preuves. Et les accusations aux États-Unis étant si manifestement arbitraires et en violation directe de la liberté fondamentale d’opinion et d’expression que leur nature politique ne peut tout simplement pas être ignorée. Donc, oui, à mon avis, Julian Assange est un prisonnier politique.

    Julian Assange a-t-il purgé sa peine pour violation de la liberté sous caution ?

    Oui, il a été condamné à une peine de prison de 50 semaines pour ce délit, ce qui est totalement disproportionné. Je le dis objectivement, je ne suis pas un fan de WikiLeaks ou d’Assange, juste un professeur de droit. Dans le monde réel, les violations de la liberté sous caution ne sont presque jamais sanctionnées par une peine d’emprisonnement, sauf si le délinquant l’exploite pour commettre un autre crime grave. En raison de sa bonne conduite, Assange n’a dû purger que 25 semaines de cette peine. Ainsi, depuis la fin septembre 2019, Assange est privé de sa liberté dans le seul but de l’empêcher d’échapper à l’extradition américaine si celle-ci devait avoir lieu. Mais pour cela, il n’a pas besoin d’être dans la prison de haute sécurité la plus sécurisée du pays, emprisonné avec des meurtriers et des terroristes condamnés et soumis au même régime hyper restrictif.

    Julian Assange n’est pas dangereux, il n’est pas violent et, surtout, il est présumé innocent et n’a été condamné pour aucun crime. En substance, jusqu’à la décision finale sur son extradition, il devrait être autorisé à travailler et à mener une vie normale, par exemple dans un établissement semi-ouvert où il est empêché de s’échapper mais où il peut voir sa famille, ses avocats, ses médecins et ses amis, et avoir toutes les facilités et les contacts d’une vie normale. Mais Julian Assange est délibérément et illégalement privé de toutes ces choses, ce qui a de graves conséquences sur sa santé, son bien-être et sa capacité à préparer sa défense juridique. Il est clair qu’il existe une motivation politique pour l’empêcher d’exercer une activité professionnelle et que les gouvernements américain et britannique veulent en faire un exemple en disant au monde entier : "Si vous faites ce que Julian Assange a fait, nous vous arrêterons, nous vous réduirons au silence et nous détruirons votre vie entière et celle de votre famille". Je pense que la plupart des États seront heureux si personne n’essaie d’imiter Julian Assange.

    Pensez-vous qu’Assange aurait été soumis au même genre de traitement s’il avait été détenu à Berlin ?

    Je pense que l’Allemagne n’oserait probablement pas traiter Julian Assange de la même manière que le Royaume-Uni. Le Royaume-Uni peut le faire parce qu’il est membre permanent du Conseil de sécurité, et les États-Unis n’ont jamais montré beaucoup d’hésitation à enfreindre la loi pour obtenir ce qu’ils veulent de toute façon. Je ne pense pas que l’Allemagne oserait faire la même chose, surtout à la lumière de sa propre histoire. Cela dit, le ministère des affaires étrangères (Auswärtiges Amt) avait demandé à me rencontrer lorsque j’étais à Berlin en novembre dernier. Ils ont immédiatement évoqué l’affaire Assange et m’ont demandé : "Etes-vous sûr que cela relève de votre mandat ? N’y a-t-il pas de cas de torture plus graves dans le monde ?" J’ai répondu : "Oui, il y a des gens qui sont lapidés et fouettés dans d’autres pays, et j’interviens également en leur nom, mais ici j’interviens au nom de quelqu’un qui est persécuté sans relâche pour avoir exposé des crimes graves commis par des gouvernements - des crimes qui, comme la torture, relèvent de mon mandat. Ces crimes ne sont pas poursuivis en dépit des preuves existantes, mais c’est l’éditeur et le dénonciateur qui sont persécutés. Cela établit une norme très dangereuse pour l’État de droit dans le monde". Les fonctionnaires allemands ont laissé entendre qu’ils n’avaient aucune raison de douter que le Royaume-Uni respecterait l’État de droit. Lorsque je leur ai donné des exemples précis de la manière dont les droits d’Assange étaient systématiquement bafoués par le Royaume-Uni, mes interlocuteurs ont rapidement changé de sujet et ont dit : "oui, mais il y avait aussi ces accusations suédoises". Bien sûr, lorsque je leur ai expliqué que cette procédure venait d’être close par manque de preuves, après avoir diffusé pendant près de dix ans un récit sans fondement, ils ont à nouveau changé de sujet. Ce type de comportement évasif est tout à fait typique de ce que je vis partout avec l’establishment politique. Ils sont tellement mal à l’aise avec la vérité sur la persécution d’Assange et ses implications pour l’État de droit, qu’ils veulent juste que toute cette affaire disparaisse d’une manière ou d’une autre aussi rapidement et discrètement que possible.

    Pensez-vous qu’il y a encore quelque chose que vous pouvez faire pour l’aider à ce stade ?

    J’ai écrit à plusieurs reprises aux gouvernements et j’ai alerté à la fois le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève et l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Je pense que ma lettre au gouvernement suédois a probablement déclenché la fin de leur enquête sur les allégations de viol. Étant donné que les États concernés refusent systématiquement d’engager un dialogue constructif avec moi sur cette affaire, je devrai également continuer à informer le public de mes conclusions par tous les canaux qui me sont accessibles.

    Il y a quelques années, une décision du groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a déclaré que la situation d’Assange à l’ambassade d’Équateur à Londres équivalait à une détention arbitraire par le Royaume-Uni et la Suède. Quelle a été la réponse britannique à l’ONU ?

    Selon mon expérience, le gouvernement britannique ne répond aux interventions de l’ONU que lorsqu’il le juge opportun et dans la mesure où il le juge à son avantage. Dans ce cas, le tableau d’ensemble est clair : le Royaume-Uni veut l’extrader vers les États-Unis pour contribuer à en faire un exemple, mettre fin à la remise en cause du secret et de l’impunité découlant de WikiLeaks et faire comprendre au public que ce comportement n’est pas toléré par ceux qui sont au pouvoir. Pour ce faire, ils sont prêts à tordre et à déformer la loi à l’extrême. Cela a clairement été le cas avec les systèmes judiciaires britannique, suédois et équatorien et ne serait certainement pas différent aux États-Unis.

    Lorsque les Britanniques ont voulu extrader Assange vers la Suède, cela s’est fait sur la base d’un mandat d’arrêt européen, qui avait été émis par le procureur suédois. Le problème était que, dans le traité international sur le mandat d’arrêt européen, il est dit que ces mandats doivent être émis par une autorité judiciaire, et que le procureur n’est pas une autorité judiciaire au Royaume-Uni. En fin de compte, pour pouvoir extrader Assange vers la Suède malgré l’invalidité du mandat d’arrêt, la Cour suprême britannique a simplement décidé d’appliquer le texte du traité français, au lieu du texte anglais. En effet, en France, le procureur peut être interprété comme une autorité judiciaire. Mais l’affaire ne concernait pas la France, elle concernait la Suède et le Royaume-Uni. Voyez-vous l’absurdité de cette situation ?

    Il est clair que le gouvernement britannique n’a pas respecté la décision du groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire. Ils m’ont alors autorisé à rendre visite à Julian Assange à Belmarsh parce qu’ils ne s’attendaient probablement pas à ce que j’examine l’affaire en détail et que je sois aussi franc et clair dans mon évaluation. Ainsi, conformément à leur approche de la décision du groupe de travail, lorsque j’ai examiné les faits et conclu que la persécution et les mauvais traitements d’Assange constituaient une torture psychologique, ils ont décidé d’ignorer mes conclusions et ont refusé d’engager un dialogue avec mon mandat sur cette affaire, non seulement les Britanniques, mais aussi la Suède et les États-Unis.

    Si Assange devait se rendre aux États-Unis, pourrait-il être condamné à la peine de mort ?

    Théoriquement, il est possible qu’il soit passible de la peine de mort. Les Britanniques trompent le public en disant qu’aucune charge supplémentaire ne pourrait être ajoutée une fois qu’Assange aura été extradé. Ce n’est pas vrai. Le traité d’extradition permet d’ajouter des charges supplémentaires ou différentes à condition qu’elles soient fondées sur les mêmes faits que ceux qui sont allégués dans l’acte d’accusation utilisé pour la demande d’extradition. Mais je ne pense pas que les États-Unis veuillent nécessairement exécuter Assange, ils veulent en faire un exemple. Le message des États-Unis au monde est le suivant : "Si vous faites ce qu’Assange a fait, vous ne serez plus jamais libre, vous ne pourrez plus jamais ouvrir votre bouche et parler au public". Il ne s’agit pas de punir Assange, mais d’une démonstration de pouvoir adressée au public du monde entier. C’est aussi pourquoi ils ne se précipitent pas pour extrader Assange, cela n’a pas vraiment d’importance, tant qu’il est isolé dans sa cellule et ne peut pas parler. Il ne s’agit pas de savoir qui gagnera le procès, les gouvernements ont déjà gagné, car Assange a été réduit au silence. Et malheureusement, dans le monde de la politique du pouvoir, des États comme le Royaume-Uni et les États-Unis savent qu’ils peuvent s’en tirer.

    Si Julian est envoyé aux États-Unis pendant votre mandat, essayeriez-vous de vérifier les conditions de vie aux États-Unis ? Pensez-vous qu’un visa vous serait accordé ?

    S’il est envoyé aux États-Unis, personne ne pourra plus rien faire pour lui. On ne me donnerait certainement pas accès à ce pays. Mon prédécesseur a essayé d’obtenir l’accès de Chelsea Manning et on lui a dit qu’il ne serait pas autorisé à l’interroger sans témoins, ce qui fait partie du mandat standard pour toute visite de prison effectuée par un rapporteur spécial des Nations unies.

    Les juges de la Cour pénale internationale aux États-Unis ont été sanctionnés pour avoir demandé au gouvernement d’enquêter sur les crimes de guerre américains en Afghanistan. Pensez-vous que vous pourriez également être visé par des sanctions pour vos interventions dans cette affaire ?

    Je n’en serais pas surpris. Je pense que, jusqu’à présent, ils estiment que je ne suis pas assez influent pour les inquiéter réellement. Si mes communications officielles sont certainement perçues comme une nuisance, elles ne sont pas juridiquement contraignantes et n’ont pas provoqué de tollé jusqu’à présent. Mais il est difficile de prévoir ce qui se passerait si jamais je déclenchais quelque chose qui aurait plus d’impact. En tout cas, je ne me fais pas d’illusions sur le fait que ma carrière aux Nations unies est probablement terminée. Ayant ouvertement affronté deux États P5 (membres du Conseil de sécurité des Nations unies) comme je l’ai fait, il est très peu probable qu’ils m’acceptent à un autre poste de haut niveau. On m’a dit que mon engagement sans compromis dans cette affaire avait un prix politique. Mais le silence a aussi un prix. Et j’ai décidé que je préfère payer le prix pour m’exprimer que le prix pour rester silencieux.

    Traduction "oops, ma haine pour les journalistes est encore monté d’un cran" par Viktor Dedaj avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

    »» https://www.exberliner.com/features/julian-assange-trial-2020/nils-mel...
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