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♦ OSINT, le journalisme de renseignement
Il y a le journalisme de paresse (qui recopie l’AFP), le journalisme de complaisance (qui renvoie l’ascenseur), le journalisme de censure (qui surveille le politiquement incorrect), il y a maintenant le journalisme des services de renseignement, sujet de notre dernière brochure numérique dont nous vous livrons un large extrait.
OSINT ? Qu’y a‑t-il derrière ?
Cinq lettres d’un acronyme anglo-saxon que peu connaissent mais qui nous concernent tous. OSINT, pour Open Source Intelligence, Renseignement en sources ouvertes. En français, on parle aussi de ROSO, pour Renseignement d’origine source ouverte. Son utilisation ne date pas d’hier mais elle a été décuplée par l’arrivée d’internet, des réseaux sociaux et la numérisation de l’information. L’OSINT doit sa popularité au conflit russo-ukrainien déclenché en février 2022, date à laquelle il est devenu une pratique de tous les instants, systématique et permanente. Son champ d’application est large et ses outils ont des implications dans tous les domaines des activités humaines. Pour faire court : il consiste en la récolte et en l’exploitation de toutes les informations non-classifiées, dit vulgairement de tout ce qui n’est pas secret.
Le rapport à l’information transformé
D’aucuns le vendent comme la possibilité pour tous de « devenir un espion », les « détectives Twitter » se multiplient et les canaux Telegram foisonnent, les rédactions des grands journaux y consacrent des équipes entières, les entreprises s’en servent dans la conduite de leurs affaires, la justice y voit un vivier d’éléments de preuves, les services de renseignement mettent le paquet dans ce domaine et ont des liens à peine voilés avec des sites de journalisme d’investigation spécialisés dans l’OSINT. Le renseignement en sources ouvertes inonde notre quotidien. Sa présence est massive et interroge des sujets fondamentaux : la nature du journalisme, la protection de la vie privée dans une société de surveillance numérique, ainsi que la fiabilité d’une information et les manipulations dont cette dernière peut faire l’objet. Plongée dans une notion qui n’en a pas fini de profondément révolutionner notre rapport à l’information.
Les origines de l’OSINT
Il est d’usage de dater les débuts officiels de l’OSINT à la Seconde guerre mondiale. À la veille du conflit, les Anglais s’organisent et créent une division au sein de la BBC chargée de suivre les contenus médiatiques étrangers et d’en produire des rapports. La BBC Monitoring naît le 26 août 1939. Elle existe toujours et dispose de bureaux dans des villes-clés telles que Kiev, Tbilissi, Jerusalem, Ramallah ou encore Istanbul et Le Caire, tout en sachant qu’elle suit des médias d’environ 150 pays dans une centaine de langues.
Le 26 février 1941, Washington en fera autant en lançant le Service d’information des diffusions étrangères (FBIS — Foreign Broadcast Information Service), placé d’abord sous la houlette de la Commission fédérale des communications (FCC — Federal Communications Commission) puis sous la CIA après sa création en 1947. Le FBIS a disparu en 2005 pour devenir le Centre des sources ouvertes (OSC — Open Source Center), une nouvelle structure dont les jalons ont été posés au sein de la communauté du renseignement américain dans le cadre des travaux de la Commission Aspin-Brown en 1996, de la Commission 9/11 en 2004 et de la Commission Irak en 2005.
L’exemple le plus cité pour évoquer l’OSINT à ses débuts est celui des Américains dans les années quarante, se renseignant sur le prix des oranges à Paris après un raid aérien sur un pont. Si ce prix montait brusquement, cela voulait fort probablement dire que le bombardement d’un pont ferroviaire avait réussi. Un temps bien révolu !
L’OSINT, un nouveau paradigme problématique
Aujourd’hui tous les services de renseignements civils et militaires disposent de divisions OSINT, et l’on considère que 80 à 90 % des renseignements traités par les professionnels du renseignement proviennent de sources ouvertes. Les évolutions technologiques ont débouché sur un nouveau paradigme du renseignement : le citoyen lambda a potentiellement à sa disposition « une quantité faramineuse de données et une manne d’informations presque sans limites ». (…)
Source: Ojim.fr
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