Alexeï Navalny est présenté par nos médias français et occidentaux comme un héros de la liberté. Il a le soutien des gouvernements allemand, français, britannique, étasunien, de l’Union Européenne. Radios et journaux en boucle nous explique qu’il est "l’opposant principal de Poutine". Tant pis si c’est faux. Aux élections présidentielles Poutine a obtenu 76%, le candidat communiste 12% et le libéral-démocrate 5%. Aux législatives Russie Unie réalisait 54%, le PC 13%, les Libéraux-démocrates 12% et un autre parti poutinien 6%. Ce qui veut dire que le parti communiste est "l’opposant principal de Poutine". Mais qu’importe les faits pourvu qu’on ait l’ivresse.
Alors voyons de plus près qui est Alexeï Navalny.
L’homme est un nationaliste convaincu qui s’est fait exclure d’un des partis politiques russes les plus à droite, Iabloko, à cause de ses opinions d’extrême-droite. Les vidéos anti-corruption sur lesquelles il base ses campagnes se font régulièrement épingler pour leurs sources douteuses. David (Navalny) affronte Goliath (Poutine) est juste d’un certain point de vue. Ainsi l’institut de sondage indépendant Levada nous affirme que deux Russes sur trois ignorent même son existence...
L’Etat russe refuse sa candidature à la présidentielle, le bonhomme étant impliqué dans une affaire d’escroquerie. Reste que ses meetings sont régulièrement annulés à la dernière minute par les administrations des villes et il fait, ainsi que son équipe, des séjours – brefs – répétés en prison. Toutes ces péripéties nous sont connues puisqu’elles font régulièrement l’objet de sujets dans les médias européens mais ce que l’on connait moins, c’est ce que veut et dit Navalny, son projet politique.
Avocat spécialisé dans la finance, il a fait ses études à l’université Yale aux Etats-Unis. Où il a bénéficié du programme de bourses internationales le "Yale World Fellows" pour les "leaders mondiaux en croissance"...sélectionnés dans le cadre d’un processus de candidature très compétitif. C’est un haut fonctionnaire de la Maison Blanche, Brooke Scherer, employé du département de l’Intérieur et assistant d’Hillary Clinton, qui a été nommé son directeur fondateur. Notons que sont sortis de ce programme les vénézuéliens pro-Guaido Marlos-C. Machado (dirigeante de l’opposition de droite à Maduro) et Carlos Vecchio (ambassadeur de Guaido auprès de Mike Pompeo), la Chilienne Paula Escobar Chavarría, rédactrice en chef d’ El Mercurio journal pinochetiste hier et de droite extrême aujourd’hui, les Ukrainiens M. Shevchenko et S. Vakarchouk, deux piliers du putsch de Maïdan ou J. Sullivan, haut fonctionnaire étasunien, conseiller à la sécurité national de Jo Biden et la Cubaine anti-castriste T. Bruguera. Du beau monde...
Alexeï Navalny développe des idées d’extrême-droite. On trouve sur internet des vidéos où il exposait ses opinions ouvertement fascisantes concernant l’immigration ou encore le port d’armes. Dans l’une d’entre elles, on pouvait le voir déguisé en dentiste osant une comparaison raciste entre migrants et caries. Sur d’autres il compare les migrants et les musulmans "à des insectes qui faut détruire à l’aide d’une tapette". Interrogé à ce sujet par un journaliste du Guardian, Navalny dit ne rien regretter. Il estime que c’est une force de pouvoir de s’adresser "aussi bien aux libéraux qu’aux nationalistes". Il est aussi pointé du doigt pour participer régulièrement à la Marche russe, une manifestation annuelle raciste réunissant des ultra-nationalistes fascisants.
Navalny s’est prononcé pour l’annexion de la Crimée en 2014. Cette annexion valut des sanctions des occidentaux contre la Russie mais il semble que nos autorités soient plus indulgentes avec Navalny. Etonnant non ?
Il déclarais en 2013 : "Jamais je ne soutiendrai la position selon laquelle en Russie le nationalisme est une chose terrible qu’il faut interdire. En France, en ce moment, le Front National connaît une période de poussée frénétique de sa popularité. Vous parlez d’une horreur, Alain Delon soutient Marine Le Pen ! Et des processus analogues ont cours dans toute l’Europe. Et alors, allons-nous boycotter les croissants français ? Ou bien dire carrément que les Français ont le droit de faire ça, et pas les Russes ?"
Par ailleurs il est mis en cause dans une affaire de vol à grande échelle. Il est accusé d’avoir détourné pour près de 400 000 euros de fonds envers une société forestière alors qu’il était conseiller auprès du gouverneur de la province de Kirov. Jugé coupable, il écopera finalement de 5 ans de prison avec sursis en février dernier lors d’un second jugement. L’homme a également été condamné, fin 2014, à trois ans et demi de colonie avec sursis pour détournement de fonds envers la filiale russe d’Yves Rocher. Son frère Oleg, condamné dans la même affaire, purge actuellement sa peine.
En 2011 déjà sa correspondance électronique est rendue publique par un hacker dans le but de montrer que "Navalny est un ultranationaliste corrompu financé par les autorités américaines". Ce qui est d’ailleurs public puisque la NED ( National Endowment for Democracy) finance ses activités.
Voilà quelques informations, toutes vérifiable y compris sur des site favorables à Navalny comme France info, qui devrait au moins calmer les ardeurs des aficionados naïfs et des manipulateurs cyniques de l’opinion qui tentent de faire passer cet individu pour un martyr de la liberté.
Précisons enfin que Poutine et ses oligarques capitalistes mériteraient une autre opposition populaire et progressiste. Manipulé à la fois par le pouvoir russe, qui discrédite ainsi l’opposition aux yeux des Russes, et par les pays capitalistes occidentaux, dont il est la marionnette, Navalny doit être démasqué pour ce rôle trouble qui est le sien.
Antoine Manessis.
Quant à "l’empoisonnement" de Navalny on ne peut que répéter la remarque de Poutine frappée du coin du bon sens ""Le patient de la clinique berlinoise a le soutien des services spéciaux américains (...). Et comme c’est le cas, il doit être surveillé par les services spéciaux. Mais ça ne veut pas dire qu’il fallait l’empoisonner", a indiqué Vladimir Poutine. "Si on l’avait voulu, l’affaire aurait été menée à son terme". Au fait, pourquoi Poutine aurait permis le transfert de Navalny en Allemagne ?
Mieux vaut lire John le Carré.