• ♦♥ Le Royaume-Uni agrandit discrètement sa base secrète d’espionnage à Oman, près de l’Iran

     

     

     

    La station d’espionnage du GCHQ à Salalah, Oman. Photo : Google Earth

    Les installations d’une station de surveillance du GCHQ [Quartier Général des communications du gouvernement] au Moyen-Orient ont été modernisées en prévision d’une nouvelle guerre potentiellement dévastatrice avec l’Iran en défense d’Israël.

    • Le câble de communication posé entre Oman et l’Australie passe par la base militaire britannique de Diego Garcia.
    • La Grande-Bretagne pourrait utiliser Oman comme base de lancement pour des opérations contre les Houthis au Yémen, avertissent des militants en exil.

    Une base d’espionnage britannique située près de l’Iran a fait l’objet d’importants travaux de construction au cours des deux dernières années, selon Declassified. Des images satellite montrent qu’une multitude de travaux de construction ont eu lieu sur un site du GCHQ à Oman, une autocratie pro-britannique située entre l’Iran et le Yémen.

    Le site est susceptible de jouer un rôle clé dans une région où la Grande-Bretagne cherche à contrer le mouvement houthi du Yémen et les autorités iraniennes. Tous deux s’opposent au soutien occidental au génocide israélien à Gaza.

    Les dirigeants houthis ont promis de bloquer les navires liés à Israël dans la mer Rouge jusqu’à ce que Benjamin Netanyahou cesse d’attaquer les Palestiniens. Dans la nuit de mardi 8 à mercredi 9 janvier 2024, la Royal Navy a abattu des drones houthis en mer Rouge. Le ministre britannique de la Défense, Grant Shapps, a déclaré hier qu’il fallait “surveiller cet espace” pour d’éventuelles frappes au Yémen.

    Un millier de soldats britanniques sont stationnés à Oman, où le GCHQ exploite trois sites de surveillance. L’un d’entre eux se trouve sur la côte sud, près de la ville de Salalah, à 120 km du Yémen. Connu sous le nom de code Clarinet, son existence a été révélée par les fuites de Snowden en 2014.

    Declassified a publié les premières photos de Clarinet en 2020, montrant son radôme de type balle de golf, d’une taille similaire à ceux observés sur d’autres sites du GCHQ. Des images satellite plus récentes montrent d’importants travaux de construction dans le périmètre de 1,4 km du site.

    Deux nouveaux bâtiments ont été construits et les fondations de deux autres ont été posées. Le plus grand des nouveaux bâtiments a une superficie équivalente à celle de six courts de tennis et semble comporter plusieurs étages. Un porte-parole du GCHQ a répondu à nos conclusions : « Nous ne sommes pas en mesure de faire des commentaires sur des questions opérationnelles ».

     Câbles sous-marins

    Les cartes marines confirment que Clarinet est situé à l’un des rares endroits d’Oman où des câbles sous-marins viennent s’échouer. Ceux-ci doivent être indiqués sur les cartes marines afin d’éviter que les navires ne les déplacent pas avec leurs ancres. Ces câbles transportent des câbles internet en fibre optique entre les continents, ce qui permet au GCHQ de pirater le trafic en ligne dans le monde entier.

    Un nouveau pipeline de communication de 10 000 km, l’Oman Australia Cable, est en cours de pose entre Perth et Salalah. Initialement présenté comme un projet commercial mené par une société australienne, Subco, il est apparu depuis que le câble passe par la base militaire américano-britannique de l’atoll de Diego Garcia, dans l’océan Indien.

    L’armée américaine a payé 300 millions de dollars pour que le câble soit détourné via Diego Garcia, dans le cadre d’une opération dont le nom de code est Big Wave. Diego Garcia fait partie des îles Chagos, dont la communauté indigène a été expulsée par la Grande-Bretagne dans les années 1960 pour faire place à la base américaine, en échange d’une remise sur l’achat de sous-marins nucléaires.

    La base a été un point d’appui essentiel pour les forces américaines qui ont attaqué l’Irak et l’Afghanistan, et le Pentagone devrait l’utiliser en cas de guerre avec l’Iran. L’installation du câble à fibres optiques signifie que la base ne dépendra plus des connexions par satellite pour communiquer avec la terre ferme.

    Perth, ville de l’ouest de l’Australie qui accueille l’autre extrémité du câble, est également devenue de plus en plus géostratégique. L’année dernière, la Grande-Bretagne a obtenu l’autorisation de baser certains de ses sous-marins à propulsion nucléaire dans le port, dans le cadre du pacte controversé AUKUS. Cela permettra à la Royal Navy d’organiser des patrouilles sous-marines plus fréquentes près de la Chine.

    Le GCHQ à Oman

    En sortant de la troisième ville d’Oman par l’est, l’autoroute de Salalah est bordée de palmiers. La circulation tourne à droite au rond-point de Maamoura, faisant passer les voitures entre un palais royal tentaculaire et la vaste base militaire de Razat. À un kilomètre de la route goudronnée se trouve l’entrée d’un chemin de terre, gardé par des blocs de béton et un poste de contrôle de la police.

    La plupart des conducteurs l’ignorent et poursuivent leur route le long de la chaussée côtière, s’arrêtant peut-être au parc aquatique Hawana ou à la station balnéaire Rotana. Mais les quelques privilégiés qui bifurqueront ici arriveront à une installation non signalée, qui se distingue par ses imposants pylônes radio et sa balle de golf blanche géante.

    Récemment étiqueté sur Google Maps sous le nom de 94 Omantel, il ne s’agit pas seulement d’une partie de l’entreprise publique de téléphonie d’Oman, connue pour servir de couverture aux espions. Selon les fichiers des services de renseignement américains divulgués par le lanceur d’alerte Edward Snowden, Clarinet, où les espions britanniques recueillent les données de millions d’utilisateurs d’Internet dans le golfe Arabo-Persique, est une installation correspondant à cette description.

    Bien que Snowden ait partagé la fuite avec le Guardian, ce dernier n’a pas publié les détails des installations du GCHQ à Oman. Le GCHQ s’est rendu dans les bureaux londoniens du média pour superviser la destruction des fichiers. Les informations n’ont été révélées que plus tard par le journaliste d’investigation Duncan Campbell, sur le site d’information informatique The Register.

    Pour les Omanais, cela a confirmé ce que beaucoup soupçonnaient déjà : les services de renseignement britanniques sont imbriqués dans l’appareil de sécurité de leur pays, un outil qui tourne souvent son regard vers eux autant qu’il surveille ses adversaires.

    La répression est la norme à Oman, où tous les partis politiques sont interdits et les médias indépendants muselés. L’Oman occupe la 155e  place sur 180 pays dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par l’organisation de défense des droits humains Reporters sans frontières.

    Oman est effectivement le meilleur État vassal de la Grande-Bretagne dans la région. Sa propre agence de renseignement a été créée par des officiers britanniques, vétérans du GCHQ et dirigés par une personne détachée du MI6 jusqu’en 1993. Appelée à l’origine “Département de recherche d’Oman”, puis rebaptisée ”Service de sécurité intérieure”, elle est placée sous le commandement du cabinet royal.

    Elle est dirigée par le général Sultan bin Mohammed al-Naamani. Il s’est bien débrouillé pour un fonctionnaire, achetant un manoir de 16 millions de livres dans le Surrey à l’ancien capitaine de l’équipe d’Angleterre de football, John Terry. En 2021, des manifestations contre la corruption ont envahi le pays, organisées secrètement dans le cadre d’une marche pour la Palestine sanctionnée par l’État.

    Solidarité avec la Palestine

    Le soutien à Gaza reste important, ce qui rend l’alliance du sultan avec la Grande-Bretagne de plus en plus risquée.

    Les Omanais ont commencé à affronter les troupes britanniques sur leur base de porte-avions dans le port de Duqm. Dans une vidéo filmée à la cantine du Village Renaissance, un Omanais s’adresse à cinq soldats britanniques assis à une table : « Ce pays [la Grande-Bretagne] est un putain de pro-israélien, vous devriez partir d’ici. Vous devriez partir d’ici. Il est temps pour vous de partir d’ici ».

    Alors qu’un capitaine britannique tentait de s’éloigner, l’Omanais a critiqué Rishi Sunak pour avoir envoyé deux navires de guerre soutenir Israël après le 7 octobre. Le ministre de la Défense, James Heappey, a déclaré au Parlement : « Nous sommes au courant que des militaires ont été approchés à Oman. La sécurité de nos forces armées est de la plus haute importance et la sécurité de notre personnel est constamment surveillée ».

    Mohammed al-Fazari, journaliste omanais en exil et rédacteur en chef de Muwatin [Citoyens, bilingue arabe/anglais], a déclaré à Declassified : « Si une déclaration de guerre contre les rebelles houthis devait avoir lieu, il ne fait aucun doute que les Britanniques utiliseraient Oman comme rampe de lancement. Oman a toujours servi de base à partir de laquelle les forces britanniques […] ont été déployées dans de nombreux conflits régionaux. »

    Al-Fazari estime que les Omanais sont « sans équivoque alignés sur la cause palestinienne” »et que leur opposition à la présence britannique dans le pays « s’intensifierait s’il s’avérait que ces bases militaires soutiennent l’entité d’occupation sioniste ».

    Nabhan Alhanshi, un militant en exil qui dirige le Centre omanais pour les droits humains, a déclaré qu’il était préoccupé par « l’utilisation potentielle du site [du GCHQ] pour des activités incompatibles avec les intérêts des Omanais ordinaires, en particulier ceux qui ont une position pro-palestinienne ».

    Il a ajouté : « Il existe une véritable crainte que le Royaume-Uni, en soutenant les efforts d’Israël contre le Hamas, ne fasse d’Oman un partenaire et un allié d’Israël, contrairement à ce qu’il a déclaré publiquement. »

    Omantel, Subco et la marine américaine n’ont pour le moment pas répondu à nos demandes de commentaires.

    Phil Miller

    Source: Declassified UK, 11/1/2024
    Traduit par
     Tlaxcala 

     

     

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