• ♦ L'oxygène, la vie ou la mort

     

     

     

                                                ♦ L'oxygène, la vie ou la mort                                                                                                                                                                                                                                                Mourir d'oxygène sera un fait historique d'un été fatigant. La vie était soumise à une citerne enfantant de l'air comprimé ou à une pique douteuse à l'épaule.

    On peut mourir de tout et du rien du tout. Comme on peut mourir d'une bêtise, d'une approximation ou d'un esprit de mauvais fonctionnariat. Ainsi l'insuffisance ou le semi échec dans la lutte antipandémique n'est du qu'à l'inconscience semi-populaire et aux ratées des mécanismes sanitaires. Pourtant une bavette ne coûte rien, prendre ses distances est aisé, se rincer les mains est un sacerdoce naturel.

    Il y a quelque temps, personne ne s'en souciait. Cette matière n'était qu'un mot enseigné en classe. On ne le touchait pas, invisible, il n'était qu'un symbole chimique. Il est devenu sur toutes les bouches dans tous les sens. On le discute, on le respire. Un hôpital sans oxygène est un mouroir assuré. Voire une ultime présence avant de transiter par le froid d'une morgue, parfois juste dans un sac plastique à enfouir dans une boite en planches. C'est douloureux de voir un établissement de santé se transformer en un endroit de mort. La faute est impardonnable lorsque l'on perd la vie par manque d'oxygène. Elle est criminelle quand la cause est dans l'approche de gestion.

    L'État a failli sur tous les plans, sur le plan sanitaire. Il ne peut remettre ses missions régaliennes de veiller au bien être de ses citoyens à ce qui se rapproche de la mendicité. La solidarité est certes une noblesse de comportement, une valeur ancestrale, mais de là à venir suppléer une faille institutionnelle, ça devient un simple abandon de devoirs. Une irresponsabilité déclarée. L'on n'a pas, dans le principe d'un État fort et juste à rassembler de l'argent frais, des bijoux, de la devise par un simple post de facebook de surcroit par n'importe qui. Cela démontre, outre le laisser-faire mais à l'inverse il peut nous renseigner sur l'aisance de pouvoir facilement collecter des fonds à d'autres fins. Cependant devant ce que vit le pays, ses hôpitaux ; l'action est méritoire à une certaine limite. L'acte bienveillant et généreux en soi n'a pas à être inclus dans une post-publicité pour un produit laitier ou de distribution de mazout.

    Il n'y a pas une seule et unique personne qui s'est transformée en un jour en vedette nationale. Chaque village partait en sollicitude des siens, sans bruit ni tintamarre, d'autres avec fracas et zèle. Plus extrémistes, certains veulent d'un « donneur » de dons créer une seconde icône mercantile à la peau charitable et fortement soyeuse à l'égard d'une population en plein désarroi. Parfois, c'est devant le dénuement total qu'apparaissent les fortunes.

    Si à chaque catastrophe ou fléau, caprice de la nature ou mal-œuvre humaine le peuple dans son entièreté est là et crie présent à toutes les mauvaises sauces, du feu de forêts, des inondations à l'oxygène ; que font alors les institutions à qui sont dévolu ces rôles publics ? Là, le fameux slogan progressiste en son temps, clamant « la révolution par le peuple et pour le peuple « tend à perdre sa seconde moitié pour que tout se fasse par le peuple et pour tout le monde. Un peuple émérite, clément et solidaire. Ah, si l'on savait canaliser toute cette fougue, ce grand fleuve intarissable qui ne charrie à la moindre tempêtes qu'altruisme, assistance et dévouement. Mais ce peuple n'aime pas l'allégeance, ni le tutorat. Il ne se trouve pas non plus, comme tentent de le faire admettre certains cercles dans les plis du mouvement associatif ou dans l'opportunisme de la société dite civile. Il aime l'organisation en liberté, en self-service, sans nulle caporalisation. Ce peuple qui est entrain de se débrouiller pour une bombonne d'oxygène, de livrer de l'information, de postuler des prières et des invocations a juste besoin d'une indépendance organique. L'instinct algérien fait de lui qu'il réagit sans aucun démarreur. Il puise son énergie de la vacuité de ses prétendus représentants, du faux-vrai jeu de ses gouverneurs. Ainsi, tous ces examens où le peuple en est appelé à la rescousse exigent le devoir de repenser l'arsenal national de solidarité. Revoir en profondeur et en conformité des us et de la spontanéité coutumière ayant régit dans le temps ce genre d'actions ; les textes relatifs aux associations, quêtes, collectes, voire une saine organisation flexible et aisée en autogestion de « la société » disons civile ya sidi.

    Dans cet élan de solidarité ; tout le monde s'est senti concerné. L'autorité locale semblant encourager l'initiative, fait la sourde oreille sur l'orthodoxie de la loi. Les quêtes ne sont-elles pas règlementées et doivent être soumises à autorisation ? C'est dire qu'un État ne doit pas vivre de dons de ses citoyens, mais de leur impôt. S'acquitter loyalement de ses impôts reste la plus chevaleresque solidarité, savoir judicieusement les fructifier demeure la meilleure des gouvernances. Quand l'on voit un wali ou une chef de daïra et même un ambassadeur demander le « concours » des citoyens pour une affaire qui n'est pas l'affaire de tous et qui ressemble au mieux à de l'aumône c'est qu'il y a un vrai problème de fond et de gestion de fonds.

    En déclarant que l'oxygène ne manque pas, le ministre de la santé au visage pourtant angélique et rassurant laisse croire que la mort d'un covidé en stress respiratoire n'est pas impérativement lié au manque d'oxygène mais au dépérissement avancé de ses poumons. C'est ce désastre pulmonaire justement qu'il fallait éliminer à temps par « la meilleure organisation sanitaire d'Afrique »

    Les gens meurent. D'autres sont toujours en attente d'une installation buccale, d'un tuyau par lequel arrive la vie, la survie. Alors que certains gesticulent en caméra se faisant voir visiter tel centre de vaccination, tel site de redémarrage d'une unité séculaire de production d'oxygène. On na pas encore vu un wali au chevet au moins des candidats à l'hospitalisation en parking d'attente hospitalier. La santé d'un peuple, Messieurs n'est pas un ordre du jour de réunion ou une intervention en visioconférence. C'est du palpable, de l'action, de la dynamique, de l'engagement.

    Je crois avoir lu que le ministère de l'intérieur par note de service publiée sur les réseaux sociaux qu'il avait chargé en leur endossant la responsabilité de la fonction de gestion, de cette matière vitale. L'oxygène de la vie ou de la mort. Ils sont tenus ainsi de son approvisionnement, stockage, planning et distribution.

    Ce qui les aurait amené chacun dans son giron à courir, qui chez le privé disposant d'une unité de production attenante à sa sidérurgie ou aciérie, qui chez une entreprise publique malheureusement rendue obsolète disposant également d'une machine hors-circuit apte à en produire. Des ingénieurs, experts et techniciens sont allégrement et vite sollicités, assistés pour la réalisation de cette source de vie. Ou de mort. Sans amoindrir de l'effort des uns et des autres, car tous vont dans le sens d'alléger la souffrance d'autrui et sauver des vies, seulement il y a une autre face à sauver : la crédibilité de l'Etat. Une wilaya qui dans son chef lieu ne manque absolument pas d'infrastructures publiques ; élit domicile en centre de vaccination dans une entreprise privée de maçonnerie ; alors qu'à ses alentours il existe au moins cinq établissements étatiques, entre écoles, collèges, direction de la culture, annexe des beaux arts. Tous vacants. C'est là, une vision des choses qui n'alimente pas la confiance perdue et qui ne contribue pas à réinstaurer un climat de symbiose.

    On ne peut lutter contre une telle pandémie, trop meurtrière sans mettre profondément la main dans la poche. L'argent est aussi le nerf de la santé. Le bien-être se paye, voire le besoin de rester en vie, du moins d'être encore intact est une résistance. La finance publique finance le logement à l'infini sans pour autant arriver à en absorber le déficit. Le logement est toujours en crise, la santé est état de mort. Et les tests PCR sont encore à un prix inaccessible. Le trésor public doit agir, les laboratoires privés doivent se réguler. Comme l'aurait dit l'autre si la santé coûte cher, essayons l'attente de la mort. Alors que le vaccin reste le plus indiqué comme bouclier immunisant, gratuit et à la portée de tous. Certes la campagne pour ce faire à pris beaucoup de retard, la communication et le battage médiatique en ont fait lourdement défaut. Mieux vaut tard que jamais.
                                                                                                                                                                       par El Yazid Dib ♦ L'oxygène, la vie ou la mort                                                                                                                      L'oxygène, la vie ou la mort (lequotidien-oran.com) 

     

     

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