• ♦ … De nouveaux documents montrent comment le gouvernement britannique a secrètement créé des manifestations pour « changer de régime » au Liban

     

    Il y a trois mois, nous avions parlé de documents obtenus du « gouvernement de Sa Majesté » en Grande-Bretagne qui révélaient l’implication intense du gouvernement britannique dans l’organisation, le financement et la propagande des « rebelles syriens » depuis le début de la guerre contre la Syrie. Ces programmes étaient coordonnés avec l’armement des différents djihadistes par la CIA et les pays du Golfe :

     

    La plupart des documents sont les réponses détaillées de sociétés à plusieurs sollicitations du ministère des affaires étrangères pour des campagnes mondiales et locales de soutien aux "rebelles modérés" qui luttent contre le gouvernement et le peuple syriens.
    
    Les documents décrivent des campagnes à grande échelle qui comportent des éléments sur le terrain en Syrie, des efforts de formation et d'armement dans les pays voisins, des éléments de commandement et de contrôle en Jordanie, en Turquie et en Irak, ainsi que des efforts de propagande à l'échelle mondiale. Ces opérations ont été largement diffusées. ...
    La plupart des documents datent de 2016 à 2019. Ils détaillent l'organisation de ces opérations et présentent également les personnes qui y sont impliquées. Ils font souvent référence à des campagnes précédentes qui ont été menées à partir de 2011/2012. C'est là que les documents sont probablement les plus intéressants. Ils révèlent l'immense effort qui a été, et est fait, pour remplir l'espace d'information avec de la propagande pro-rébellion/islamiste.

    Pour toute personne informée qui a suivi l’évolution de la guerre contre la Syrie, il n’est pas surprenant que de tels programmes existent. C’est l’immense étendue de ces programmes qui est vraiment étonnante. Considérez ce qu’ARK, l’une des sociétés impliquées, dirigée par d’« anciens » espions britanniques, a organisé dans le cadre d’un programme de « communication stratégique » du gouvernement britannique :

    ARK, en tant que société spécialisée dans la planification en Syrie depuis plus de trois ans, a accès à un large éventail de réseaux dans ce pays. ARK a formé plus de 1 400 bénéficiaires représentant plus de 210 organisations au cours de plus de 130 ateliers, et a fourni plus de 53 000 pièces d'équipement individuelles. Ce réseau couvre les 14 gouvernorats de Syrie (voir carte ci-dessous), y compris les zones libérées et celles sous contrôle du régime et des extrémistes, et s'étend des plus hauts responsables politiques de l'opposition syrienne aux groupes armés, aux organisations de la société civile et aux Syriens ordinaires. Cela inclut, mais n'est pas limité à :
    
    * 61 pigistes ; 17 équipes de distributeurs ;
    * 14 stations de radio FM ; 11 magazines communautaires ; deux chaînes de télévision locales ;
    * 17 équipes de protection civile à Alep ; 16 à Idlib ;
    * 58 commissariats de police à Alep ; 32 à Idlib ; 8 à Lattaquié ;
    * 10 chercheurs syriens sur le terrain ; 60 chercheurs syriens capables de mener des enquêtes démographiques à grande échelle (une étude de mai 2014 a atteint 1 300 personnes) ; une base de données de groupes de discussion de plus de 800 personnes ; des dizaines de conseils locaux ; des tribunaux judiciaires ; des centres de documentation ; et
    * Diverses autres organisations.
    
    

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    Gardez à l’esprit qu’il ne s’agissait pas de programmes sociaux au profit des syriens mais d’une partie d’un certain nombre de mesures clandestines de soutien à un violent mouvement djihadiste international organisé pour renverser le gouvernement syrien.

    Bien qu’un tel programme puisse être rationalisé dans le cadre d’une guerre, il est étonnant de constater que des mesures très similaires sont également utilisées contre des gouvernements « amis ».

    De nouveaux documents obtenus auprès du gouvernement britannique et publiés ici et ici (téléchargement complet ici) révèlent un programme britannique intense de « communications stratégiques » dirigé contre le gouvernement libanais.

    Ceux qui ont obtenu les fichiers, sous l’étiquette « Anonymous », introduisent la nouvelle découverte :

    Commençons.
    
    Comment pousser les gens à renverser leur gouvernement s'ils sont fondamentalement satisfaits de son travail ? Eh bien, votre première étape consiste à engager des spécialistes expérimentés qui savent comment s'immiscer dans les affaires intérieures d'autres pays et renverser des gouvernements. Quel est le service de renseignement britanniques qui a créé des réseaux de journalistes indépendants, mis en place des CSO indépendants et utilisé la propagande pour simuler des attaques chimiques et ouvrir la voie à des tirs de missiles contre un pays qui ne lui plait pas ? Vous avez raison. C'est l’ARK.
    
    Au nom de l'ambassade du Royaume-Uni au Liban en mars 2019, ARK a mis à jour, en 2016, son analyse du public cible pour comprendre le monde de la communication au Liban.
    
    Nous vous suggérons d'examiner attentivement le dossier car l'analyse du public cible n'est qu’un titre, alors que son contenu n'est rien d'autre qu'un manuel sur le renversement non violent d'un gouvernement dans un État souverain. Et le FCO l'a utilisé comme feuille de route.

    Les Analyses du Public Cible de l’ARK examinaient quelles parties de la population libanaise pourraient être le plus facilement incitées à une révolte contre le gouvernement libanais :

    Cette analyse a défini le segment de la population, un public cible potentiel (PTA), qui voyait le plus grand potentiel de réforme, ou d'affecter un changement social positif par leurs propres actions. De tous les Libanais, ce segment était le plus susceptible de s'engager dans des formes positives d'action civique, si on leur en donnait la possibilité.

    Le document de l’ARK analyse également les « messages potentiels » que la « communication stratégique » pourrait utiliser pour inciter le groupe cible.

    Le résultat de cette analyse assez sophistiquée indique que les personnes chrétiennes et chiites, d’âge moyen, d’environ 30 ans, constituent le « public cible » que la « communication stratégique » pourrait pousser à l’action en mettant l’accent sur leurs griefs spécifiques, par exemple le manque d’emplois. Il estime que le public cible ainsi défini constitue environ 12 % de la population libanaise.

    L’ARK recommandait que ce programme britannique de « communication stratégique » visant à inciter à la révolte au Liban soit tenu secret parce que le peuple libanais déteste l’ingérence étrangère dans ses affaires.

    Le gouvernement britannique a suivi le conseil :

    Juste après que l'ARK a préparé le TAA en mars 2019, l'ambassade britannique de Beyrouth a organisé une réunion privée pour les parties prenantes, le 11 avril 2019. Réunion consacrée au programme de réforme politique du Liban.

    Une présentation de la réunion explique dans un langage très avenant que l’objectif du gouvernement britannique est « d’améliorer la gouvernance politique et économique » au Liban. Il était prévu de le faire en incitant secrètement le « public cible » que l’ARK avait défini pour protester contre le gouvernement du Liban.

    Trois projets de « réforme politique » ont été définis :

    • Participation politique des femmes ;
    • Renforcement des mécanismes démocratiques pour la réforme, la responsabilité et le dialogue ;
    • Engagement politique des jeunes.

    Le gouvernement britannique a ensuite invité certaines entreprises privées à faire des offres pour la réalisation de ces projets de « communication stratégique ». Le ministère des affaires étrangères a formellement fait cela en publiant une « expression d’intérêt » qui comprenait une « déclaration des conditions ». Les sociétés devaient remettre des offres détaillées au début du mois de mai 2019 et les contrats devaient entrer en vigueur en juillet 2019. Ils devaient durer 21 mois. Chaque projet avait un budget maximum défini. Le projet « Participation politique des femmes » devait par exemple dépenser un maximum de 1,2 million de livres sterling.

    ARK a proposé de réaliser le projet pour les jeunes, et International Alert en coopération avec la Westminster Foundation for Democracy. WYG, une société qui est censée s’occuper du « développement des infrastructures », a également fait une offre.

    ARK et le British Council ont fait une offre sur le projet d’engagement des femmes qui a pour but de former les futures femmes politiques au Liban (qui seront alors sous contrôle britannique).

    Les offres comprennent toutes des descriptions détaillées de la manière dont les projets prévus seront exécutés. Ces conférences intéressantes sur les techniques de manipulation sociale sont disponibles ici et ici.

    Une autre « déclaration des conditions » du gouvernement britannique concerne un programme intitulé « Favoriser la stabilité sociale par la communication stratégique ». Son objectif est d’empêcher les réfugiés syriens au Liban de rentrer chez eux en minimisant les conflits entre les réfugiés et la population locale au Liban.

    Les tâches prévues comprennent la « sélection et la gestion quotidienne de champions des médias sociaux » qui produisent et amplifient le contenu de la propagande. Le contrat est à nouveau d’une durée de 21 mois et d’une valeur maximale de 2,1 millions de livres sterling.

    ARK fait une offre qui révèle que la société a reçu plus de 25 millions de livres sterling au cours des années précédentes pour monter des projets de propagande, dits de « communication stratégique », en Syrie, au Liban et en Irak.
    Un autre programme concerne des activités de « communication stratégique » contre les Palestiniens au Liban. Plusieurs entreprises décrivent dans leurs offres la manière dont elles mèneraient ces projets.

    Considérez qu’aucun de ces programmes et projets de manipulation n’est géré sous l’étiquette du gouvernement britannique. Ils sont secrets. Ils ne font l’objet d’aucun rapport public.

    Mais ces projets peuvent, au moins en partie, être vus par leurs effets :

    Les manifestations libanaises de 2019-20, également connues localement sous le nom de "révolution d'octobre", sont une série de manifestations civiles qui ont eu lieu au Liban. Ces protestations nationales ont été déclenchées par les taxes prévues sur l'essence, le tabac et les appels téléphoniques par des applications telles que WhatsApp, mais elles se sont rapidement étendues à tout le pays pour condamner le régime sectaire, la stagnation de l'économie, le chômage qui avait atteint 46 % en 2018, la corruption endémique dans le secteur public, la législation qui était perçue comme protégeant la classe dirigeante de toute responsabilité (comme le secret bancaire) et l'incapacité du gouvernement à fournir des services de base tels que l'électricité, l'eau et l'assainissement.
    
    Les protestations ont créé une crise politique au Liban, le Premier ministre Saad Hariri ayant remis sa démission et se faisant l'écho des demandes des manifestants pour un gouvernement de spécialistes indépendants. Cependant, d'autres hommes politiques, qui étaient visés par les protestations, sont restés au pouvoir.

    Les gens qui ont participé à ces manifestations sont ceux définis dans l’« Analyse des cibles » de l’ARK. Les messages étaient exactement ceux que les divers documents et offres d’entreprises mentionnés ci-dessus avaient prévu d’utiliser.

    C’est le gouvernement britannique et les entreprises dirigées par d’« anciens » espions du Foreign Office qui ont incité ces personnes à « changer de régime » au Liban.

    Certaines personnes au Liban ont reconnu les protestations pour ce qu’elles étaient. En octobre 2019, le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a commenté les manifestations et a dit à ses partisans de ne pas y prendre part :

    Nous allons parler de l'objectivité du mouvement actuel. Samedi, j'ai dit que ce mouvement pouvait servir de base. Je voudrais modifier cela. Ce qui a commencé comme un mouvement populaire, spontané, non partisan, composé de travailleurs pauvres et qui n'était pas exploité par les ambassades, n'est plus comme ça, en grande partie. Je ne dis pas à 100 %. Aujourd'hui, ce mouvement, avec ses activités quotidiennes, ses slogans et ses positions, n'est plus un mouvement populaire et spontané. Laissez les jeunes qui vont sur les places et dans les arènes participer aux manifestations. Je ne veux rien leur demander. Quant aux partisans de la résistance, je finirai par leur parler.
    
    Aujourd'hui, le mouvement est dirigé par certains partis bien connus, et je ne veux pas les nommer. Le mouvement est dirigé par des forces politiques bien connues, des groupes et des personnalités différentes et bien connues. Il y a aussi certaines personnes et institutions qui les dirigent. Je vais parler de ce point en détail dans un instant. Il y a une gestion, une coordination et un financement. Personne ne devrait prétendre qu'il n'y a pas de financement. ...
    
    Alors, allez dire clairement aux gens que nous avons un bailleur de fonds X du pays X ou de l'ambassade X ou cette personne riche X ou cette institution X pour voir si ces gens et les ambassades des pays qui dépensent de l'argent se soucient des intérêts du peuple libanais. ...
    Je tiens à vous mettre en garde. Cela s'est produit dans d'autres pays. Si Dieu le veut, cela n'est pas prévu au Liban. Je voudrais au moins dire aux gens d'être conscients que cela est une possibilité. Je pense que c'est plus qu'une possibilité. Je pense que maintenant c'est beaucoup plus qu'une possibilité. 
    
    Ne croyez pas ce que disent les ambassades. Aujourd'hui, l'ambassadeur américain et les ambassades disent non, nous ne voulons pas que le gouvernement soit renversé ou qu'il démissionne. Ce qu'ils disent n'est pas important. C’est ce qu'ils font qui est important. Ce qu'ils promettent n'est pas important. Ce qui est important, c'est ce que font la CIA et les services de renseignement.

    Nasrallah devrait repenser à la façon dont les manifestations ont réellement commencé.

    Quant à la CIA, nous ne savons pas ce qu’elle a fait lors de ces manifestations.

    Mais nous savons que la CIA a sous-traité, aux Britanniques et à leurs sociétés de « communication stratégique » douteuses, le travail de propagande en Syrie.

    Il est fort possible qu’elle ait fait de même au Liban.

    Moon of Alabama Le 12 décembre 2020 

    Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone                                                                                                                       Les services secrets britanniques à la manoeuvre au Liban … – Le Saker Francophone

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