• Bondy : Gabriel, 14 ans, roué de coups par la police lors d’une interpellation. Il en gardera de lourdes séquelles

    Par une nuit de mai de tous les dangers, à Bondy, dans le 93, Gabriel Djordjevic, un jeune garçon de 14 ans, n’est pas ressorti indemne de sa première confrontation des plus rudes avec la police, et c’est un euphémisme encore bien trop doux…

    Profondément meurtri dans sa chair et son âme, l’adolescent, unanimement décrit comme sans histoires, portera longtemps les stigmates, visibles et invisibles, de son interpellation d’une violence extrême, où les coups de pieds ont plu sur lui, visant notamment la tête, au point de tourner au lynchage. Rien ne pouvait justifier ce déchaînement de violences policières à son encontre, pas même le vol du scooter dont il s’était rendu coupable, ce soir funeste du 25 mai, avec l’un de ses amis, ni sa fuite devant l’arrivée des forces de l’ordre.

    C’est aux urgences pédiatriques de l’hôpital Jean Verdier que sa mère et son frère, morts d’inquiétude, le retrouveront au lendemain de son arrestation d’une brutalité inouïe, dont ils ignoraient tout. Et pour cause ! Etreinte par l’angoisse à mesure que les heures passaient, la maman de Gabriel Djordjevic, sans nouvelles de son fils pendant une bonne partie de la soirée du 25 mai, reçut un appel du commissariat de Bondy qui mit fin momentanément à sa torture, l’informant de son placement en garde à vue.

    Cette maman, rongée par l’anxiété, s’est immédiatement enquise de l’état de santé de son enfant. A chaque fois (elle a contacté le commissariat à deux autres reprises), elle s’est entendue répondre que tout allait bien et que son fils allait même pouvoir l’appeler, alors que la terrible réalité, inavouable, était tout autre : il avait été transporté par les pompiers à l’hôpital.

    Aussi est-ce une mère littéralement sous le choc qui s’est précipitée, ce mardi 26 mai, au chevet de son enfant, et qui a senti ses jambes se dérober sous elle en découvrant son visage tuméfié et la gravité des blessures qui lui avaient été infligées la veille. Le rapport médical fait, en effet, froid dans le dos : il mentionne, sans la moindre équivoque, un traumatisme facial et crânien accompagné de vomissements, de trois dents cassées et une « fracture maxillaire gauche étendue au plancher de l’orbite ». Le jeune Gabriel pourrait perdre son œil. Il s’est vu prescrire 14 jours d’ITT (incapacité totale de travail). Il est à noter que le certificat médical, établi le 28 mai sur réquisition d’un officier de police dans le cadre de l’enquête, recommande 30 jours d’ITT.

                                            Photo prise par la famille

    « Il y avait trois garçons et une femme. Ils m’ont plaqué au sol, ils ont mis un genou sur ma tête, un genou sur mes épaules, ils m’ont mis les menottes. La femme qui est blonde tenait mes chevilles pendant qu’un agent barbu, assez gros, me donnait des coups de bottes dans la tête », a relaté péniblement l’adolescent sur son lit d’hôpital, en précisant que l’interpellation de son ami s’est déroulée normalement. A sa souffrance physique s’ajoute le profond traumatisme psychologique, que viennent accentuer l’incompréhension totale (pourquoi lui et pourquoi une telle violence ?) et le sentiment d’injustice qui en découle.

    « J’aurais préféré qu’ils l’attrapent et le mettent en prison plutôt qu’ils me le massacrent comme ça », s’est désolée sa mère très affectée, quelques heures après avoir porté plainte contre X pour « Violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique sur mineur », dans les locaux de l’IGPN.

    De son côté, Me Thomas Maïer, l’avocat de la famille de la victime, a déclaré : « Personne n’a rien contre le fait que la police arrête des gens, c’est évidemment naturel », renchérissant : «  Ce qui me paraît moins naturel, c’est la disproportion entre arrêter et éclater la tête d’un jeune de 14 ans. Mais on a fréquemment des personnes qui ressortent de garde à vue avec la tête au carré ».

    C’est en ambulance que le jeune Gabriel Djordjevic, qui a été transféré à l’hôpital Necker pour enfants, au sein du service de chirurgie maxillo-faciale, est ressorti de son placement en garde à vue, énième victime des violences policières en banlieue. Des violences policières dont le vernis de légitimité finit par se craqueler de toutes parts.                                                                                                                                                                                           https://oumma.com/bondy-gabriel-14-ans-roue-de-coups-par-la-police-lors-dune-interpellation-il-en-gardera-de-lourdes-sequelles/?utm_medium=oumma&utm_source=pushnotification&utm_campaign=pushnotification 

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