Louis-Ferdinand Céline. Sept ouvrages, parus en France ou à l’étranger, viennent de lui être consacrés. Emissions de radio ou de télévision, sujets de thèses universitaires, dossiers, articles et livres se multiplient. Céline, suivant une formule de plus en plus reprise, serait-il « avec Proust, notre grand romancier du XXe siècle » ? Certaines polémiques, jadis et naguère, tendaient à obscurcir le débat. Mais, comme l’écrivait Jean-Louis Bory il y a déjà dix ans : « Le temps va jouer en faveur de Céline – avec le temps, les exigences morales perdent de leur susceptibilité… »
Le « retour en force » de Céline ne fait que commencer.
Ahurissant hommage (voy. la désinvolture de l’orateur) ! Céline, à la fois cocasse et prophétique, développe l’idée que Zola avait en l’homme une foi qui a fait son temps. « La société marxiste aussi bien que nos sociétés bourgeoises et fascistes » aspirent toutes à la grande tuerie. Hitler, qu’il qualifie de « sous-gorille », « n’est pas le dernier mot, nous verrons plus épileptique. »
On continue d’épurer Céline. Avec le consentement tacite de toutes nos belles consciences. Existe-t-il un seul grand écrivain français dont trois œuvres magistrales soient encore censurées ? Par l’effet d’une censure qui n’ose dire son nom, Bagatelles pour un massacre, L’Ecole des cadavres et Les Beaux draps sont introuvables sinon au marché noir. Seuls les riches ont le droit d’acheter les œuvres complètes du plus grand de nos écrivains modernes (avec Proust). Même la Bibliothèque Nationale est démunie de certains de ses ouvrages. Des universitaires bon teint et qui passent pour des « spécialistes de Céline » prennent des airs entendus pour déplorer l’existence de ces trois pamphlets qui, à les entendre, seraient « ce qu’il y a de moins bon chez Céline ». Ce sont d’ailleurs les mêmes qui tiennent le Voyage au bout de la nuit pour le chef-d’œuvre de Louis-Ferdinand. Or, le Voyage est surtout une bonne œuvre d’initiation à la lecture du reste. Céline, relativement timide et appliqué, n’y a pas encore trouvé sa formule, ni « le rendu émotif », ni la « petite musique », ni le « rail biseauté spécial ». Dans Mort à crédit, le moment des découvertes approche. C’est, en fin de compte, dans ses trois grands pamphlets, c’est-à-dire au moment où il laisse libre cours à ses humeurs et à ses fureurs, sur lesquelles chacun est libre de faire ses réserves, qu’il découvre et met au point pour toujours ce qu’il faut bien appeler sa manière ou son style. C’est dans les pamphlets qu’il atteint ce sommet dont on ne le verra jamais descendre, sauf, peut-être, dans les Entretiens avec le Professeur Y, œuvre un peu pâle, très prisée des universitaires.
Il faudrait que cesse la persécution. Il faut mettre un terme à l’entente cordiale des margoulins qui revendent les pamphlets à prix d’or, et des professeurs de vertu et des ligues d’anciens combattants. L’édition Balland des Œuvres (châtrées) de Céline, illustrées des sinistres gravures de Claude Bogratchew, est une pitié. On regrette que Marcel Aymé lui ait accordé sa caution. La présentation de Jean A. Ducourneau qui tente d’expliquer l’absence de trois pamphlets sur quatre constitue un joyau de papelardise : « Tout en reconnaissant l’inégalable verve du polémiste, nous nous déclarons en opposition avec certaines des idées qu’il exprime. Mais que l’on ne se méprenne pas sur notre réserve. Elle se situe hors de toute politique et de toute passion. » ! Il est vrai que la haine de Céline pour les Juifs est totale, vivace, allègre, mais je connais des Juifs qui s’y font très bien et qui, le lisant, remplacent « Juif » par « Nazi » et « Juivre ou Mourir » par « Nazir ou Mourir ». Bagatelles pour un massacre ne préconise pas le massacre des Juifs (contresens qui a aujourd’hui force de loi), mais prévient du grand massacre général qui s’annonce à l’horizon ; la tuerie de 39-45. Céline, en 1936-37, croit que les Juifs, qu’il ne distingue guère des Riches et des Marchands de Canons, veulent la croisade de tous contre Hitler. Or, la guerre, ce sont les petits d’abord qui la font. Lui-même en a eu sa part en 14. Alors c’est d’un même souffle qu’il crie : « A bas les Juifs ! A bas les Riches ! A bas la Guerre ! ». Bagatelles pour un massacre veut dire : « Petites joyeusetés qui nous préparent le grand Casse-Pipe. » De fait, tout le monde a eu droit à ce casse-pipe-là, à commencer par les Juifs précisément et les Nazis. Trêve de censure, d’où qu’elle vienne ! Il nous faut Céline, tout Céline. Et en collections à bon marché.
Quatre universitaires s’emploient aujourd’hui à nous présenter Céline : une Américaine [1], deux Français [2] et un Canadien [3]. Le résultat est médiocre. Et très significatif de la gravité professorale. Aussi vaut-il la peine d’en parler, ne serait-ce que pour dissiper certains malentendus sur le sens de l’œuvre de Céline.
Le livre d’Erika Ostrovsky est une biographie romancée, avec tous les défauts du genre, à commencer ici par la confusion entre la vie propre de Louis-Ferdinand, la vie de certains de ses héros et, enfin, les interventions de la narratrice qui, désespérant sans doute de mettre un peu de clarté dans son travail, semble avoir transcrit le contenu de ses très riches dossiers dans l’ordre où ils s’empilaient sur sa table. Le tableau chronologique des trois dernières pages est très succinct ; on n’y trouve, par exemple, nulle mention de l’équipée de Céline vers La Rochelle, en 1940. On regrette que les nombreux entretiens avec une trentaine de céliniens n’aient pas été plus souvent rapportés sous une forme plus proche de l’originale. Le livre se compose d’éléments très divers que l’auteur a, pour ainsi dire, uniformément aseptisés. Même les extraits de Céline en sont quelquefois affadis. Le ton général est celui de la sympathie mais un peu aussi celui de la commisération à la sauce salutiste. Les Américains ont décidément du mal à comprendre la complication française (voy. Milton Hindus). Cela dit, la fin du livre – la fin de Céline – est poignante. Les jugements portés sur le Docteur Destouches par les témoins de sa vie offrent d’intéressants contradictions, fort bien répertoriées dans les pages 261 à 265.
Le pensum de F. Vitoux, quant à lui, donne dans le jargon requis pour faire sérieux : une vraie bouillie pour les chats, encore que Bébert n’en aurait certainement pas voulu. Le texte de « prière d’insérer » est, à lui seul, un chef-d’œuvre d’inanité.
Nausée de Céline ne manque pas d’intérêt pour la nausée telle qu’elle peut se manifester chez J.P. Sartre ou chez J.P. Richard ou encore chez les bons élèves de Terminale (et de petit tempérament) qui découvrent – ô merveilles – que le monde est absurde et n’a de sens que si on lui en prête un. Le livre n’est dans son fond que la reprise d’un article paru autrefois dans la NRF. Marcel Aymé le qualifiait, je crois, de « savant ». J.P. Richard y analyse philosophiquement toutes les nausées qu’on voudra sauf celle de Louis-Ferdinand. Il semble n’avoir lu, et très mal, que le Voyage et n’avoir parcouru, hâtivement, que Bagatelles et Les Beaux Draps. Il met beaucoup de joliesses dans ses considérations sur « le flot historicisé de la nausée », « le registre de l’altérité », « le schème actif d’individuation », les « champs fantasmatiques », une « topologie » qui « génère une dramaturgie », sans compter des vues un tant soit peu troublantes sur « la relation maîtresse devant / derrière ». On imagine la verve de Céline devant tout ce chiqué, de « mélasserie phrasibole, tout en filaments moisis, en fourrés de bigoudis rhétoriques resucés ». J.P. Richard sent bien toutefois que, parmi vingt autres éléments qu’il néglige pour les besoins de sa thèse, le culte de Céline pour la danse et les danseuses s’accommode fort mal de cette nausée dont l’image serait, paraît-il, à inscrire au centre de son œuvre. Aussi décrète-t-il (p. 47) que « la danseuse ne forme qu’un petit îlot de grâce et de noblesse perdu dans le louche ruissellement de l’être ». On ne saurait se tromper plus complètement, comme je m’efforce de le montrer plus loin. S’il y a une éruption chez Céline, elle est volcanique, geysérienne, bengalienne. Pas glaireuse en tout cas.
La Nuit de L.F. Céline est un livre plus nouveau que ne le laisseraient supposer le titre ainsi que les titres des chapitres qui, tous, donnent dans le pathos et le vague. A. Smith a lu d’assez près Semmelweis, L’Eglise, le Voyage et Mort à crédit. Mais pourquoi s’être contenté de si peu pour traiter d’un si vaste sujet ? Que fait-il de la suite anglaise ? Et des quatre pamphlets ? Et de la trilogie allemande ? Et du merveilleux Casse-pipe (dans la nuit !) ? Et de dix autre textes [4] ? Son chapitre sur « L’écriture » (comprendre : « La manière » ou : « Le style ») est rempli de vues sinon toujours exactes, du moins souvent excitantes. A elles seules, quelques remarques sur le « style analytique » de Céline ou sur la « manière dont il boucle ses propos » témoignent de finesse, encore qu’A. Smith, lui aussi, donne trop souvent dans le tragique sans égard pour la vie intense des écrits. Il a des trouvailles sur les silences des héros, sur l’arrivée des catastrophes, sur la prose d’Auguste dans Mort à crédit. Ailleurs (p. 104 et 105), les céliniens goûteront à coup sûr l’évocation des silhouettes qui traversent si vite, bien trop vite, le champ de notre lecture du Voyage. Le commentaire suscité par certaines expressions chères à Céline témoigne d’une certaine attention portée aux mots.
Maigre bilan tout de même. Dieu merci, il suffira de retourner – je cite au hasard – à Arletty ou à Michel Simon, Marcel Aymé ou J.L. Bory, K. Epting ou Marc Hanrez, H. Mahé ou A. Paraz, R. Poulet ou L. Rebatet, D. de Roux ou Léo Spitzer pour entendre parler de Céline avec cette diversité, cette couleur, cette absence de vues prétendument profondes qui permettent d’approcher, un peu, le secret de son art.
Il suffira surtout de se replonger dans la lecture de ses œuvres. Le grand rigodon, le bacchanal célinien aura vite fait de dissiper les pauvretés cérébrales de nos aptères. Tout redeviendra alors musique et danse, ivresse et poésie, réalisme transfiguré, beauté ravissante… et RIRE. Car : « GAIETÉ, MA FORCE… »
On retrouvera, à tout le moins, Roger-Marin Courtial des Pereires, provoquant le Génie des Larves ; Sosthène de Rodiencourt à la recherche de la Tora-Tohé, fleur magique de l’Himalaya ; Titus van Claben étouffé de pièces d’or ; Cascade et sa Joconde aux castagnettes ; le Sergent Le Meheu qui a perdu le mot de passe ; Sédib Crémoïlle, le roi des boîtes de nuit ; Claire Armelle de Zeusse ; Dieu même, qui est « en réparation » ; Pline l’Ancien flairant le Vésuve ; la « messe au sang » célébrée, sur l’autoroute de l’Ouest, par les gibbons motorisés ; Loukoum et sa « diction cloaque » ; Jean-Baptiste Sartre, le « puceau de l’horreur » ou « l’agité du bocal » ; Roger Vailland, « mon assassin mou » ; Mimi dansant « nue !… plus que nue… chauve orange ! » ; la môme Mésange et ses « nénés tout piqueurs » ; la divine Virginia ; la belle des belles : Nora Merrywin ; l’Hilda von Raumnitz (« elle faisait, jugé sec, ‘16 sur 20’… je parle de tout en vétérinaire »). On retrouvera également la débâcle de 40 avec ses « Bruges-Bayonne, l’échalotte ! maillots-caca ! » ou bien les hauts dirigeants du Kremlin : « l’air assez lucifers, mais pas si sûrs d’eux ! ils chichitent, tortillent du tank, dialectalotent ». Et puis le vrai tragique, à la Grecque, rien à voir avec les nauséeux, le grand poème de l’Allemagne chancelante : Nord avec sa couleur « symphonique, profonde, terrible », « toute la Bochie ». Ne pas oublier, au passage, Marivaux, La Fontaine, Charles d’Orléans, Rabelais (qui, lui, « a raté son coup », tandis qu’Amyot a réussi le sien) et cent autres auteurs, y compris ceux de « la très minusculisante analyse à la Prout-Proust montée nuance en demi-dard de quart de mouche ». Une culture si vaste et si profonde, si merveilleusement assimilée, qu’elle en devient pour le lecteur un plaisir de gourmet. Tout cela « polke, pivote, toupille » dans la langue la plus riche, pulpeuse, éclatante qui soit, dans cette langue française, la seule bénie de dieux (« Politii-gaard, leur Parquet ! vous grattez pas ! politii : police…! gaard : Cour…! tout vient du français ! »).
« Agonique, mais marrant »
Qu’on relise le Voyage, pour commencer, encore un peu zolien et traditionnel, c’est sûr, et avec un peu trop d’« idéâs », mais constamment empreint de « cette gouaillerie française qui semble la moelle de notre race » (Maupassant, Notre cœur). Le Voyage : un livre dont pas une phrase ne doit être lue sur un ton grave ou pathétique mais bien à la manière d’Arletty, de Michel Simon et de Brasseur : pudeur, gouaille, courage, drôlerie dans l’adversité ou la méchanceté. Car le récit est frémissant de vie. Ah ! cette noblesse de cuisse des Américaines (« C’est peut-être la Grèce qui recommence ? J’arrive au bon moment ! ») ou ce discours de Princhard sur Poléon allant retrouver dare-dare sa Polonaise après le désastre de la Bérésina (« Partout ! Partout ! Bistouquette ! Napoléon ou pas ! Cocu ou pas ! Plaisir d’abord ! Que crèvent les quatre cent mille hallucinés embérésinés jusqu’au plumet ! Qu’il se disait le grand vaincu, pourvu que Poléon tire encore un coup ! Quel salaud ! Et allez donc ! C’est bien la vie ! C’est ainsi que tout finit ! Pas sérieux ». Rien de pathétique (mais sans glaires !), de profond (mais sans chiqué !), rien de drôle et d’humain comme l’épisode du professeur Baryton, psychiatre devenu fou par l’anglais (« aucune facilité spoken », celui-là). Et toutes ces créatures touchantes ou sublimes ! Louis-Ferdinand n’est pas sinistre ou déprimant. Il est « agonique » (nuance !). « Je suis agonique mais marrant ». Il nous offre, à tout instant, le spectacle de la comédie humaine portée au suprême degré. Avec Courtial, alias Léon-Charles Punais, il a campé un personnage mirobolant, qui est comme notre Don Quichotte, à nous autres Français.
Je ne connais pas de plus grand styliste que Céline, dont le registre s’étend à toutes les langues françaises : l’argotique, la populaire, la familière, l’académique, la guindée, la fine et la forte. Marier la langue du crocheteur aux imparfaits du subjonctif de la Tante Armide ! Tous les pasticheurs y ont perdu leur encre. Ne l’imite pas qui veut. Il y faut « l’exquisité d’écoute ». De l’ajouré Valenciennes ! De l’alouette qui monte dans le ciel ! Le dénommé Salvador s’est-il avisé de l’agonir dans le style célinien ? « Mais d’abord, qu’il me lise Salvador ! le prudent crayon à la main ! Qu’il m’épelle, qu’il tente de m’ânonner ! Avant de se lancer tout seul ! Qu’il me décalque gentiment ! Attendrissant de patience ! Qu’il me lèche sur tous les pourtours, qu’il m’onguente les rudiments de la violence, dévotieux ! Délicatesses de prémisses ! Fragilités impératives ! Salvador, vous me bouzillez ! »
Pas « existenglaireux », en tout cas
Les écolâtres [5], à la façon de J.P. Richard, s’imaginent que la lecture de Céline « introduit » à celle de Sartre. Or, Sartre, en comparaison, rampe dans les idées, dans le « fonds commun ». Céline lui prend son vol et le prend magnifiquement. Il estime que rien n’est plus vulgaire que les idées… Les encyclopédies en sont pleines. Il ne patauge pas dans sa nausée. Relisez Normance (p. 169 et 170) : « je l’avais eu aussi le mal de mer… remarquez, je vous note pas spécialement le détail disgracieux, moi, jamais !... j’ai des petits envieux pour ça, qui s’appliquent et qui en remettent !... et remettent… les ‘existenglaireux’ qu’ils s’appellent… ils me foutent tout en glaires !... moi c’est pas mon cas ! pas du tout !... moi c’est la déesse splendide musclée, mon enthousiasme !... et en musique !... et opérette ! »
Un haricot dans son bocal. Il pourrit et germe. La seule force du haricot fait éclater le bocal. Céline enfant est médusé par l’expérience. La pourriture et la mort l’intéresseront toujours. On a bien raison de le dire. On a bien raison de parler de sa « nuit », de sa « misère » et de sa « nausée ». Mais on a tort de s’en tenir à cette banalité et à ces pauvretés. Car Céline ne porte d’attention à la mort, toujours présente, que pour autant qu’elle est à la source d’une vie grouillante, germinative, éclatante. Il le fait exploser, lui, le bocal. Voici la vie, son éclat, sa force… le rire de la vie en quelque sorte. Sa nuit, Louis-Ferdinand l’illumine, comme Jules-le-bancalot, le maître des éclairs. On peut même dire qu’il s’est épuisé à la tâche. Quand « la barque à Caron » est venue le cueillir, Céline n’en pouvait plus de convertir la mort en vie (et quelle vie !), la nuit en lumière, et le grand bruit bête des « idéâs » en sa « petite musique » à lui.
Notes
[1] Céline, Le voyeur voyant, par Erika Ostrovsky, Buchet-Chastel, 319 p.
[2] Louis-Ferdinand Céline, Misère et parole, par Frédéric Vitoux, Gallimard, 248 p.
Nausée de Céline, par Jean-Pierre Richard, éd. Fata Morgana, 15, rue Daru, 34000 MONTPELLIER, 102 p.
[3] La nuit de Louis-Ferdinand Céline, par André Smith, Grasset, 223 p.
[4] Il est troublant de constater chez les professeurs qui se permettent d’écrire sur Céline une méconnaissance quasi totale des trois quarts de son œuvre. Ils s’en tiennent surtout au Voyage (1932) et à Mort à crédit (1936). Les romans publiés par Céline dans les vingt-cinq années suivantes les déconcertent massivement par l’audace de la langue, du style et de la conception. Féerie pour une autre fois (I) et Normance – vrais festivals céliniens – sont, dans la plupart des cas, sereinement ignorés. Beaucoup de bons esprits, il est vrai, n’aiment la nouveauté que lorsqu’elle est cérébrale, c’est-à-dire, somme toute, parfaitement inoffensive.
[5] Nos modernes pédagos n’ont guère changé depuis ce jour de février 1905 où Louis-Ferdinand, âgée de 11 ans, quittait l’école publique de la rue Louvois pour entrer en pension. Avec l’aide de M.J. Leroux [directeur aujourd'hui de l'école en question] je viens de retrouver son dossier scolaire. Voici les observations de son directeur d’école : « Enfant intelligent, mais d’une paresse excessive entretenue par la faiblesse de ses parents. Etait capable de très bien faire sous une direction ferme. – Bonne instruction, éducation très relâchée. – En pension. »
Ce jugement tranche par sa sévérité sur la centaine de dossiers que j’ai pu consulter dans le même registre. Posted by N N